la part du logement social et communautaire

Des perspectives de développement pour le logement social, communautaire et coopératif s’ouvrent avec les investissements annoncés par le gouvernement fédéral dans son dernier budget (voir billet précédent).

Par ailleurs le gouvernement provincial, de son côté, nous informe qu’il entend forcer la fusion des petits Offices municipaux d’habitation, au nombre de 500 actuellement. Ce qui risque d’ébranler un réseau de partenaires essentiels à la cause du logement social et communautaire. Il faut travailler à ce que cette consolidation à marche forcée du secteur de l’habitation sociale municipale n’amène pas l’enfermement sur soi d’une structure plus grosse, plus puissante, mais soumise (et apte à soumettre les autres) à des contrôles bureaucratiques.

Il ne faut sans doute pas idéaliser les relations de collaboration qui peuvent exister entre les Offices municipaux d’habitations et les OBNL et coopératives. Ces réseaux sont aussi des compétiteurs dans la soumission de projets aux programmes de construction ou développement de services (Accès-logis, Services communautaires…).

Le ministre Coiteux, responsable de la SHQ dans le gouvernement libéral de M. Couillard, promet aussi de poursuivre ou maintenir le programme Accès-logis alors que certains redoutaient de le voir disparaitre. Mais maintenir un programme en théorie et s’assurer que les conditions sont réunies pour son application sont deux choses distinctes en politique aujourd’hui. Du même souffle le ministre laissait entendre que les réseaux d’acteurs ne sont pas capables de livrer autant de projets que voulus, acceptés en théorie. Mais, rétorquent les acteurs communautaires, on nous impose de construire en fonction des coûts de 2009…

Mixité sociale, mixité du financement, non ségrégation

La mixité sociale a toujours soulevé des questions. Certains n’y voyant qu’une autre façon de nommer la gentrification. D’autres, dont je suis, y voyant plutôt une façon de construire des communautés plus solides et riches de leur diversité. On m’a laissé entendre (je ne sais plus si « on » parlait de la Ville-OMHM ou de la SHQ) que les principes de mixité sociale ne seraient plus appliqués au niveau d’un projet, mais plutôt au niveau d’un quartier. A-t-on fait un bilan sérieux des projets visant des clientèles mixtes ? A-t-on pu distinguer les effets d’échelle, de grosseur des projets des effets dus à la mixité ? Et si on identifiait les effets du mode de financement sur les relations « mixtes » entre locataires subventionnés et non-subventionnés ? Ne pourrait-on imaginer des modes de financement qui seraient moins générateurs de frictions et qui permettraient de mieux tirer partie des contributions volontaires et de l’engagement des acteurs dans les projets mixtes ? Qui dit non-mixité dit ségrégation, stigmatisation, ghetto, même s’ils sont petits… On devrait sérieusement étudier les conditions de réussite de projets mixtes, en terme de grosseur, de proportion de logements subventionnés dans l’ensemble… et expérimenter des modes plus gradués de financement plutôt que l’actuel mode où les plafonds de revenus admissibles sont si bas que les loyers (fixés à 25% de ces revenus) semblent ridicules comparés au voisin qui doit, lui, payer « le prix du marché » pour un logement semblable. Un prix du marché qui, étant calculé sur une base régionale rend l’offre de logement non subventionné encore moins accessible aux habitants des quartiers populaires pour des logements construits dans leur voisinage.

Nous ne manquons pas de moyens pour réaliser de telles études. La SHQ ou la SCHL pourraient le faire, si leurs services de recherche n’avaient pas été charcutés ou paralysés par des coupures profondes et réorganisations multiples ces dernières années. Mais je ne suis pas sûr que la SHQ soit en mesure d’évaluer de tels processus sociaux complexes. Ce sont les porteurs de projets et accompagnateurs (OBNL, coops, GRT et municipalités) qui devront initier de telles évaluations, soutenus par les ressources institutionnelles du logement (SHQ et SCHL) et de la recherche sociale (CRISES, CCROC, TIESS, Santé publique). ((D’autres questions que la mixité sociale mériteraient certainement d’être étudiées ou réétudiées))

Un autre réseau d’acteurs se montre utile et risque de le devenir encore plus : l’économie sociale. La Caisse solidaire Desjardins s’est développée une expertise dans l’accompagnement de projets en fin de convention… D’autres acteurs du réseau de la finance solidaire (les Fonds de travailleurs, du mouvement coopératif, du Chantier de l’économie sociale, de certaines fondations), participent de diverses façons aux montages financiers qui permettent de faire des projets de logement sociaux et communautaires des leviers de développement pour des communautés plus solides. Ce sont des alliés dans un monde, celui de la finance, avec qui les projets collectifs de logement ont toujours eu à négocier.

