Amazon, « panier bleu » et souveraineté numérique

Lorsque les camions bleus d’Amazon sont apparus dans nos rues, je me disais que les commerces locaux en pâtiraient comme les librairies l’ont fait lorsque Amazon est apparu sur nos écrans. Mais pourquoi donc nos commerces locaux ont-ils abandonné, il y a de cela des lustres, les services gratuits de livraison ? Sans doute pour la même raison que les centres d’achats ont remplacé les commerces locaux : les clients avaient des automobiles pour transporter leurs achats… d’autant qu’ils en avait besoin pour se rendre au centre d’achat.

C’était oublier cette population nombreuse de clients sans auto, particulièrement en ville où la livraison coûte moins cher. Avec son « catalogue universel » Amazon est devenu incontournable…

Pourquoi Canadian Tire, Rona, BMR et IKEA ne font pas un catalogue alternatif, associé à un service partagé de livraison ? Privilégiant les fournisseurs locaux… tout en développant le « cloud » d’ici !

En me disant cela je reçois le billet de Hubert Guillaud :

Pour une souveraineté numérique non-alignée,

Ce billet de Hubert Guillaud (2025.01.29) m’introduit à ce rapport-manifeste (en anglais) de Durand et Rikap (voir plus loin) ainsi qu’à un bon résumé critique fait en français par Irénée Régnauld Mais où va le web ? .

Ce Durand, auteur dont j’ai lu et apprécié en août dernier le Comment bifurquer: Les principes de la planification écologique.

Cédric Durand et Cécila Rikap, dans une tribune Le Monde

‌ une souveraineté numérique qui ne repose pas sur un illusoire nationalisme technologique mais sur un empilement numérique public non aligné, résultant de l’effort conjoint de nations décidées à interrompre le processus de colonisation numérique dont elles sont victimes

Un « empilement numérique public ».

Un rapport-manifeste : Reclaiming Digital Sovereignty

Ce document d’orientation présente un programme de réforme progressiste visant à renforcer la souveraineté numérique pour les personnes et la planète. Les technologies numériques sont essentielles au bon fonctionnement des sociétés modernes, mais la manière dont nous organisons actuellement leur développement et leur déploiement favorise la centralisation économique et la dynamique du « gagnant-gagnant », ce qui va à l’encontre du bien public. Compte tenu des coûts élevés de développement de ces technologies, de leur pertinence et de leur empreinte écologique, un plan pour un modèle alternatif exige que les États interviennent et conçoivent des institutions publiques, multilatérales et autonomes par rapport aux gouvernements spécifiques, qui peuvent fournir des infrastructures et des services numériques essentiels en tant que services publics ou biens communs construits grâce à la coopération internationale. À cette fin, nous présentons les quatre propositions clés suivantes :

  1. 1. Offrir une pile numérique démocratique, dirigée par le public, qui comprendra : 1) une infrastructure numérique en tant que service (pour la formation, le traitement et le développement de solutions numériques) fournie par des consortiums internationaux démocratiques et sans but lucratif ; 2) des plateformes universelles, telles que des moteurs de recherche et des modèles d’IA de fondation, qui devraient être un bien commun régi par de nouvelles institutions publiques avec une représentation de l’État et de la société civile ; et 3) une place de marché publique où les entreprises peuvent offrir leurs services informatiques sans blocage. Pour garantir la demande, les États devront s’approvisionner auprès de cette place de marché et mettre fin aux contrats avec les grandes entreprises technologiques.
  2. 2. Élaborer un programme de recherche axé sur les développements numériques qui ne sont pas motivés par le battage médiatique ou les pressions du solutionnisme technologique, mais qui ont le potentiel de résoudre des problèmes collectifs et de renforcer les capacités humaines. Cet agenda devrait prendre en compte les impacts éthiques, économiques, écologiques et politiques du développement et de l’adoption des technologies, y compris des applications de l’IA. Il devrait également s’inspirer d’une approche holistique, interdisciplinaire et non lucrative des principaux défis mondiaux. À cette fin, des réseaux publics de connaissances dirigés par une nouvelle agence publique de recherche internationale (ou des agences régionales) pourraient contrebalancer la concentration croissante de la science privée et fermée.
  3. 3. Fonder la souveraineté numérique sur un internationalisme écologique qui refuse de considérer la souveraineté comme un champ de bataille entre les pays et qui néglige le fait que les dirigeants d’aujourd’hui ne sont pas seulement des États puissants, mais aussi des entreprises de premier plan. Ce mouvement pourrait être promu en tant que chapitre du Mouvement des technologies non alignées, qui reconnaît que les agendas technologiques nationalistes aggraveront l’effondrement écologique et exacerberont le sous-développement. L’internationalisme est également un antidote à la surveillance gouvernementale individuelle et aux abus de pouvoir, et il est essentiel pour minimiser les ressources nécessaires à la construction d’une pile numérique démocratique et publique.
  4. Établir des mécanismes stricts à chaque étape pour démanteler les formes existantes et potentielles de surveillance étatique ou de détournement des solutions collectives par certains gouvernements. Les accords multilatéraux sur les principes et les règles de l’internet sont des garanties indispensables à la mise en place d’institutions et de solutions autonomes et gouvernées démocratiquement. (Ma traduction)
Tiré de Reclaiming Digital Sovereignty

Des protocoles plus que des plateformes précisait, hier, Guillaud.

« nous devons défendre la portabilité et l’interopérabilité, explique-t-il, qui sont les seuls moyens de rendre de la liberté aux utilisateurs que les plateformes limitent et capturent. »

Dans Pour une souveraineté numérique publique et démocratique Irénée Régnauld fait un bon résumé en français de la proposition Durand et Rikap.

