Gilles en vrac… depuis 2002

charité nouvelle

En décembre dernier le Groupe dʼétude canadien sur la finance sociale publiait un rapport (La mobilisation de capitaux privés pour le bien collectif) duquel semble s’inspirer la ministre fédérale des ressources humaines dans son orientation visant à repenser la manière dont les dons de charité sont reconnus et administrés.

Le Globe and Mail publie aujourd’hui tout un dossier sur le don et la charité, mettant en valeur une nouvelle philanthropie où l’accent est mis sur le résultat plutôt que les intentions. On cite les grandes fondations et les initiatives qui ont fait beaucoup parler d’elles récemment (Bill Gates, Soros, Clinton…). On y trace le portrait canadien des donateurs par âge, provinces, sujets… Encore une fois, le Québec a l’air cheap, donnant beaucoup moins que les autres. Pourtant c’est au Québec que les inégalités sont les moins fortes (coefficient Gini – Québec-Canada – mais pour être précis, lÎle du Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick montrent un meilleur indice en 2008) . N’y aurait-il pas là un lien à faire ?

Le fait que les États-Unis soient le pays le plus généreux mais aussi celui le plus inégal parmi les pays développés – ne devrait-on pas y voir les deux faces d’une même réalité ? Cette peur obsessive de la dépense publique et du Big Government n’est-elle pas à la source d’une vision de l’autonomie citoyenne où on préfère donner volontairement, à qui l’on veut… plutôt que d’être taxé. Mais, si l’administration publique de certains services était plus efficace et génératrice de plus de richesse, de moins d’inégalité et de pauvreté…

Je ne dis pas que les grandes fondations et entreprises charitables ne devraient pas être tenues pour responsables. Lorsqu’on reçoit plus de 250 M$ en dons de charité dans une année, comme ce fut le cas de World Vision Canada en 2009, le public est en droit de suivre de près les résultats d’un tel investissement. Mais les campagnes comme celle de Big Society lancée par le premier ministre britannique, dont semble s’inspirer M. Harper, peuvent accompagner une réduction de la responsabilité publique qui n’est pas de bon augure.

Il y a sans doute place pour une « nouvelle charité », une réflexion en regard de la transformation de la démographie des donateurs et bénévoles, qui vieillit inexorablement. Et les représentants québécois de cette Philanthropie 3.0 ne sont sans doute pas les derniers de classe, en matière de mesure d’impact et d’efficience quand on pense aux Québec en forme et Avenir d’enfants. Pourtant, même si ces initiatives sont soutenues à parts égales par l’État et une fondation privée, cela ne fait pas d’elles des modèles en matière de synergie public-privé. Et c’est peut-être à ce niveau qu’une société comme le Québec devrait faire porter sa réflexion : comment faire travailler ensemble les investissements publics, privés et communautaires, plutôt que de les opposer.


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