en vrac…

Foules sages ou folles ? Les mécanismes cognitifs qui sous-tendent les cascades d’informations

Qu’il s’agisse de se faire vacciner, d’acheter des actions ou de traverser les rues, les gens prennent rarement des décisions seuls. Au contraire, plusieurs personnes décident séquentiellement, ouvrant la voie à des cascades d’informations par lesquelles les individus qui décident tôt peuvent influencer les choix des autres.

Science Journals — AAAS
Wise or mad crowds? The cognitive mechanisms underlying information cascades

Cerveau droit et psychologie de la métacrise

On sait depuis longtemps que les femmes ont en moyenne une meilleure mémoire verbale et une meilleure cognition sociale, tandis que les hommes ont de meilleures capacités motrices et spatiales. Des scanners cérébraux ont permis d’expliquer ce phénomène : les femmes ont tendance à avoir des centres verbaux des deux côtés du cerveau, alors que les hommes ont souvent des centres verbaux uniquement dans l’hémisphère gauche. C’est probablement aussi la raison pour laquelle les femmes utilisent plus de mots pour décrire leurs expériences ou leurs sentiments et ont plus envie d’en parler.

What a shopping trip says about our brains, The Globe and Mail, 2024.01.24

Cette citation, tirée d’un article du Globe and Mail sauvegardé il y a 6 mois, me rappelle un malaise qui me vient chaque fois que j’entend parler des hémisphères du cerveau… comme le faisait Iain McGilchrist dans cet entretien de trois heures (The Psychological Drivers of the Metacrisis) qu’il a tenu en novembre 2023 avec John Vervaeke et Daniel Schmachtenberger.

Sans doute ce malaise est-il lié à l’utilisation populaire des différences entre cerveau droit et gauche… l’un étant plus axé vers l’analyse et l’abstraction (et le langage) alors que l’autre appréhende plutôt le contexte, étant plus « holiste ». Je connaissais McGilchrist de nom… ayant même téléchargé (mais pas encore lu) un chapitre de son livre récent The Master and His Emissary: The Divided Brain and the Making of the Western World.

Malgré ce malaise j’ai tout de même écouté attentivement les trois heures d’une discussion de haut vol en psychologie et philosophie de l’histoire appliquées au problème bien contemporain de la multiplicité des crises et de l’apparente incapacité de réponse intelligente, rationnelle de l’humanité. La domination de la raison utilitaire, d’une rationalité instrumentale, orientée vers l’emprise, l’appropriation des choses, le contrôle… ont permis de multiplier la population par dix, et la consommation par personne par cent… jusqu’à atteindre les limites de l’enveloppe terrestre qui avait elle-même permis le développement de la culture et de la puissance de sapiens, cette espèce particulière d’homo.

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lectures récentes, à venir

Cette dernière lecture m’a été, comme souvent, suggérée par Olivier de chez Gallimard à Montréal. Un philosophe britannique d’origine polonaise que je ne connaissais pas : Zygmunt Bauman. Achevée juste avant son décès, cette courte1213 petites pages monographie, Retrotopia, trace un bilan philosophique et sociologique des régressions récentes. Les quatre principaux chapitres parlent de retours : Retour à Hobbes ?Retour aux tribusRetour aux inégalitésRetour à l’utérus. Malgré tout ce n’est pas un livre pessimiste même si sa dernière phrase pourrait le donner à penser :

Nous – habitants humains de la Terre – nous retrouvons aujourd’hui, et comme jamais, dans une situation parfaitement claire, où il s’agit de choisir entre deux choses : la coopération à l’échelle de la planète, ou les fosses communes.

Le dernier numéro de la revue Jacobin2qui se définit comme « une voix dominante de la gauche américaine, offrant des perspectives socialistes sur la politique, l’économie et la culture » consacrait un dossier sur la religion. J’étais curieux de voir le traitement qu’allait faire de cette question une revue se voulant « radicale ». Je n’ai pas été déçu ! De la militance chrétienne socialiste à une histoire des tentatives soviétiques pour remplacer la religion, l’impact de la Réforme sur la culture politique européenne… quelques pages sur la place des églises polonaises, comme expressions de la créativité des communautés locales… le prophète syndicaliste-socialiste irlandais Jim Larkin… l’histoire des Mormons socialiste de l’Utah au XIXe siècle… et une revue de l’évolution récente des religions dans le monde.

J’ai poursuivi ma recherche sur l’écologie sociale et la décroissance avec ces deux livres : Comment bifurquer, les principes de la planification écologique et Having Too Much, Philosophical Essays on Limitarianism. Le premier faisait l’objet de recensions dans Le vent se lève et dans Le journal des alternatives. Critique du capitalisme vert et appel à un retour de la planification, augmentée des nouvelles capacités numériques, auxquelles nous devrons consacrer de nouvelles institutions politiques. Je reviendrai sur ce livre de Cédric Durand et Razmig Keucheyan, quand je l’aurai lu !