Ce que la souveraineté réclame, affirment-ils, est une implication franche de l’Etat, et plus largement de la puissance publique, fusse-t-elle supranationale, pour une technologie au service des citoyens et de leurs besoins, fondée sur un internationalisme écologique échappant aux proclamations de puissance et à l’étau sino-étasunien. Par souci de diffusion au plus grand nombre, j’en retrace les quelques grandes lignes.

Table des matières de Pour une souveraineté numérique publique et démocratique

1 Une souveraineté publique et internationale
2 Un « Digital stack » public
3 Reprise en main de la recherche et développement
4 Internationalisme écologique
5 Un socle de valeurs démocratiques
6 Impôts et réglementations
7 Services bancaires

construire un cloud réellement public (et data centers associés), reliés par des infrastructures également publiques

moteurs de recherche, plateformes de e-commerce devraient également voir surgir leurs versions publiques, à l’échelle appropriée (internationale, nationale ou locale, comme par exemple, une plateforme ajustée à la taille d’une région).

Subventionnées, ces applications auraient pour but de sortir de l’emprise des Big tech aussi vite qu’il est légalement possible de le faire.

La conclusion de Irénée Régnauld:

Le livre blanc reste cependant limité à une série de grands principes louables mais qui ne donnent pas plus d’éléments sur le coût et la durée du projet, ni sur les efforts politiques à entrevoir pour amorcer de telles négociations (à plus forte raison que les mots « contraindre » et « forcer » reviennent souvent, signalant l’absence d’espace pour tout compromis). Bref, la souveraineté numérique publique est démocratique est avant tout un projet politique et donc, un rapport de force.

Voir aussi

Le Stack, Plateformes, logiciel et souveraineté, de Benjamin H. Bratton.

Protocols, Not Platforms: A Technological Approach to Free Speech, de Mike Masnick

Dans un registre apparenté

DeepSeek : une opportunité d’action collective (internationale) ?

Nous pourrions assister à une sorte de réinitialisation de la course à l’IA, où il est possible pour les entreprises, mais aussi pour les pays, de rattraper leur retard et de trouver une nouvelle voie pour aller de l’avant. Tout comme il existe plusieurs versions de Linux, il y aura plusieurs versions de LLAMA/DeepSeek, mais seront-elles menées uniquement par des entreprises ou des stratégies nationales et internationales verront-elles le jour ? Par exemple, le Canada, l’Europe ou n’importe quel groupe de pays pourrait-il prendre DeepSeek en charge et accorder des réductions d’impôts sur les salaires des ingénieurs qui travaillent sur ce projet open source ? Cela serait-il utile ? (Ma traduction)
Extrait de DeepSeek Reader, de Patrick Tanguay

En conclusion…

La fermeture d’Amazon est un acte de terrorisme économique, par Jim Stanford, sur IRIS

P.S. : Un article de Cédric Durand, sur Sidecar de la New Left Review, ici traduit par mes soins : Fragile Léviathan?

vendredi vrac (3)

Développement local, organisation communautaire

S’engager dans le développement durable au quotidien – Guide de bonnes pratiques à l’intention des municipalités

Un guide des bonnes pratiques produit par me ministère des Affaires municipales plein d’exemples venant des villes de toutes les régions, avec tableau des activités réalisées… et une liste de références (plans locaux de développement durable – avec liens vers les documents PDF) classés par région.

États-Unis : Le community organizing contre le repli trumpiste

Article de la revue française Socialter, par Lumir Lapray (25.01.15)

La quasi-totalité des mouvements sociaux a d’ailleurs trouvé racine dans l’Amérique rurale, de la lutte contre l’esclavage à celle pour les droits civiques, en passant par le syndicalisme minier ou la fédération des travailleurs agricoles sans papiers. C’est le terreau de la lutte qui nous attend : se reconnecter pour convaincre, et enfin construire une coalition de toutes les classes populaires au service de nouveaux jours heureux.

Pour cette nouvelle génération d’organizers ruraux, il existe une troisième voie. Une approche courageuse, qui fait le pari qu’avec du temps, de la considération et du travail, leurs voisin·es peuvent faire des choix différents. La nuance est importante – si Beth, Stephen et George affirment que leurs communautés doivent changer, ce n’est ni par mépris, ni par hostilité, mais par amour.

Alors que la ville se prête aux mobilisations de masse, aux manifestations, aux actions coup-de-poing, on peut avoir l’impression que les campagnes sont plus difficiles à transformer. Or, si l’on adopte l’approche de l’organizing, la ruralité offre l’avantage incomparable d’un groupe à taille humaine, où des relations de solidarité dépassant les clivages politiques existent déjà.

Environnement

Reconnaissance du rôle des municipalités dans la transition écologique

Un gain important pour l’autonomie municipale
Union des municipalités du Québec
Le mémoire présenté par l’UMQ

  1. Reconnaissance de l’autonomie municipale
  2. Sommes dédiées à la restauration et la création de milieux humides et hydriques
  3. Évaluation environnementale stratégique régionale
  4. Accélérer la réalisation des projets publics
  5. Électrification des véhicules lourds municipaux

Les collectivités canadiennes soutiennent la demande de rapports financiers cohérents sur les actifs naturels

Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)

Dans l’infolettre du Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ), son plan d’action pour l’année et quelques mots bien sentis sur le projet de loi 69 : La dénationalisation sans transition.

Reactionary Decarbonization
On Carbon Capture and Techno-Utopianism

L’écoblanchiment (et le technosolutionisme) ne fait pas que retarder l’action nécessaire, il peut contribuer activement et gravement à la dégradation de nos milieux.

Is there any basis in our current reality to believe that, in the next (say) twenty five years to thirty years there is a pathway from what we have now—state subsidies for fossil investment capital to earn windfalls in whatever CCS [carbon capture system] project offers a buck, regardless of who is harmed, what ecologies are permanently undermined, or whether it even contributes to net carbon dioxide reductions—to a democratically-run public sector carbon management system?

