vendredi vrac (10)

Thèmes abordés : Sécurité – Droits sociaux – Santé – Logement-urbanisme – Environnement-climat

Sécurité

Sécurité civile à Terrebonne

La Ville de Terrebonne est heureuse d’annoncer la signature d’un protocole d’entente de collaboration de 5 ans avec l’Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage (AQBRS).

Sécurité urbaine à Québec

14 projets subventionnés en 2024

« Des interventions ont été menées à différents niveaux de prévention (primaire, secondaire et tertiaire) : kiosques d’information et ateliers de sensibilisation en milieu scolaire, travail de proximité auprès des jeunes dans les parcs, ateliers de prévention de la violence chez les jeunes à risque de devenir proxénète, ateliers sur la gestion des conflits offerts aux hommes ayant des antécédents de violence, intervention individuelle auprès de personnes présentant un haut risque de passage à l’acte suicidaire ou homicidaire, intervention en post-hébergement auprès des jeunes à risque ou en situation d’itinérance, etc.

Les projets ont contribué au développement de plusieurs facteurs de protection chez les clientèles desservies : développement d’un groupe de pairs positifs, de compétences en résolution de conflits et en gestion des émotions, engagement dans la collectivité, persévérance dans l’atteinte d’objectifs personnels (retour à l’école, intégration en emploi, maintien en logement), modification de comportements violents envers les autres et envers eux-mêmes, amélioration de l’estime de soi, etc. »

Droits sociaux

Grèves féministes et syndicalisme au Pays Basque

« Les champs professionnel et interprofessionnel ne sont pas isolés l’un de l’autre, mais travaillés ensemble au quotidien : activité permanente vers les petites et moyennes entreprises, élections professionnelles, syndicalisation, tournées des boîtes, luttes locales et négociations, services juridiques, mise en œuvre des orientations stratégiques, alliances avec le mouvement social et associatif (notamment dans le collectif Charte des droits sociaux de Euskal Herria ; mais aussi avec le collectif confédéral d’Action sociale, décliné dans les comarcas, et qui permet aux militant·es de ELA d’allier leur militantisme dans le syndicat et dans le mouvement social), etc. C’est ce que ELA appelle la comarca integral : un outil de mise en œuvre des orientations confédérales, adaptées au niveau du territoire, en concevant le syndicat comme une organisation ouverte sur la société, et non pas enfermée sur le seul lieu de travail. » [PresseGauche]

Québec ami des aînés

Lancement de l’appel de projets pour l’année 2025-2026 – jusqu’au 18 juillet

Pour consulter le guide d’information
(PDF, 545 Ko, 14 pages)
Formulaire – Demande d’aide financière 2025-2026
(PDF, 929 Ko, 17 pages)

Appel de projets 2025-2026 en cours jusqu’au 18 juillet 2025.

Sherbrooke, récipiendaire du Prix pour un Québec sans racisme

Cette reconnaissance souligne la collaboration de toute [la] communauté suscitée par notre toute première campagne de lutte contre le racisme et les discriminations, qui a contribué à poser les fondations d’une collectivité plus inclusive et respectueuse.

St-Jean-sur-Richelieu

Journée d’accueil des nouveaux citoyens issus de l’immigration
Poursuivant ses efforts pour une ville inclusive et attrayante, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a tenu, le 7 juin, sa traditionnelle Journée d’accueil des nouveaux citoyens issus de l’immigration. Organisée en collaboration avec L’ANCRE, l’activité a donné lieu à des rencontres humaines et chaleureuses.

La Mitis – immigration régionale

Pour faciliter l’établissement des personnes qui choisissent de s’installer dans la région, la MRC de La Mitis lance une toute nouvelle série de fiches informatives. Regroupées sous le nom Tout savoir sur La Mitis, ces fiches pratiques abordent des thèmes essentiels à la vie quotidienne : logement, emploi, climat, alimentation, loisirs et découverte du territoire.

Citoyenneté – Beloeil

La Ville de Beloeil est heureuse de dévoiler les deux projets lauréats de son budget participatif 2025, axé sur la thématique « Éducation et citoyenneté ». Les projets des écoles Polybel (Terrain de volleyball de plage : bouger ensemble, en plein air) et Le Tournesol (Classe extérieure : apprendre au grand air pour aérer les esprits) ont été choisis par la population pour bénéficier d’un financement municipal.