La question du financement à long terme du logement social et communautaire est posée avec acuité par l’échéance de 2 ans établie par le gouvernement fédéral pour en arriver à une « Stratégie nationale du logement ». Pour arriver à faire valoir et insérer dans la Stratégie un certain nombre de principes et d’idées il serait peut-être utile que les acteurs du domaine travaillent de concert, en mettant en commun certaines ressources afin de faire vite et mieux, sans dédoublement des efforts.

Il était symptomatique que le directeur du RQOH avoue ne pas avoir eu les moyens d’embaucher un économiste pour approfondir ou valider certaines dimensions de la « proposition audacieuse » de financement Permaloge avancée par l’organisme. On peut se demander, au sortir du congrès de l’ACHRU à Montréal la semaine dernière, si une association québécoise unique regroupant OMH, OBNL et coopératives ne serait pas mieux outillée pour défendre et promouvoir le logement social et communautaire ? Mais la prochaine période sera intense non seulement des débats entourant la formulation d’une stratégie fédérale en matière de logement mais aussi par les nombreux projets concrets de rénovation et construction qui seront déployés rapidement après des décennies de retrait fédéral. Le temps semble mal choisi pour parler de réorganisations… Pourtant, le réseau des OMH n’y échappera pas, qu’il le veuille ou non. Et puis, il n’y a jamais de « bon moment » pour ces décisions… À moins qu’on utilise la prochaine période d’intenses interactions pour mettre en place des structures temporaires qui serviront à l’atteinte d’objectifs limités et stratégiques, mais pourraient aussi permettre d’évaluer les conditions de réussite et limites d’un travail mieux coordonné, plus intégré des différents réseaux partenaires du logement social et communautaire.

Question d’échelle ?

Les petits projets (OBNL et coopératives) sont-ils condamnés à se fusionner pour survivre ? Est-ce que la petitesse, l’humilité des projets collectifs explique vraiment les difficultés et les peu d’inclinaison de ces formes de propriété à se projeter correctement dans l’avenir — en préservant leurs immeubles par des investissements et un entretien préventif ? Il faudrait en parler aux commissions scolaires, aux responsables municipaux et provinciaux qui n’ont pas tous entretenu de manière optimale leurs actifs immobiliers… préoccupés qu’ils étaient de réduire leurs coûts et budgets à court terme.

Si les efforts de rationalisation et de standardisation associés à la fusion des petites organisations indépendantes peuvent servir des objectifs de réduction des couts, la structure très centralisée peut s’avérer moins adaptée à des objectifs d’innovation et de mobilisation de ressources variées. Il faut préserver la « qualité réseau » de nos ressources et intervenants en reconnaissant la part d’autonomie que les branches locales-régionales de ces plus grandes organisations doivent maintenir pour être à l’écoute des milieux et participer aux innovations qui répondront aux besoins de demain.

Rapprocher les réseaux d’OBNL, de coopératives et de l’économie sociale ça ne se fera pas qu’au niveau national. Dans chaque quartier, chaque MRC les organisations des divers réseaux auront avantage à « se parler », partager leurs analyses des besoins et potentiels des milieux. Car même si le logement social et communautaire ne représente que 5 % du stock de logement, en moyenne, il représente beaucoup plus en terme de levier de développement des quartiers et villages.

Investissements immobiliers communautaires ?

Un investissement immobilier dans des projets de logement communautaire ou social peut représenter un placement à retombées multiples (financières, environnementales, sociales) pour des épargnants des communautés, pour des locataires qui n’ont pas les moyens ou le désir de devenir propriétaires mais qui pourraient profiter d’un tel véhicule d’épargne dans « la pierre ». La moitié de l’épargne de la « classe moyenne » se trouve investie dans l’immobilier((Piketty, Le capital au XXIe siècle)), le plus souvent dans une propriété individuelle (condo, maison unifamiliale ou duplex).