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Notes

  • 1
    213 petites pages
  • 2
    qui se définit comme « une voix dominante de la gauche américaine, offrant des perspectives socialistes sur la politique, l’économie et la culture »

Projet collectif, l’année 2023

J’ai assisté, avec quelques dizaines d’autres utilisateurs-membres, à l’assemblée générale (en ligne) de Projet collectif, une organisation porteuse de plusieurs initiatives et collaborations dont les plus connues sont Passerelles et Praxis. Le rapport annuel fait état de plusieurs (6) initiatives, une douzaine de collaborations, treize participations, et une dizaine de moments ou textes de réflexions ou chantiers relevant de la vie interne de Projet collectif.

En deux ans l’équipe permanente de Projet collectif sera passée de 3 à 12 personnes, en plus des nombreux collaborateurs. Un développement rapide dont les présentations par les deux co-directeurs, la présidente du conseil et quelques responsables témoignent avec éloquence.

Le rapport annuel 2023 comprend une cinquantaine de textes qui valent d’être parcourus, ne serait-ce que pour avoir une idée de la diversité et du dynamisme des projets portés par cette organisation encore jeune. Parmi ceux que j’ai trouvé particulièrement inspirants :

Parmi les perspectives innovantes annoncées :

  • Une troisième plateforme pourrait s’ajouter à l’automne à Passerelles et Praxis : un Babillard
  • La mise en place de Bases de connaissances, comme regroupements de carnets, qui eux-mêmes regroupent des notes
  • Les milieux ouverts, un programme qui « vise à renforcer les capacités de collaboration et de documentation ouverte des savoirs pratiques au sein de différents milieux identifiés comme prioritaires pour une société québécoise plus équitable et écologique. » Il semble qu’un premier Milieu ouvert Aîné·es et vieillissement soit en gestation.
  • Coordination et animation du RADN (qualifié de « dossier prioritaire pour 2024 ») : réunissant dans une communauté les 52 agent·es de développement culturel numérique (ADN) travaillent aux quatre coins du Québec pour 58 organisations du secteur artistique et culturel.
  • La publication d’un tableau des changements prévus, en attente d’évaluation, demandés dans l’environnement : Développement En commun | En attente (notion.so)
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En résonance avec le monde

Annette Benoit - 2018 - photo de Martin Comeau

Sœur Annette Benoît, ou plutôt devrais-je l’appeler Mère Annette puisqu’elle était née en 1923 comme ma défunte mère, est décédée à l’âge vénérable de cent ans le 30 mars dernier

Je la soupçonne d’avoir été en communication « directe » — mystique ? — avec l’univers, un Dieu aux dimensions incommensurables. Par la méditation qu’elle pratiquait depuis longtemps et par l’écoute attentive, empathique, aussi pratiquée longuement. Ce que Hartmut Rosa appelle la résonnance.

Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, en 2017, elle avait 94 ans et était encore assez mobile pour que nos rencontres aient lieu dans un petit salon du rez-de-chaussée de sa résidence, le Carrefour Providence. Je voulais en savoir plus sur la filiation entre les communautés religieuses et les organisations communautaires d’un quartier que nous connaissions bien tous les deux : Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

Elle avait été active, très active, en 1970 au moment où se définissait un projet de CLSC, avant même que l’appellation soit établie (la loi fut votée en décembre 1971). Devait-on privilégier une clinique médicale populaire ou plutôt un centre communautaire à plusieurs dimensions en plus de la santé (habitation, bien-être, éducation-loisirs). Annette témoigne de cette période dans l’autobiographie collective qu’elle a réalisée avec ses consœurs en 2004, lorsqu’elle est arrivée au Carrefour Providence. 

En 1970, Annette était arrivée depuis peu dans le quartier comme responsable d’une dizaine de petites sœurs de l’Assomption (PSA) qui offraient des services à domicile. La collaboration qu’elles avaient déjà avec la clinique de psychiatrie communautaire de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine amena des médecins de l’Université de Montréal, dirigés par le docteur Landry, à les contacter afin de mieux définir ce que pourrait être une clinique communautaire de santé. La commission Castonguay-Nepveu se préparait à réorganiser la livraison des services de santé et de bien-être au Québec. Certains s’inspiraient de l’exemple de cliniques populaires qui existaient déjà depuis quelques années à Montréal (Pointe-St-Charles, St-Jacques). Le projet du docteur Landry était clairement entre les mains de professionnels, mais ils voulaient faire le lien, s’articuler aux besoins du quartier. Les Petites sœurs animaient déjà la Fraternité, qui regroupait les pères, puis les pères et mères des familles auprès desquelles elles intervenaient. Afin de répondre au besoin d’ancrage et d’orientation du docteur Landry, elles réunirent les membres de la Fraternité en plus de représentants des écoles, caisses populaires, paroisses… ce que certains s’empresseront de décrire comme l’élite traditionnelle.

