optimisme réaliste

Les données justes, les faits et non les données biaisées et les préjugés. Les choses se sont améliorées depuis cent ans, et aussi depuis 40 ans. Écoutez cette conférence TED de 19 minutes en deux parties, la première étant donnée par le professeur Hans Rosling, un éducateur et chercheur de réputation internationale dans le domaine de la santé publique (dont j’ai déjà parlé ici). Il nous montre à quel point nos réponses à certaines questions simples sont biaisées et systématiquement moins bonnes que celles qu’aurait pu donner un chimpanzé (autrement dit que le hasard) !

La seconde partie de la conférence est donnée par le fils du Dr Rosling qui souhaite corriger, contrer ces biais de connaissances. Il nous présente quelques trucs, « rules of thumb » pour éviter les réponses biaisées par nos origines, notre formation… Il termine son intervention sur une donnée et un graphique : dans quelques 20 ans, les trois-quarts des consommateurs riches (et donc, influents) viendront de pays hors de l’Europe et l’Amérique du Nord.

Il me semble avoir rencontré récemment cette question : que faire quand les données à (moyen) long terme sont très encourageantes ? J’en retrouve trace dans mon fil Twitter.

Ce sont les 5 graphiques présentés par Max Roser sur le site Our World in Data, Histoire des conditions de vie de l’humanité en 5 graphiques (A history of global living conditions in 5 charts). Ici le graphique décrivant l’évolution sur 200 ans de la population soumise à l’extrême pauvreté.

On peut noter que ce n’est qu’entre 1970 et 1980 que la moitié de la population l’a plus été dans l’extrême pauvreté. La proportion, aujourd’hui’hui, vivant en situation d’extrême pauvreté (SEP) est d’environ 10%. Lorsqu’on regarde la courbe des nombres absolus, on note qu’à partir de 1970, le nombre absolu de personnes en SEP a commencé de diminuer.

Et cela malgré une courbe de croissance qui s’est grandement accélérée. Au cours des 40 années de 1850 à 1890, la population globale s’est accrue d’environ 300 millions de personnes, passant de 1,262 à 1,557 milliard, soit une croissance de 23% sur la période. De 1960 à 1999 la population aura augmenté de 100%, passant de 3,026 à 6,049 milliards de personnes. Et malgré cela, ou peut-être à cause de cela, le taux et le nombre absolu de personnes vivant dans la pauvreté extrême a été réduit drastiquement, passant de plus de 50% avant 1970 à moins de 9% aujourd’hui. Le nombre absolu passant de 2,218 milliards à 705 millions. Bon, c’est encore 700 millions de personnes en SEP mais il faut reconnaitre que pendant que la population doublait, ajoutant 3 milliards d’humains sur terre, la population extrêmement pauvre voyait non seulement sa proportion diminuer mais son nombre absolu fut divisé par trois.

On peut sans doute se dire que tout n’est pas si sombre, que le « progrès » n’a pas seulement conduit la planète au bord de la catastrophe… qu’il a aussi augmenté la littératie, la longévité, diminué l’extrême pauvreté.

Dans le même ordre d’idées, Rosling présentait il y a quelques années plusieurs cartes interactives sur la santé et l’évolution de la population mondiale. Celle-ci décrivant l’espérance de vie depuis 1850.

Mais je reste sceptique, considérant que les courbes tracées sur 200 ans recouvrent justement cette période de développement industriel rapide qui n’a accordé que peu d’attention aux effets qui s’accumulaient dans l’air, l’eau et les terres… Nous arrivons au bout de cette période de développement débridé et tout indique qu’il y aura des régressions (l’espérance de vie diminue aux USA) si des moyens ne sont pas mis en place pour harnacher ces forces qui ont, en effet, permis la croissance globale du niveau de vie et de l’espérance de vie.