[F]or this to be a critical theory rather than a sterile utopia, it must be demonstrated that this is an unrealized possibility within the current structure of society.

[W]e focus on building power against the fossil fuel industry, a social force we know to be utterly incompatible with a healthy and just life on Earth.

L’art militant dans la bataille contre les pétrolières

Show STS About Oil: Engaging Spillover’s Anthropocene Landscapes

Hannah S. Rogers, History and Technology Contemporary art is pushing the boundaries of science and technology studies (STS) by spotlighting oil’s devastating grip on communities, particularly in Louisiana’s « Cancer Alley. » By fusing aesthetics with activism, these works expose the entanglements of petrochemicals, pollution, and power while driving social justice. Drawing from Art, Science, and Technology Studies (ASTS), this paper argues that such art isn’t just commentary—it’s a vital tool for understanding and resisting the sociotechnical systems fueling the Anthropocene.

Philanthropie

La fondation de la famille Weston change d’orientation

Depuis des années, les Weston font des dons pour des causes liées à la santé et à l’environnement. Aujourd’hui, ils soutiennent des start-ups dans ces deux domaines.

Après avoir fait don de centaines de millions de dollars à des causes environnementales et à la recherche dans le domaine de la santé, la famille Weston, milliardaire canadienne, soutient désormais des jeunes entreprises innovantes dans ces deux domaines.

Je me demande : Est-ce une conséquence des changements récent dans la loi sur les fondations ? On peut maintenant investir plus facilement dans des organisations qui ne sont pas des « oeuvres de charité » accréditées.

Nouveau cadre de référence de Centraide en soutien aux tables de quartier

Le cadre de référence de L’initiative montréalaise de soutien au développement social local dans sa dernière version (2024)

Logement, transport

La crise du logement en débat, article traduit: Supply and the Housing Crisis: A Debate How do we achieve housing for all?

Par Ned Resnikoff, Brian Callaci et Sandeep Vaheesan dans la revue Dissent – Winter 2025

Tempête parfaite sur le marché locatif

Provoquer une «tempête locative parfaite», Article de Patrick Moreau, dans Le Devoir (2025.01.29)

Il faudrait que] le sentiment que chacun d’entre nous contribue soit partagé pour que nous passions tous ensemble à travers cette période pleine de remous et d’incertitude. Rien ne serait plus néfaste que le sentiment contraire, c’est-à-dire que seuls les plus modestes trinquent, tandis que d’autres bénéficient de la crise et continuent de s’enrichir.
(…) la décision du TAL et surtout le refus du gouvernement du Québec d’intervenir pour l’annuler ou la modifier envoient un très mauvais message et constituent une impardonnable erreur politique.

Voir aussi
Augmentations de loyer : qu’est-ce qui cloche dans le calcul du TAL?

Transport interurbain

Ce que le Québec peut apprendre du Pérou pour sortir de son marasme (IRIS)

Devant l’urgence de repenser le financement et les politiques publiques entourant le transport interurbain par autocar pour garantir une mobilité interurbaine accessible, le Québec pourrait s’inspirer du Pérou.

Nouvelles des localités

Trois-Rivières – Troisième cohorte du comité Jeunesse de la Ville

Les 26 membres du comité Jeunesse, âgés entre 15 et 35 ans, auront « pour mandat de se pencher sur la thématique : Une ville verte pour les jeunes d’aujourd’hui et de demain Cet enjeu découle d’une préoccupation exprimée par les jeunes lors des consultations jeunesse ayant mené à la politique jeunesse de Trois-Rivières.

J’ai pensé au Comité jeunesse de TR en lisant cet appel du WTFutures :

WTFutures is a community of interest and practice
We are federating people and projects that have worked, or are working with young people on how they see the future in the context of climate change.
Are you one of them?


Un projet de « prospective-jeunesse ».

Longueuil – Le Plan de protection et de conservation des milieux naturels

Lauréat pour le prestigieux Prix des collectivités durables de la Fédération canadienne des municipalités

La Ville de Longueuil s’est dotée d’une feuille de route ambitieuse, innovante et mobilisatrice à travers son Plan de protection et de conservation des milieux naturels [version PDF].

Ville de Beloeil Règlement pour interdire les sacs plastique à usage unique

Un projet de règlement visant à interdire la distribution de sacs de plastique et de certains articles de plastique à usage unique sur son territoire. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du mouvement exigé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour répondre aux objectifs du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles 2024-2030 (PMGMR).

Joliette – La Politique d’admissibilité des organismes au soutien municipal.

  • Renforcer la collaboration pour atteindre des objectifs communs.
  • Soutenir, accompagner et promouvoir les services des organismes locaux dans une approche commune, équitable et transparente;
  • Reconnaître leur rôle dans la qualité de vie à Joliette, en complément du service des Loisirs et de la culture;

Abitibi-Témiscamingue – Aménagement forestier

Du 27 janvier au 12 mars 2025, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) invite la population à participer à la consultation publique portant sur les modifications prévues au plan d’aménagement forestier intégré tactique (PAFIT) déjà en vigueur situé majoritairement sur le territoire public de la région.


Théorie, politique, recherche

Collaboration universités-activistes

Quelle collaboration possible entre les milieux universitaires et les milieux activistes : un Green Deal du peuple latino-américain ?
A Latin American People’s Green Deal: What Role Can Collaborations Between Academia and Activism Play?