Les petites sœurs d’Annette étaient bien conscientes de la critique… elles entretenaient des relations avec certains « marxistes »… Pour la suite, d’autres textes et voir les commentaires ou en laisser un

crises, chaos et idée simple

Les crises : environnementale, politique, économique, sociale, financière, technologique…

Les valeurs, l’éthique, l’individualisme et le court-termisme… Le citoyen consommateur et rentier plutôt que militant et croyant.

La crise philosophique, éthique ou culturelle qui se manifeste par l’atomisation des parcours individuels et la diffusion, dilution des attachements devenus plus nombreux mais plus superficiels, temporaires, conditionnels. Même les mariages sont devenus temporaires !

Nous, babyboomers, sommes la génération qui se sera libéré de la chape de plomb du catholicisme ultramontain qui s’était réfugié de France au début du XXe siècle. Je reprends les mots de Nancy Huston :

Ma génération (je suis née dans les années 50) est très spéciale à cet égard: à peu près tous nos parents étaient croyants et pratiquants, à peu près aucun de nos enfants ne l’est. C’est chez nous, en nous, que ça bascule. C’est énorme! Et pourtant, nous n’en parlons jamais. Comment s’est passé dans notre esprit, mais aussi dans notre corps, le désenchantement du monde? Quels en sont les avantages […] et les inconvénients? Nous avons tellement déblatéré contre la religion, son contrôle du corps et de la sexualité, sa façon de plonger les gens dans la passivité, de les distraire de leurs vrais problèmes en faisant miroiter un paradis illusoire, nous avons si prestement remplacé les croyances religieuses par les certitudes scientifiques et politiques que nous oublions, souvent, les aspects plus positifs de la religion, pour lesquels nous n’avons trouvé aucun substitut. […] Nous manquent […] la possibilité de s’extraire du quotidien pour renouveler nos forces; le sentiment d’un espace-temps à part, non utilitaire et non économique; le bonheur important de se sentir appartenir à quelque chose.

citée par Grégory Baum dans Vérité et pertinence

La crise des finances publiques, c’est un refrain déjà entendu qui revient vite à la mode… avec son cortège de réduction de services, privatisations plus ou moins déguisées, réduction d’accès… Diminution de l’intensité et de l’amplitude de l’action publique. Alors que nous aurions bien besoin d’audace, d’innovation et de vision dans l’intérêt public. Les finances publiques saignées à blanc par la réduction drastique de l’impôt sur les haut revenus et capitaux que les néo-conservateurs ont imposé (Reagan-Thatcher) et que les néo-libéraux (Blair-Clinton) ont maintenu comme vérité indubitable : l’argent sera mieux utilisé, plus productif entre les mains d’agents privés plutôt que par des représentants de l’intérêt public. Des capitaux à la recherche de bonnes affaires insuffleront bulles et craches boursiers (1987, 2000, 2008). Des crises qui seront des occasions de concentrations d’où émergeront, avec l’aide de lois draconiennes sur la propriété intellectuelle, les géants de la technologie d’aujourd’hui.

La crise de la représentation politique où socialistes et socio-démocrates perdent leurs repères alors que l’URSS s’effondre et que le capitalisme d’État chinois se développe. La mondialisation devient semble un phénomène incontournable forçant l’intégration des économies et diminuant d’autant l’autonomie des gouvernements nationaux. Les nouveaux mouvements sociaux (jeunesse, femmes, autochtones, tiers-mondes) font éclater le carcan des partis ouvriers de la gauche traditionnelle. Les politiques social-démocrates semblent plus aptes à répondre à des demandes identitaires qui s’harmonisent mal avec la conscience de classe… mais les dictats du développement économique auxquels se soumettent les socio-démocrates sont de moins en moins compatibles avec les limites écologiques.

La crise écologique qui devient de plus en plus indéniable et perceptible partout sur la planète n’est pas encore assez grave ou immédiate pour changer les modalités de gestion et l’orientation des sociétés capitalistes : le profit à court terme, la propriété privée priment encore sur l’intérêt des collectivités humaines et non-humaine. Les forêts d’Amazonie et d’Indonésie sont détruites à grande vitesse pour produire huile de palme ou soja et bestiaux parce qu’il y a un marché pour ça. La conscience des effets de l’action humaine sur la santé et les équilibres de la planète se fait plus pressante, mais les changements envisagés demeurent soumis à la logique du capital. Les gouvernements se donnent un vernis écologique en subventionnant ici ou là, l’automobile électrique ou l’usine de batteries, mais sans remettre en question les principes ancrés depuis 50 ans de néo-libéralisme : laisser l’économie décider où investir; se méfier de l’intervention publique; considérer l’enrichissement privé comme la valeur suprême.

La crise idéologique et identitaire rend plus difficile la mobilisation unitaire. Municipalisme, régionalisme, nationalisme, féminisme, internationalisme, interspécisme… tous ces mouvements portent des revendications fondées mais comment unir et ordonner toutes ces demandes en un programme, une force capable de stopper la machine capitaliste dévoreuse de mondes ?