Warwick déploie son plan d’action

« On a réuni, dans ce plan d’action qui s’échelonne jusqu’en 2028, notre politique familiale, la démarche Municipalité amie des aînés (MADA) et la reconnaissance Municipalité amie des enfants (MAE). Ensemble, ils forment la base d’un plan d’action cohérent, inclusif et mobilisateur »

Itinérance – Montréal

Montréal cible le secteur MIL Montréal pour y implanter un projet d’habitations modulaires avec accompagnement

Intervention sociale innovante – Quartier des spectacles

Plus de 3,5 M$ pour une cohabitation harmonieuse au coeur d’un Quartier des spectacles vivant et humain

  • La Ville de Montréal investit près de 1,3 million de dollars pour financer une brigade de première ligne en intervention psychosociale dont la mission sera axée sur la prévention et l’établissement de liens de confiance avec les personnes en situation d’itinérance.
  • Les partenaires du pôle Place des Arts du Quartier des spectacles, la Place des Arts, le Complexe Desjardins, l’Université du Québec à Montréal, le Carré Saint-Laurent, la Maison du développement durable et le Palais des congrès investissent 1,2 million de dollars pour soutenir les services, y compris les loyers et l’accès à Internet, en plus de coordonner avec des partenaires privés une brigade mixte combinant intervenants sociaux et agents de sécurité.
  • Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale injecte plus de 1 million de dollars pour déployer une équipe d’intervention de jour, renforçant ainsi la continuité et la qualité des services sur le terrain.
  • Cette initiative vise à assurer la mise en oeuvre de la mesure 3.1.2.2 de Mobiliser. Accompagner. Participer., le plan d’action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale pour 2024-2029.
  • La Société de développement social assurera la mise en oeuvre des actions sur le terrain en collaboration avec les milieux

En lire plus…

OPHQ – À part entière

Neuvième édition du Prix À part entière : l’Office des personnes handicapées du Québec dévoile le nom des finalistes

Montmagny – un plan d’action

La réalisation de ce plan s’effectuera grâce à des consultations citoyennes, à des échanges avec des organismes clés du milieu et au soutien de l’Office des personnes handicapées. Cette démarche permettra d’assurer que les données et informations recueillies soient les plus probantes et adaptées aux réalités du terrain. Le plan d’action permettra d’identifier les barrières existantes, qu’elles soient physiques, communicationnelles ou sociales par exemple, et de mettre en œuvre des mesures spécifiques pour les surmonter.

La Ville de Saint-Lin-Laurentides

Est fière d’annoncer le début des travaux visant à se doter d’une politique MADA-Famille (Municipalité amie des aînés et des familles), une démarche essentielle pour bâtir un milieu de vie inclusif, adapté et tourné vers l’avenir.

Services d’urgence

Services préhospitaliers d’urgence : Québec agit sur trois fronts Plus d’ambulances, plus de premiers répondants, plus de défibrillateurs. Voir aussi sur R-C, Québec décaisse 36M$.

Voisinage

La ville de North Kansas City rembourse les dépenses pour que les voisins se rencontrent !

This City Will Pay You to Meet Your Neighbors
A North Kansas City grant program offers up to $400 for residents to throw neighborhood block parties.

Santé

Beauharnois – santé mentale

La Ville encourage le groupe d’entraide Le Dahlia pour un projet novateur en santé mentale.
La Ville de Beauharnois est fière d’annoncer la conclusion d’une entente de partenariat avec le Groupe d’entraide et milieu de vie en santé mentale Le Dahlia afin de soutenir le développement du projet de balado « Jugement sur le divan », une initiative locale visant à sensibiliser la population aux enjeux de santé mentale.

Le paiement à la performance en santé

Le Devoir, 9 juin – Ce modèle exige des bases solides : un climat de confiance, une vision partagée, des indicateurs robustes, un suivi rigoureux et une gouvernance transparente. Or, le Québec d’aujourd’hui n’offre aucun de ces prérequis. Le réseau est désorganisé, les tensions sont vives entre Québec et les fédérations médicales, et la rémunération médicale reste un terrain glissant où politique et gestion se confondent.

Formation en médecine familiale en région

Le gouvernement veut soutenir l’Université du Québec dans la définition d’un nouveau programme de formation axé sur la médecine familiale. En échange du financement, l’établissement devra préciser au gouvernement comment ce programme pourrait être offert en collaboration et en complémentarité avec les facultés existantes dans toutes les régions du Québec, particulièrement celles qui ne sont pas servies par les campus délocalisés.

Aménagement – logement – urbanisme

Les propriétaires au pouvoir (Pivot)

Gabrielle Brassard-Lecours et Isaac Peltz

La recherche d’IRIS critiquant la théorie de l’effet de cascade : Le filtrage comme mirage de solution à la crise du logement : analyse des limites de ses effets. Le Devoir en a tiré un court article : La construction massive n’est pas suffisante pour régler la crise du logement.

Logement – Gatineau

Le Comité-choc en logement de la Ville de Gatineau dresse un bilan fort positif pour la dernière année : le nombre de projets de logement hors marché a augmenté de 320 % entre 2022-2023 et 2024-2025, totalisant plus de 1300 unités livrées, ou en voie de l’être, depuis sa création.

Sherbrooke – logements

Des centaines de logements sur la voie rapide

La Ville de Sherbrooke utilise les pouvoirs que lui accorde la Loi 31 afin d’autoriser deux projets d’habitation totalisant un minimum de 500 nouveaux logements sur son territoire.

