OC, ACA, SNOC et Twitter

Je ne suis pas encore très « twitter »…  j’oublie trop souvent d’insérer des -clés (#hashtags) qui sont dans l’écosystème Twitter aussi importants que les hyperliens sur le web. C’est vrai que la limite de 140 caractères est parfois serrée… Ainsi j’ai dû reformuler ma phrase pour remplacer par « liant » le « pointant vers » d’abord écrit. J’arrivais ainsi à 139 caractères. J’aurais encore pu ajouter un # juste avant le mot … twit-favreau

Incidemment, le RQIIAC (regroupement d’organisateurs et organisatrices communautaires en CSSS – qui doit bientôt changer de nom) célèbre sa SNOCsemaine nationale de l’organisation communautaire… en CSSS. Je sais bien, pour avoir pratiqué cette profession dans ce réseau pendant 36 ans, que les organisateurs ont intérêt à mieux se faire connaître, se mettre en lumière, eux qui sont souvent derrière les caméras et projecteurs (en appui aux organisations communautaires) plutôt que devant.

Je sais bien, mais j’ai aussi toujours pensé que l’organisation communautaire en CSSS aurait pu se servir de son statut professionnel et son réseau institutionnel pour faire connaitre les réseaux d’organisation et de services communautaires — qui en ont eux aussi bien besoin — dans le cadre d’une (vraie) semaine de l’organisation communautaire… tout court. Cela n’aurait pas empêché les OC de CSSS de s’inscrire dans une telle semaine. Mais bon, c’est comme ça. Bonne SNOC quand même !

Car s’il faut en croire les récents échanges sur la liste des organisateurs, les postes et pratiques d’organisation communautaire dans le réseau des CSSS font l’objet de remises en question parfois radicales. « Faites-moi la preuve que vos postes valent d’être comblés » semble être une fréquente rengaine des administrations locales lors du départ à la retraite d’organisateurs et organisatrices. Mais il ne faudrait pas prendre ces questions de manière « personnelle » ! Si je ne m’abuse, il y a eu des périodes où TOUS les postes libérés étaient soumis à un tel questionnement, quand ils n’étaient pas carrément contraints à la règle bureaucratique du « un remplacement sur deux » !

C’est malheureux que la vidéo produite dans l’Outaouais pour illustrer et défendre la pertinence des postes d’OC n’ait pas pu être prête à temps pour la SNOC… La version « non finale » que j’ai pu voir était bien tournée !

les moyens de l’État

En terminant la lecture de Piketty (voir billet précédent)  je suis « déterminé » à répliquer à tous ceux qui chantent sur tous les tons « l’État n’a plus les moyens de… » que si l’État avait imposé de manière équitable ceux qui possèdent les moyens (capitaux et revenus) il n’aurait pas eu à s’endetter. Que cette dette profite d’abord à ceux qui avaient les moyens de prêter à l’État. Ainsi, ceux qui « ont les moyens » profitent deux fois de cette iniquité : en ne payant pas leur juste part, et en tirant une rente de cette situation.

En moyenne la dette publique représente environ une année de revenu national. Évidemment la situation est différente selon les pays. Mais la moyenne est intéressante en ce qu’elle relativise la question de la dette publique lorsque comparée aux capitaux privés accumulés, qui représentent de 5 à 7 années de revenus nationaux. Ce qui fait dire à Piketty qu’un impôt extraordinaire (unique) de 15% sur cette fortune accumulée permettrait de ramener à zéro cette dette, et de dégager une marge de manoeuvre pour l’intervention publique.

Reste à voir ce qu’on ferait de cette nouvelle capacité d’agir : comment éviter qu’elle serve, simplement, à racheter les votes de certains groupes électoraux ? Une telle capacité d’action renouvelée devrait, dans le contexte actuel, être affectée à la rencontre de défis structuraux tels la transition énergétique, la formation de la main-d’oeuvre de demain, la protection des ressources halieutiques et forestières nécessaires aux générations à venir… Mais avant tout, elle devrait aussi être conjointe à une prise en compte plus complète des capitaux, à l’échèle globale, dans la base de taxation des États. Et pour ce faire il faudra que des ententes internationales soient conclues pour échanger automatiquement l’information concernant la propriété des capitaux et éviter ainsi l’évasion fiscale. Des efforts ont été consentis récemment : FATCA, pour les  États-Unis; ententes d’échange d’information entre États européens (ici, ). Un avantage non négligeable de cette capacité d’imposer équitablement la richesse dans toutes ses formes serait de pouvoir remplacer la taxe foncière, sur laquelle repose encore la santé (ou l’absence de) financière des villes alors que le foncier ne représente que la moitié des richesses en capital.