Alors que les populismes de droite percent un peu partout, il faudrait dépasser les manifestations de bons sentiments (mouvements Occupy et autres carrés rouges) pour articuler un populisme de gauche apte à établir son hégémonie. Avec Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, j’y reviendrai prochainement.

pubs envahissantes

On s’apprête à illuminer le pont Jacques-Cartier pour le 375e anniversaire de Montréal, et on accepte que des panneaux publicitaires soient ainsi placés !

L’illumination du pont coûtera près de 40 millions$ et on en parle comme du « projet phare » des fêtes du 375e ! Mais on accepterait de masquer le pont avec de telles publicités !! C’est vrai que le panneau se trouve dans le quartier Centre-Sud…

La publicité dans le métro est devenue envahissante au point de parfois couvrir toutes les surfaces disponibles, wagons, planchers, guichets… Bientôt on nous étampera une pub sur le front comme condition d’entrée dans le métro !

Sur les rues commerciales, les publicités sont parfois agressives au point de défigurer l’environnement. L’exemple ci-bas d’une enseigne écarlate de dimension extravagante montre à quel point certains commerces méprisent les milieux dans lesquels ils s’implantent. N’y a-t-il pas de règles qui limitent la grandeur de telles enseignes ou si c’est seulement les taxes qui s’accroissent en fonction de la surface occupée ?


Encore une fois au royaume de l’inculture, le dollar est roi. Et pourtant, si on imposait des limites d’espace publicitaire, cela n’empêcherait pas la compétition entre les commerces, cela protégerait seulement (un peu) le milieu de vie.

la plume vaillante

J’ai voulu parcourir, plonger dans la richesse des articles publiés par l’ami Jacques et consignés sur son site Les chroniques de Jacques Fournier. J’en ai tiré ces quelques citations et liens vers des articles récents ou historiques.

Bien sûr, nous voudrions tous mourir dans une sérénité relative, mais il semble que l’on ne choisisse pas toujours. [Différentes façons de mourir, 2008]

Sur son implication en tant que rédacteur en chef d’Interaction communautaire.

Mon premier texte dans Interaction figure dans le numéro 3, en novembre 1987. Je suis devenu membre du comité de lecture au numéro 5, en février 1988. Ma première chronique du lièvre a été publiée dans le numéro 6 et s’intitulait « Encyclique de Jean-Paul III à toutes les femmes des CLSC », une parodie de Jean-Paul Belleau, le héros du populaire téléroman de Lise Payette, « Les dames de cœur ». (…) J’aurai donc eu la chance et l’immense plaisir d’être rédacteur en chef de 1988 (numéro 6) à 2007 (numéro 75), soit 19 ans.

D’où vient le nom de chronique du lièvre? C’est le totem scout qui m’a été donné à l’âge de douze ans. Le totem comprend un animal, qui nous décrit, et une qualité… à acquérir. J’étais le « lièvre réfléchi ». Ai-je enfin acquis cette qualité après 48 ans d’efforts? [La petite histoire d’Interaction communautaire, 2008]

Sur la militance, l’engagement des ainés… et des autres.

On entend parfois des bénévoles ou des militants (souverainistes, sociaux-démocrates, féministes, écologistes, altermondialistes, pacifistes, etc.) nous dire : j’en fais trop, cela n’a pas d’allure, je suis épuisé. Réfléchissons ensemble sur des moyens concrets pour éviter cela. (…) Si on veut militer longtemps, avec ténacité, et avec quelques succès, qu’il faut chercher, à tâtons et dans le doute constant, à concilier la capacité d’agir dans l’immédiat et dans le long terme. [Comment militer sans s’épuiser, 2010]

Depuis que je suis à la retraite, je participe davantage à des manifestations : contre la taxe santé uniforme de 200 $ (budget Bachand), contre la privatisation des ressources publiques d’hébergement, pour la défense de la langue française, pour une réforme du mode de scrutin (scrutin proportionnel), pour la fin de l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël, etc. Les bonnes causes ne manquent pas. [Est-il encore utile d’aller manifester?, 2011]