Le conseil municipal a donné son accord pour l’implantation d’un projet de trois habitations multifamiliales comprenant un total de 300 logements en bordure de la rue Papineau.
L’implantation d’une habitation multifamiliale d’au moins 200 logements sur la rue Galt Ouest a également été approuvée.

Urbanisme tactique

L’urbanisme tactique modifie notre approche de la construction des villes, prouvant que des changements rapides et peu coûteux dans les espaces publics peuvent avoir un impact durable, sans budget important ni années de planification.

Voir aussi : Quantifying tactical urbanism: Economic impact of short-term pedestrianization on retail establishments

Ou encore Tactical Urbanism: Short-term Action for Long-term Change

Valoriser les espaces publics
Ce programme, Rural Placemaking, basé dans l’Indiana, est conçu pour les décideurs et les responsables locaux chargés de la supervision et de la gestion des espaces publics communautaires, tels que les membres des commissions des parcs et de l’urbanisme, les fonctionnaires et le personnel, ainsi que les membres d’organisations dont les missions sont liées à la fourniture de services, de programmes ou à la gestion d’espaces publics.

Voir aussi : Case Studies of New Ruralism

Transport collectif

Le manque d’accès aux transports en commun, surtout hors des grands centres, renforce les inégalités sociales et nuit aux chances d’une partie de la population d’accéder à un emploi ou à des soins de santé.
Le manque de transport collectif freine les moins nantis, Le Devoir, 5 juin 2025

Approvisionnement responsable

Repenser les façons d’acheter à Laval, la politique prévoit plusieurs actions structurantes :

  • Repenser les besoins avant d’acheter
  • Favoriser les fournisseurs locaux
  • Encourager les entreprises d’économie sociale
  • Privilégier des biens durables, réparables et de qualité.

Drummondville – Portail municipal des fournisseurs

Un outil stratégique pour optimiser nos démarches d’approvisionnement

Mes emplettes à bicyclette – Ste-Julie

Pour encourager l’achat local.
Lancé en 2019, ce programme permet aux commerçants julievillois d’acquérir, à prix réduit, des supports à vélo à installer devant leur commerce. Deux formats sont offerts, au coût de 75 $ (cinq places) ou de 100 $ (sept places).

Ste-Thérèse – Le chalet du parc Ducharme

Un lieu rassembleur modernisé pour la communauté thérésienne.

« Ce projet incarne la volonté du conseil municipal de doter la ville de Sainte-Thérèse d’infrastructures modernes, durables et pleinement ancrées dans la réalité de ses citoyennes et citoyens. Il reflète une vision municipale axée sur l’innovation, la qualité de vie et l’accessibilité, tout en répondant aux besoins concrets des usagers. Il illustre également l’importance que la Ville accorde à une collaboration étroite et continue avec les organismes locaux, dont le rôle est essentiel au dynamisme de la vie sportive, communautaire et sociale thérésienne. »

Environnement – climat

Des plastiques verts ?

« 3,4 M$ à Danone Canada pour soutenir sa transition verte »

3,4 millions de dollars à Danone Canada pour adapter deux de ses chaînes de production à la fabrication de pots de yogourt individuels plus durables. Les pots de polystyrène seront désormais fabriqués en résine de polyéthylène téréphtalate (PET) et intégreront du polyéthylène téréphtalate recyclé (rPET).

Rimouski

Nouveaux projets écoresponsables pour lutter contre les changements climatiques. Projets retenus :

  • Plantations dans le cadre du budget participatif citoyen
  • Optimisation énergétique des bâtiments
  • Soutien à l’implantation d’un projet d’autopartage
  • Restauration de la Pointe-aux-Anglais
  • Distribution de barils de pluie à prix réduit
  • Point de dépôt à l’écocentre pour la récupération des plastiques agricoles

10 000 arbres en 5 ans – RDP-PAT

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) a franchi aujourd’hui une étape symbolique et inspirante de son plan stratégique 2021-2031 en célébrant la plantation de son 10 000e arbre depuis 2021, dépassant ainsi son objectif initial de 7 500 arbres.

Le Val-Saint-François en action pour le climat

La MRC lance un sondage auprès de la population et des acteurs de son territoire

Sommet Québec Capitale Climat

La Ville de Québec, le Port de Québec, l’Université Laval, des entreprises privées et d’autres organisations ont annoncé de nouveaux engagements en matière d’action climatique. La Presse, 3 juin 2025

Agglomération de Québec

Plan climat 2026-2035 Miser sur les cobénéfices sur la santé, la sécurité et l’économie

Parc de la Rivière-des-Mille-Îles

À l’occasion de l’Assemblée générale annuelle d’Éco-Nature, les maires et mairesses de Laval, de Rosemère, de Deux-Montagnes, de Boisbriand, de Terrebonne, de Sainte-Thérèse, de Saint-Eustache, de Lorraine, de Bois-des-Filion, de Mascouche ont réitéré leur engagement commun envers la création d’un grand parc de conservation métropolitain de la Rivière-des-Mille-Îles. À ces 10 voix, s’est ajouté celle de la mairesse de Blainville.

