Gilles en vrac… depuis 2002

en marge du colloque du RQIIAC

Je suis responsable de l’Observatoire populationnel du CSSS Lucille-Teasdale depuis 18 mois… Est-ce que je fais encore de l’organisation communautaire ?

Certains seront prompts à me dire que : Non ! Ce que je fais c’est un job d’agent de planification et de recherche.

Pour ma part je suis (encore) enclin à prétendre que oui, puisqu’une bonne partie de ma «clientèle» est constituée d’organismes communautaires, de tables de concertations à qui j’apporte ce que j’ai toujours fait : des données leur permettant de réfléchir leur orientation, de comprendre les besoins de la population, de défendre, argumenter leurs projets.

Naturellement, c’est une «spécialisation» – ou une partie de la tâche traditionnelle d’organisation communautaire. Je peux très bien imaginer une personne formée en sociologie ou en santé publique faire ce travail. Mais il pourrait y manquer une sensibilité, une compréhension de la dynamique sociale locale que 30 années de pratiques terrain m’ont permis d’accumuler et qui colorent sans doute à la fois ma disponibilité aux demandes externes et mon rôle conseil / analyste à l’égard des programmes internes.

On peut décrier, avec raison, le fait que certaines institutions ont transformé des postes d’OC en agents de planification. Mais on peut comprendre le besoin urgent de ces nouvelles institutions avec «responsabilité populationnelle» d’avoir une capacité d’analyse locale des populations et besoins. On peut même souhaiter que ces besoins d’information et de liaison aux communautés locales soient remplis par des organisateurs communautaires, pour peu que ces derniers acceptent la légitimité même de l’institution CSSS et reconnaissent la pertinence de ce mandat populationnel.

La responsabilité populationnelle, l’animation des réseaux locaux de services, la responsabilité locale de santé publique (y compris sa reconnaissance de l’importance du développement des communautés) sont des occasions, des opportunités de faire valoir le rôle d’homme-frontière, de passeur de l’organisateur communautaire. Un rôle parfois inconfortable, pris entre l’arbre et l’écorce dans le nouveau contexte institutionnel… mais cela n’a-t-il pas toujours été le cas ?

Je vais dire quelque chose de « sacrilège » aux oreilles de certains : j’aime bien mon CSSS ! J’apprécie les réels efforts qui ont été (et sont) faits pour articuler la démarche des projets cliniques aux ressources et réseaux des communautés locales; j’apprécie la qualité des échanges que la nouvelle équipe d’organisation communautaire (plus nombreuse) a permis; je constate que le « rapport de force » entre l’institution locale et les hôpitaux généraux et spécialisés, les centres jeunesse et centres de réadaptation… sont maintenant un peu plus égalitaires. L’enjeu d’une articulation intelligente avec le réseau de médecine de première ligne n’est pas encore gagné cependant. Mais les CSSS sont probablement mieux outillés pour ce défi que les CLSC l’étaient…

Que sera le RQIIAC dans 10 ans ? Une sous-section de la corpo des travailleurs sociaux ? En suivant les orientation du rapport Trudeau, on serait porté à le croire… À moins que le RQIIAC ne soit devenu le ROCADS [ce serait plus facile à prononcer ! ] pour  Regroupement d’organisateurs communautaires et d’agents de développement social ! Après tout, ce n’est pas une religion, ni un parti politique (surtout pas) que nous avons fondé il y a vingt ans: c’est un espace d’échanges, un forum permettant de soutenir la réflexion sur les enjeux et les conditions du développement social et communautaire. Ces enjeux et conditions ont changé… ergo


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