Amant des mots, des femmes et de la vie

Les billets les plus attendus et appréciés étaient sans doute ses Chroniques de la Saint-Valentin où Jacques savait tisser humour, philosophie et poésie. Il a lui-même rassemblé 16 de ces chroniques dans Seize chroniques de la Saint-Valentin. De 1994 à 2009, ces billets sont parus dans Le Devoir, La Presse ou Interaction communautaire. Ils ont été rassemblés en un document PDF unique pour plus de facilité de lecture. Jacques avait donné une valeur supplémentaire à la Saint-Valentin pour tous les lecteurs d’Interaction communautaire ! D’autres chroniques se sont ajoutées depuis 2009, notamment Saint-Valentin 2014 – La farandole des jeunes amours.

Horace a écrit ceci : il faut vivre heureux et, le temps venu, quitter la vie comme un convive rassasié quitte un banquet. [La mort : la fin d’un banquet ?, 2011]

Des réflexions philosophiques, sur la mort, l’engagement, la beauté, le bon, le bonheur, l’amour, la liberté… parfois à partir d’un geste (comme d’aller revoir pour les remercier deux professeurs, 45 ans plus tard) ou encore d’une conférence, lecture ou colloque.

Et à ces billets d’humeur et d’humour se sont ajoutés des dizaines de billets de critique et de suivi des projets de réforme et des transformations du réseau de la santé, des services aux ainés…

Et aussi, au coeur de plusieurs écritures et engagements, la question nationale.

De 2010 à 2016, exactement 200 articles et billets ont été consignés sur son blogue « Les Chroniques de Jacques », souvent après avoir été publiés ailleurs. La plupart des articles publiés durant ses 19 années à la barre d’Interaction communautaire n’y sont pas. Ce sont certainement plusieurs centaines de billets qui s’ajouteraient ! Ici un billet (2008) publié à l’occasion du 20e anniversaire du RQIIAC qui résume bien le rôle qu’il voyait pour ce bulletin  Interaction communautaire, un outil pour notre communauté de pratiques.

Nous n’avons pas fini d’explorer et de mesurer la richesse et la profondeur du matériau que nous a légué de sa plume vaillante ce grand humaniste. Merci Jacques.

adieu camarade

lievreJe viens d’apprendre le décès de  Jacques Fournier, cet infatigable motivateur, écrivain et poète, avec qui j’ai eu le plaisir de diriger le bulletin des organisateurs communautaires « Interaction communautaire » pendant une vingtaine d’années. C’est un choc, je n’en reviens tout simplement pas.

Sa Chronique du Lièvre aura éclairé et réjoui par son humour le réseau des organisateurs pendant des décennies. Depuis qu’il était à la retraite il s’était engagé (entre autre) à l’AQDR pour coordonner la publication de différents bulletins informant sur les droits des retraités. Son dernier message, reçu le 31 octobre, annonçait le dernier AQDR Express, numéro 112. Il écrivait aussi régulièrement dans L’Aut’journal.

On peut encore retrouver plusieurs de ses chroniques et articles des dernières années sur son blogue www.chronijacques.qc.ca

Mes plus sincères condoléances vont à Hélène, sa conjointe, à ses filles et gendres, et ses petits enfants qu’il chérissait.

Nous garderons le souvenir d’un homme dévoué, d’une probité exemplaire.

En réponse aux assaults imbéciles des derniers jours contre de petits commerçants du quartier… Un logo, des macarons (à venir).