Paradis fiscaux : la filière canadienneMais le chemin sera long. Comme en témoigne avec éloquence le dossier rassemblé par Denault et al. : Paradis fiscaux : la filière canadienne. Entre le discours officiel et la réalité des règles fiscale il y a parfois un abysse ! C’est pourquoi nous devons refuser, réfuter chaque fois qu’on nous sert la chanson des moyens qui manquent à l’État, en demandant à ces décideurs myopes quels sont les moyens mis en oeuvre pour récupérer les sommes dues et traquer les citoyens sans scrupule ni honneur.

 

capital : évolution 1910-2010

Si ces presque 1000 pages ne rebutent pas le lecteur non spécialiste de la chose économique, c’est que l’auteur sait allier à la rigueur des chiffres, des descriptions littéraires, sociologiques et politiques qui permettent de bien saisir la dynamique des patrimoines depuis trois siècles (en France mais aussi dans de nombreux autres pays) et d’en dégager des leçons pour l’avenir. Contrairement aux travaux de nombreux économistes, Thomas Piketty considère que la science s’enrichit lorsqu’elle fait appel à d’autres disciplines (l’histoire, la sociologie, la littérature, etc.) pour rendre compte de phénomènes aussi complexes que l’histoire du capital, le rôle du patrimoine, la genèse et la permanence des inégalités dans le temps. [extrait du résumé tiré du numéro 72 de Habitat et Société].

Comme je l’ai dit il y a quelques semaines, l’intérêt de ce bouquin réside aussi dans la mise à disponibilité des tableaux, graphiques et sources utilisées. J’en présente ici quelques uns parmi ceux qui m’ont le plus éclairé.

capital-france

L’importance et la composition du capital accumulé (en France) depuis le XVIIIe siècle, mesuré en multiple du revenu national.

La quasi disparition du capital sous forme de terres et son remplacement par le capital-logement. Aussi remarquable la baisse drastique mais temporaire de l’importance du capital accumulé pendant la période 1915-1945.

capital-privé-public

Parler de capital, c’est essentiellement parler de capital privé, car s’il existe un capital public accumulé, il est pratiquement équivalent à la dette publique.

part-capital

Le capital s’accumule grâce aux revenus qu’il génère : redevances, loyers, intérêts qui représentaient entre 15% et 25% du revenu national en 1975 et entre 25% et 35% en 2010. Les revenus du travail représentent les 65% à 75% du revenu national restant.

Décile-revenus

La concentration de la richesse s’est accrue au cours des 3 dernières décennies pour atteindre ou dépasser les sommets d’avant la première guerre mondiale. Les 10% les plus riches reçoivent 35%-45% du revenu national.

patrimoine-inégal

La concentration est encore plus visible lorsqu’on examine la capital accumulé plutôt que le revenu national. Le décile supérieur possède plus de 70% du capital national, aux États-Unis ( 60% en Europe) alors que centile supérieur (le 1% le plus riche) possède autour de 30% du capital accumulé. 

Cette relative baisse par rapport aux sommets de 1910 marque la montée de la classe moyenne patrimoniale, les 40% de la population qui suivent les 10% les plus riches, qui ne possédaient il y a cent ans presque rien (5-10% du capital) et qui possèdent aujourd’hui (dans les pays riches) entre un quart et un tiers du patrimoine national. Les 50% restant, soit la moitié la plus pauvre de la société, sont restés dans la même situation c’est-à-dire qu’ils ne possèdent pratiquement aucun patrimoine.

Alors que le patrimoine hérité était descendu à moins de 50% du patrimoine total en 1970, il atteint près de 70% en 2010, en France, et continuera de croître suivant une logique favorisant la concentration et les rendements plus élevés pour les grands capitaux.

Un prochain billet portera sur les pistes avancées par Piketty : imposer le capital, et non seulement ses revenus. Et ce à l’échèle mondiale.

bien commun et Internet

Un très beau petit vidéo-remix sur l’Internet comme bien commun. Réalisé principalement lors d’un déjeuner sur ce thème auquel participaient plusieurs personnes « qui comptent » : Michel Cartier, un pionnier des TICs; Diane Mercier, responsable des données ouvertes à la Ville de Montréal; Antoine Beaupré, de Koumbit et du Réseau libre Montréal; Alexis Kauffman, fondateur de Framasoft; Monique Chartrand, directrice de Communautique… et beaucoup d’autres.

