le goût du sang ?

Les « durs au crime »… pourquoi ? Ian Brown tente de répondre à la question du Pourquoi les électeurs semblent touchés, pour ne pas dire attirés par les politiques (et promesses) de répression du crime conservatrices alors que les taux sont à la baisse depuis plus de 10 ans et que toutes les études démontrent que de telles politiques n’ont pas d’effets positifs ni sur les taux de criminalité ni sur les récidives. Plus de dépenses pour les prisons, alors qu’on promet des réductions drastiques budgétaires… ça veut dire que la répression représentera une portion encore plus importante des dépenses gouvernementales.

Les chiffres « objectifs », la vérité, en fait, n’ont pas grand chose à voir avec les opinions professées par les électeurs. Lehrer, dans son blogue Frontal Cortex, rappelait, en juillet dernier, à quel point les gens sont biaisés dans leurs choix politiques :

We cling to mistaken beliefs and ignore salient facts. We cherry-pick our information and vote for people based on an inexplicable stew of superficial hunches, stubborn ideologies and cultural trends. From the perspective of the human brain, it’s a miracle that democracy works at all. Political Dissonance

En songeant au débat enragé qui a eu cours ces derniers jours dans la presse et l’opinion québécoises à propos de l’apparition appréhendée (qui n’aura finalement pas lieu, le principal intéressé ayant décidé de se retirer) du chanteur Bertrand Cantat dans une pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, je me demande s’il n’y a pas de ce désir profondément revanchard, celui qui souhaiterait rouler « les méchants » dans le goudron et la plume, parce que la justice officielle est réputée trop molle… ou encore parce que ça fait simplement du bien de pouvoir tirer sur de vrais méchants, de se sentir du bon côté.

Et il n’y a pas que les méchants contre lesquels les conservateurs titillent les sentiments primaires des électeurs… les intellectuels, les universitaires… Quand les conservateurs ont rendu les libérations sur parole plus difficiles, ou prolongé les sentences de prison, à des coûts très importants (10 G$ sur 5 ans dans ce dernier cas) tous les experts en la matière, criminologues, sociologues, défenseurs des droits humains… ont dénoncés ces mesures comme contre-productives du point de vue de la réduction de la criminalité. Mais cette même levée de bouclier des experts a servi les conservateurs, comme l’avouait un ancien chef de cabinet de Harper, lors d’une conférence à McGill en 2009 : « every time we proposed amendments to the Criminal Code, sociologists, criminologists, defence lawyers and Liberals attacked us for proposing measures that the evidence apparently showed did not work. Politically it helped us tremendously to be attacked by this coalition of university types. » Je souligne. N’était-ce pas exactement la même stratégie qu’utilisait ce gouvernement en décidant d’éliminer le recensement long ?

partis fédéraux bolchéviques ?

On croirait entendre les bolchéviques (majoritaires) russes dénoncer les menchéviques (minoritaires) ! Il faut élire une majorité, libérale ou conservatrice, sans quoi, c’est la catastrophe, la fin du monde ! Mais comment font-ils, ces Allemands, Suédois, Irlandais, Britanniques, Néo-Zélandais… qui gouvernent sans majorité ? Ils ont des gouvernements de coalition. La tendance à la différenciation entre groupes sociaux est une tendance profonde des sociétés depuis des décennies. Et cela se reflète sur la difficulté accrue des systèmes parlementaires non proportionnels à obtenir la majorité « normale » dans ces systèmes. Il serait peut-être temps que le nôtre, de système, évolue lui aussi vers une prise en compte plus souple et subtile des tendances de la société.

Et que les canadiens hors Québec arrêtent de démoniser le Bloc Québécois ! Si le Bloc a déjà pu agir, de manière responsable si mon souvenir est bon, en tant qu’opposition officielle du gouvernement de Sa Majesté, pourquoi ne pourrait-il être un membre ou un allié responsable d’un gouvernement de coalition ? Il sera toujours minoritaire, non ? Et le pouvoir qu’il aurait en tant qu’allié ou partie prenante d’un tel gouvernement ne serait, somme toute, pas très différent de celui qu’il a eu durant les gouvernements minoritaires des dernières années : celui de dire Non, et de défaire le gouvernement.

Comment peut-on accuser le Bloc d’être, essentiellement, un parti sécessionniste ? Continuer la lecture de « partis fédéraux bolchéviques ? »

la police en direct avec bande-son électro

On peut écouter les villes de Montréal, Chicago, New York… : la bande-radio de la police de ces villes, en direct, associée à des sons d’ambiance en provenance de Soundcloud.

Émile Thomas, de Spacing Montréal, en devient poétique !

