de savoirs et d’actions

Réaction spontanée (et échevelée) au billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? de Benjamin Allard, sur En commun.



Write the Docs : un blog de documentalistes passionnés.


le paradigme du document (extrait)

« À Projet collectif, nous défendons l’idée comme quoi il faut modifier notre rapport collectif à la production de savoirs, afin de tendre vers un nouveau paradigme où les savoirs sont ouverts par défaut. 

  • – Lorsque vous créez un nouveau document dans votre traitement de texte, vous ne vous demandez pas toujours si une partie des savoirs que vous prévoyez y consigner pourraient plutôt être créés de manière ouverte pour bénéficier à d’autres.
  • – Lorsque vous avez beaucoup d’informations ou de connaissances à consigner et à diffuser, il vous vient plus naturellement l’idée de créer un document avec une table des matières qu’une base de connaissances ouverte sur le web.
  • – Vos collègues vous regarderaient avec de grands yeux si vous leur proposiez de repenser la manière d’organiser votre production de savoirs de manière à privilégier les bases de connaissances ouvertes. »

Des bases de connaissances ouvertes, donc.

Mais vise-t-on le paradigme du document ou de la documentation, comme le suggère Benjamin Allard dans son billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? Ce que j’entends dans ce passage d’un paradigme à l’autre (du document [même comme base de connaissance] à la documentation), c’est le mouvement, la participation, la transformation de la connaissance.

De là mon malaise avec la conception de la collaboration autour d’un document (avec l’importance accordée aux versions, à la propriété) comme un travail visant à créer le document parfait, le plus adéquat, le plus fidèle ou efficace… c’est peut-être souhaitable pour un guide de l’usager d’un logiciel ou un recueil de textes pour un cours au cégep…

Alors que, dans le domaine social plutôt que du codage numérique, les documents sont fluides, ils se répandent et se transforment comme des tendances, des rumeurs, formant courants et évènements !


J’ai bien aimé la page sur l’Enquête conscientisante et ses références à l’éducation populaire. Le retour à l’enquête de Marx… oui mais John Dewey aussi aurait pu être inspirant. Mais le contexte syndical…

Entre la position syndicale de négociation sur un terrain délimité par le travail produit ou l’activité rémunérée et la position du « public » (celle de Dewey) qui peut évaluer le produit, définir ses attentes, ses besoins… Et l’action militante, communautaire ou civique, souvent liée, ancrée dans un territoire, à une communauté, cette dernière action se situe à mi-chemin entre le public et le syndicat.


En tant qu’usagers individuels, nous avons peu de prise sur les processus et décisions de Projet collectif. Est-ce que les membres corporatifs ou les collectifs-communautés en ont plus ? J’en doute même si, entre professionnels engagés dans les efforts de documentation et gestion des savoirs, les échanges ne se limitent pas aux espaces En commun. Chaque équipe, responsable de la doc dans les grandes et moyennes organisations a son bagage, ses principes… mais surtout des moyens limités pour des attentes démesurées de la part de ses clients-patrons. Pourtant plusieurs équipes, projets, organisations soutiennent une approche de partage du savoir comme un commun, appartenant à la collectivité de ses utilisateurs-producteurs. Des bases de connaissances ouvertes, peut-être ?

Quelle est la fluidité du savoir que nous désirons partager ? À qui appartient-il, ce savoir ? Qui est habilité à le mettre en oeuvre, le faire servir ? Il ne faut pas se cacher la part d’intérêt qui se joue dans l’accessibilité au savoir. L’intérêt de l’expert ou du professionnel qui a fait de cette « base de connaissances » son carré de sable ! Ou celui de l’organisation qui embauche ce professionnel et incorpore son savoir dans son « branding », son essence. Ou plus simplement dans son produit.

Des connaissances inutilisées cessent vite d’être des connaissances. De là le succès des communautés de pratique. Les utilisateurs de la connaissance s’en parlent… mais ils se parlent aussi, et se connaissent, se comprennent, s’entraident. La connaissance tacite ou la part d’ombre et de silence de la connaissance.

Il y a dans l’action, dans l’engagement social ou politique, une grande part de connaissances tacites et d’intuitions, de préférences et d’attachements. Finalement assez peu de connaissances explicitées, qu’on peut accumuler dans une BdC.