Contre l’illusion néo-libérale

Dans un document dont on pourrait traduire le titre par : Le problème de la connaissance dans l’anthropocène. L’illusion environnementale hayekienne et les conditions d’une planification écologique. Cédric Durand1Auteur de Comment bifurquer, les principes de la planification écologique. J’ai commenté ici ce livre. (encore lui !) publiait le 3 janvier sur Archives ouvertes de l’Université de Genève (UNIGE) The Problem of Knowledge in the Anthropocene. Hayekian Environmental Delusion and the Condition of Ecological Planning.

Les idées des Hayek et Friedman sont encore au coeur des idéologies néolibérales dominantes, effectives.

Au-delà de l’omniprésence de l’écoblanchiment et des difficultés à mettre en œuvre des obligations d’information adéquates, le problème le plus profond concerne la possibilité de s’appuyer sur des incitations privées, c’est-à-dire la responsabilité de l’entreprise et la motivation du profit, pour parvenir à une répartition du capital compatible avec les objectifs sociaux et écologiques. Les failles de la tentative d’écologisation de la finance par le biais des investissements ESG illustrent les limites plus fondamentales de la conception hayekienne du marché et des incitations au profit en tant que processeur d’information adéquat capable de générer et de transmettre des connaissances pertinentes pour engager les actions requises afin de traiter les questions sociales et écologiques urgentes. Comme l’a reconnu Milton Friedman, il faut pour cela « étendre le champ d’application du mécanisme politique ». (Ma traduction)

Une autre conception du domicile, du foyer.

En terminant ma lecture du livre Feeling at Home Transforming the Politics of Housing par Alva Gotby, je me disais qu’elle avait bien raison de questionner nos modes d’habiter. Qui conditionnent nos relations intimes, familiales et nos rapports avec le milieu, la collectivité, l’environnement. Ne pourrait-on imaginer des milieux de vie, des voisinages où on connait son voisin, on est attentif aux plus frêles ou aux plus jeunes… où, même, on pourrait s’entraider en partageant un espace-atelier avec ses outils ? Ou un espace-cuisine bien équipé ? Un espace-jeu-garderie pour les petits ? Un espace-jardin ?

Jusqu’où une telle vision est-elle utopique et jugée inaccessible dans les conditions actuelles ? Le niveau de méfiance, d’incivilité, d’individualisme qui caractérise les relations sociales dans les villes aujourd’hui ne prédispose pas à l’ouverture et la générosité… Même des associations comme des coopératives créées expressément pour des fins généreuses finissent par se replier sur un noyau familial et oublier leurs orientations sociales. (Pour un meilleur encadrement des coop d’habitation et Des vices dans le choix des locataires, dans Le Devoir 25.01.30)

Les coopératives d’habitations sont habitées, traversées par les mêmes désirs et tendances que le reste de la société : les mêmes rêves d’appropriation, la même conception du privé… Pourquoi les habitants d’une coop seraient-ils plus vertueux que les autres ? Parce qu’un jour un programme fédéral a financé l’achat ou la transformation des logements qu’on habite ? Tant mieux, ça nous fait payer des loyers qui n’ont pas été gonflés par la spéculation des dernières décennies. Devrait-on pour autant être des sanctuaires de générosité et d’altruisme dans la jungle urbaine capitaliste ?

Les projets coopératifs devraient être financés non seulement pour leur logement mais aussi pour leur impact sur la vie des participants et du voisinage. Pour l’action civique et sociale qui est supportée par la coop. S’il n’y en pas, c’est pas plus grave. Mais s’il y a des initiatives qui valent d’être soutenues… il faut le faire et encourager les initiatives, les explorations dans le sens de réinventer le bon voisinage, l’entraide, les espaces créatifs et de loisirs partagés. Expérimenter pour trouver mieux, pour inventer de meilleurs lendemains.

Aussi publié aujourd’hui sur Gilles en vrac…:

Amazon, « panier bleu » et souveraineté numérique

Notes

biorégion, habitation, finances…

vendredi en vrac

Bilan démographique des régions du Québec

Le bilan démographique de chacune des 17 régions administratives est détaillé dans la publication Fiches démographiques – Les régions administratives du Québec en 2024 publiée aujourd’hui par l’Institut de la statistique du Québec.

Biorégionalisme

Bioregioning 101

[1h28 sur Youtube] J’ai écouté en activant les sous-titres, et la traduction automatique…

Introduction de la discussion :
Le siècle dernier a été marqué par l’essor de la mondialisation dans tous les sens du terme : production, culture, agriculture, consommation, etc. Cette tendance a apporté beaucoup de richesses et d’opportunités à de nombreuses personnes, mais qu’avons-nous perdu et oublié au cours de ce processus ?

En anglais mais avec sous-titres (en anglais ou en traduction française). Les trois invités du panel animé par Nate Hagens :

  • Daniel Christian Wahl, auteur de Designing Regenerative Cultures. Décrit comme le « Whole Earth Catalog » du 21e siècle, ce livre pose la question suivante : « Comment pouvons-nous collaborer à la création de diverses cultures régénératives adaptées aux conditions bioculturelles uniques d’un lieu ? Comment pouvons-nous créer des conditions propices à la vie ? »
  • Samantha Power, économiste régénératrice, futurologue et biorégionaliste, cofondatrice et directrice du BioFi Project, un collectif d’experts soutenant les biorégions dans la création de mécanismes de financement de la transition vers des économies régénératrices. Son nouveau livre, Bioregional Financing Facilities : Reimagining Finance to Regenerate Our Planet, explore ce concept.
  • Isabel Carlisle, communicatrice, éducatrice et organisatrice de projets à grande échelle au Bioregional Learning Center. Basé au Royaume-Uni, « nous créons des collaborations pour faire évoluer le sud du Devon vers une résilience climatique à long terme. Nous travaillons à l’intersection de l’économie, de l’écologie, de l’apprentissage, des arts et de la culture, ainsi que dans les zones intermédiaires. »

Une ressource citée par un des panelistes: la Ceinture alimen-terre liégeoise

Quelle est la profondeur des liens historiques et indigènes de l’humanité avec le mode de vie biorégional ? De quelle manière les individus peuvent-ils commencer à s’engager dans leurs biorégions locales et contribuer à un avenir régénérateur ? Enfin, comment un plus grand nombre d’êtres humains connectés et en relation avec la terre peuvent-ils influencer les sociétés et les cultures futures pour qu’elles soient plus en phase avec le bien-être de toutes les formes de vie ?