Et si les systèmes qui nous ont permis de vivre et de croître jusqu’ici étaient sur le point de sombrer dans le chaos ? Quels sont les changements systémiques qui nous permettront d’éviter ou, plus probablement, d’y survivre et, éventuellement sortir du chaos ? Nous ne sommes pas aux commandes. Et nous ne changerons pas la nature humaine. L’homme nouveau, c’était un idéal poursuivi par les aventures fascistes et soviétiques du siècle dernier.

Il nous faut quelques idées simples, autour desquelles réunir la coalition des vivants. Les néo-conservateurs ont pris le pouvoir il y a 45 ans avec des idées rassembleuses telles : « Moins de taxes » ou « Moins de bureaucratie ». Et ils ne manquaient pas d’exemples où taxes et bureaucraties avaient été mal utilisées au cours des « trente glorieuses ». Il sera sans doute plus difficile de faire la promotion de la sobriété, même joyeuse, que de stimuler l’appétit et l’égoïsme « naturels » des consommateurs-payeurs de taxes ! Mais le chaos nous aidera !

Une idée simple : ces richesses accumulées au cours de la Grande accélération des cinquante (70 ?) dernières années appartiennent à la terre. Elles ont été extraites de la terre, du travail et des ressources humaines et non-humaines. On les a laissées entre des mains privées par convenance : on ne savait pas trop qu’en faire ! Plus d’autoroutes ? Plus de HLM et des polyvalentes encore plus grosses ? En laissant les richesses se multiplier librement, ça nous a donné… les bulles immobilières et la croissance des parcs automobiles, informatiques et audio-visuels. Des objets de consommation ou d’accumulation individuels, marqueurs de statut social


Un texte présenté à une rencontre de réflexion de Communagir, Québec, 16 avril 2024

écologie sociale et capital

Du point de vue de l’écologie sociale, l’économie capitaliste repose ainsi sur quatre relations métaboliques fondamentales. À côté des relations de production et de consommation, qui sont les structures classiques qu’analyse l’économie politique, s’ajoutent les relations sociales d’extraction et de dissipation, relations métaboliques qui encadrent et déterminent le processus économique du capitalisme et son écologie.

Extrait de la présentation de The social ecology of capital, par Éric Pineault, dans le Bulletin de l’IRIS – publié (rediffusé) par PresseGauche

Pendant la plus grande partie de son existence (des centaines de milliers d’années) l’humanité (homo sapiens) a parcouru les continents en cueillant fruits et plantes comestibles, chassant et pêchant. Son impact sur l’environnement était limité par la rusticité de ses moyens (outils, armes) même si sa capacité d’action collective lui a permis d’affronter et même d’éradiquer certains des plus grands mammifères ayant vécu sur notre planète. 

Le langage et les artefacts développés par les humains permirent d’accumuler savoirs et techniques à propos des cycles de la nature, des modes et aires de reproduction des plantes et des animaux qu’ils apprirent à domestiquer. Le développement de l’agriculture et de l’élevage fournirent des surplus alimentaires. Il y a environ 12 000 ans, les premières formes d’écriture, d’architecture et de métallurgie ont augmenté la capacité des sociétés humaines de produire nourriture, outils, moyens de transport et armes. Cette nouvelle relation métabolique de l’humanité avec son environnement décuplait déjà sa capacité d’extraction par rapport au régime antérieur de cueillette et de chasse et pêche. Cités-États et empires se sont succédés, en conflit les uns avec les autres ou avec les peuples nomades qui les entouraient, ou plus simplement après l’épuisement des terres qu’ils cultivaient. Les savoirs cumulés permirent le harnachement des rivières et du vent pour faire tourner les moulins, et pour la navigation vers de nouveaux territoires. Les forces motrices du régime agraire étaient encore essentiellement celles des humains et des animaux domestiques. 

En utilisant la puissance des combustibles fossiles pour transformer à grande échelle et systématiquement d’autres ressources minérales telles que les métaux, l’industrie rompt également avec sa dépendance à l’égard de l’extraction et de la production médiatisées et limitées par un flux d’énergie et de matériaux provenant des cycles écologiques, tels que la transformation des arbres en charbon de bois pour fondre le fer, ou la transformation du grain en force musculaire incorporée pour extraire le minerai par le travail humain et le travail animal. C’est plutôt lorsque le charbon a été mis au travail pour extraire plus de charbon, que l’on peut considérer qu’une transition vers un nouveau régime métabolique avait commencé. pour qu’un nouveau régime fossile-industriel entre dans une longue phase de croissance exponentielle de la production, du débit (throughput) et de la population urbaine. 

A Social Ecology of Capital (p. 136)

Bien que le charbon ait été utilisé pour 20% des besoins de chauffage au milieu du XIXe en Angleterre, ce n’est qu’à partir du moment où ce même charbon fut utilisé, dans les premières pompes à vapeur, pour faciliter et accélérer l’extraction du charbon que nous sommes passés du régime agraire à celui de l’industrie-énergie fossile. C’est le passage d’une société basée sur une énergie essentiellement renouvelable (bois, vent, soleil, force animale) à une société basée sur une énergie fossile, accumulée sur des millions d’années, qui avait cette puissance concentrée extraordinaire.  