Par ailleurs la multitude de points d’ancrage et de vecteurs d’orientation que constitue la société actuelle nous demande des efforts de liaison et d’interface. Nous avons cru, au départ de l’initiative En commun-Praxis, que cet espace numérique « autogéré » allait contribuer à relier, « interfacer » cette multitude. Mais j’en doute, de plus en plus. La protection du code original et de l’espace commun contre les attaques et le « scraping » des moteurs de recherche semblent plus importants que la fluidité et la circulation de l’information. Si tel n’était pas le cas on se serait préoccupé depuis longtemps de rendre les flux d’infos compatibles avec le « fedivers » ou simplement avec les agrégateurs RSS.

Pourquoi les débats entourant ces questions sont-ils fermés ? Trop compliqué ? Pas le temps de rendre explicite toutes les raisons qui nous motivent ou nous freinent… de consigner l’expertise qui nous oriente ?

Pas le temps, pas les moyens… mais en ouvrant le débat un peu plus, ne pourrait-on mobiliser non seulement sémantiquement mais financièrement différents partenaires. Combien les organisations partenaires investiront-elles au cours de la prochaine année dans leur site, leurs interfaces, leurs « app » ? Et si on y mettait des moyens ensemble pour faire avancer cette fluidité et transparence ?

Ces considérations me semblent bien petites, pour ne pas dire mesquines, devant l’ampleur et l’urgence des menaces que font peser les propriétaires de nos espaces numériques et informationnels. Nous sommes les locataires d’espaces numériques appartenant à des impérialistes qui n’ont pas l’intention de reculer ou de perdre les avantages que nous, utilisateurs de leurs produits et réseaux, leur avons laissé prendre.

Il nous faudra se concerter à plus grande échelle que le Québec pour que notre initiative ait quelque chance de réussir dans la quête d’un espace numérique démocratique indépendant des GAFAM, et du MAGA !

La capacité d’échanger et de retenir la propriété de nos productions, liens et connaissances doit se jumeler à la capacité de mémoire, de référence et de construction : on a vu nos voisins faire disparaître des pans entiers de savoirs. Le prochain dirigeant de droite au Canada ou au Québec pourrait bien effacer lui aussi les infos et connaissances qui lui déplaisent ou contredisent sa vision du monde.

Derrière l’appel à la souveraineté numérique lancé par Cédric Durand et al. (Reclaiming Digital Sovereignty voir aussi mon billet Amazon, « panier bleu » et souveraineté numérique) il y a aussi cet impératif de consigner les datas et savoirs (les « piles publiques ») à l’abris des visées impérialistes et rétrogrades. Le TIESS 2.0, qu’en pensez-vous ? Mais c’est une autre discussion que nous pourrions avoir ici… ou pas.


En terminant, j’aimerais bien discuter un texte de Durand (The Problem of Knowledge in the Anthropocene. Hayekian Environmental Delusion and the Condition of Ecological Planning. 2025). Cet autre texte de Durand (2024), Planning beyond growth: The case for economic democracy within ecological limits j’en ai même fait une traduction en français [grossière au niveau des coupures de page à cause du traitement des PDF par DeepL].


Ce billet est d’abord paru sur mon carnet Praxis : transition, organisation communautaire, développement des communautés, le 23 février 2025

vendredi vrac (7)

Les MRC

Municipalités

Mascouche

100 logements sociaux et abordables supplémentaires pour aînés autonomes.

L’immeuble de 100 logements qui sera bâti à Mascouche représente un investissement gouvernemental de 21,5 M$, auxquels s’ajoutent la contribution de la Ville de Mascouche qui cédera le terrain et offrira certains congés de taxes et coûts de raccordements. L’Office municipal d’habitation de la Rive Nord (OMHRN) assurera la gestion de l’immeuble et la sélection des personnes qui y résideront.

AUSSI : La ville de Mascouche présente son Plan d’action 2025 à l’égard des personnes handicapées

Repentigny

À l’occasion du Jour de la Terre, la Ville de Repentigny présente une version actualisée de sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité. Cette mise à jour vise à verdir davantage le territoire et à mieux protéger les arbres, les espaces verts et la nature, afin d’améliorer concrètement la qualité de vie de tous les citoyens[1] et de renforcer la résilience collective face aux changements climatiques.