Mais cet investissement dans la propriété individuelle de son logement est inégalement réparti entre les régions urbaines et les moins urbaines ; entre les quartiers d’une même ville ; entre les générations… Seulement 32 % des ménages vivant hors de la région de Montréal sont locataires, alors que c’est près du double (62%) des ménages qui sont locataires à Montréal. Il faut non seulement réinventer la ville en aménageant des pistes cyclables – mais aussi en favorisant les investissements à long terme visant plus de densité ; plus de transport collectifs et actifs ; une utilisation diversifiée des sols ; une participation accrue et responsable des citoyens.

J’ai plusieurs malaises ou questions à l’égard d’une proposition comme Permaloge, avancée par le RQOH.

  • Et si on parvenait à établir un revenu minimum garanti, cela n’affectera-t-il pas les besoins en logements sociaux ?
  • Pourquoi le gouvernement serait-il libéré, même après 15 ans, de sa responsabilité de financer du logement social ?

Il faut que la formule de financement du logement social permette une offre de logement compétitive, un secteur témoin, un aiguillon au flanc du secteur privé qui assure une qualité de logement à la frange moins « payante » tout en permettant que les projets de développement répondent aux besoins de tous, et non seulement de ceux capables de mobiliser du capital.

Imaginons un revenu garanti… Est-ce à dire que les OBNL en habitation n’auraient plus de raison d’être ? Les missions sociales, le soutien communautaire à certains groupes, l’ouverture et l’articulation des milieux de vie aux réseaux de la communauté, le retissage de liens sociaux comme la mobilisation des intérêts, de la volonté collective dans des projets visibles, durables dans les communautés resteront de bonnes raisons de mener des projets de logement communautaires.

Historiquement les ressources de logement social et communautaire se sont développées en réponse aux grands projets de réaménagement urbain des années ‘60-’70 (autoroutes, grands projets institutionnels) ou en réponse plus récente aux problèmes sociaux (désinstitutionalisation et santé mentale ; pauvreté et monoparentalité ; vieillissement démographique). Ces ressources représentent un capital d’expertise et une capacité d’initiatives qui peuvent certainement servir à relever les prochains défis : ceux d’une urbanité plus dense, active, écologique ; ceux d’une occupation du territoire durable ; ceux d’une nouvelle économie plus solidaire, favorisant le développement des ressources humaines et matérielles d’ici dans des projets à long terme structurants pour les communautés locales et régionales.

logement social et communautaire – jour 2

Deuxième journée de l’évènement, après le colloque du RQOH (Réseau québécois des OSBL en habitation) tenu la veille – dont j’ai parlé ici – s’ouvrait officiellement la rencontre annuelle de l’ACHRU, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine. [Programme de l’évènement – pdf].

L’atelier sur le « Contexte budgétaire post-élection fédérale » a permis d’examiner plus en détail les promesses du dernier (premier) budget Morneau en matière de logement (chapitre 2). Les investissements promis (voir tableau suivant) de 2,3 G$ (milliards) sont un changement de cap plus que bienvenu par rapport non seulement aux politiques conservatrices de la dernière décennie mais en regard du retrait du fédéral de ce champ qui date de 20 ans. Stéphan Corriveau, directeur général du RQOH, soulignait avec raison que cette somme doit être inscrite dans un total de plus de 10 G$ consacrés au logement, principalement (8G$) sous la forme de crédits d’impôts favorisant l’accès à la propriété.

Pour donner un meilleur accès aux Canadiens à des logements plus abordables, le budget de 2016 propose d’investir 2,3 milliards de dollars sur deux ans, à compter de 2016-2017. [Budget fédéral, Chapitre 2]

Investissements dans le logement abordable (M$) 2016-2017 2017-2018 Total
Doubler le financement de l’initiative Investissement dans le logement abordable 262 243 504
Accroître le logement abordable pour les aînés 100 100 201
Appuyer les projets de rénovation énergétique et d’économie de l’eau dans les logements sociaux existants 500 74 574
Soutenir les refuges pour les victimes de violence 60 30 90
Lutter contre l’itinérance 58 54 112
Total partiel 980 501 1 481
Investissements supplémentaires dans le logement pour les collectivités inuites, nordiques et des Premières Nations 356 383 739
Investissements totaux financés en vertu de l’engagement en matière d’infrastructure sociale 1 336 884 2 220
Investissements supplémentaires pour appuyer la construction de logements locatifs abordables 13 73 86
Total général 1 349 956 2 305

