santé mentale des jeunes

Kirby, l’ex-sénateur champion de la santé mentale (rapport Kirby De l’ombre à la lumière, 2006) persiste et signe. Il propose aux provinces et au fédéral d’investir l’équivalent de la protection offerte aux employés du secteur public (et privé syndiqué) : huit sessions pour faire face à des problèmes psychologiques, comportementaux. Une intervention ciblée sur les jeunes (moins de 25 ans ?) qui permettrait d’éviter que les problèmes s’approfondissent, deviennent chroniques…

Est-ce beaucoup attendre d’interventions courtes ? Oui, sûrement. Mais investir 500 millions $ pour alléger un fardeau qui se chiffre à 50 milliards $ par an, ce n’est pas exagéré. Ce serait même minimal et signe de bonne gestion. Par ailleurs, sur cette même page du Globe and Mail, où Picard nous présente cette initiative de Michael Kirby,  un article signé Adriana Barton résume les résultats du U.K Millenium Cohort Study à propos des comportements des enfants de 3, 5 et 7 ans à l’heure du coucher.  Il semble que les capacités d’atteindre une routine et une heure régulière de coucher soient liées à plus qu’à la capacité des parents à discipliner leurs enfants. Les capacités d’auto-contrôle des enfants sont en jeu. Difficultés qui se manifestent aussi durant le jour, ce qui pourrait expliquer les comportements agressifs observés chez ces enfants. Des difficultés qui sont cependant maitrisables grâce à l’acquisition de compétences (skills) autour du rituel du coucher.

On imagine assez facilement que des psycho-thérapeutes répondent à ces demandes de parents en détresse, ou ayant simplement besoin d’un coup de main de quelques semaines… Est-ce que la « boite noire » de la consultation clinique individuelle (ou familiale) est la seule réponse possible devant ces problèmes fréquents ? Ou si l’éducation, les interventions collectives (garderies, CPE, CLSC, école…) ne devraient pas compter aussi dans la stratégie d’action pour améliorer la santé mentale des jeunes ? Cinq cents millions pour le Canada (propose Kirby) cela donnerait 125 millions au Québec… assez pour couvrir les consultations psycho-thérapeutiques des jeunes et soutenir quelques programmes publics de promotion, éducation et prévention.

si on le sait, pourquoi on le fait pas ?

The Secret to Good Health – Listen to the Data | Brain Blogger: « A recent study proved what we all already know… that healthy living really does improve long-term health. A lot. The US-based study found that not smoking, maintaining a healthy weight (BMI <30), exercising regularly (3.5 hours/week) and eating a balanced diet (high in fruits, vegetables, and whole grains, low in meat) reduced the risk of developing chronic disease by nearly 80% over the course of the study. 80%! Just imagined if a new drug promised an 80% reduction in chronic diseases — it would be a wonder drug! People would be beating a path to their primary care providers, demanding a prescription. Shareholders in the manufacturers would never have to work again! » (Via Brain Blogger.)

Ce commentaire sur une étude allemande publiée dans la revue Archives of Internal Medecine vient renforcer ce qu’on sait : les bonnes habitudes de vie sont payantes. Mais pourquoi est-ce si difficile de mettre en pratique de telles habitudes ? Oui, les fruits coûtent plus cher que la « junk »… la télé est plus attirante (ou facile) que la marche… ou encore le déplacement en automobile est parfois obligatoire, selon l’endroit où l’on vit et celui où l’on travaille…

Mais il y a aussi, je crois, une dimension sous-jacente : pour vivre plus longtemps il faut apprécier la vie… au point d’en vouloir plus ! Combien de fois ai-je entendu un fumeur dire en allumant une cigarette « Un autre clou de cercueil ». Une blague, avec un fond de sérieux…

cause ou effet ?

Une recherche australienne ayant suivi plusieurs années durant plus de 1000 femmes concluait… qu’il y a corrélation entre le fait de fumer beaucoup et celui d’être déprimée. Pas trop compliqué à comprendre… mais les conclusions qu’en tirent les journaux, à voir les grand titres : « La cigarette cause la dépression » !

Et pourquoi ce ne serait pas la (tendance à la) dépression qui causerait le tabagisme ? ?

santé mentale des Québécois

Deux publications de l’Institut de la statistique du Québec disponibles sur leur site depuis ce matin : La détresse psychologique chez les Québécois en 2005 , un feuillet de 4 pages de données tirées de la dernière itération (2005) de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes.