La Ville de Repentigny met à jour sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité pour renforcer sa transition écologique

Saint-Félix-de-Valois

La municipalité bonifie l’accès aux logements abordables

Le conseil municipal de Saint-Félix-de-Valois a bonifié l’enveloppe pour le programme de supplément au loyer (PSLQ) à 19 000 $ lors de l’adoption du budget 2025 le 11 décembre dernier.

Les locataires qui bénéficient de ce programme paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. La balance du loyer est couverte par le gouvernement via les Offices d’habitation (90 %) et les Municipalités (10 %).

« Cette enveloppe de 19 000 $ permet donc de financer jusqu’à 190 000 $ annuellement en loyer dans la communauté, ajoute Audrey Boisjoly. Ça a un effet levier vraiment intéressant et permet de soulager rapidement un grand besoin en logements abordables. »

Montréal

Budget participatif de Montréal : bilan de la troisième édition (2024-2025)

La Ville investit 45 M$ pour réaliser des projets proposés et choisis par la population. Plus de 880 idées ont été proposées et plus de 28 000 personnes ont participé au vote pour déterminer les projets à réaliser. Découvrez les 7 lauréats.

Sainte-Agathe-des-Monts

Une nouvelle entente intermunicipale en matière de loisirs pour favoriser l’accès aux sports et aux activités récréatives


DÉCLARATION DE RÉCIPROCITÉ (Qc)

concernant le nouveau partenariat entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de proximité


Guides – outils – interventions

Mission 1000 tonnes lancent un guide pratique de nettoyage des cours d’eau

Par Recyc-Québec

Chaises des générations

Rosemont-La Petite-Patrie, un arrondissement qui s’engage pour les générations futures!

Le regroupement des Mères au front, en collaboration avec l’école Sainte-Bernadette-Soubirous, offre à l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie une Chaise des générations décorée par les enfants afin qu’une place symbolique à la mairie d’arrondissement soit réservée à la prochaine génération.

C’est à l’occasion du Jour de la Terre, le 22 avril 2025, que les enfants de 6e année ont fait le don d’une Chaise des générations.

Aussi

LA MRC D’ARGENTEUIL DÉVOILE LA CHAISE DES GÉNÉRATIONS OFFERTE PAR LES ÉLÈVES DU PROGRAMME ALTERNATIF DE L’ENVOL-DU-COLIBRI

Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables

À l’occasion du Jour de la Terre, la MRC de Vaudreuil-Soulanges est fière de dévoiler son tout nouveau Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables, un outil concret, développé en collaboration avec les responsables de la gestion des matières résiduelles des 23 municipalités de la MRC et destiné à accompagner les organisateurs d’événements de petite, moyenne ou grande envergure.

Construction durable

Un outil innovant pour verdir les appels d’offres en construction
Cet outil de référence présente des clauses prérédigées et personnalisables à intégrer dans les documents d’appels d’offres facilitant ainsi le déploiement des mesures de détournement de l’élimination des matières résiduelles, par la réduction à la source, le réemploi, le recyclage et la valorisation.

Efficacité énergétique

Hydro-Québec déploie la trajectoire d’efficacité énergétique la plus ambitieuse de son histoire

Les bibliothèques aux ÉU

Un billet de La bibliomancienne
Fondée en 1848, la Boston Public Library (BPL) est la première grande bibliothèque municipale gratuite aux États-Unis. Dès son origine, elle a porté une vision profondément démocratique : celle de l’accès au savoir pour toutes et tous, indépendamment du statut social ou économique. Son inscription gravée sur le fronton — « Free to all » — est devenue un emblème puissant de la mission publique des bibliothèques américaines.


Urbanisme

Plus de 700 logements locatifs à venir à Montréal

Le projet est conçu avec une vision axée sur le développement durable, mettant en avant des normes exemplaires d’accessibilité aux logements. Le bâtiment intègre des espaces communs attrayants, comme une cour intérieure verdoyante, un hall d’entrée double hauteur vitré avec un espace détente, une salle de conditionnement physique, un chalet urbain et une terrasse au toit. Situé tout près de la station de métro et de la gare Vendôme, Station C offrira un accès rapide et pratique au réseau de transport en commun.

Densification urbaine et écosystème

Répondre à la crise du logement tout en préservant l’écosystème et en s’intégrant dans le patrimoine déjà bâti, c’est ce que propose un nouveau projet d’architecture à Sutton.