 

La période de 2 ans qui s’ouvre sera essentielle car le gouvernement fédéral définira sa stratégie pour les prochaines décennies. Un mode de financement « au delà des conventions » devra être trouvé. Mais aussi des façons de réaliser un investissement en infrastructures majeur qui devrait s’appuyer sur une nouvelle architecture des apports fédéral, provincial, municipal et de la société civile en matière de logement. Une architecture qui doit être viable et adaptée aux prochaines décennies. Une intervenante, qui a supervisé un processus de formulation d’une stratégie logement pour le Yukon qui s’est étalé sur plusieurs années, se demandait si deux ans seront suffisant ? En effet, pour arriver à une stratégie canadienne qui soit partenariale, c’est à dire capable de résister aux changements de gouvernement pour quelques décennies, il faut du temps. Et la capacité, la disponibilité de participer à un rythme accéléré de discussion alors que les mesures temporaires, immédiates risquent de mobiliser beaucoup de l’énergie des partenaires.

Verra-t-on le gouvernement fédéral revenir dans la « subvention à la pierre », après une absence de plus de 20 ans ?

Je reproduis ici un extrait de l’historique de l’intervention fédérale en logement inclus dans le « Rapport de tournée », tactiquement déposé par la députée du NPD chargée du dossier logement, Marjolaine Boutin-Sweet, au petit matin de cette première journée du colloque de l’ACHRU.

  • Au début des années 1990, le gouvernement conservateur de Brian Mulroney procède à des compressions dans le financement de nouveaux logements sociaux et décide de s’en retirer totalement à partir du 1er janvier 1994.
  • Le Parti libéral du Canada est porté au pouvoir en 1993 et le budget Paul Martin de 1994 confirme le désengagement du gouvernement fédéral du logement social.
  • Au printemps 2005, sous le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin, Jack Layton, alors chef du NPD, a menacé de ne pas appuyer le budget et, ainsi, de faire tomber le gouvernement, s’il n’annulait pas 4,6 milliards de dollars en baisses d’impôts aux grandes entreprises profitables pour le rediriger dans des mesures sociales, dont 1,6 milliard pour le logement social.
  • En 1995, certaines ententes sur le logement social ont commencé à prendre fin et le phénomène continue encore aujourd’hui. Par exemple, entre 1995 et 2005, plus de 1000 ententes ont pris fin.
  • En 2007, l’INSA est remplacée par la Stratégie des partenariats de lutte à l’itinérance (SPLI), qui maintient une approche généraliste dans la lutte contre l’itinérance et permet une diversité des méthodes d’intervention et de prévention.
  • En 2013, les conservateurs renouvellent la SPLI, à partir de 2014, mais son budget est réduit à 119 millions de dollars par année sur cinq ans et son approche est modifiée pour l’axer sur l’approche « logement d’abord » ou « Housing First », ce qui aura notamment des répercussions pour les groupes travaillant à la prévention de l’itinérance et sur le financement d’immobilisations.

Il est possible que le gouvernement fédéral Libéral revienne au « financement de la pierre », surtout s’il compte investir rapidement des milliards en infrastructures. Lorsque son représentant (Adam Vaughan, député de Spadina-Fort York) laisse entendre qu’il pourrait agir seul, advenant que de petites municipalités n’aient pas les moyens… Est-ce à dire qu’il pourrait agir sans concertation avec le gouvernement provincial ? Qu’il pourrait, par exemple, délester le gouvernement Couillard de l’obligation de contribuer sa part de 35-40 % dans le développement du logement social et communautaire ?

Je n’ai pas assisté à l’atelier qui devait dévoiler les perspectives stratégiques envisagées par la SHQ.

L’atelier auquel j’assistai mercredi matin le 12 avril s’intitulait « Le contexte budgétaire post-élection fédérale : l’incidence réelle du nouveau financement sur la pénurie en logement abordable ». On y donnait la parole à

  • Adam Vaughan, Député pour Spadina—Fort York, Secrétaire parlementaire du premier ministre (Affaires intergouvernementales) (ON)
  • Marjolaine Boutin-Sweet, Députée pour Hochelaga, Whip du Nouveau Parti Démocratique et porte-parole en matière du logement (QC)
  • David P. Ball, Reporter, Tyee Solutions Society’s Housing Fix project (BC)
  • Stéphan Corriveau, Directeur général, Réseau Québécois des OSBL d’habitation (QC)
  • Kishone Tony Roy, CEO, BC Non-Profit Housing Association (BC)

Mes notes, durant l’atelier, se résument à quelques « gazouillis ».

