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échanges internationaux & interprovinciaux

Un article du G&M (Canada’s blockated bridges to provincial trade) de ce lundi 24 juin, sur les blocages traditionnels dans les échanges entre les provinces canadiennes qui empêchent actuellement la finalisation d’ententes internationales d’échanges commerciaux, avec l’Europe notamment.

Le Québec, encore plus s’il devenait indépendant, aura toujours besoin d’accroitre son accès au marché européen, parce qu’il continue de s’inscrire dans l’économie mondiale et qu’il ne veut pas être à la merci des seuls marchés américains.

Si l’exemple de l’interdiction de l’addition de lait à la margarine peut faire sourire, la victoire récente du Japon devant le tribunal de l’OMC (Organisation mondiale du commerce – World Trade Organisation) contre l’Ontario qui exigeait un certain contenu local… nous laisse songeur. Est-ce à dire que toutes les campagnes visant à « acheter local » deviendront illégales ?

Pourtant l’Europe, celle qui pousse actuellement pour qu’on donne un accès plus libre à leurs fournisseurs, n’est pas sans avoir ses nombreuses et importantes limites aux échanges commerciaux : appellations contrôlées, marques de commerce, exigences de qualité sont autant de grilles et barrières auxquelles s’ajuster.

Quand les camionneurs et constructeurs ontariens viennent bloquer le pont entre Ottawa et Gatineau, pour dénoncer les « tracasseries bureaucratiques » les empêchant de travailler au Québec, on se demande : faudra-t-il avoir un code du bâtiment uniforme ? Avoir des écoles de métier synchronisées ? Avoir des codes de conformité alimentaire, de transport, de formation, de communication et de commerce qui soient compatibles, comparables à ceux des Européens ? Ça sera pas de la tarte ! « a new generation of much more expansive international trade agreements », en effet.

Dans un second article sur le thème, What’s delaying our trade negotiations? Trade negotiators, Jeffrey Simpson laisse entendre que les protections culturelles demandées par la France sont exagérées : France wants to protect its “cultural industries.” (Against what – films from Quebec?) Il me semble évident que la protection des industries culturelles françaises, c’est face à la concurrence de Hollywood et des conglomérats culturels anglo-saxons qu’elle prend son sens. Et comme l’entente entre le Canada et l’Europe devait se conclure avant celle de l’Europe avec les USA, l’inscription de l’exception culturelle devenait précédent.

Il n’est plus impensable qu’une entente entre l’Europe et les USA se négocie avant que celle engagée entre le Canada et l’Europe se finalise. Évidemment que le Canada ne fait pas le poids devant un demi-milliard d’Européens. C’est plus gros, plus complexe que les USA. Peut-être les Européens croyaient-ils pouvoir utiliser le « petit » Canada pour établir un moule, créer un « pattern » qui leur soit favorable ? Le partenaire canadien se voyant incapable de « livrer la marchandise », c’est à dire se conformer à des normes plus sévères, plus complexes, déjà établies et mises à l’épreuve dans les échanges entre les 27 pays d’Europe, les négociations se feront maintenant entre les deux grands blocs de l’Union européenne (504 millions d’habitant – 2012) et des États-Unis d’Amérique (315 millions d’h. – 2012).

Ces négociations entre deux mastodontes s’amorcent seulement et on peut compter qu’elle seront longues et difficiles. Quelle place restera-t-il pour le Canada ? Ou le Québec ? Lui faudra-t-il simplement attendre que « ça se décide entre les grands » ? Le marché interne des USA est-il plus « libre », plus unifié que celui du Canada ? Peut-être sur certains aspects, mais sur d’autres il semble encore plus divisé, les politiques locales davantage sous influence que les politiques canadiennes. Si c’est possible ! Ce n’est pas en rabotant l’exceptionnalisme culturel Français qu’on avancera vers une solution. C’est sûr que les fromages québécois ne se seraient pas développés aussi bien au cours des dernières décennies si les marchés avaient été inondés par les fromages français. Mais cette industrie n’est plus naissante et elle pourrait profiter d’un accès à un marché plus appréciatif de la qualité de ses produits que les mangeurs de Cracker Barrel canadiens.

Les produits culturels québécois ont, jusqu’à un certain point, un bon accès au marché français. Qu’en est-il des travaux des ingénieurs, des informaticiens, des avocats et comptables ? Des administrateurs et des animateurs ? Des plombiers ?

« In many ways, Canadian provinces are more powerful than nations are within the EU. There remain more trade and labour mobility barriers among the 10 provinces than exist among the 27 EU countries. Welfare and health-care policies are harmonized among the EU states, but remain largely chaotic and disorganized among the provinces.

The provinces will always be with us. But when Canada has accomplished things in the world, it has been because national leaders have been able to rise above the provincial morass, strike deals, make compromises, buy off grievances and deal with the world as a unified country.

As the Europeans have been amazed and horrified to discover, that kind of leadership does not exist at the moment. »,disait Doug Saunders dans Our petty provincialism threatens free trade ambitions.

L’exception culturelle française, racontée comme une saga : Pourquoi l’«Exception culturelle» est un combat légitime, sur Slate.fr mercredi dernier.


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