What is a Bioregion, and why do they matter?

Une vidéo de moins de 5 minutes, introduction au concept de biogégion. (sous-titres en français disponibles)

HABITER

Une autre vision de l’habiter, de la famille, des soins (care).

Une entrevue audio de 44 minutes. Feeling at Home Transforming the Politics of Housing
« Alva Gotby remet en question le mythe de l’accession à la propriété en tant que succès et plaide en faveur d’une politique de transformation qui privilégie la stabilité, la prise en charge et la communauté plutôt que le profit, en faisant valoir qu’un système de logement juste pourrait révolutionner l’existence quotidienne. »

Le livre – Feeling at Home: Transforming the Politics of Housing par Alva Gotby, une écrivaine et une organisatrice.

La construction de logements au « prix du marché » ne résout pas la crise du logement abordable.

« Dans les trois arrondissements montréalais les plus pauvres, soit Montréal-Nord, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Le Sud-Ouest, [les loyers moyens] ont respectivement augmenté de 48 %, 59 % et 92 %. »
L’abordabilité n’a rien de naturel, elle « résulte la plupart du temps de politiques qui ont été adoptées dans le but précis de la préserver. »
L’abordabilité ne coule pas de source en habitation par Louis Gaudreau et Renaud Goyer, Le Devoir.

Le gouvernement du Québec rend disponibles ses terrains

Mesure phare de la Stratégie québécoise en habitation déposée en août dernier, celui-ci vise à rendre disponibles des terrains et bâtiments afin que les offices d’habitation, les organismes à but non lucratif et les coopératives d’habitation développent rapidement des projets d’habitation.

Une méthode qui a fait ses preuves contre le sans-abrisme

La ville de Manchester en Angleterre veut s’inspirer d’un dispositif finlandais qui fonctionne pour aider les sans-abris à relever la tête. Ici, un logement est proposé d’emblée au SDF sans condition préalable ainsi qu’un soutien personnalisé. Cette technique contraste avant les méthodes bureaucratiques culpabilisantes où ces derniers doivent d’abord prouver qu’ils cherchent un emploi.

FINANCE et capitalisme

Finance et planification économique

Un numéro spécial de la revue Competition and Change : Rethinking Economic Planning.

J’ai traduit cet article qui fait un survol riche en références (127) : Finance et planification économique

« La question est de savoir si et comment la planification peut être menée sous une forme plus démocratique et orientée vers les besoins sociaux et écologiques plutôt que vers la seule valeur actionnariale, mais aussi si les appareils de planification financière et leur pouvoir de coordination peuvent être appropriés pour une telle transformation.« 

Les six articles de ce dossier sont en accès libre :

Nancy Fraser on alternatives to capitalism

Le podcast de la semaine (selon The Syllabus).
Les alternatives significatives au capitalisme ne dépendent pas seulement de la démocratisation des processus de prise de décision, mais aussi de la réimagination des structures mêmes de la vie économique. Notre podcast de la semaine plaide en faveur d’une priorité donnée aux soins, à la gestion écologique et au bien-être collectif plutôt qu’au profit et à l’extraction incessante.

L’épisode du podcast Future Histories International dure 1h40. En anglais. Mais c’est Nancy Fraser ! Sur la page d’intro de l’épisode, plusieurs publications-sources citées.

Capitalism without growth (audio anglais)

Un épisode du podcast Macrodose. En anglais. Audio seulement.

« La politique est de plus en plus polarisée, mais s’il y a une chose sur laquelle les hommes politiques de tous les grands partis sont d’accord, c’est sur la croissance – que leurs rivaux politiques n’ont pas réussi à produire de la croissance, que nous en avons besoin davantage, et que l’obtention de cette croissance résoudra tous nos problèmes, de l’inégalité et de la pauvreté à l’effondrement des services publics et à l’immobilisation des investissements.

Mais tout le monde n’est pas d’accord. Pour un mouvement croissant d’économistes de la post-croissance et de la décroissance, la croissance économique n’est ni neutre ni souhaitable. Au contraire, beaucoup appellent de plus en plus à l’abandon de notre modèle économique dépendant de la croissance, au motif que la croissance effrénée conduit notre climat et nos écosystèmes au bord du gouffre.
Notre invité d’aujourd’hui, Hans Stegeman, est une figure inhabituelle dans cette communauté : un banquier qui souhaite que la finance, et plus largement l’économie, dépasse la croissance pour le bien de la planète. Hans est économiste en chef à la Banque Triodos, ainsi que l’un des principaux auteurs et penseurs de l’économie post-croissance. Dans l’épisode d’aujourd’hui, Hans et Adrienne discutent de la décroissance, du mythe de la finance verte et des raisons pour lesquelles la rupture avec les règles de l’économie traditionnelle est la première étape vers un avenir durable. »

Autres articles traduits de l’anglais

Notre avenir est peut-être en grande partie derrière nous

Traduction d’une entrevue avec Ruha Benjamin sur Urbanomnibus : Perhaps a Lot of Our Future Is Behind Us, 2025.01.16 – [Une référence The Syllabus]

L’auteure critique les technologies « intelligentes » et les projets futuristes – comme la colonisation de l’espace ou les « villes intelligentes » à forte surveillance – qui masquent les inégalités structurelles et renforcent les inégalités raciales et sociales. Au lieu de cela, elle plaide pour des formes d’imagination collectives et libératrices, enracinées dans les soins, les réalités vécues et les connaissances communes.