D’autres biens communs sont en péril : les ressources halieutiques et l’équilibre des milieux marins, l’air pur dans nos villes, l’accès aux berges et aux espaces verts… À l’heure de l’extraction effrénée de ressources rares non renouvelables, pour combler des besoins qui semblent parfois très passagers, la ressource qui me semble la plus essentielle : la conscience de notre finitude et de l’aveuglement de nos comportements et habitudes. La défense de l’Internet comme bien commun permettra-t-elle de rehausser cette conscience ?

en passant

En passant : C’est le nom donné au format particulier de ce billet (il en existe 7-8, comme Discussion, Image, Citation, État, Vidéo, et Par défaut).

bonoboEn passant,  je lis Le bonobo, Dieu et nous – à la recherche de l’humanisme chez les primates, de Frans De Waal, tout en poursuivant ma lecture du Capital au XXIe siècle. C’est plus léger, dans tous les sens du mot.

Et je vais regarder le Super Bowl avec mes petits enfants…

Et je vais commencer la semaine prochaine un projet de photos à la Maison des aînés… où j’espère amener à participer un maximum de résidentes à l’occasion du 10e anniversaire de la Maison.

 

Finalement, en passant, dimanche prochain sera le douzième anniversaire de ce carnet : le 9 février 2002 je publiais un premier billet sur ce carnet. Douze ans, c’est pas de la tarte !

Shift – premier numéro

Une nouvelle revue, Shift, dont l’ambition est de parler honnêtement (et concrètement) des défis posés à l’humanité par les transformations radicales induites par les crises écologiques, économiques et politiques imminentes.

Sans titre-1SHIFT magazine is a volunteer-run non-profit magazine whose focus is on examining our global emergency, and strategies for adapting to the future in store for us as the world rapidly changes. Speaking honestly and compassionately about the converging crises of ecological and economic collapse and peak resources, we aim to deliver not just food for thought, but inspiration to practical action.

capital, patrimoine, privé, public

Capital is back est un document de 900 pages disponible en ligne (en version intégrale ou écourtée – 50 pages) , avec fichiers Excel et graphiques… comparant sur une longue période (de 50 à 300 ans) la composition et l’évolution du capital des principales nations riches (occidentales), par Piketty et Zucman.

Daté de décembre 2013, ce document suit de quelques mois Le capital au XXIe siècle, publié au Seuil en septembre de la même année par Thomas Piketty, professeur à l’École d’économie de Paris et directeur d’études à l’EHESS. Ce dernier document (un pavé-papier de 970 pages) est lui aussi accompagné de ses annexes et des fichiers de référence (données brutes, graphiques et tableaux excel). On retrouve un extrait, ou le sommaire à cette page.

Je ne fais qu’amorcer ma plongée dans cette somme remarquable mais la disponibilité des données et graphiques me pousse à vous en parler immédiatement. L’évolution dans le temps et la comparaison entre régions du monde des revenus de rente, du poids relatif des patrimoines, du rôle de l’inflation dans la répartition des richesses… 

Fruit de quinze ans de recherches, cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur cette question, s’appuie sur des données historiques et comparatives bien plus vastes que tous les travaux antérieurs. Parcourant trois siècles et plus de vingt pays, elle renouvelle entièrement notre compréhension de la dynamique du capitalisme en situant sa contradiction fondamentale dans le rapport entre la croissance économique et le rendement du capital.

Si la diffusion des connaissances apparaît comme la force principale d’égalisation des conditions sur le long terme, à l’heure actuelle, le décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques.

Les grands titres de la table des matières :

Première partie. Revenu et capital
 1. Revenu et production
 2. La croissance: illusions et réalités
Seconde partie. La dynamique du rapport capital/revenu
 3. Les métamorphoses du capital
 4. De la Vieille Europe au Nouveau monde
 5. Le rapport capital/revenu dans le long terme
 6. Le partage capital-travail au 21e siècle
Troisième partie. La structure des inégalités
 7. Inégalités et concentration: premiers repères
 8. Les deux mondes
 9. L’inégalité des revenus du travail
 10. L’inégalité de la propriété du capital
 11. Mérite et héritage dans le long terme
 12. L’inégalité mondiale des patrimoines au 21e siècle
Quatrième partie. Réguler le capital au 21e siècle
 13. Un Etat social pour le 21e siècle
 14. Repenser l’impôt progressif sur le revenu
 15. Un impôt mondial sur le capital
 16. La question de la dette publique