À la critique de la porte-parole du NPD

gillesenvrac
@MarjBoutinSweet les premières promesses du nouveau budget libéral plutôt pour le logement abordable que logement social ? #untoitundroit
16-04-13 11:23

Le représentant du gouvernement Libéral répondait

gillesenvrac
A Vaughan, député (Lib) Spadina, l’approche du gouvernement touche tout le secteur logement social, locatif, accès propriété #untoitundroit
16-04-13 11:30
gillesenvrac
@kishoneroy situation difficile en logement social en Colombie Britannique, prix élevés,itinérance, autochtones #untoitundroit
16-04-13 11:34
gillesenvrac
@RQOH_ Corriveau, l’investissement fédéral logement est de 10G$ par les crédits d’impôts surtout (8,4G$) #untoitundroit
16-04-13 11:37
CSUHOJO
City of Regina calculates affordable rent by looking at people’s incomes instead of market averages #housing4all https://t.co/YiFR5BfHeU
16-04-13 11:46
gillesenvrac
A. Vaughan, le logement n’est pas un problème, mais un outil pour s’attaquer à un ensemble de problèmes sociaux, économiques #untoitundroit
16-04-13 12:09

En après-midi je participai à l’atelier « Revitaliser les logements insalubres : actions et résultats de la planification des quartiers ». Quatre conférenciers y prendront la parole :

  • Silvio Plescia, Senior Researcher, Housing Needs, Canada Mortgage and Housing Corporation (Nat’l)
  • Jay Freeman, Executive Director, Housing and Homelessness, City of Edmonton (AB)
  • Marianne Cloutier, Chef de division Amélioration de l’habitat, Direction de l’habitation, Ville de Montréal (QC)
  • Josh Brandon, Community Animator, Social Planning Council of Winnipeg (MB)

M. Plescia nous parla des efforts de la SCHL pour évaluer le rendement énergétique de certains projets résidentiels à faible consommation.

M. Freeman nous présenta son rapport SHRAG (Social housing regeneration advisory group). Plus de 11 000 logements sociaux viennent en fin de convention avec le fédéral, dans la ville de Edmonton. Cela représente 22 M$ par an de subventions potentiellement perdues si rien n’est fait pour renouveler ou remplacer le soutien fédéral. Et beaucoup des logements arrivent en fin de cycle ou de vie utile, et nécessiteront d’importants investissements. Un des constat du comité aviseur :

We need a new way of delivering housing for households in need other than the current social housing model. A feature of this new way would include viewing social housing as a contributor to diverse, inclusive communities with the potential to act as a catalyst for community development.

Des communautés plus diverses, inclusives où le logement social est vu comme partenaire et catalyseur de développement communautaire.

L’intervention des deux représentantes de la Ville de Montréal, dont Mme Cloutier, présentèrent différentes situations où la Ville a dû intervenir pour faire respecter les normes de salubrité, entretien et sécurité. Il semble difficile d’assurer le suivi des interventions pour éviter que les problèmes reviennent. Un monitoring des interventions est mis en place depuis 2007, dont les premières conclusions devraient être bientôt publiées.

Josh Brandon, animateur de communauté attaché au Conseil de planification sociale de Winnipeg nous a présenté l’approche globale utilisée pour rénover en ensemble de logements devenus vétustes (LORD SELKIRK PARK). Une approche où les services sociaux précédant et accompagnant l’arrivée de nouveaux habitant sont garant du succès de l’intégration et du développement de la communauté. Une approche où les résidents participent au développement de leur communauté, à la rénovation des logements : formations pour les chômeurs… Voir le rapport Manitoba Housing and Community Development : Strong Communities, an Action Plan.

 

C’est ce qui concluait ma participation de deux jours au Colloque RQOH-ACHRU. Je n’ai malheureusement pu assister à la troisième journée, dont l’allocution de Chantal Hébert, en conférence d’ouverture, constituait un moment fort.