«L’appel de l’Océan», de David Attenborough

Un documentaire stupéfiant dans l’insoutenable légèreté des profondeurs marines

Du haut de son (presque) siècle d’existence, David Attenborough narre sa vision des océans, «l’endroit le plus important sur Terre». Surtout, il s’attache à montrer la destruction méthodique de ces joyaux de biodiversité par la pêche industrielle, avec le soutien juridique et financier de nombreux États.

Réf. Urbanbike

Les mégaprojets ont un coût économique et environnemental majeur.

À l’ère de la décroissance, ils doivent devenir l’exception.
Maude Brunet, HEC Montréal, The Conversation

Étant donné que nous avons déjà des déficits de maintien d’actifs importants, que ce soit pour les aqueducs, les hôpitaux ou le métro de Montréal, nous devrions nous concentrer sur la maintenance des infrastructures actuelles plutôt qu’envisager de nouvelles constructions.

Climat contre capital

VIDÉO : Un panel de conférencières (1h30)

Opposer climat et capital implique de reconnaître qu’il faut collectivement choisir entre perpétuer un modèle complice de la crise climatique ou construire les alternatives qui rompent avec le schéma imposé. Ces alternatives se construisent déjà, dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, les appels à la décroissance, les formes de réappropriation collective des ressources et d’économie circulaire, et dans les mouvements de jeunesse.

Avec Joëlle Zask, Alyssa Battistoni et Élisabeth Germain. Animé par Aurélie Lanctôt.

résister ou périr

Je pastiche avec ce titre le livre de Timothée Parrique Ralentir ou périr. Comme s’il fallait y ajouter un peu de conflictualité, d’urgence. Une urgence que Naomi Klein et Astra Taylor dénoncent avec véhémence dans The rise of end times fascism paru dimanche dernier dans The Guardian. ( La montée du fascisme de la fin des temps, ma traduction )

Deux pistes suggérées par les auteures:

[N]ous entraider pour faire face à la profondeur de la dépravation qui s’est emparée de la droite dure dans tous nos pays. Pour aller de l’avant avec détermination, nous devons d’abord comprendre ce simple fait : nous sommes confrontés à une idéologie qui a renoncé non seulement à la prémisse et à la promesse de la démocratie libérale, mais aussi à la viabilité de notre monde commun, à sa beauté, à ses habitants, à nos enfants et aux autres espèces. Les forces auxquelles nous sommes confrontés ont fait la paix avec la mort de masse. Ils sont traîtres à ce monde et à ses habitants humains et non humains.

[N]ous opposons à leurs récits apocalyptiques une bien meilleure histoire sur la façon de survivre aux temps difficiles à venir sans laisser personne derrière nous. Une histoire capable de vider le fascisme de la fin des temps de son pouvoir gothique et de galvaniser un mouvement prêt à tout risquer pour notre survie collective. Une histoire non pas de la fin des temps, mais de temps meilleurs ; non pas de séparation et de suprématie, mais d’interdépendance et d’appartenance ; non pas d’évasion, mais de rester sur place et de rester fidèle à la réalité terrestre troublée dans laquelle nous sommes empêtrés et liés.

Lire l’article de Klein à la suite de celui, presqu’aussi virulent et tout aussi effrayant, de Peter St. Clair paru sur The Brooklyn Rail : The Overshoot Scam (ma traduction L’arnaque du dépassement) ça donne de la consistance à l’hypothèse d’une malfaisance, d’une « mafia » qui serait au pouvoir… mais ce n’est pas vraiment une mafia, car elle ne se cache pas (ou de moins en moins) pour agir, et elle le fait légalement ! Mais, ce que Malm et Carton démontrent, dans leur livre Overshoot1que l’article de St. Clair résume assez bien, c’est que ce sont les règles, le système économique qui sont la source de cette malfaisance. Les hommes ne font qu’obéir aux règles… qui conduisent au dépassement.

Il faut changer les règles, en commençant par l’information sur la provenance des matériaux et produits échangés. Henri-Paul Rousseau, ancien PDG de la Caisse de dépôts, propose une Alliance pour le commerce intelligent (original, publié dans le Globe and Mail du 11 avril : Technology will play a vital role in this brave new world of international trade).

Il faudra aussi se résoudre à étatiser les sources d’énergies, afin de freiner puis renverser (démanteler) les investissements dans l’exploitation fossile pour soutenir le développement des nouvelles énergies aujourd’hui bloqué, freiné par la domination des énergies fossiles qui procurent des retours plus juteux.