Le mix aléatoire de musique suscite une gamme d’émotions.
À certains moments, les pistes sélectionnées ourdissent, presque de concert, la trame sonore d’un Montréal pré-, intra-, et post-apocalyptique.
De temps en temps, elles révèlent l’existence d’un néant qui guette la ville.
Et en certains cas, elles réchauffent le cœur. La ville se transforme en couette d’hiver et enveloppe l’âme; on peut la sentir partout.

Je ne connaissais pas ce Soundcloud… J’y retournerai sûrement. Mais pour la bande-police, j’imagine que ça devait être pas mal plus animé le soir de la « manif contre la police » !

maîtres d’hier et d’aujourd’hui

Alan Greenspan, l’ancien grand patron de la Réserve fédérale américaine de 1987 à 2006, publie un assez long article (18 pages) intitulé Activism (pdf). Paul Krugman ne semble pas d’accord.

If he wants to redeem himself through hard and serious reflection about how he got it so wrong, fine — and I’d be interested in listening. If he thinks he can still lecture us from his pedestal of wisdom, he’s wasting our time.

les vrais réseaux sociaux sont complexes

Cette présentation de Paul Adams, auteur de Social Circles, résume bien les limites des logiciels de réseautage actuels : un seul réseau d’amis… alors que dans la réalité chacun d’entre nous gère plusieurs réseaux qui ne communiquent le plus souvent qu’à travers nous : famille, amis du travail, amis de longue date, amis de telle région… Il semble que Google s’apprête à lancer quelque chose qui pourrait respecter ce type de discrimination entre les réseaux. Sera-ce assez pour détrôner Facebook ? Ou si cela incitera plutôt FB à amender son fonctionnement ?

Cette nouvelle me parvenait de cet article sur ReadWriteWeb. Un extrait :

School and work, friends and family, the sacred and the profane; we’ve always been able to communicate different things to different people in different circumstances. Facebook, Twitter and other online social networks have collapsed all those contexts into one big bucket. We speak to our « friends » all at once, no matter what we might want to say to one group of people or another. And thus we often feel less comfortable than we might saying anything at all.

Incidemment, l’auteur de la présentation (The real-life social network) travaille maintenant pour Facebook. Si Adams a quitté Google pour FB, peu après la publication de cette présentation, on peut comprendre la réticence de Google (suivant les derniers ajouts à l’article de RWW) à annoncer ses intentions…

planification stratégique et OBNL

La revue en ligne blue avocado publie une série d’articles d’intérêt à propos de la planification stratégique dans le contexte des organisations à but non lucratif (non-profit). Un premier article, Strategic Planning: Failures and Alternatives, paru en février dernier, est suivi d’une deuxième partie par la même auteure, Alternatives to Strategic Planning, et d’une réplique au premier article, In Defense of Strategic Planning: A Rebuttal, tous deux publiés cette semaine.

Des ressources en français sur cette question et d’autres, incidentes : la boîte à outils sur la Gouvernance démocratique (PDF) du CSMOESAC; la planification stratégique des municipalités; les outils du Centre St-Pierre; les guides de Villes et villages en santé, le Tableau de bord des communautés de l’Estrie

masculinité éprouvée

Une réflexion amorcée aux alentours du 8 mars, mais dont j’ai retardé la publication parce que je ne voulais pas que mon titre soit interprété comme le refrain de l’homme « opprimé »… loin de là. Je plaide plutôt pour le retour d’une masculinité éprouvée au cours des centaines de millénaires de l’évolution d’homo sapiens.

Un autre livre, écrit par une femme, décrivant la difficile adaptation des hommes à la montée des femmes vers l’égalité de statut, vers l’autonomie financière… Entrevue dans TG&M; article dans le WSJ.

Mais pourtant, ce statut social de pourvoyeur, de protecteur, de « supérieur »… ne s’est imposé que depuis la sédentarisation des humains… depuis que le développement de l’agriculture et l’élevage ont permis à l’homme de s’émanciper de l’incertitude de la chasse. Le mode de production de type « chasseur-cueilleur » avait dominé le développement de la culture et du phénotype humain pendant la plus grande partie de son émergence, soient des centaines de milliers d’années, pendant lesquelles les femmes avaient un apport aussi important (sinon plus) que les hommes à la survie de la famille, du clan. Comme je le disais, en terminant la lecture de Mothers and Others,

Les hommes (humains) ne seraient pas devenus ce qu’ils sont sans avoir partagé la charge (et le plaisir) des soins à apporter aux enfants. Un partage entre femmes de générations différentes (grand-mères, sœurs, filles) et entre hommes et femmes… Cela durant une période de temps beaucoup plus longue (dix fois, cent fois plus longue) que celle, récente, qui a vu la famille nucléaire et la filiation paternelle circonscrire à la fois le rôle des femmes et le milieu formateur et de support (Mothers and others) sur lequel les jeunes enfants peuvent compter.

Depuis quelques milliers d’années les sociétés humaines se sont sédentarisées, urbanisées, industrialisées… Continuer la lecture de « masculinité éprouvée »