Je suis préoccupé par la polarisation des opinions dans le cadre de la prochaine élection municipale. Une polarisation d’autant facilitée que l’élection ne mobilise qu’une minorité de la population en terme d’intérêt et de participation.
Préoccupé parce que les grands enjeux qui traversent et déchirent le territoire ne sont pas entre les mains de nos élus municipaux. Ce sont des initiatives qui appartiennent à d’autres niveaux de gouvernement quand ce ne sont pas simplement des entités privées qui décident d’investir des centaines de millions pour construire des tours d’habitation ou encore des milliards, à même nos épargnes collectives, pour s’assurer d’une rendement financier à long terme sans égard à la planification de nos transports collectifs.
Si les enjeux qui vont façonner l’aménagement urbain des prochaines décennies sont entre les mains du gouvernement provincial alors il faudrait que… nous développions des alliances avec les autres centres urbains québécois qui pourrait avoir des intérêts similaires aux nôtres. De telle manière, que nous puissions faire valoir ces intérêts d’une manière coordonnées et même majoritaire lors de prochaines élections provinciales.
Nos valeurs
Nos élus reflètent nos valeurs, nos choix, nos limites.
Parfois, dans des circonstances extraordinaires, ils peuvent nous surprendre et montrer la voie, défendre des principes ou nous tirer vers une vision généreuse ou progressiste de l’avenir.
Mais de manière générale, en démocratie, les tensions et contradictions entre groupes, classes, régions empêchent que des changements importants soient accomplis rapidement.
Sauf quand le désir de changement s’est construit lentement, comme un ressort qui se tend. Je pense à la période de « révolution tranquille » où des changements rapides et importants ont pu se produire et transformer profondément la société et ses institutions. Cette période a été possible parce qu’un grand retard avait été accumulé sur la « modernité » et que le changement apparaissait nécessaire au plus grand nombre. De plus, les axes et pistes à suivre étaient assez clairs : il fallait rejoindre les rangs des sociétés modernes.
C’est bien d’avoir des leaders qui savent rassembler et rassurer dans des périodes de crise où le danger est imminent. C’est plus difficile de rassembler quand il ne s’agit plus de rester chez soi et d’attendre son chèque mais de décider si on construira une autoroute ou un parc; si on doit vendre le patrimoine pour abaisser les taxes ou réduire les écarts de richesse et construire des villes et villages sains.
Il nous faut construire, pierre à pierre, un nouveau consensus porteur de nouvelles valeurs, de nouvelles pratiques sociales de protection, d’éducation et de solidarité. Dénoncer les extravagances et le gaspillage qui sont encore la marque de la réussite dans nos sociétés. Promouvoir la sobriété, le « care » et le soin dans nos quartiers, nos villages, nos régions.
Nos moyens, nos stratégies
La pandémie et la longue période de confinement (dans nos maisons, dans nos frontières) nous ont permis de redécouvrir nos parcs, nos régions : à quel point ces coins de pays et bouts de nature urbaine sont précieux et pas assez nombreux. On a pris conscience de la place extravagante prise par l’automobile dans nos villes. De l’importance des parcs régionaux, des équipements nécessaires pour accueillir et faire connaitre ce beau et grand pays à nos propres concitoyens.
Le fait de ne plus pouvoir aller passer une semaine dans le sud, tous frais compris, l’avion itou, pour le prix de quelques jours dans une auberge d’ici… ça nous a fait redécouvrir nos régions. Et comme il serait souhaitable que l’utilisation de l’avion ne soit plus aussi accessible que le taxi… on peut souhaiter que les québécois prennent le goût des vacances chez eux, et que les ressources d’hébergement et de loisirs se développent en conséquence.
Les associations de mise en valeur de la nature, du patrimoine, de l’histoire, des territoires sont nombreuses et essentielles. Il faut les encourager.
Nos villes et villages doivent être mieux financées pour remplir leur mandat de gouvernements de proximité.
Faire du logement autre chose qu’un capital : un enracinement dans une communauté, dans un territoire.
- Le « cash » ne devrait pas être le principal vecteur, le premier principe d’organisation et de planification urbaine…
- Une taxation municipale qui ne porterait pas que sur le foncier mais bien sur tout le capital des contribuables (y compris les avoirs financiers qui constituent la plus grande part des avoirs des + riches)
- Qu’est-ce qui fait d’un ensemble de logements un milieu de vie, une communauté ? Des entreprises, des institutions, des services, des ressources. Nous devons donner aux OBNL en logement les moyens de faire du développement autonome.
Il est inacceptable que les projets stratégiques pour le développement de la région passent par-dessus toutes les agences de planification et processus de consultation habituels et nécessaires (REM, tunnels, autoroutes, échangeurs…).
- Comment contrer ces manœuvres d’un gouvernement provincial qui représente très mal la métropole ?
- En développant une stratégie alternative métropolitaine : la Ville et ses banlieue, dans une vision polycentrée de l’avenir… Que pourrait-on faire, à Montréal ou à Québec, avec 10 G$ en matière de transport non seulement vers le centre mais aussi entre les pôles des couronnes urbaines?
- En développant les liens entre métropole-capitale-régions. La période de pandémie et la restriction des voyages hors frontières ont permis de valoriser, faire redécouvrir les régions québécoises… mais sans que celles-ci aient les moyens d’accueillir ce supplément de visiteurs. Un financement qui ne soit pas basé uniquement sur le foncier donnera aux capitales régionales un nouvel élan.