Il faudrait que les investisseurs subissent le coup qu’ils redoutent le plus : les installations qui viennent d’être financées, ou qui viennent d’être finalisées, ou qui viennent d’être inaugurées, ou qui sont sur le point d’atteindre le seuil de rentabilité ou de commencer à générer des profits, devraient être scellées et fermées à clé pour de bon. » En d’autres termes, des actifs échoués.

Cet abandon des énergies fossiles sera un geste politique et non la résultante de quelque manoeuvre économique.

la transition vers un système énergétique sans énergie fossile ne sera pas suffisamment rentable pour attirer des investissements suffisants, tandis que les investissements dans les énergies fossiles continueront à générer d’énormes profits et à attirer des investissements croissants, tout en garantissant l’aggravation de la crise climatique. (…)

par conséquent, pour que la transition ait lieu, elle doit être impulsée par l’État dans le cadre d’une initiative politique visant à faire de la production d’énergie un bien public. En d’autres termes, dans un système régulé par le marché, la transition vers un système énergétique non destructeur ne sera pas possible sans une forme d’expropriation de l’industrie des combustibles fossiles et son remplacement par la propriété commune.

John Maynard Keynes disait Tout ce que nous pouvons réellement faire, nous pouvons nous le permettre. N’est-ce pas aussi ce que dit la nouvelle théorie monétariste : S’il existe des capacités inutilisées dans l’économie, le gouvernement peut créer de la dette pour que ces capacités soient à nouveau utilisées. Mais s’il n’y a pas de ces capacités inutilisées ? C’est pour ça qu’il faut freiner certains investissements, certains types de développement, pour libérer les capacités d’agir.


Sur un autre plan, celui de la critique de la politique erratique de T., j’ai apprécié cet article de Noah Smith, économiste, qui décrit clairement À quoi ressemblerait une véritable stratégie commerciale anti-Chine ?

Notes

  • 1
    que l’article de St. Clair résume assez bien

lectures du dimanche

Je vous propose ici quelques articles que j’ai trouvé assez intéressants pour les traduire en français.


Ensauvager nos villes, ou les réensauvager. Créer des ponts de nature, des aménagements qui rendent la cohabitation avec d’autres formes de vie qu’humaine plus facile. Un article publié le 27 mars par Alexi Freeman, sur le site Matters dont la devise est: Stories, people and ideas doing good.


L’importance de la régénération biorégionale pour la santé de la planète, un article qui n’est pas récent (2020) mais qui définit bien le concept de biorégion et donne plusieurs exemples de tels initiatives.


Dans L’espoir d’un avenir différent, j’ai rassemblé 4 articles publiés par Sally Lowndes et Jessica Prendergrast, en février 2025 en un document PDF. Des modèles de transition à l’écosystème des praticiens de l’avenir alternatif (au Royaume-Uni)… Des textes inspirants !


Dark Matter Labs, c’est un ensemble d’initiatives, de laboratoires, de studios… visiter leur site, c’est plonger dans une structure à plusieurs dimensions. J’ai voulu mieux saisir un aspect de cette complexité : les capacités (capabilities) que DM cherche à développer. J’en ai traduit les définitions dans La matrice de Dark Matter Labs.


Le dernier (ou récent) billet de Andrew Curry, sur Just Two Things, porte sur deux choses (!) : A. Une initiative d’un artiste gallois qui dénonce l’endettement des personnes aux prises avec des prêteurs frauduleux, en rachetant leurs dettes avec son propre argent. B. Une liste de 10 livres qui expliquent pourquoi on en est rendu là… Il y a au moins UN livre de cette liste que je veux lire : celui de Svetlana Alexievitch : La fin de l’homme rouge. Ma traduction : Les sombres rouages du marché des créances douteuses // Les livres qui expliquent le moment politique actuel.


Le Canada s’éveille à son propre pouvoir, ou à ce qu’il pourrait être. Un article de Adam Radwanski, publié dans le Globe and Mail du 5 avril. Le pays a les moyens de s’éloigner du « grand frère »…

vendredi vrac (5)

Pépites d’infos recueillies au cours des deux dernières semaines.

Table des matières

  • DC et OC
    • Deux outils écossais : pour des organisations plus solides; la recherche menée par des OBNL
    • Statistiques du Québec : évolution sur 25 ans
    • Les fiducies foncières
  • Démocratie municipale
    • Les souhaits du CREMtl pour 2025
    • Ma plateforme électorale (Espace MUNI)
    • Appel à candidature innovation (Espace MUNI)
    • Commission municipale : relations avec les OBNL
  • Politiques et services
    • Communs pour démocratiser les services publics
    • Lutte contre les agences privées en santé
    • Boîte à outil santé mentale au travail
    • Revenu minimum garanti : pour réduire la pauvreté
    • La COPHAN dénonce les coupures de services
    • Une première politique sur Alzheimer
  • Écologie, urbanisme, aménagement
    • La CMM s’oppose à l’enfouissement dans une aire humide
    • Eaux, villes et changement climatique : une formation gratuite de Polytechnique Montréal
    • Contre l’oléoduc : 100 organisations écologistes
    • Le parc des Gorilles sur un ancien tronçon de voie ferrée
    • Gestion des déchets : limites de l’autorégulation
    • Les terrains scolaires hors e prix
    • Repenser le développement des banlieues : tendances
    • Le Canada rehausse sa protection de l’eau douce
  • Transport
    • Les trains à grande vitesse… arrivent
    • La mobilité durable : collaboration avec l’UQAC
    • Micromobilité partagée
  • Économie, suffisance et décroissance
    • Urban development beyond growth
    • Pour une économie suffisante
    • Décroissance et récession, c’est pas pareil !
  • Et … nouvelles des localités :