Beyond Congestion Pricing: Strategies for Revolutionizing Urban Mobility

How cities are leveraging data and technology to improve their transportation networks and reduce traffic.

Santé

Réseau de recherche CARES

Un réseau interdisciplinaire, piloté par l’INRS, pour un Québec et des régions en santé

« Un réseau québécois de recherche en santé consacré aux contextes spécifiques et besoins criants des régions rurales et éloignées, trop souvent ignorées ou oubliées. Le CARES prend donc toute son importance dans le contexte actuel d’iniquité touchant la prestation des soins de santé et de services sociaux dans ces régions. »

L’avenir de la santé publique est en jeu

Un article de David Wallace-Wells, du New York Times.
Que j’ai traduit (avec DeepL).

« Ce qui est le plus effrayant avec la rougeole, ce ne sont probablement pas les décès qui y sont liés, dont deux ont déjà été enregistrés cet hiver, les premiers aux États-Unis depuis dix ans. Ce n’est peut-être même pas le risque de paralysie irréversible à vie, connu sous le nom de panencéphalite sclérosante subaiguë, qui n’existe qu’une fois sur 10 000. Il s’agit plutôt de l’effet beaucoup plus courant que le virus peut avoir sur ce que l’on appelle la mémoire immunologique, créant une amnésie immunitaire qui peut anéantir votre capacité à lutter contre de futures infections. » Suite…

Écologie

Vers un contrat éco-social : l’Accord de gestion vivante, ma traduction de l’article de Dark Matter Labs (DML) : Towards an eco-social contract: the Living Stewardship Agreement, 7 avril 2025

Une proposition audacieuse visant à appuyer les mouvements qui souhaitent prendre soin de rivières et de places naturelles. On s’appuie sur la technologie pour renforcer et rendre publics les engagements pris par les membres de la communauté… Intéressant (très) malgré le malaise que j’ai avec un certain aspect.

C’est un article qui flirte avec la technologie de la chaine de blocs (blockchain) sans jamais la nommer… et soulève des questions concernant le respect de la vie privée dans ces réseaux « denses » qui mettent en relation et qualifient actants et agents en inscrivant dans des registres permanents leurs interactions et engagements.

Il me semble avoir noté ailleurs chez DML (mais je n’ai pu retrouver l’article en question) une ouverture, un intérêt pour la technologie blockchain. Je voulais comprendre mieux cette question, liée étroitement à cette des cryptomonnaies. La très longue (37) page de Wikipedia m’a introduit assez bien. Notamment sur les conséquences écologiques de la logique de computation de masse, supposément pour garantir la sécurité, la résistance aux « attaques de 51% ». (Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?)

Ma conclusion : le caractère inattaquable ou permanent des chaines de blocs est relatif; et son coût est prohibitif en énergie; des registres garantis par des structures humaines, comme l’État, pourraient être imaginés, construits, avec des coûts environnementaux plus légers. Plutôt que des chaines de blocs, ce sont des bases de connaissance évolutives mais qui doivent assurer leur pérennité. L’article mérite tout de même d’être lu !

résister ou périr

Je pastiche avec ce titre le livre de Timothée Parrique Ralentir ou périr. Comme s’il fallait y ajouter un peu de conflictualité, d’urgence. Une urgence que Naomi Klein et Astra Taylor dénoncent avec véhémence dans The rise of end times fascism paru dimanche dernier dans The Guardian. ( La montée du fascisme de la fin des temps, ma traduction )

Deux pistes suggérées par les auteures:

[N]ous entraider pour faire face à la profondeur de la dépravation qui s’est emparée de la droite dure dans tous nos pays. Pour aller de l’avant avec détermination, nous devons d’abord comprendre ce simple fait : nous sommes confrontés à une idéologie qui a renoncé non seulement à la prémisse et à la promesse de la démocratie libérale, mais aussi à la viabilité de notre monde commun, à sa beauté, à ses habitants, à nos enfants et aux autres espèces. Les forces auxquelles nous sommes confrontés ont fait la paix avec la mort de masse. Ils sont traîtres à ce monde et à ses habitants humains et non humains.

