Des constats troublants
 1. Lors du dernier conseil d'administration de la régie régionale de Montréal, un montant de 4,9M $ (non récurrent) fut alloué pour les services aux personnes handicapées. De ce montant , quelques 1M $ furent répartis entre les CLSC pour être affectés aux familles ayant des enfants avec handicap intellectuel.
 2. L'enquête réalisée sur l'implantation du guichet unique en maintien à domicile (Claude Larivière et al. 2001) notait que " les personnes ne disposant pas d'un réseau de soutien utilisent en général moins les services (…) que celles disposant d'un réseau de soutien ". C'est une surprise… considérant que le réseau public se pose habituellement en complément des ressources données par le réseau de soutien ! D'autre part, les statistiques du dernier recensement nous disent que la proportion des personnes seules vivant dans le quartier est significativement plus élevée que la moyenne montréalaise.
 3. Dans son dernier rapport annuel 2001 (Garder notre monde en santé, un nouvel éclairage sur la santé mentale des adultes montréalais), la direction de la santé publique de Montréal estimait que " 50% des personnes aux prises avec un trouble mental au cours de la dernière année ainsi que 56% de ceux présentant un trouble psychique n'utilisent aucun service ". " Les personnes n'utilisant pas les soins requis sont souvent les moins scolarisées ".
 Dans la suite des travaux réalisés au conseil multi du CLSC au cours des dernières années sur la question du reaching out et en regard des constats établis par les recherches et rapports suscités qui convergent pour souligner l'importance des difficultés d'accès aux services de la part des gens pauvres nous croyons nécessaire de chercher des moyens réduire cette inaccessibilité et adapter nos méthodes et approches en conséquence.
 Cette nécessité nous apparaît urgente pour plusieurs raisons :
 1. Si nous ne comprenons pas mieux les limites et freins que la pauvreté impose dans l'expression de la demande et l'usage des services sociaux et de santé nous pourrons difficilement conserver des ressources qui seront de plus en plus distribuées en fonction de standards et de coûts moyens (rapport Bédard II) établis dans d'autres contextes;
 2. Nous devrons trouver les moyens d'adapter le très prochain plan national de santé publique à la réalité de notre clientèle alors que nous savons déjà que les méthodes et objectifs de la prévention primaire atteignent difficilement les populations appauvries (Ginette Paquet, in Santé et inégalité sociales, Documents de recherche no 21, Institut Québécois de recherche sur la culture, 1989)
 3. L'éventuelle mise en place des Groupes de médecine familiale devrait assurer aux familles du quartier des moyens adaptés aux besoins, tenant compte des habitudes et de la complexité des situations en cause.
 Aussi, nous proposons la mise en place d'un comité de recherche et développement visant à mieux comprendre et réduire l'inégalité d'accès aux services sociaux et de santé en contexte de pauvreté.
 Un comité dont le mandat serait de
 Faire la synthèse des leçons tirées d'autres programmes visant les populations appauvries (OLO, NEGS…)
 Établir des ponts avec un ou des centres ou instituts sensibles à cette question et aptes à cheminer avec nous dans la recherche de solutions
 Identifier un nombre limité de services où un problème d'accessibilité a été observé
 Rechercher, tester et expérimenter avec des intervenants du terrain différents moyens afin de réduire cette inaccessibilité
 Documenter et proposer des changements (d'approche, de méthode, de ressources nécessaires) qui permettraient de rejoindre ces clientèles "éloignées" mais dans le besoin.
 Gilles Beauchamp
 2002-05-14