Message Twitter d’origine diffusé par la SDC Hochelaga-Maisonneuve :

T’aurais pu organiser des campagnes de boycottage contre des multinationales […] Mais non. T’as préféré attaquer un salon de coiffure.

les USA dans le monde

Cet appel lancé au président-élu Trump par deux hommes politiques américains chevronnés –  William S. Cohen, ancien secrétaire à la défense républicain et Gary Hart, ancien sénateur démocrate : Don’t Retreat into Fortress America – nous rappelle à quel point la présence militaire américaine a conditionné l’équilibre international et façonné ses institutions depuis 70 ans.

http://www.nytimes.com/2016/11/22/opinion/dont-retreat-into-fortress-america.html

via Instapaper

Virtually the entire world has signed the Paris accord. Unilateral abrogation would be a huge blow to the United States’ international credibility.

Truman, Marshall, Acheson and Eisenhower, through their belief in having the strongest military in the world to back a focused and creative diplomacy, put America in a position to lead the world for 70 years. Will Mr. Trump cede that responsibility to Moscow, Beijing or Tehran?

Wise leaders such as Truman, Eisenhower, Marshall and Acheson constructed a temple in which freedom could thrive and economies could prosper. The interior of the temple may be in need of renovation, but Mr. Trump should not pull apart its central pillars and bring it crashing down.
[Don’t Retreat into Fortress America]

Ces auteurs reconnaissent que « la maison a besoin de rénovation », mais implorent de ne pas affaiblir les murs porteurs au risque de voir la maison s’effondrer. Ils avouent cependant que Trump « a un point, là » lorsque celui-ci demande aux membres de l’OTAN de mieux contribuer au financement de l’effort.

Si les responsabilités financières à l’endroit de l’OTAN doivent être rediscutées, le rôle et les fonctions de l’alliance militaire devraient aussi être redéfinis, précisés et adaptés au contexte actuel. Les menaces des « puissances ennemies » ne sont pas disparues mais elles ne sont plus ce qu’elles étaient au creux de la guerre froide. Les menaces diffuses du terrorisme et celles, moins visibles encore, des pirates et trafiquants de réfugiés et d’expulsés. Menaces-prédations que des conglomérats privés exercent sur les ressources communes à l’humanité (haute-mer, air, glaces). Des menaces qui exigent de nouvelles formes de protection.

Thomas Piketty, dans le journal Le Monde, Pour une autre mondialisation((Aussi dans LThe Guardian : We must rethink globalization, or Trumpism will prevail)),  affirme

[I]l faut arrêter de signer des accords internationaux réduisant des droits de douanes et autres barrières commerciales sans inclure dans le même traité, et dès les premiers chapitres, des règles chiffrées et contraignantes permettant de lutter contre le dumping fiscal et climatique,

Ce qui l’amène à déclarer franchement :

[L]e CETA est un traité d’un autre temps et doit être rejeté. Il s’agit d’un traité étroitement commercial, ne contenant aucune mesure contraignante sur le plan fiscal ou climatique.

Piketty n’est pas contre les accords commerciaux mais plutôt contre ceux qui ne font qu’abaisser les barrières à l’appropriation et aux échanges privés sans que soient protégées les ressources communes et publiques sans lesquelles il n’y a pas d’enrichissement privé.

L’accord Canada-Europe devrait innover et intégrer les dimensions fiscales et environnementales et ainsi participer de la mise en oeuvre des ententes conclues entre les États pour réduire les déchets, pollutions et évasions qui mettent en danger les équilibres écologiques et politiques de la planète.

À mon avis l’isolationnisme américain ne peut être contré que par une collaboration accrue des « puissances moyennes » et petites… Si le gorille de 800 livres veut remettre en question les règles et institutions du vivre ensemble, autant en profiter pour pousser les réformes devenues nécessaires.

P.S. (16.11.23) L’article du Foreign Affairs appelle à ne pas défaire le cadre international avant d’en avoir mis un autre en place : TPP, R.I.P. ?

après-midi d’automne à Val-David

Quelques images d’une courte randonnée dans le « parc régional ». La lumière, la chaleur… Une des dernières journées chaudes de l’automne, sans doute. Les couleurs vives n’étaient plus là mais ça mettait en valeur les textures.

