Gilles en vrac… depuis 2002

école publique et système de santé

Je n’avais pas ouvert le livre de Cadotte que je me demandais s’il aborderait la question des écoles privées. Et oui, évidemment, Robert aborde cette question, avec maestria.

Je le dis d’entrée de jeu, j’ai envoyé un de mes fils à l’école secondaire privée. Par hasard cette école (le collège Ville-Marie) était installée dans le même édifice que j’avais fréquenté : l’école – publique – pour garçons Ste-Louise-de-Marillac, section classique, dirigée par Émile Robichaud. Si une telle qualité d’enseignement et de soutien, d’engagement parascolaire du corps enseignant avait existé à l’époque où mes fils étudiaient au secondaire nous aurions avec joie épargné des milliers de dollars tout en contribuant à construire un réseau public plus fort…

Je ne suis pas spécialiste du monde scolaire. En fait je ne suis spécialiste de rien. Mais, disons que je connais moins bien, beaucoup moins bien le monde scolaire. Et puis j’ai été et je demeure plus proche du monde universitaire que du monde de l’enseignement secondaire ou primaire. Pas très collé au monde scolaire je me suis pourtant récemment « confronté » à cette question : l’existence du système scolaire privé menace la qualité et l’unicité du système de santé. Particulièrement le scolaire primaire et secondaire privé.

La logique à l’œuvre pour justifier le financement public de ces écoles privées est la même qui pousse vers la privatisation des services aux ainés. Les gens ont de l’argent pour payer un « supplément » pour leurs proches. Les encourager conduit à réduire la charge sur le réseau public, tout en satisfaisant le désir d’autonomie et la liberté de choisir d’une partie des électeurs. Mais est-ce vraiment le cas ?

Les chiffres donnés par Robert Cadotte sont édifiants : le financement public est beaucoup plus important que le laisse entendre le discours officiel. En fait, c’est à 67 % du coût moyen d’un élève que le Québec subventionne la place dans l’école privée. De plus les élèves sont sélectionnés à l’entrée pour repousser les moins bons, et plus difficiles (et coûteux) à encadrer, vers le système public. Ainsi l’élève du privé est financé à hauteur de 83% de ce qu’un élève fort du public reçoit. À quoi il faut ajouter les quelques 4 000 $ que les parents paieront (déductibles d’impôt, ce qui rapprocherait le financement public à près de 100%). Incidemment, le livre de Cadotte nous apprend que les anglophones du Québec utilisent très peu les écoles privées, ce qui ne les empêche pas de réussir ! L’Ontario ne subventionne pas les écoles privées, et pourtant ses élèves s’en sortent très bien. Comme il le dit si bien en conclusion de ce chapitre : à quand le parti politique qui aura le courage d’abolir le financement public des écoles privées !

Il faudrait engager des kinésiologues et physiothérapeutes pour accompagner le mouvement vers une retraite plus active, dès avant l’âge de la retraite. Un investissement qui sera payant, et beaucoup, dans les prochaines années. Ce serait possible si nous établissions un financement plus équitable des services, permettant de rehausser les services aux « vieilles pauvres », sans pour autant éliminer le soutien partiel accordé aux « vieilles riches ». (voir autres billets sur le crédit d’impôt pour me maintien à domicile des personnes âgées)

Pour revenir à l’excellent livre de Robert Cadotte, on y trouve une revue documentée et humoristique des méthodes et outils de mesure utilisés il n’y a pas si longtemps qui marquaient les enfants des classes défavorisés (ex: test de QI encore utilisés en 1976…). Des chiffres et des faits à propos du financement public de l’école privée, ou encore de l’endoctrinement par le gouvernement fédéral autour du drapeau canadien… Une défense passionnée pour une école engagée, qui ne soit pas « au neutre » mais qui sache mobiliser les enfants (et les enseignants) autour de projets concrets et inscrits dans leur culture, dans leur quotidien.

Permettre, comme on le fait maintenant, au familles avec plus de moyens de sortir leurs enfants du réseau public, c’est laisser tout le fardeau des enfants demandant plus d’encadrement à un réseau moins bien financé. C’est permettre à la classe moyenne et « supérieure » de donner une petite chance de plus à ses enfants de consolider l’avantage qu’ils ont déjà d’être nés avec plus de moyens.

À l’heure où il nous faut réfléchir sérieusement au développement des soins et services aux ainés fragiles, nous ne devons pas reproduire cette pensée tordue qui nous fait financer grassement les écoles privées, privant d’autant de moyens un réseau public affaibli.


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