Malm et Mangione (extraits)

Au milieu de la décadence capitaliste, de la violence d’État et de l’effondrement écologique, Andreas Malm critique la violence politique et interroge l’immoralité des profits tirés de la destruction de la planète. Ce texte décrit les espoirs déçus sous Biden, du rétablissement post-pandémie à l’action climatique bloquée par les intérêts des entreprises et des combustibles fossiles, incarnés par Joe Manchin. L’aggravation des problèmes de santé et de la précarité économique ouvre la voie à la protestation dramatique de Luigi Mangione, qui dénonce la mainmise des entreprises sur la survie élémentaire. Mais les actes isolés ne démantèleront pas le pouvoir – seule une action collective soutenue peut le faire.

Le dépassement et l’objectif d’un réchauffement de 1,5 degré Celsius

Traduction de : OVERSHOOT AND THE 1.5-DEGREE CELSIUS WARMING TARGET de David Schwartzman. Il s’agit d’un long commentaire sur le livre Overshoot publié par Andreas Malm et Wim Carton.

Je me demande COMMENT Schwartzman compte s’y prendre pour réaliser ce qu’il nomme, en passant : L’élimination complète du complexe militaro-industriel, y compris de son infrastructure de combustibles fossiles, libérera de vastes quantités de matériaux, en particulier de métaux, pour la création d’une infrastructure mondiale d’énergie éolienne et solaire. On n’a pas l’air parti pour ça !

vendredi vrac

Construction rapide de 500 logements hautement préfabriqués

Les coopératives, les offices et les organismes à but non lucratif d’habitation ainsi que les entreprises du secteur privé sont invités à consulter l’information sur la façon de déposer un projet sur le site Web de la SHQ. La date limite pour le dépôt des projets est le 12 mars 2025.

Modernisation des trains d’exo : la première des 10 nouvelles locomotives à faible émission de gaz à effet de serre.

Rappelons que les locomotives F59PH utilisées actuellement sur le réseau d’exo ont été acquises auprès de la société de transport torontoise GO Transit en 2011. Elles ont fait l’objet de plusieurs travaux de rénovation à travers les années.

Cartographier l’accessibilité pour transformer la ville

[Université de Montréal] L’accès inégal aux transports, aux espaces verts, aux services de proximité et à la sécurité urbaine reflète et aggrave souvent les disparités socioéconomiques. L’Atlas du projet CAMMM (Cartographie de l’accessibilité, de la mobilité et de la multimodalité) s’attaque à ces questions en proposant une plateforme numérique consacrée à l’analyse et à la promotion d’une urbanisation plus équitable.

Une initiative intéressante… qui demandera encore quelques ajustements : la traduction en français est incomplète; la pyramide des âges pour les localités difficile de la voir au complet et… une date pour ces données serait bienvenue.

Mais c’est un bon début !

Les Québécois se sentent nord-américains et loin de la France, révèle un sondage

Stéphane Baillargeon, Le Devoir, 2025.01.16

J’ai été surpris de voir apparaître cette « carte des valeurs » que je reproduisais dans mon billet du 25 décembre : tradition, coutume, religion. Baillargeon me fait connaître le Centre d’études sur les valeurs, attitudes et sociétés (Université Concordia) qui a pu replacer le Québec et le Canada-sans-le-Québec (en rouge) sur la carte des huit zones culturelles et historiques développée par les politologues Ronald Inglehart et Christian Welzel du World Values Survey.

« Le Québec se démarque encore par la langue française, ses institutions, son État providence fort (les garderies, l’assurance-médicaments, les congés parentaux, les études abordables), sa défense de la laïcité. » Le Québec se trouvant plus proche du « modèle nordique » (appellation que je préfère à l’Europe protestante !) que le Canada anglais. Une dimension où le Québec se distance du modèle nordique : la participation des femmes aux affaires publiques. Voir cet extrait du livre Social-démocratie 2.0 : Femmes scandinaves et politique.

De 2008 à 2018, alors que Québec solidaire présentait un programme résolument à gauche et critique du néolibéralisme, il a systématiquement obtenu plus de voix d’élections en élections. En 2022, le parti a décidé de recentrer son message, et il a soudain perdu des votes.

Continuer la lecture de « vendredi vrac »

incivilité & compétence civique

[Parc LaFontaine, dimanche 11:45, au bas de l’escalier menant à la patinoire, dans l’édifice Robin des bois]

Le local avec les casiers pour y laisser ses bottes est fermé. Pas d’explication, rien. C’est décevant. Un autre utilisateur potentiel frustré se met à accuser Valérie Plante. Là, c’est trop. J’apostrophe le citoyen critique, l’accusant de sexisme… soulignant la complexité d’une ville comme Montréal, les arrondissements, les ententes… Je souligne à quel point la gestion de la ville s’est améliorée depuis l’ère de Drapeau !

Je ne sais plus si j’ai pu laisser entendre que mon interlocuteur était de la banlieue, toujours est-il qu’il était bien fier de se dire depuis toujours habitant du Plateau. Je n’ai pas eu la répartie assez vive pour lui dire qu’on pouvait habiter le Plateau et penser en banlieusard !

J’ai cherché ce qui m’agaçait dans ce discours « anti-mairesse ». Une part de sexisme, sans doute. Mais pas que. Il y a un individualisme un peu cynique, qui dénonce, critique, mais sans chercher de solution. C’est l’attente d’un leader-sauveur qui viendrait enfin mettre de l’ordre dans ce foutoir et fournir (enfin) aux « payeurs de taxes » des services accessibles, de qualité.