L’autre document « dresse un portrait de l’état de santé mentale de la population de 15 ans et plus vivant en ménage privé au Québec en 2002, à partir des résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 1.2 (ESCC). » Le cycle 1.2 portait spécifiquement sur la santé mentale. Troubles mentaux, toxicomanie et autres problèmes liés à la santé mentale chez les adultes québécois. 68 pages.

hospitalisation & santé mentale

L’ICIS, l’Institut canadien d’information sur la santé, publiait récemment un rapport sur les Services de santé mentale en milieu hospitalier au Canada, 2005-2006 (pdf, 45p). Les journaux (le Globe & Mail) ont fait état de ce rapport en soulignant la tendance à la baisse (importante) de la durée moyenne de séjour (DMS) des personnes hospitalisées pour problèmes de santé mentale. On se questionne à savoir si les gens sont bien encadrés et trouvent hors de l’hôpital les services dont ils ont besoin. Cette tendance la baisse de la durée viendrait surtout des pressions administratives.

Encore une fois, les données canadiennes n’incluent pas celles du Québec, où une note au bas des tableaux indique que ces données sont absentes « en raison d’un problème de qualité des données décelé par la province ».

Comme j’avais consulté récemment les données d’hospitalisation pour les années 2001 à 2006, sur le site du CMIS, en constatant que les hospitalisations pour raison de santé mentale étaient particulièrement importantes (en termes de jours/personnes) dans l’Est de Montréal (les CSSS 11 et 12 du graphe ci-contre).

Je suis donc retourné sur le site du CMIS, où on peut consulter les tableaux de données d’hospitalisation dans les hôpitaux de Montréal (pour la population montréalaise) depuis 2000 (avec diagnostics, âges,… et durées moyennes de séjours). On y constate que la durée moyenne de séjour (pour troubles mentaux) dans les hôpitaux psychiatriques est restée assez stable autour de 37 jours. Dans les hôpitaux généraux, pour le même diagnostique, la DMS est restée sensiblement la même, autour de 18 jours. Dans les hôpitaux universitaires, elle était à 26 jours en 2006, en légère augmentation depuis 2000. Une chose remarquée : les hôpitaux universitaires ont reçu (hospitalisé) plus de patients pour troubles mentaux que les hôpitaux psychiatriques (4000 VS 2700).

Les différences avec les données canadiennes sont étonnantes : les hôpitaux psychiatriques là-bas avaient une DMS de 100 jours en 2006, et de 160 en 2001. Les hôpitaux généraux canadiens, incluant les hôpitaux d’enseignement, ont vu leur DMS passer de 36 à 16 jours durant la même période. À noter que dans le cas des hôpitaux généraux, les données incluent le Québec, alors que données sur les hôpitaux psychiatriques ne comprennent pas celles du Québec. J’ai trouvé une explication à la différence : les données du CMIS n’incluent que les hospitalisations de « courte durée ». Alors que celles du Canada sont calculées à partir des dossiers de sorties : on a calculé la durée des séjours qui se sont achevés durant l’année, incluant donc ceux de plus longue durée. Pourquoi n’est-il pas possible d’avoir les mêmes données au Québec ? Serait-ce qu’il n’y a pas nécessairement de différence claire entre les sorties… et les sorties vers des ressources de l’hôpital dans le milieu ? C’est d’ailleurs ce qu’un commentateur faisait remarquer : ce n’est pas tant la durée du séjour qui compte (ou qui inquiète si elle raccourcit) que les conditions dans lesquelles les patients sont « relâchés ». On ne peut plus évaluer la qualité des services hospitaliers en santé mentale sans mettre dans la balance les services communautaires et « intermédiaires », comme on appelle au Québec certaines créations institutionnelles.

paiement direct et désinstitutionnalisation

La tendance à la « personnalisation » des services, en Grande-Bretagne, prend, entre autre, la forme du paiement direct, c’est à dire de la liberté donnée à la personne aidée de choisir son fournisseur de services, ou même le type de service qu’elle souhaite avoir. Il semble que la politique, au delà du buzzword de la personnalisation, ne soit pas près d’être implantée largement : peu de personnes y ayant droit y ont eu recours, particulièremenet chez les aînés et les personnes avec problèmes de santé mentale. Voir cet article du Guardian, par un des auteurs de la recherche Direct Payments Survey: A national survey of direct payments policy and practice.

Le même auteur, Martin Knapp, publiait en collaboration une comparaison européenne des coûts et résultats des politiques de désinstitutionnalisation (Deinstitutionalisation and Community Living: Outcomes and costs – a report of a European Study). Résumé en français (pdf, 19 pages) et rapport complet (anglais, 140 pages).

GMF, acessibilité et problèmes de santé mentale

C’est un petit document de 4 pages constitué de réflexions de retour de vacances faites à partir des données 2005-2006 sur l’utilisation des services médicaux de première ligne par les Montréalais, des Orientations pour le développement des groupes de médecine familiale à Montréal publiées par l’Agence, et la localisation des GMF sur l’Île de Montréal (il faut choisir le vue pour la région 06) offerte par cette carte du MSSS.

Notes de l’observatoire – juillet 08. Allez-y, ouvrez-le et faites vos commentaires dans Acrobat Reader, j’ai activé cette fonction (qui demande une version récente de AR – 6 ou 7). Vous m’enverrez votre copie commentée…