Le modèle en quatre temps (extraction, production, consommation, dissipation) permet d’ancrer le régime capitaliste dans son environnement. Il ne s’agit plus de seulement produire des marchandises qui seront vendues-consommées. Le système est appréhendé sous sa forme de flux et de stocks. Des flux de matières et d’énergies sont extraites et transformées pour être consommées ou stockées, puis éliminées, rejetées comme rebus ou pollutions. La société d’aujourd’hui est caractérisée par l’importance des flux de matières et d’énergies qui ont cru de manière exponentielles depuis 1950, et par l’accumulation de stocks (outils, bâtiments, villes…). « L’accumulation des stocks est la matérialisation de l’accumulation du capital dans les sociétés contemporaines. » (p. 76)

Dans les sociétés contemporaines, 55 % de la matière extraite est destinée à l’accumulation de stocks biophysiques, ce qui inclut la quasi-totalité des flux de minéraux non métalliques (sable, gravier et calcaire), la plupart des flux de métaux et certains flux de biomasse (papier, bois) et de combustibles fossiles (plastiques). Une autre caractéristique de la matérialité des sociétés contemporaines est l’importance des artefacts, qui l’emportent de plusieurs ordres de grandeur sur la masse de corps vivants soutenus par l’activité sociale et les flux de matière et d’énergie (throughput flows). Cela contraste avec les sociétés passées où les flux prédominaient sur les stocks et où les corps, animaux et humains, l’emportaient de loin sur les artefacts. (ma traduction) 

Pineault, Éric. A Social Ecology of Capital (p. 74).

L’approche présentée par Pineault ne prétend pas être une stratégie d’action pour atteindre la décroissance : 

Nous laisserons à d’autres le soin de présenter, de débattre et de défendre la Décroissance en tant que projet émancipateur et mouvement social vers un mode post-capitaliste de relation avec la nature. La théorie de l’écologie sociale du capital est une entreprise préalable et plus limitée, elle fournit un cadre pour examiner de manière critique le fonctionnement, à la fois matériel et social, de ce que nous cherchons à surmonter. (p. 231)


Ce que l’écologie sociale du capital de Pineault met en lumière, en plus d’ancrer les processus de production-consommation dans ses limites naturelles (extraction-rejets) c’est la dimension internationale de ces échanges. Alors que la période des « trente glorieuses » de l’après-guerre était marquée par le « compromis fordiste » (suivant la théorie de la régulation) où les rapports de classe étaient pour l’essentiel négociés à l’échèle nationale, la libéralisation des échanges et la « mondialisation » de la période suivante ont donné un nouveau souffle au régime d’accumulation capitaliste : délocalisation d’une bonne partie de la production de biens vers des pays où la main-d’oeuvre était moins chère et les politiques environnementales et sociales plus « accommodantes »; des chaînes d’approvisionnement à l’échèle planétaire pour des produits et des marques vendus sur un marché planétaire; une circulation des capitaux et des processus accélérée par la numérisation.

L’abaissement des coûts des produits essentiels permettra la mise en marché de nouveaux produits et l’adoption de nouvelles pratiques sociales dans les pays du « centre » et les classes privilégiées de la périphérie : automobiles, téléphones, micro-ordinateurs, tourisme et médias de masse…

Une croissance de l’extraction, de la production, de la consommation et des rejets et pollutions qui, en régime capitaliste, génère une croissance des profits à investir… qui devront optimiser, innover, rationaliser leurs investissements rien que pour conserver leur place dans un marché en constant développement. C’est la « théorie du tapis roulant » (Treadmill theory) de Allan Schnaiberg reprise par Pineault : il faut courir pour rester sur place. Un processus qui n’a rien de rassurant quand on considère les « externalités » qu’il génère.

Ce « tapis roulant » m’a rappelé l’immobilité fulgurante de Hartmut Rosa.

[U]ne société moderne est caractérisée par le fait qu’elle ne peut se stabiliser que de manière dynamique. Cela signifie qu’elle doit forcément croître, accélérer et produire des innovations en permanence si elle veut conserver sa structure institutionnelle et le statu quo social. Sans croissance, sans innovation permanente, elle perd des emplois, les sociétés et les entreprises ferment, les revenus de l’État diminuent, on ne peut donc plus financer l’État social, les systèmes de santé et d’éducation, et nous nous retrouvons au bout du compte – en Europe comme en Chine – confrontés à la perte de légitimité du système politique. La conséquence en est que chaque année, et peu importe que nous vivions en Europe, en Chine ou aux États-Unis, nous courons un peu plus vite dans le seul but de défendre notre place, dans le seul but que tout puisse rester en l’état. La modernité tardive débouche ainsi sur une immobilité fulgurante qui nous éloigne systématiquement du monde et de la vie,

Hartmut Rosa. Remède à l’accélération (p. 45). 