Val-David 2016[Album sur Flickr]

dérives démocratiques

Oui, je sais, vous commencez à en avoir assez d’entendre parler de l’élection américaine… Je ne prétendrai pas avancer beaucoup de choses nouvelles, peut-être seulement rassembler ici quelques analyses marquantes de la dernière semaine.

Il faut croire qu’avec des élections fédérales à tous les deux ans, qui sont une fois sur deux présidentielles avec une campagne s’étirant sur plus d’un an… les Américains aussi en ont assez des élections : les taux de participation n’ont été, depuis 1972, que de 50 à 55% de la population en âge de voter.

Quelques 133 millions de votants pour une population en âge de 215 millions, soit 53% (en date du 10 novembre 2016) pour l’élection du 8 novembre dernier. À peine plus de la moitié de la population américaine s’est exprimée, divisée en deux portions quasi égales. Ce qui fait que le nouveau président est élu par 25 % de la population.

Les grands médias et maisons de sondage ont été choqués par les résultats : tous ou presque prévoyaient une victoire démocrate. Les vieux campagnards blancs n’aiment pas répondre aux sondages téléphoniques !

Michael Moore avait prévu le coup, dès juillet, dans un billet traduit ici par le Huffington Post français : Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner. La première de ces raisons est le poids de la région des Grands lacs, une région que Moore connait bien. Le « Rust Belt » a exprimé une insatisfaction accumulée depuis des décennies de mondialisation et délocalisation. La deuxième raison : Le dernier tour de piste des Hommes blancs en colère. Michael Moore interprète ainsi le sentiment de ces derniers :

« Après avoir passé huit ans à nous faire donner des ordres par un homme noir, il faudrait maintenant qu’une femme nous mène par le bout du nez? Et après? Il y aura un couple gai à la Maison-Blanche pour les huit années suivantes? Des transgenres? Vous voyez bien où tout cela mène. Bientôt, les animaux auront les mêmes droits que les humains et le pays sera dirigé par un hamster. Assez, c’est assez! »

Les 3 autres raisons ont trait à la candidature problématique de Hillary Clinton, au désabusement des partisans de Bernie Sanders et à ce qu’il appelle l’effet Jesse Ventura, du nom d’un lutteur professionnel devenu gouverneur du Minnesota en 1998.

« Le Minnesota est l’un des États les plus intelligents du pays, et ses citoyens ont un sens de l’humour assez particulier. Ils n’ont pas élu Jesse Ventura parce qu’ils étaient stupides et croyaient que cet homme était un intellectuel destiné aux plus hautes fonctions politiques. Ils l’ont fait parce qu’ils le pouvaient. Élire Ventura a été leur manière de se moquer d’un système malade. La même chose risque de se produire avec Trump. »

Si les électeurs de Trump voulaient envoyer quelqu’un d’extérieur à la bureaucratie de Washington, comme ils l’ont souvent répété, je ne crois pas qu’ils l’aient fait avec humour…

Make America White Again. Blanche, hétéro, simple… C’est à un retour aux années ’50, à l’Amérique d’avant les droits civiques que certains électeurs voudraient revenir.

Des 5 raisons énumérées par Moore pour expliquer la victoire de Trump, c’est la seconde qui est la plus difficile à comprendre, à avaler. Et c’est probablement la plus importante.

Doug Saunders, journaliste au Globe and Mail, parle de l’émergence d’un extrémisme blanc.((WHITEWASHED : The real reason Donald Trump got elected? We have a white extremism problem, 12 novembre 2016, The Globe and Mail)) Un radicalisme réactionnaire qui n’osait pas, jusqu’ici, s’exprimer ouvertement mais que les attitudes et discours de Trump ont « normalisé ».

resultats-trumpQuelques chiffres valent la peine d’être repris ici. 72 pourcent des électeurs de Trump considèrent que la vie était meilleure dans les années ’50. À l’inverse, 70 pourcent des électeurs de Clinton considèrent que les choses se sont améliorées. 90 pourcent des électeurs de Trump sont blancs. 62 pourcent des électeurs en provenance de petites villes et du monde rural ont voté pour Trump alors que 59 pourcent des électeurs des villes de 50 000 habitants ou plus ont voté pour Clinton.