Comme disait Denis Coderre : ce n’est pas juste une conférence, c’est une « war room » ! Mettons-nous au travail !

CSUHOJO
It’s not just a conference – this is a war room -let’s get to work! says @DenisCoderre #housing4all #untoitundroit @CHRA_ACHRU
16-04-13 10:35

En revenant chez moi, je me disais qu’il manquait des joueurs… Où étaient les CISSS-CIUSSS ? Un commentaire lancé sur Twitter qui amena quelques répliques :

Mais où étaient les CISSS et CIUSSS à ce congrès de l’ ? L’effet Barrette ?

À quoi répondait Scott A. Wolfe :

Here here! and Community Health Centres across Canada squarely behind movement.

Et la Canadian Association of Community Health Centres @CACHC_ACCSC

Triste que CSSS etc se sont dégagés, , mais ns pouvons ensemble préserver le feu/vision des pour le bon moment au futur!

À quoi je répliquai :

logement social et communautaire – jour 1

J’ai rencontré des passionnés, des allumés, des convaincus. C’était des professionnels chevronnés et dévoués, des citoyens engagés, des entrepreneurs sociaux créatifs. Des animateurs de communautés, des défenseurs et promoteurs de droits sociaux et aussi des gestionnaires et élus responsables et à l’écoute.

Pour la seconde fois en deux ans (voir billets d’alors) j’ai eu la chance d’assister au colloque du Réseau québécois des OSBL en habitation (RQOH) qui se tenait à Montréal, accolé cette fois à celui de l’association canadienne : l’ACHRU-CHRA ((Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine)). Un rassemblement de 750 personnes avec un programme impressionnant !

L’atmosphère était nettement plus optimiste qu’il y a deux ans. Le nouveau gouvernement libéral promettant des investissements à court terme et l’élaboration collaborative d’une stratégie à long terme d’ici deux ans.((Cette perspective vue du Québec, on peut souhaiter qu’elle ne servira pas d’excuse ou de paravent à la contraction des efforts du gouvernement provincial en matière de logement social.))

En plénière d’ouverture du 12 avril, l’architecte Ryan Gravel présenta différents exemples de  revitalisation où des infrastructures obsolètes (ex : voies ferrées inutilisées) sont réaménagées pour faire place à de nouvelles manières de vivre en ville. L’exemple d’Atlanta, où habite l’auteur du livre Where we want to live, était particulièrement démonstratif. Je me demandais comment nous, montréalais, pourrions profiter de tels réaménagements le long de cette voie ferrée qui entoure justement les quartiers centraux. Il nous faudra trouver moyen de négocier avec des compagnies ferroviaires qui ne sont pas faciles d’approche ! Une alliance canadienne des forces et expériences serait certainement utile à ce propos.((Voir cette petite animation que j’ai développée en 2001-2002 – les techniques d’animation n’étaient ce qu’elles sont devenues !))

L’atelier portant sur « Permaloge » présenta cette idée, qualifiée d’audacieuse par les promoteurs eux-mêmes (RQOH), qui viserait à appliquer le principe du Fonds des générations au domaine du logement communautaire et social. C’est une proposition complexe sur laquelle je devrai revenir dans un prochain billet. Pour le moment disons en résumé qu’il s’agirait de financer le logement social et communautaire par une émission d’obligations gouvernementales à 3 % dont les résultats en terme de fonds levés seraient réinvestis par une instance compétente (ex. la Caisse de dépôts) produisant des revenus à hauteur de 7-8%. La différence entre les intérêts payés sur les obligations et les revenus tirés de l’investissement servant à financer le logement social. Ici la modélisation appliquée à l’échelle d’un logement.

permaloge_modelisation

Dans la même veine, mon atelier suivant présentait  Valocom, une autre proposition du RQOH qui vise cette fois à répondre aux besoins de travaux et de valorisation de l’équité accumulés par le secteur du logement communautaire dont les actifs sont évalués à près de 5 G$.

