Évaluation personnelle de la rencontre sur la veille du lundi 25 nov. 9:00-11:00 organisée par l’OVSS et Projet collectif
En général : Insatisfait. Mais ça, c’est mon état habituel 😉
Le tour d’horizon était trop rapide, les participants venant de trop d’horizons différents… on en est resté à une présentation très superficielle. Ce qui était prévisible… même si les organisateurs ont semblé surpris de la popularité de la réponse à l’invitation : plus de quarante participant.e.s Une diversité-éclatement prévisibles parce qu’il y a autant de veilles que d’organisations, ou même de cerveaux : l’état de veille n’est-il pas un état caractéristique des organismes vivants ?
Aussi je crois qu’un regroupement des personnes par thèmes ou champs d’intérêt me semble essentiel pour pouvoir aller plus loin, à la fois dans les échanges et le partage. Certains sujets ou champs peuvent être si vastes qu’ils incluront tout le monde : environnement et climat; polarisation sociale; mobilisation vers le changement… Et même si nous réunissons des sous-groupes plus homogènes au niveau des intérêts, il est probable que les participants seront à des niveaux différents d’expertises, de moyens, des préférences ou choix historiques de logiciels et d’outils dont il devient difficile de changer après des années d’utilisation.
La diversité des participant.e.s donne l’impression d’inclure tout le monde, d’être représentative du tout. Mais qui n’était pas là, absent mais influent ?
Ne pas prendre la carte pour le territoire. Il y a plus dans le territoire que ce qu’en peuvent dire les géographes et autres prophètes.
L’information qui circule dans les réseaux et médias est peut-être moins importante que l’info qui s’est déposée, qui a été institutionnalisée dans des organisations, des habitudes, des contrats explicites ou implicites qui orientent et délimitent nos actions et décisions. Une information parfois muette, fondue dans l’histoire méconnue sinon secrète du pouvoir des choses.
J’ai retenu de la rencontre du 25 novembre (dont j’avais parlé ici) quelques outils qui ont été identifiés par les participants :
- L’éveilleur, de l’Université de Sherbrooke. Un blogue « où les membres du Service de soutien à la formation de l’Université de Sherbrooke se partagent leurs trouvailles sur la pédagogie, la technologie en appui à la formation, les études supérieures, la formation continue. »
- Inoreader, un agrégateur de fils RSS mais aussi, semble-t-il, un moyen de créer un fil RSS même pour les sites web qui n’en ont pas.
- Raindrop.io, « Collectez des liens, des images, des vidéos et des livres – enregistrez tout ce que vous rencontrez lors de la navigation ou téléchargez-le à partir d’un appareil ».
- Tagpacker, « Collectez, organisez et partagez facilement les liens que vous aimez »
- Ici, un Répertoire des outils numériques de veille assemblé avec Tagpacker par la Communauté de pratique de veille en santé et services sociaux du Québec (CdPVeille3S)
- Myriades, qui n’est pas un outil mais plutôt une entreprise de veille stratégique. « Notre mission est rendre la veille accessible à tous, en offrant un service de qualité supérieure spécialement conçu pour les petites entités. »
Pour ma part j’utilise essentiellement deux outils :
NetNewsWire, disponible gratuitement pour iPad, iPhone et Mac, comme aggrégateur de fils RSS.
Devonthink, pour Mac, qui rassemble et classe mes documents, mes URL, et surtout m’aide à les retrouver quand je ne sais plus trop où je les ai classés !
Enfin cette rencontre m’aura permis de réfléchir à ce travail de veille que je réalise depuis plus de vingt ans avec ce blogue, bientôt trente si on compte les années d’expérimentation et de découverte qui ont précédé l’ouverture de Gilles en vrac (voir le Préambule dans le bilan réalisé pour le vingtième anniversaire).
Un travail réalisé d’abord en complément de mon rôle de webmestre du site des organisateurs et organisatrices communautaires en CLSC. C’était le début du Web, la Toile comme on disait fièrement au Québec. De 2006 à 2012, en tant que responsable de l’Observatoire populationnel de mon CSSS, le spectre de mon travail de veille s’est élargi pour inclure des préoccupations de santé publique, de démographie, de planification urbaine. À la retraite, depuis 2012, j’ai maintenu certains engagements bénévoles (logement communautaire, développement des communautés…) qui ont pu orienter le travail de veille que je poursuivais avec ce blogue. Mais comme j’avais plus de temps je pouvais fureter encore plus librement…
Je garde encore un oeil sur les nouvelles et parutions qui peuvent intéresser les praticiens de l’organisation communautaire avec qui je communique de temps en temps par le biais d’une liste de diffusion-discussion. Ce qui amène quelques dizaines, parfois même jusqu’à 200 lecteurs à venir consulter ce blogue. Mais l’interaction avec mon lectorat, que ce soit sur la liste ou le blogue, est très limitée. Au début cela me chagrinait. J’étais de ceux qui croyaient que l’avènement d’Internet allait ouvrir les vannes d’une communication horizontale… que les lecteurs deviendraient tout-à-coup des auteurs, des acteurs ! Mais j’avais déjà connu cela en tant qu’éditeur d’un bulletin de liaison entre organisateurs et organisatrices communautaires : tous les praticiens, même ceux et celles qui ont une formation universitaire, ne prennent pas facilement la plume ! Il fallait insister, suivre, presser les collègues afin d’obtenir une copie…
Le réseau des réseaux s’est transformé avec Facebook, Twitter-X, Amazon, Google… Ce n’est plus l’horizontalité qui le caractérise mais plutôt la coexistence de quelques plateformes dominantes où l’utilisateur est d’abord un consommateur dont on monétise l’attention. Pour l’internaute « lambda » cette situation est sans doute satisfaisante : c’est pas compliqué et on y trouve de quoi se divertir et rester en contact avec la famille et les amis… et tout ce dont on peut avoir besoin en un clic, livraison le lendemain !
Pour en revenir à la veille. Dans ce contexte la proposition d’une nouvelle plateforme telle En commun/Praxis (E/P) représente un défi de taille. Peut-être que les professionnels de la veille y trouveront un intérêt, même si tous les Slack, Team, Hootsuite et autres logiciels sont déjà présents sur le terrain de la collaboration en temps réel. La gratuité et le caractère sans but lucratif de E/P en rendent sans doute l’accès plus facile à certaines organisations communautaires et publiques mais si l’intention de cet effort de veille collective était d’avoir un impact sur la société dans son ensemble, il faudrait trouver un moyen de sortir de la marge !
Par ailleurs si on pense qu’un travail collectif de suivi de flux et sources diverses puisse être partagé entre, disons, 5 ou 10 personnes, une méthode de classification simple, de type hashtag ou étiquette, pourrait être bienvenue. Cela permettrait de dépasser la limite actuelle de classement des notes qui ne peuvent être placées que dans un carnet à la fois.
Finalement, au delà des considérations techniques, le travail de veille envisagé collectivement devrait définir son « périmètre » : quelles sont les fins poursuivies ? On peut penser qu’une bonne partie des efforts déployés par ceux et celles qui publient des carnets sur Praxis relève d’un travail de veille. Si on fait de la veille pour une organisation, une cause, un mouvement… comment définir cette cause inter-organisationnelle ? En reprenant la formulation de Praxis : « pour une société plus collaborative et ouverte » ?