[N]ous opposons à leurs récits apocalyptiques une bien meilleure histoire sur la façon de survivre aux temps difficiles à venir sans laisser personne derrière nous. Une histoire capable de vider le fascisme de la fin des temps de son pouvoir gothique et de galvaniser un mouvement prêt à tout risquer pour notre survie collective. Une histoire non pas de la fin des temps, mais de temps meilleurs ; non pas de séparation et de suprématie, mais d’interdépendance et d’appartenance ; non pas d’évasion, mais de rester sur place et de rester fidèle à la réalité terrestre troublée dans laquelle nous sommes empêtrés et liés.

Lire l’article de Klein à la suite de celui, presqu’aussi virulent et tout aussi effrayant, de Peter St. Clair paru sur The Brooklyn Rail : The Overshoot Scam (ma traduction L’arnaque du dépassement) ça donne de la consistance à l’hypothèse d’une malfaisance, d’une « mafia » qui serait au pouvoir… mais ce n’est pas vraiment une mafia, car elle ne se cache pas (ou de moins en moins) pour agir, et elle le fait légalement ! Mais, ce que Malm et Carton démontrent, dans leur livre Overshoot1que l’article de St. Clair résume assez bien, c’est que ce sont les règles, le système économique qui sont la source de cette malfaisance. Les hommes ne font qu’obéir aux règles… qui conduisent au dépassement.

Il faut changer les règles, en commençant par l’information sur la provenance des matériaux et produits échangés. Henri-Paul Rousseau, ancien PDG de la Caisse de dépôts, propose une Alliance pour le commerce intelligent (original, publié dans le Globe and Mail du 11 avril : Technology will play a vital role in this brave new world of international trade).

Il faudra aussi se résoudre à étatiser les sources d’énergies, afin de freiner puis renverser (démanteler) les investissements dans l’exploitation fossile pour soutenir le développement des nouvelles énergies aujourd’hui bloqué, freiné par la domination des énergies fossiles qui procurent des retours plus juteux.

Il faudrait que les investisseurs subissent le coup qu’ils redoutent le plus : les installations qui viennent d’être financées, ou qui viennent d’être finalisées, ou qui viennent d’être inaugurées, ou qui sont sur le point d’atteindre le seuil de rentabilité ou de commencer à générer des profits, devraient être scellées et fermées à clé pour de bon. » En d’autres termes, des actifs échoués.

Cet abandon des énergies fossiles sera un geste politique et non la résultante de quelque manoeuvre économique.

la transition vers un système énergétique sans énergie fossile ne sera pas suffisamment rentable pour attirer des investissements suffisants, tandis que les investissements dans les énergies fossiles continueront à générer d’énormes profits et à attirer des investissements croissants, tout en garantissant l’aggravation de la crise climatique. (…)

par conséquent, pour que la transition ait lieu, elle doit être impulsée par l’État dans le cadre d’une initiative politique visant à faire de la production d’énergie un bien public. En d’autres termes, dans un système régulé par le marché, la transition vers un système énergétique non destructeur ne sera pas possible sans une forme d’expropriation de l’industrie des combustibles fossiles et son remplacement par la propriété commune.

John Maynard Keynes disait Tout ce que nous pouvons réellement faire, nous pouvons nous le permettre. N’est-ce pas aussi ce que dit la nouvelle théorie monétariste : S’il existe des capacités inutilisées dans l’économie, le gouvernement peut créer de la dette pour que ces capacités soient à nouveau utilisées. Mais s’il n’y a pas de ces capacités inutilisées ? C’est pour ça qu’il faut freiner certains investissements, certains types de développement, pour libérer les capacités d’agir.


Sur un autre plan, celui de la critique de la politique erratique de T., j’ai apprécié cet article de Noah Smith, économiste, qui décrit clairement À quoi ressemblerait une véritable stratégie commerciale anti-Chine ?

Notes

  • 1
    que l’article de St. Clair résume assez bien

organisateur communautaire

Le 19 mars dernier j’ai animé un webinaire avec des organisatrices et organisateurs communautaires du réseau de la santé québécois. On m’avait demandé de faire un retour sur ma pratique d’organisateur de 1976 à 2012… j’ai ajouté en prime les années qui ont suivi !