Mont-Tremblant, Etchemins, Yamaska, Mascouche, St-Jérôme…


DC et OC

A. Building Stronger Community Organisations

Une initiative soutenue par le Scottish Community Development Centre. Dix (10) modules en ligne visant à renforcer les organisations communautaires. Cette ressource est conçue pour renforcer les compétences, la confiance et les connaissances des organisations dirigées par des réfugiés et des organisations de soutien aux réfugiés, bien que la plupart des documents soient utiles à n’importe quel groupe communautaire.

Cette ressource a été produite par le Scottish Refugee Council, avec le soutien du Scottish Community Development Centre, dans le cadre du programme New Scots, grâce à un financement de l’Union européenne.

B. Recherche menée par les organisations communautaires

Le même newsletter du SCDC nous propose un article sur la , écrrit par Community Knowledge Matters : ‘Finding Out for Ourselves’: Panel Discussion at SCVO’s The Gathering.

C. Parlant de newsletter, vous êtes abonnés à l’infolettre du CPDC ?

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vendredi vrac (4)

Des pépites d’info recueillies depuis deux semaines.

Dans les villes, villages, quartiers…

Tourisme durable

Vallée Bras-du-Nord

Bien campée au cœur d’une ancienne vallée glaciaire, sur un territoire naturel d’exception, la Vallée Bras-du-Nord a tout pour plaire aux adeptes de plein air. En plus de rayonner comme destination incontournable sur la scène du tourisme d’aventure au Québec, la coopérative de solidarité se démarque depuis des années par son approche de développement en tourisme durable.

Reconnaissance des organismes

LévisPolitique de reconnaissance des organismes

Les organismes qui obtiennent la reconnaissance de la Ville sont admissibles au Cadre de soutien aux organismes.
Le Cadre met à la disposition des organismes plusieurs
types de soutiens :

  • Soutien professionnel
  • Soutien physique et matériel
  • Soutien à la communication et à la promotion
  • Soutien à l’action bénévole
  • Soutien financier
Continuer la lecture de « vendredi vrac (4) »

bazar du lundi, livré mercredi

« Comme Nixon, Biden a distillé de petites touches de patriotisme économique pour faire avaler à l’opinion le coût faramineux de l’hégémonie mondiale des États-Unis. (…) L’euphorie de Wall Street au lendemain de l’élection suggère que « les marchés » ne prennent pas très au sérieux les déclarations de Trump sur les déportations de masse ou les droits de douane prohibitifs.  » 
Donald Trump et le désalignement électoral, LVSL, novembre 2024

Le transport collectif à la demande, un moyen efficace d’améliorer l’accessibilité en banlieue, The Conversation, 2024.10.24

Tirés de mon Syllabus hebdomadaire 
(flux personnalisé et autres trouvailles de l’équipe). 

Le service public conçu comme flux (practice) de valeurs publiques et privées co-créées. 
« this paper proposes a public services as practices framework. This framework defines public services as bundles of shared public value co-creation practices that consists of templates and performances. » Public services as practices: towards a framework for understanding co-creation and co-destruction of private and public value, Per Skålén. 

Beyond outsourcing : Re-embedding the state in public value production. 

Par Rosie Collington et Mariana Mazzucato.
La théorie de la valeur publique (PVT) est apparue dans le cadre d’un paradigme plus large de l’administration publique qui appelait au recentrage de l’État dans l’identification et la gestion des activités publiques en réponse aux tentatives des politiciens néolibéraux de le marginaliser. Les partisans de la TPP restaient néanmoins ambivalents quant au rôle de l’État dans la production des biens et services nécessaires à la création de valeur publique. Au cours des décennies qui ont suivi, l’externalisation du secteur public a pris de l’ampleur et s’est étendue, en particulier dans les économies anglo-saxonnes. Le PVT n’est pas en mesure de rendre compte des implications de ce mode de production de valeur publique et des raisons pour lesquelles il peut miner la capacité de l’État à créer de la valeur publique au fil du temps. Dans cet article, nous soutenons que le fait que l’État soit dissocié de la production de valeur publique nuit à sa capacité d’apprentissage et d’adaptation des organisations, qui sont essentielles pour que l’État puisse répondre à l’évolution des besoins et des demandes. Parce que ce qui constitue la valeur publique évolue, les ressources et les capacités de production de la valeur publique doivent également être reconfigurées. En d’autres termes, la création de valeur publique dépend de l’innovation des moyens de production de valeur publique. Nous plaidons en faveur d’une réintégration de l’État dans la production de valeur publique et pour que les secteurs publics aillent au-delà de l’externalisation de la fourniture de services et de fonctions de base. 
(ma traduction)

Repiqués de mon faisceau NetNewsWire (fils RSS)

Logements et terrains publics

Douze propriétés fédérales, dont deux au Québec, libérées pour du logement « pour les Canadiens et Canadiennes de la classe moyenne ».