Au final, Pineault aura beau dire qu’il ne se prononce pas sur la question de la décroissance… The social ecology of capital contribue à rendre cette perspective inéluctable. Reste à trouver une manière qui soit acceptable pour les forces sociales qui courent présentement sur le tapis roulant de l’accumulation capitaliste.

le débat écolos/marxistes

Quand j’ai lu pour la première fois Kōhei Saitō dans son Marx and the anthroponene – j’étais un peu surpris et agacé par cet intérêt, cette quête exégétique d’un Marx des dernières années, de ses carnets de travail et cahiers non publiés. Pourquoi, en quoi les écrits de cet homme, si brillant soit-il, peuvent-ils être d’importance aujourd’hui ?

Les pionniers de l’écologie (ou de la proto-écologie) que découvrait Marx ont depuis longtemps été confirmés, développés par la science. Sans doute l’examen minutieux des derniers cahiers de Marx fait-il un bon matériau de thèse, et un tremplin pour une thèse universitaire à Tokyo.

Mais Saitō ne s’est pas arrêté là, il est sorti de l’enclos universitaire pour débattre sur la place publique avec des écrits moins byzantins (Slow down – voir billet précédent). Ce qui en a fait une coqueluche médiatique — d’autant qu’il était photogénique ! — et la cible des critiques.

Peu importe la justesse des hypothèses et interprétations de Saitō, il a le mérite de porter au centre de l’attention la question de la croissance (ou décroissance) des moyens de production. Marx était-il déjà conscient des « Limites à la croissance ? » ? Faut-il vraiment que Marx nous donne sa bénédiction pour qu’on accepte de croire ce que nos yeux voient et nos oreilles entendent ?

Les critiques* n’ont pas tort de souligner le caractère petit-bourgeois privilégié du langage culpabilisant de Saito à propos du Style de vie impérialiste que connaissent les pays du Nordles conditions de vie et de travail d’une majorité de citoyens (ici les calculs des critiques se font laborieux) ne portent pas à l’autoflagellation.

Les changements qui sont nécessaires ne se feront pas que par la propagation des bons sentiments. Là aussi les critiques soulignent à raison l’importance des conflits, des rapports de force dans les usines et les industries stratégiques.

Mais quand ces critiques « syndicalo-marxistes » se moquent de la base sociale de professionnels et d’universitaires qui adhèrent à une perspective de décroissance… ils se tirent dans le pied. À moins que ce ne soit dans l’œil !

Autant les écolos ne réussiront pas à freiner puis transformer le paquebot de la société thermo-industrielle sans participation active, créative et vindicative des forces ouvrières et syndicales;

Autant ces dernières ne pourront piloter et transformer ce « paquebot » sans les ingénieurs, techniciens et professionnels.

Ces visions d’écoliers qui rêvent de transformer des plombiers en électriciens d’un coup de baguette, ou d’une mesure de programmes courts de formation… Ces appels aux circuits locaux d’agriculture, aux coopératives locales et expérimentations communautaires, sans reconnaître, s’appuyer sur l’importance des forces ouvrières et syndicales pour s’assurer que la transition ne laissera pas dans la faim et dans le noir le gros des troupes. Il manque d’ancrages dans la réalité pour les forces de la décroissance, qu’elle soit écologistes ou communistes.

Les crises se multipliant il deviendra de plus en plus clair qu’on doit réduire l’impact de nos industries sur l’environnement, particulièrement celles qui carburent à l’énergie fossile. Les ouvriers de ces secteurs ne sont pas idiots, ils comprennent eux aussi, mais ils sont inquiets : qu’adviendra-t-il de leurs emplois, de leur ville, leur région ? Les scénarios alternatifs de redéploiement des « forces productives » (stocks et outils + ressources humaines) ne seront pas inventés « ex nihilo » par des étudiants brillants… mais bien décodés, retricotés par les ouvriers, techniciens et professionnels eux-mêmes. Avec l’aide d’étudiants brillants et dévoués, sûr : ce sont eux qui prendront la relève !

La prolétarisation planétaire devrait être une question centrale pour l’écosocialisme : le capitalisme produit une majorité urbanisée sans relation directe avec les conditions écologiques d’existence. La question la plus pressante de notre époque est de savoir comment résoudre les problèmes écologiques tout en restructurant la production pour approvisionner une société largement arrachée à la terre. [ma traduction]

Mish-Mash Ecologism, Matt Huber, Sidecar, New Left Review

Des travaux comme A Social Ecology of Capital permettent d’outiller ce décodage, préalable à la réorientation des flux et requalification des stocks qui caractérisent nos modes de vie. Ce sera l’objet du prochain billet.


 * Contre la décroissance néo-malthusienne, défendre le marxisme
Aussi, mais de manière moins polémique, un article tiré de New Left Review que j’ai voulu traduire pour le rendre plus accessible : Questions naïves sur la décroissance (pdf).