On est défenseur ou attaquant dans ce type de conversation. Je me suis demandé ce qu’il en coûtait en notoriété, en relations publiques à la Ville de fermer un tel service… mais difficile de mesurer de telles pertes. D’autant que chaque fois qu’un cône orange est installé sur une rue, c’est une friction de plus avec les usagers de la route… et une insatisfaction de plus. À moins qu’on puisse transformer ces lieux-moments de friction en symboles d’une ville responsable, d’un service rendu… qui ne sont pas toujours rendus par la Ville : électricité, gaz, téléphonie et cable ont tous des droits d’accès.

La première manière de réduire les frictions, en les transformant en occasions d’éducation civique, consiste à informer les usagers (de la route, de la toilette, du métro ou des casiers pour bottes) de la source de la friction : Ville-centre ? Arrondissement ? Service des parcs ? Bell ou Énergir ? Et ensuite, informer sur les délais avant le retour à la normale.

Plutôt que d’imposer, d’emblée, aux équipes de construction-réparation des obligations supplémentaires d’information, un système d’informations basé sur la localisation GPS des travaux serait plus facile d’implantation et de contrôle. Associé à une possibilité de laisser un commentaire, visible par les autres usagers, cela permettrait une saine discussion et un feed-back roboratif. Ces informations géocodées seraient disponibles en format ouvert, permettant aux citoyens et OSC1organisations de la société civile de suivre dans le temps l’efficacité et la réputation des fournisseurs, plutôt que de faire porter sur la mairesse (ou le parti au pouvoir) toute la friction imposée par les multiples agences intervenant sur le territoire.

Ça prendra plus qu’une (belle) application GPS et des tableaux en open-source pour transformer le sentiment de frustration et de non-responsabilité dominant actuellement. Comment mesure-t-on le sens civique d’une culture ? Henry Milner, dans Les compétences civiques scandinaves2un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves, nous introduit à différentes enquêtes qui permettent de comparer les pays de l’OCDE en la matière.

Ce que Milner entend par compétences civiques :

Les pays nordiques affichent des compétences civiques (capacité des citoyens à comprendre la réalité politique ainsi qu’identifier les alternatives en matière de partis et de politiques publiques proposées) supérieures à celles que l’on peut observer dans les pays d’Europe continentale et du monde anglo-saxon. Les compétences civiques s’acquièrent donc grâce à des politiques qui prônent la redistribution matérielle et surtout intellectuelle. L’éducation des adultes, les cercles de lecture, le soutien aux médias publics ainsi que les librairies populaires constituent des exemples de politiques entraînant une redistribution intellectuelle. 

Social-démocratie 2.0, p. 141

Cours d’éducation civique obligatoires dans lesquels on étudie et on débat des programmes des partis. Les Suédois lisent plus de journaux, suivent plus l’actualité politique… mais étudient plus longtemps (13% VS 3% des 30-39 ans sont aux études). Cependant la participation civique n’est pas liée au niveau d’éducation, même les populations avec peu d’éducation ont une culture politique. La représentation proportionnelle aide à la participation politique.

C’est un cercle vertueux : plus les gens sont informés et impliqués, plus les politiques et programmes sont adaptés aux besoins, ce qui renforce le désir, la motivation et l’engagement.


Je situe ce billet dans la suite de la réflexion suscitée par la lecture de Religion’s Sudden Decline: What’s Causing it, and What Comes Next?, que j’ai commenté récemment. L’auteur y identifiait un « modèle nordique » que j’ai voulu fouiller un peu plus grâce à cette comparaison Québec-Scandinavie cueillie au passage chez un bouquiniste. J’y reviendrai. Le chapitre sur la participation politique des femmes (47% des élus sont des élues en Suède) me permettra de poursuivre la réflexion sur les causes des attitudes anti-mairesse.

Notes

  • 1
    organisations de la société civile
  • 2
    un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves

propagande, pronostics, phares…

Liens vers les cinq parties : A. Traductions (8); B. Rapport, guide (3); C. Appels (2); D. Nouvelles du terrain (6); E. Mot de la fin.

A. Des articles qui valaient
(IMHO) d’être traduits


B. 1 article, 1 rapport, 1 guide

Les institutions manquantes

C’est le titre de la livraison du 9 janvier de la lettre Substack Vraiment Vraiment : Les institutions manquantes. Je vous invite à glisser sur la désagréable image qui flashe des couleurs vives et contrastées à l’arrivée. Le texte qui suit vaut d’être lu2Vous pouvez « Continuer de lire » et vous abonner plus tard, si vous le souhaitez. Pour son humour un peu décalé, et des réflexions pertinentes. Pourquoi les intentions et programmes liés à l’environnement et aux objectifs climatiques sont-ils si facilement abandonnés par nos politiciens dès que se présente une urgence ?

La stratégie « Zéro sans-abri » de la Finlande : Les leçons d’une réussite

[Rapport de l’OCDE] Le nombre de personnes sans domicile en Finlande n’a cessé de diminuer au cours des trois dernières décennies, passant de plus de 16 000 en 1989 à environ 4 000, soit 0,08 % de la population (Figure 1).

Il s’agit d’un chiffre très bas, surtout si l’on considère que la Finlande utilise une définition relativement large du sans-abrisme, qui inclut notamment les personnes vivant temporairement avec des amis et des parents dans son décompte officiel du sans-abrisme. En 2020, pratiquement personne ne dormait dans la rue une nuit donnée en Finlande.
Source : Finland’s Zero Homeless Strategy: Lessons from a Success Story

Référence de Kottke

Urban Bikeway Design Guide

Un nouveau guide de design des pistes cyclables en milieu urbain, reconnu par le ministère du transport américain (Department of Transport).