Ce qui est remarquable: ce ne sont pas les problèmes économiques qui ont poussé les gens vers Trump, ni même les problèmes causés par l’immigration : les électeurs de Trump vivent dans des régions peu touchées par l’immigration et connaissent des taux de chômage moindre que les régions démocrates. Selon Saunders, il s’agit d’une fierté ethnique blessée, s’ajoutant souvent à une virilité froissée, plutôt que des problèmes strictement économiques. Aussi les solutions économiques à la crise que vit la classe ouvrière blanche postindustrielle ne règleront pas en elles-mêmes la crise de radicalisation basée plus sur des perceptions que la réalité.

Bien sur si la mondialisation et son cortège de délocalisations n’avaient pas été d’abord réalisés au profit de la petite minorité (le 1%) de plus en plus riche, les perceptions, les craintes et l’ouverture au changement seraient sans doute différentes. Suivant Naomi Klein, qui publiait son analyse (( It was the Democrats’ embrace of neoliberalism that won it for Trump, 9 novembre 2016, The Guardian.)) dans The Guardian le lendemain de l’élection, c’est parce que le programme de Clinton était, pour l’essentiel, néolibéral qu’elle n’a pu vaincre Trump : au message de ce dernier « All is hell » elle répondait « All is well ». Selon Klein, seule une large coalition de gauche, avec un véritable programme de redistribution de la richesse, permettrait de freiner les tendances néo-fascistes.

Je ne suis pas de ceux qui baissent les bras, mais ce recul annoncé (politiques environnementales, sociales, internationales) du leader américain a de quoi ébranler. Il faut croire que le « progrès » n’avance pas en droite ligne, et que des reculs sont parfois inévitables. Notamment pour aller chercher, rejoindre des groupes qui ne sont pas « sur la même page » et ne voient pas, entre autre, « la diversité » comme une valeur en soi. Un recul alors qu’il aurait fallu accélérer les changements, les réformes, la transformation de nos modes de production et de consommation. Mais les changements qu’il faudra engager sont tellement importants qu’ils ne se décrètent pas d’en haut, ils devront mobiliser la participation active, volontaire de (presque) tous.

Sans tomber dans l’auto-flagellation, il reste que le questionnement soulevé par l’incapacité des grands médias (et partis) à voir venir ce résultat a quelques chose de sain. Comme disait Saunders, il faudra « find a way to reach 60 million radicalized white people and find words that can bring them back to earth. » (Trouver moyen de rejoindre 60 millions de blancs radicalisés et trouver les mots pour les ramener sur terre).

Pour terminer sur une note humoristique, je vous suggère de regarder ce petit vidéo de 6 minutes par Jonathan Pie qui explique, avec beaucoup de “saveur” et quelques jurons, les raisons de la défaite de Clinton. On peut rendre beaucoup de monde responsable du résultat de l’élection, mais l’impossibilité de débattre, le fait que les gens plus cultivés, instruits ne débattent plus avec les autres, autrement que pour les ridiculiser… Et Clinton, vraiment ?, qu’ont bien pu penser les démocrates !?

https://youtu.be/S8gyNRqIp5U

 

 

qui est responsable ?

Un fameux coup de gueule ! En anglais, mais ça vaut la peine.
On peut rendre beaucoup de monde responsable du résultat de l’élection, mais l’impossibilité de débattre, le fait que les gens plus cultivés, instruits ne débattent plus avec les autres, autrement que pour les ridiculiser…
https://youtu.be/S8gyNRqIp5U