La rencontre (sur Zoom) n’ayant pas été enregistrée j’ai voulu reprendre mon PowerPoint (en fait c’était un Keynote, sur Mac) pour le proposer à ceux-celles qui n’étaient pas là. Je me suis aperçu que c’était pas aussi simple : l’absence de public rendait l’exercice de reprise plus… laborieux. Comme si le « pep » n’y était pas ! Il y a sans doute plus de silences, d’hésitations que lors de la présentation « live ».

Mais cela m’a permis de compléter ma présentation (qui devait, à l’origine, être limitée à 40-45 minutes, le webinaire se déroulant sur l’heure du dîner) par une mise en contexte (avant mon arrivée au CLSC Hochelaga-Maisonneuve) et quelques éléments de conclusion. Je crois aussi avoir été un peu plus clair dans cette version… qui dure 67 minutes. Pour couvrir 50 années, c’est encore synthétique ! Voir les documents auxquels je réfère.

Comment conclure…

  • Ai-je tiré des conclusions de cette longue expérience ?
  • L’économie sociale que j’ai défendue et promue pendant des décennies… suis-je satisfait de ce qu’elle est devenue ?
  • Mon expérience à la Maison des aînées m’a-t-elle enseigné quelque chose sur le logement communautaire qui pourrait être utile aujourd’hui?
  • Ma « navigation » dans les corridors du pouvoir, local mais aussi à l’agence et à la santé publique régionales durant mes années à l’observatoire, comment la ferais-je aujourd’hui ??
    • Je ne pourrais pas agir à la fois comme organisateur et comme agent de planification (APPR)… et maintenir une approche critique demandant l’ouverture du réseau sur les partenaires de la région…
    • Le projet régional co-dirigé par l’Agence et la santé publique d’un Carrefour montréalais d’information sociosanitaire (CMIS) est disparu dans la poussière de la dernière réforme-centralisation. De fait c’est la région de Montréal qui est disparue de l’organigramme, remplacée par 5 CIUSSS.

Je devrais revenir sur ces questions, avec les partenaires de l’époque, si c’est possible! Mais aussi relire certains textes et voir s’ils tiennent encore la route. Comme ces « élucubrations » autour de l’évaluation de programme en OC… ou encore sur le « thermomètre sociocommunautaire ».


Le répertoire des ressources du quartier était un « labour of love » qui était aussi l’occasion de soigner (et mettre à jour) nos relations avec ces nombreuses et diverses ressources.


L’appétit que j’avais à installer de nouveaux logiciels, acquérir de nouvelles compétences était peut-être ancré dans cette insécurité de n’avoir pas été formé en travail social ? Ou c’était une tendance déjà présente avant : j’étais responsable des ateliers- vidéo au module recherche-animation culturelle. J’avais déjà une certaine orientation techno…

Imaginons une autre façon d’habiter

Une société où on ne paie pas le tiers (et plus) de son salaire pour simplement se loger.

Une société où la richesse accumulée dans la bulle immobilière est collectivement utilisée pour dégonfler, graduellement, la bulle et réduire l’emprise du capital foncier et immobilier sur l’économie et la société tout en construisant le stock de logements qu’il nous faut.

Rob Carrick, dans le G&M du 9 janvier dernier, suggérait au prochain premier ministre du Canada (ma traduction) :

[S]upprimer l’exonération de l’impôt sur les plus-values pour les résidences principales, que ce soit en partie ou en totalité. L’une des raisons de la faible productivité du Canada est que trop d’argent est immobilisé dans l’immobilier plutôt que dans d’autres types d’actifs. Compte tenu de l’augmentation massive des prix de l’immobilier au cours des dernières décennies, c’est tout à fait compréhensible. Lorsque les marchés de l’immobilier se réchauffent, les acheteurs se font concurrence et surpayent en raison du potentiel d’investissement.
La réduction de l’exonération de la résidence principale ferait de l’immobilier un choix de vie plutôt qu’un investissement. Il en résulterait un marché plus calme qui laisserait plus d’argent à dépenser pour des choses telles que des investissements dans des entreprises qui construisent l’économie.
Il faut s’attendre à une réaction furieuse si l’exonération de la résidence principale est annulée, en particulier de la part des personnes âgées qui considèrent leur maison comme leur plan de retraite. Toutefois, l’impact fiscal réel sur les maisons ne serait pas monstrueux. N’oublions pas que la partie imposable de la plus-value ne serait que de 33,3 %.
L’imposition des maisons ne devrait pas faire s’effondrer le marché du logement – les gens ont toujours besoin d’un endroit pour vivre et élever une famille, n’est-ce pas ? Mais elle réduirait les pressions spéculatives qui ont entraîné une hausse des prix de l’immobilier bien supérieure à celle des revenus au cours des deux dernières décennies. Le résultat net serait probablement une baisse des prix à court terme, suivie d’une modeste appréciation.
Il semble que nous ayons décidé de construire plus de maisons comme remède économique au problème du logement inabordable, mais c’est un processus qui évolue lentement et qui est vulnérable aux conditions économiques défavorables. L’imposition des plus-values immobilières est un moyen plus rapide de rendre le logement abordable et, ce qui est tout aussi important, de réaffecter les capitaux sur le marché canadien dans l’intérêt de tous.