“Endorsed by the U.S. Department of Transportation, the Urban Bikeway Design Guide is used by hundreds of municipalities, state DOTs, and regional agencies across the U.S. and Canada to design streets that are safe and accessible for people biking.”


Continuer la lecture de « propagande, pronostics, phares… »

Notes

  • 1
    Ne pas oublier de me désabonner le 27!
  • 2
    Vous pouvez « Continuer de lire » et vous abonner plus tard, si vous le souhaitez

religion, démocratie, révolution

Dans ce premier « bouquet du lundi » de l’année, quelques traductions d’articles qui m’ont paru intéressants; une réflexion sur le « temps des fêtes » et la baisse de la religion; des suggestions de lecture…


Que 2025 vous apporte lumière, courage et détermination dans le tumulte qui s’annonce.

Notes

tradition, coutume, religion

Je comptais faire un billet sur, autour de la religion… le jour de Noël me semblait un moment approprié1Voir un des billets les plus populaire de ce blog : Repas de Noël avec les Bochimans. Mais Noël est-elle encore une fête religieuse ? Que reste-t-il des valeurs chrétiennes et catholiques dans la frénésie consommatoire du « Temps des fêtes » ?

Mais ce fameux « temps des fêtes » de fin d’année, ce creux de la lumière… il est plus vieux, plus ancien que la Nativité chrétienne. En fait celle-ci fut d’autant plus efficace et prégnante qu’elle a calqué ses rites et fêtes sur un calendrier civique ou culturel souvent lié aux moments saisonniers auxquels étaient associés des appels aux dieux (dieux des plantes et de l’agriculture; des cycles annuels des éleveurs et chasseurs; des mers imprévisibles et généreuses…).

nouvelles valeurs

Les familles rurales étendues qui se réunissaient à l’occasion des fêtes dans la grande maison. La distance et le peu de moyens de transport rendaient ces réunions exceptionnelles. Les familles urbaines, moins étendues, sont plus proches physiquement mais éloignées par leurs agendas chronométrés au quart d’heure. Ce qui rend aussi exceptionnel les réunions familiales.

La famille refuge, rempart de sécurité et de solidarité. Particulièrement dans les sociétés pauvres en services publics ? Le modèle des sociétés « nordiques », suivant la théorie de Inglehart, celles qui ont poussé le plus loin la lutte contre le sexisme et le paternalisme amenant un engagement politique des femmes sans pareil. Quarante-sept pour cent des élus sont des élues (en Suède). Le soutien public à la participation féminine ou égalitaire, grâce à un système de garderies, de congés parentaux obligatoires, de services aux ainés frêles… réduit la pression sur les familles tout en facilitant la participation des femmes au marché du travail.

La famille élargie aux amis, aux proches, aux personnes seules. La famille traversée de tensions politiques et culturelles dues aux écarts de générations, aux différences professionnelles et de fortunes. Tensions politiques soumises, aiguillonnées par les événements : élections, référendums, crises…

Moins de religion, de religiosité dans les coutumes… Les curés ne viennent plus fouiner dans les chambres à coucher, et c’est tant mieux. Mais une « société des choix individuels » qui ne compte que sur le marché pour répondre et soutenir ces choix, cette liberté, sera vite aux prises avec des niveaux d’inégalités insoutenables. Les « Cahiers de la bonne chanson » étaient aussi importants que les chants religieux dans les fêtes familiales. Des cahiers réalisés par un religieux désireux de promouvoir la « bonne chanson » et faire connaître et se préserver la tradition et le folklore francophone.

Les institutions, droits et programmes que nous avons créé depuis 75 ans afin de remplir les fonctions auparavant portées par des communautés religieuses et la charité chrétienne, ces institutions résultent de décisions collectives, politiques. Entre l’intention du législateur et la prestation de services de l’employé il y a une tension qui peut devenir conflictuelle. Pourtant les acquis historiques que sont les écoles, collèges et universités; ces hôpitaux, centres de soins et cliniques; ces réseaux de garderies, de clubs de sports, de groupes d’entraide et de soutien aux… enfants, mères seules, malades, vieillards, immigrants… ce sont ces institutions, ces services accessibles au quotidien qui réalisent, actualisent les nouvelles valeurs de nos sociétés a-religieuses.

Les Suédois sont les moins religieux mais aussi les plus généreux en aide internationale2La Suède consacre 1,36% de son revenu intérieur brut à l’aide internationale. Le Canada: 0,25%. Les plus égalitaires en termes de participation des femmes aux postes de pouvoir. Ce qui explique sans doute les avancées sociales en terme de soutien à la famille.

En tant que collectivités morales nous avons le devoir de punir, discréditer les comportements qui compromettent l’avenir collectif. Nous avons le pouvoir de réduire l’attractivité de certains produits, de certains avoirs et comportements. Si nous nous sommes débarrassés de la chape de plomb des soutanes et cornettes, ce n’est pas pour autant le « free for all« . Enfin ce ne devait pas l’être… le professionnalisme et la déontologie des infirmières et des travailleurs sociaux devaient remplacer les directives et principes qui orientaient les religieuses et religieux qui auparavant exerçaient ces fonctions.

Si le « temps des fêtes » est un temps de générosité et de partage… ces traditions ont été passablement frelatées par les pressions sociales et le consumérisme dominant.
« Il existe une forme de redistribution des richesses qui s’inscrit dans une démarche véritablement désintéressée. [Elle] repose sur un principe de solidarité collective : l’impôt. »

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Notes

  • 1
    Voir un des billets les plus populaire de ce blog : Repas de Noël avec les Bochimans
  • 2
    La Suède consacre 1,36% de son revenu intérieur brut à l’aide internationale. Le Canada: 0,25%