Sortir la santé de l'antichambre de la maladie

Montréal, 5 mai 2002. La santé ça se fabrique avec des pommes, de la bicyclette, de la marche, des amis, du travail (mais pas trop)...

Les grands bonzes de l'insp santé publique sont à concocter un plan national de santé qui devrait être lancé pour consultation cet automne.

Comment peut-on viser les changements d'habitudes, de comportements humains, quand on dissèque ces derniers en organes et sous-systèmes (cardio-respiratoires, digestifs, reproductif, oto-rhino-laryngo...) ? L'approche réductrice fut bien commode pour développer une connaissance pointue, dite scientifique, des réactions biologiques et physiques. Mais qu'en est-il de la connaissance des humains ? Ne sont-ce que des aggrégats bio-physiques ? 

Sur ce terrain de la prévention et de l'action de promotion de la santé, les dogmes de gauche rejoignent ceux de droite : pour les premiers les conditions matérielles sont déterminantes et c'est (par exemple) en luttant contre la pauvreté qu'on donnera aux gens les moyens de leur santé; de tels changements seront le fait d'avant-gardes éclairées qui obtiendront les changements législatifs et économiques qui détermineront l'amélioration de la santé...

Pour les seconds, les gens pourraient mais ne veulent pas changer. C'est la vie ! Il y a des malades comme il y a des pauvres, des idiots...

Pourtant, pourtant... les choses n'ont pas toujours été ce qu'elles sont : il n'y a pas toujours eu cette épidémie d'obésité; l'humain n'a pas toujours été aussi passif et auto-transporté; le junk food n'a pas toujours été aussi accessible et bon marché; la télévision n'a pas toujours occupé la plus grande part des loisirs comme elle le fait de façon croissante depuis 50 ans !

Les choses ont changé depuis 50-75 ans. Sans doute ces changements sont-ils dûs au développement économique et social plutôt qu'à une transformation de la 'nature humaine'. Aussi les actions que nous devrons porter pour contrôler ou minimiser certains effets néfastes de ces développements devront-ils être portés à ces niveaux (économique et social) plutôt que de viser la nature, la biologie humaine.

Je voudrais ici soulever quelques questions, émettre seulement quelques hypothèses, essentiellement basée sur la connaissance concrète, historique d'un terrain, d'une localité particulière.

Il y a de cela moins de 40 ans, dans un quartier comme Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, les grands pourvoyeurs d'emplois (par exemple la biscuiterie Viau, où mon grand-père, mes oncles et tantes travaillaient) étaient aussi engagés dans l'organisation des loisirs, des activités sportives et familiales (pique-niques...). Un telle manière fut durant les années 60 décriée comme paternaliste et dénoncée par un mouvement syndical qui ne voulait pas de fêtes et de loisirs mais des salaires et des conditions décentes de travail.

Les ligues de ballon-balais et de baseball étaient nombreuses et mobilisaient sans doute des gens qui aujourd'hui se retrouvent devant la télé !

(à suivre)