10.    Laval (Québec) – Montée Saint-François – Pénitencier de Laval
11.     Laval (Québec) – Terrain vacant à côté du 1575, boulevard Chomedey

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énergie propre et patrimoine

[Ajout 8 déc.] Un manifeste paru après la rédaction de cet article : 14 revendications d’un regroupement de la société civile pour un avenir énergétique juste et viable au Québec.

Si vous n’avez pas vu passer la consultation menée par le gouvernement du Québec sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec c’est normal : elle se sera tenue du 1er juin au 2 août, sans tambour ni trompette. C’est un article du Devoir, signé Alexis Riopel, qui m’a mis la puce à l’oreille : Ode à la sobriété énergétique. Une entrevue avec Bruno Detuncq, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal, à la retraite depuis 2017.

Riopel parlait du mémoire déposé par le professeur dans le cadre d’une consultation dont je n’avais pas entendu parler… J’ai réussi à trouver le site officiel de la consultation, mais pas les mémoires déposés. M. Riopel m’a bien aimablement dirigé vers le site élaboré par le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec. On peut y trouver le mémoire du professeur Detuncq (Avenir énergétique du Québec – Sobriété et Problèmes énergétiques) de même que 25 autres.

Cette incursion dans le monde de la planification énergétique m’a obligé à me familiariser avec des termes tels le bloc d’électricité patrimonial, accumulateurs de chaleur, tarification dynamique et autres. Mais les enjeux entourant la fourniture d’électricité « propre » pour l’avenir sont très liés à l’atteinte de nos cibles de décarbonation. À l’évidence, il faudra ajouter des capacités de production d’électricité pour remplacer les sources d’énergie fossile dont il nous faut sortir au plus tôt.

De l’énergie à revendre !

Faut-il pour autant continuer de promouvoir le Québec comme terre d’accueil de tous les projets énergivores ? Des batteries pour Hummer, vraiment ? Des parcs de cryptomonnaie ? Plusieurs mémoires présentés lors de cette consultation s’inquiètent de l’orientation productiviste des documents déposés et des questions posées par ce gouvernement.

[L]a lecture des documents fournis en appui à cette consultation et le contenu du questionnaire que vous proposez à la population, auquel nous avons choisi de ne pas répondre, nous font craindre que la cible de décarbonation d’ici 2050 soit un prétexte et non l’objectif réellement visé, qui serait en fait une vigoureuse relance du développement industriel et son cortège de mesures corrosives pour la nature et la société.

Vers la sobriété énergétique, mémoire du RVHQ (je souligne)

Alors que des gouvernements d’autres pays adoptent l’approche sobriété-efficacité-renouvelables, le gouvernement du Québec mise sur la croissance de la production et n’offre qu’un simulacre de consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec. Nous remettons en question l’idée selon laquelle la demande et la production d’énergie au Québec doivent augmenter de façon « naturelle », continue et apparemment sans limite.

Mémoire de Greenpeace (je souligne)

La sobriété, qui devrait être au premier rang d’un plan de développement d’énergie propre (les kWh évités sont les plus propres !), semble la dernière des préoccupations gouvernementales. C’est vrai que ce gouvernement semble plus intéressé à flatter les désirs d’enrichissement à court terme de ses électeurs (étalement urbain et autoroutes plutôt que transport collectif et densification) que de faire face à la « réelle révolution énergétique, écologique, économique et sociale » (mémoire FTQ) qui est devenue nécessaire.

Parler sérieusement de sobriété, ça veut dire (tous les acteurs s’accordent là dessus) adapter le code du bâtiment afin que tous les nouveaux bâtiments soient d’une efficacité énergétique croissante, allant vers la carboneutralité (2040 ?). Pour le stock de logements déjà construits des interventions plus ou moins lourdes et coûteuses devront être faites. Des interventions difficiles à justifier économiquement considérant que le retour sur investissement est minimisé par la tarification actuelle à bas prix du secteur résidentiel bénéficiant d’un interfinancement des secteurs industriel et commercial. 1Un accroissement graduel du prix de l’électricité résidentielle permettrait de financer un crédit remboursable pour les ménages à bas revenu en plus de rendre justifiables économiquement les investissements collectifs en énergie propre, et en bi-directionalité pour un réseau plus résilient et productif.

