Gilles en vrac… depuis 2002

médias, réseaux et données

Au cours des deux derniers mois mes lectures et réflexions ont été orientées, stimulées par la tenue d’un atelier sur la « soutenabilité » du projet En commun-Praxis et par les débats et lectures entourant le financement des média, le pouvoir des Big Tech et GAFAM, la taxation des multinationales.

Dans le billet du 22 octobre je soulevais la possibilité qu’En commun-Praxis « pourrait aussi servir de lieu de dépôt de données publiques sur les services, sur la population et sur l’état de nos milieux de vie ». Une perspective réitérée et élaborée dans un document préparé en vue de l’Atelier sur la soutenabilité tenu le 20 novembre. Mal m’en prit car j’ai l’impression que les autres idées du document (fils RSS, extension WordPress1J’y reviendrai dans un prochain billet) ont été plombées par le rejet définitif de la fonction « dépôt de données » de la mission de ECP.

Je peux comprendre que la question ait été déjà débattue et qu’une décision a été prise. Et puis je me suis sans doute mal exprimé en parlant de « dépôt de données » alors que ce sont les outils de manipulation, analyse et cartographie de ces données qui nous manquent : comme le permettaient le site de l’EMIS et du CMIS de l’Agence régionale de la santé de Montréal. Le réseau de la santé a « flushé » ces outils lors de la nième centralisation-replis sur soi qu’il a subi. Si le secteur communautaire n’a pas à reprendre les fonctions laissées en plan par l’État social, il peut et doit critiquer ces reculs dans le soutien public. Les directions régionales de santé publique étaient proactives dans le développement de cette accessibilité aux données sanitaires et socio-économiques.

La chronique de Philippe de Grosbois, L’après-Facebook des médias d’info parue dans À bâbord! #97, m’a menée vers son livre La collision des récits Le journalisme face à la désinformation. Ensuite je me suis tapé le pavé des deux Jonathan sur Le Capital algorithmique. Et puis cette autre lecture macro-historique de la place, de l’effet du nouvel environnement numérique : The Gutenberg Parenthesis, de Jeff Jarvis.

J’ai retenu2Et je m’excuse ici: il y a certainement plus que ça à retenir des vingt thèses qui sont élaborées sur 731 pages ! ces trois tableaux du Capital algorithmique qui montrent la fulgurante ascension des GAFAM dans le paysage financier et commercial.

Il y a quelque chose d’extraordinaire dans la montée rapide vers la domination totale des Big Tech. Une croissance qui ne s’est pas faite « ex nihilo », mais bien en déplaçant et en s’accaparant les flux publicitaires qui faisaient vivre les média dits traditionnels. Le graphique suivant tiré de la page Publicité du Centre d’étude sur les média de l’U. Laval est assez éloquent.

Graphe 7. Répartition du marché publicitaire au Québec en 2003, 2012, 2018 et 2021

Un tel développement justifie certainement l’intervention publique pour que soient amenuisés les effets néfastes de cette concentration rapide. Les quotidiens sont les grands perdants de cette évolution : ils recevaient 31% des dépenses publicitaires il y a vingt ans et n’en recevaient que 4% en 2021.

La crise du financement des média appelle diverses solutions : devrait-on refonder les média d’information en considérant l’information comme un bien public, comme le suggère Alain Saulnier dans Les barbares numériques ? Devrait-on taxer les GAFAM et financer les média en fonction du nombre de journalistes professionnels accrédités qu’ils embauchent, comme suggéré par Catherine Dorion dans son Annexe minoritaire du Mandat d’initiative sur l’avenir des médias ? Ou encore, comme avancé par Philippe de Grosbois dans La collision des récits – Le journalisme face à la désinformation, les citoyens pourraient avoir leur mot à dire sur les média à financer… Des sujets sur lesquels je reviens dans le billet suivant : communication numérique.

Notes

  • 1
    J’y reviendrai dans un prochain billet
  • 2
    Et je m’excuse ici: il y a certainement plus que ça à retenir des vingt thèses qui sont élaborées sur 731 pages !

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