On pourrait « dorer la pilule » d’une fin à l’exonération de la résidence principale en offrant aux détenteurs individuels de plus-value immobilière la possibilité d’investir (avec un rendement plus lent mais une garantie sur le capital) dans une « corvée nationale » de construction d’unités locatives abordables.

Une telle « corvée » pourrait être amorcée par une initiative de fondations caritatives visant à multiplier les investissements des premiers participants dans des projets « hors marché ».

Mais construire du logement « hors marché », j’ai l’impression que ce n’est pas que du logement… il s’agit de construire une autre manière d’habiter, de partager l’espace et les ressources.

Extrait de ‘Reversing the ‘iceberg’

Renverser l’iceberg : rendre l’économie plurielle visible

« L’accent mis sur l’économie capitaliste se manifeste également dans la pratique de l’urbanisme. Les espaces urbains sont conçus pour favoriser la croissance économique en augmentant le PIB plutôt que le bien-être socio-environnemental. La croissance insatiable n’a pas seulement épuisé la nature, elle a également créé une hiérarchie de pouvoir et des inégalité à différents niveaux géographiques et temporels. Les diverses économies sont souvent sous-évaluées et occultées alors qu’elles contribuent grandement au bien-être socio-environnemental.

Se concentrer sur l’économie plurielle peut aider à comprendre les pratiques et les ressources locales, et peut ouvrir la possibilité de responsabiliser la communauté. »

Extrait de Reversing the ‘iceberg’ (PDF)

lectures du dimanche

Je vous propose ici quelques articles que j’ai trouvé assez intéressants pour les traduire en français.


Ensauvager nos villes, ou les réensauvager. Créer des ponts de nature, des aménagements qui rendent la cohabitation avec d’autres formes de vie qu’humaine plus facile. Un article publié le 27 mars par Alexi Freeman, sur le site Matters dont la devise est: Stories, people and ideas doing good.


L’importance de la régénération biorégionale pour la santé de la planète, un article qui n’est pas récent (2020) mais qui définit bien le concept de biorégion et donne plusieurs exemples de tels initiatives.


Dans L’espoir d’un avenir différent, j’ai rassemblé 4 articles publiés par Sally Lowndes et Jessica Prendergrast, en février 2025 en un document PDF. Des modèles de transition à l’écosystème des praticiens de l’avenir alternatif (au Royaume-Uni)… Des textes inspirants !


Dark Matter Labs, c’est un ensemble d’initiatives, de laboratoires, de studios… visiter leur site, c’est plonger dans une structure à plusieurs dimensions. J’ai voulu mieux saisir un aspect de cette complexité : les capacités (capabilities) que DM cherche à développer. J’en ai traduit les définitions dans La matrice de Dark Matter Labs.


Le dernier (ou récent) billet de Andrew Curry, sur Just Two Things, porte sur deux choses (!) : A. Une initiative d’un artiste gallois qui dénonce l’endettement des personnes aux prises avec des prêteurs frauduleux, en rachetant leurs dettes avec son propre argent. B. Une liste de 10 livres qui expliquent pourquoi on en est rendu là… Il y a au moins UN livre de cette liste que je veux lire : celui de Svetlana Alexievitch : La fin de l’homme rouge. Ma traduction : Les sombres rouages du marché des créances douteuses // Les livres qui expliquent le moment politique actuel.


Le Canada s’éveille à son propre pouvoir, ou à ce qu’il pourrait être. Un article de Adam Radwanski, publié dans le Globe and Mail du 5 avril. Le pays a les moyens de s’éloigner du « grand frère »…