Sans aller très loin dans l’analyse de cette approche de financement obligataire je me demande si l’argument de vente principal des promoteurs de Permaloge (libérer le gouvernement de la charge des logements subventionnés par PSL après 15 ans) n’est pas aussi son talon d’Achille. N’est-ce pas là une forme de privatisation de la responsabilité de l’État ? Dans 15 ans seulement, c’est mieux qu’un retrait immédiat comme on en parle en laissant entendre qu’Accès-logis pourrait disparaître. J’y reviendrai. [Pour un retour historique sur ce programme voir AccèsLogis Québec (1997-2015) : les hauts et les bas de la co-construction d’une politique publique (pdf)]

En fait c’est d’un repli de l’investissement « dans la pierre » qu’il est question, en prétextant que la subvention à la personne (PSL) est plus adaptable et que le marché privé peut s’occuper d’investir dans « la pierre ». Cette question « la pierre ou la personne » ouvrait la plénière qui terminait la journée du 12 pour le RQOH : Les municipalités et le développement du logement communautaire. Trois maires, de petite, moyenne et grande municipalités, représentant les deux fédérations et la ville de Montréal ont répondu à des questions telles « Financement de la pierre ou des personnes ? ».

J’ai été agréablement surpris de la vigueur avec laquelle les élus municipaux ont défendu l’importance de l’investissement à long terme, « dans la pierre ». Et aussi de quelques réparties critiques, notamment de la Ville de Montréal, à l’endroit de la SHQ : « Accès-logis 2.0, ça ne veut rien dire », ou encore « On travaille avec les coûts admissibles de 2009… On fait du travail que la SHQ refera ! ». Voici quelques gazouillis (tweets) rédigés en rafale (les 12 premiers en 26 minutes !) durant la plénière reprenant, résumant certaines déclarations des maires.

gilles_a gillesenvrac
Municipalités et développement logement communautaire, panel de 16h à 17h30 Copeman (Mtl) Cusson (UMQ), Thibert (FQM)
16-04-12 16:26
gilles_a gillesenvrac
Aide à la personne ou à la pierre ? Les deux… L’un est flexible, l’autre est permanent… La ville de Mtl veut les deux. #untoitundroit
16-04-12 16:31
gilles_a gillesenvrac
L’aide à la pierre est plus structurant. Contribue mieux à la revitalisation des quartiers. Maire Drummondville, UMQ #untoitundroit
16-04-12 16:33
gillesenvrac
FQM, les deux approches sont complémentaires. Le supplément est essentiel dans les petits milieux. Préserver multi approches #untoitundroit
16-04-12 16:35
gillesenvrac
Rôle des municipalités dans le logement communautaire ? On connaît le terrain, accessibilité, exclusion. Mais peu consultés #untoitundroit
16-04-12 16:39
gillesenvrac
Petites municipalités souvent même pas une personne pour s’occuper de ça. connaît les problèmes, mais faut avoir les moyens #untoitundroit
16-04-12 16:40
gillesenvrac
Montréal est mandataire. On travaille avec les coûts admissibles de 2009… On fait du travail que la SHQ refera ! #untoitundroit
16-04-12 16:42
gillesenvrac
Travailler sans être assujettis à des règles parfois archaïque. Montréal. #untoitundroit
16-04-12 16:43
gillesenvrac
FQM Les programmes doivent tenir compte des capacités des petites municipalités #untoitundroit
16-04-12 16:45
gillesenvrac
MTL 25000 ménages en attente de logement. Accès logis 2.0 ne veut rien dire… #untoitundroit
16-04-12 16:46
gillesenvrac
MTL veut répondre aux besoins avec le fédéral et le provincial, prendra beaucoup d’efforts conjoints. #untoitundroit
16-04-12 16:48
gillesenvrac
Qu’arrivera-t-la fin de conventions ? On veut participer aux discussions partenaires du gouv fédéral et avec les org. comm. #untoitundroit
16-04-12 16:52
gillesenvrac
Logement communautaire un investissement, pas une dépense. #untoitundroit M. Cusson
16-04-12 17:00
gillesenvrac
Important d’informer les élus pour soutenir les projets, pour réduire les préjugés. @RQOH_ #untoitundroit
16-04-12 17:07

Atelier municipalités et logement communautaire

gillesenvrac
Impôt foncier, impôt le plus régressif et moins adapté à la redistribution. Mais Ville a rôle lutte pauvreté, itinérance. #untoitundroit
16-04-12 17:09
gillesenvrac
250 000 ménages au Qc paient +50% de leurs revenus pour se loger, faut trav. avec villes pour changer ça. Corriveau @RQOH_ #untoitundroit
16-04-12 17:25