En anglais: Saito, Marx and the Anthropocene ; For an Ecosocialist Degrowth ; Toward an Ecosocialist Degrowth: From the Materially Inevitable to the Socially Desirable.

ralentir pour survivre

Köhei Saitö publiait récemment (2024) Slow down : the degrowth manifesto. Il avait publié en 2022 Marx in the Anthropocene, un texte beaucoup plus académique, et qui ressemblait à une thèse de doctorat examinant le détail de l’évolution de la pensée du Marx des dernières années. Alors que son livre Slow down est plus « grand public », même s’il se permet encore de référer assez souvent aux textes tardifs de Marx. Critiquant ce qu’il appelle le mode de vie impérial, il poursuit en pointant les limites du « keynésianisme vert », la folie de l’accélérationnisme… pour caractériser le capitalisme qui crée la rareté en s’appropriant les communs… et finalement identifier le « communisme de décroissance » (ou décroissance communiste ?) comme la seule voie possible, pour éviter les trois autres voies : le fascisme climatique, la barbarie ou le maoïsme climatique. 

Ce « carré » d’avenirs possibles me rappelait quelque chose… le même « X » sur le quatrième choix, pour le dire indéfini, à définir, dans un carré semblable proposé dans Climate Leviathan, de Geoff Mann et Joel Wainwright en 2019. J’en ai parlé succinctement, en septembre 2020 dans barbarie ou civilisation et en marge. Je me demande si la critique du « politicalisme » que formule Saitö ne s’adresse pas, sans le dire, à l’approche de Mann et Wainwright… Ce que Saitö ajoute, il me semble, à l’approche de Climate Leviathan, c’est la dimension économique. Même si c’est « seulement » en appelant à prendre démocratiquement le contrôle des lieux de production. J’avais l’impression, en terminant la lecture de Climate Leviathan, que seul le mouvement climatique était interpellé.

La popularité1plus de 500 000 copies vendues au Japon de son livre précédent ( Marx in the Anthropocene) a été remarquée : entrevues et vidéos se sont multipliées (Marx au soleil levant : le succès d’un communisme décroissant; Entretien avec Kōhei Saitō: Le Capital dans l’Anthropocène; Köhei Saitö on Degrowth Communism; Honey, I shrunk my life – Taking “degrowth” seriously ).

Parmi les commentateurs, certains reprochent à Saitö de se délester un peu rapidement du besoin d’un État central capable de contrer les forces capitalistes, en s’appuyant sur un localisme et coopératisme :

Saitö adhère ainsi à la vision des initiatives coopératives et municipales locales comme alternative au capitalisme et au centralisme étatique. Cet argument n’est ni nouveau ni convaincant. Il est difficile de voir comment le socialisme municipal de Saitö peut paralyser le processus d’accumulation capitaliste, et il n’est pas clair non plus comment de telles initiatives locales peuvent fournir une alternative cohérente si les relations entre elles sont structurées par le marché, c’est-à-dire en l’absence d’une certaine forme de planification centralisée. L’écosocialisme exige bien plus que des initiatives coopératives ou municipales : il exige une planification centralisée démocratiquement et une autogestion des lieux de travail. (ma traduction)

Saito, Marx and the Anthropocene, Rafael Bernabe, 2024.02.27

Dans Slow down, Saitö précise que l’action de l’État est nécessaire :

Il serait insensé de rejeter l’État comme moyen de faire avancer les choses, comme la création d’infrastructures ou la transformation de la production. L’anarchisme, qui rejette l’État, ne peut pas lutter efficacement contre le changement climatique. Mais trop dépendre du pouvoir de l’État peut facilement conduire à une descente dans le maoïsme climatique. ( p. 132) – Il est temps de délaisser les demi-mesures pour s’engager sur la voie de la propriété sociale de l’industrie pétrolière, des grandes banques et de l’infrastructure numérique actuellement monopolisée par la constellation des GAFA. (p. 137) (ma traduction)

Les politiciens d’aujourd’hui, ayant toujours un œil sur les sondages et la prochaine élection, pas plus que les mécanismes du marché (axés sur le profit à court terme), ne pourront changer aussi radicalement que nécessaire à la fois la démocratie, l’économie et nos relations à l’environnement.

En plus d’identifier le coopératisme et le municipalisme comme des modèles d’initiatives, cette base sur laquelle établir la confiance nécessaire pour un changement radical, Saitö cite les « assemblées citoyennes » expérimentées en France, en Angleterre et ailleurs comme un moyen de dépasser les limites de la politique électoraliste. Ces assemblées, en contact avec la poussée « bottom-up » des mouvements sociaux, pourront alors se relier à l’action « top-down » des partis politiques et mobiliser une puissance d’action maximale.


Je terminais la lecture de Slow down avec le sentiment que les moyens proposés n’étaient pas à la hauteur des défis. Le Capital ne se laissera pas décapiter sans réagir… les capitalistes ne se laisseront pas dépouiller dans se battre. J’ai pensé que le tout récent livre de Éric Pineault, The social ecology of capital, pouvait compléter l’analyse économique de la situation. C’est ce que nous verrons dans le prochain billet.

P.S. (2024.03.19) : Une entrevue avec l’auteur de Slow down dans le New Left Review, que j’ai traduite en français – Marx écologistes, une entrevue avec Köhei Saitö

Notes

  • 1
    plus de 500 000 copies vendues au Japon

ces revues qui nous éclairent

En terminant le dernier billet je me disais que je devrais faire un tour d’horizon des principales revues et publications périodiques qui viennent nourrir ma réflexion et alimenter ma perception du monde.

Il y a ces revues « traditionnelles », dont certaines sont plus que centenaires, qui sont des références dans leur domaine. À ce chapitre, je ne suis actuellement abonné qu’à trois: Science, Esprit et Foreign Affairs. J’ai déjà été abonné pendant des périodes plus ou moins longues à Atlantic, Harpers, Le Monde diplomatique, The Economist ou, plus localement, L’Actualité…

Et puis il y a les revues plus sociales ou militantes, qui sont engagées dans le combat pour changer ce monde insoutenable. Depuis quelques mois, sans m’abonner encore, j’ai acheté chaque numéro de la parution mensuelle Socialter, qui abordait des thèmes intéressants : On se soulève et on casse , dont j’ai parlé ici; La tragédie de la propriété ; Reprendre les choses en main – Le bricolage contre le productivisme ; et le dernier en date L’écologie, un truc de bourgeois ? . À chaque mois, une centaine de pages d’articles, d’entrevues dans une mise en page dynamique qui me rappelle parfois les élans de créativité de la défunte revue québécoise Mainmise (ou, de la même époque : Le temps fou ou La vie en rose

Côté québécois j’ai été amené à la revue À bâbord par les articles de Philippe de Grosbois sur le numérique (L’après-Facebook des médias d’info parue dans À bâbord! #97). Je sais bien qu’il y a plus d’une revue « de gauche » au Québec… Au moins deux me viennent en tête : Possibles (qui, incidemment, publie ses articles in extenso, accessibles gratuitement sans délais) et Relations (à laquelle j’ai été abonné longtemps).

Une initiative relatée par À bâbord au printemps 2023 : Rendez-vous des médias critiques de gauche, a conduit au lancement du site Gauche.Media par le Regroupement des médias critiques de gauche en octobre dernier. Ce Regroupement incluait, suivant l’énumération sous l’onglet « Membres » du site web :

On peut s’abonner au fil RSS de Gauche.media et recevoir dans son agrégateur (Feedly, Netnewswire…) les titres, auteurs et liens à mesure qu’ils sont publiés. Incidemment, c’est malheureux que les Carnets publics de l’environnement Praxis ne permettent pas ce type d’abonnement. À défaut de pouvoir s’abonner aux fils RSS des Carnets on peut s’abonner à son infolettre L’édito quinzo.

Mais les « revues » sont aujourd’hui concurrencées par des sites web qui peuvent publier des contenus, des articles, des rapports de recherche ou des informations d’actualité sous forme de « newsletter » ou infolettre (lettre hebdomadaire, mensuelle envoyée aux inscrits ou abonnés) : tels les sites de l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques), du TIESS (Territoires innovants en économie sociale et solidaire), Vivre en ville (ce dernier n’ayant pas de fil RSS (!) il faut s’abonner à l’infolettre). Le site Vert publie deux infolettres : hebdomadaire et quotidienne.

Sans compter les nombreuses, innombrables revues professionnelles. En travail social (Intervention : Publiée deux fois par année par l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec; Nouvelles pratiques sociales; la revue canadienne sur les OSBL et l’économie sociale [articles en anglais, même si le titre est bilingue!); en administration publique (j’aime bien le bulletin de veille Observgo), en développement régional (Développement durable & territoires)…

Des découvertes récentes :

  • LVSL (Le Vent Se Lève) part d’un constat : celui d’une défaite historique des forces de progrès. « Notre projet s’annonce donc comme une entreprise de reconquête ». Un paragraphe dans la description du projet me rappelle ou me fait découvrir d’autres publications « de gauche ».
  • Et aussi : Blast, source de vidéos, articles, reportages… : « Dans un monde où le désastre écologique nous guette, dans un pays où la majorité des médias défendent les intérêts d’une minorité, où la surenchère autoritaire du pouvoir semble ne plus avoir de limites, il est nécessaire de compter sur des médias indépendants, accessibles au plus grand nombre pour aiguiser l’esprit critique et donner envie de résister et d’agir. »

Incidemment c’est le fil de Presse-toi-à-gauche qui me fait connaître le dernier bouquin de Éric Pineault : The social ecology of capitalJ’ai demandé à l’auteur si une version française était prévue : il semble que non. Mais il m’a dit qu’il préparait un livre en français sur un sujet similaire… Finalement le livre en anglais est, somme toute, assez facile à lire. Le thème de ce livre venait compléter, développer la perspective que je venais de lire dans Slow down : the degrowth manifesto par Kōhei Saitō. Deux livres sur lesquels je reviendrai dans un prochain billet.