La sobriété énergétique d’ici 2050, c’est dans 27 ans, et cela devrait se traduire par une diminution du nombre de voitures automobiles sur les routes. Ce n’est pas juste le ministre Fitzgibbon qui le dit… Ce à quoi le chef s’est empressé de rétorquer que son gouvernement n’avait pas l’intention d’empêcher quiconque de s’acheter une deuxième voiture (« notre approche, c’est vraiment de dire qu’il faut aller vers l’auto électrique »). Ce gouvernement se veut celui de la carotte, et non du bâton ! Mais quand il n’y a pas de carotte où il devrait y en avoir, que se passe-t-il ? Le Québec investi trois fois moins par habitant que son voisin ontarien en transport collectif (1548$ VS plus de 4000$ en Ontario, mémoire du RVHQ).

Les pays européens comme la France et l’Allemagne planifient une réduction importante (40%) de leur consommation d’électricité. Ici, on dirait qu’on favorise une augmentation de la consommation : à chacun sa voiture électrique, son bungalow en banlieue et son chalet à la campagne (ou son voyage annuel dans le sud).

En mettant l’accent sur l’accroissement nécessaire de la production électrique plutôt que sur la transition vers un mode de vie plus sobre et propre… on évite les débats difficiles et les arbitrages nécessaires. On reporte à plus tard ? On laisse à d’autres (aux mécanismes du marché ?) le soin de décider ? C’est ce qui se dessine quand on affirme que la libéralisation du marché de la production est nécessaire pour rencontrer les besoins de demain.

Privatiser ou non ?

La première recommandation du mémoire déposé par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal :

Recommandation 1 : Ouvrir rapidement le marché de la fourniture d’électricité aux consommateurs industriels à tous les producteurs.

La grande majorité des autres mémoires déposés s’oppose à une telle libéralisation (privatisation) même si plusieurs promeuvent l’autoproduction et l’engagement des municipalités, coopératives et communautés autochtones dans la production d’électricité.

On s’oppose pour s’assurer collectivement du contrôle dans un secteur jugé stratégique… et pour maintenir l’accessibilité (les bas prix) de l’énergie, en pensant particulièrement aux populations pauvres et peu fortunées qui pâtiraient grandement d’une « mise à niveau » du prix de l’électricité vers les coûts réels actuels de développement.

[C]es bas prix contribuent grandement à la très forte consommation des Québécois. Pour réussir la transition énergétique, le gouvernement devra revoir son approche à la communication des prix de l’énergie de manière à conditionner les attentes et comportements des consommateurs.

Mémoire Chaire de gestion de l’énergie

Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) est aussi d’avis qu’il faut une tarification reflétant les coûts actuels de développement pour inciter à la sobriété et l’efficacité.

Recommandation 19
Le RNCREQ est d’avis que les tarifs de l’électricité devraient refléter son vrai coût et inciter à la sobriété et l’efficacité énergétiques. Ainsi, le RNCREQ recommande d’étudier et de faire évoluer les tarifications et les autres mesures fiscales en ce sens, tout en développant des mesures de compensation pour ne pas impacter les ménages à faible revenu.

Comme le soulignait la Chaire dans son mémoire, citant une recherche récente : l’annonce d’une augmentation à venir accroit l’impact en terme de changements comportementaux. Adopter un plan annonçant d’avance les changements tarifaires stimulerait d’autant les investissements en sobriété et efficacité que les économies seraient substantielles.

Comment se fait-il que les grands projets de développement immobiliers n’ont pas encore adopté la géothermie (associée à des mesures de stockage local) comme source écologique d’énergie ? Parce que les tarifs résidentiels pratiqués actuellement ne justifient pas de tels investissements. Ni pour Hydro-Québec, ni pour les constructeurs. Pourtant, comme plusieurs le suggèrent, si la production décentralisée (municipalités, coopératives) était favorisée, avec des mesures de stockage et d’échange bi-directionnel permettant de diminuer la pression de pointe sur le système (par exemple en permettant d’utiliser la batterie des autos électriques ou les accumulateurs d’ensembles résidentiels) c’est la productivité de l’ensemble qui y gagnerait.


Il ne faut pas s’attendre à ce que la CAQ se fasse chantre de la sobriété ! Ce gouvernement semble plutôt orienté vers la vente à bon marché des ressources énergétiques et environnementales de ce pays ! Et quand il y aura de l’opposition à transformer chaque vallon et chaque rivière en source d’énergie… on se tournera vers l’énergie atomique ?

En terminant, le mémoire du Front commun pour la transition énergétique est court (8 pages) et se veut surtout un appel au débat et à la prudence. Celui, déjà cité, du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement est le seul, il me semble, à mettre de l’avant le développement des échanges inter-provinciaux. Plusieurs misent sur la sobriété et une approche écologique respectueuse du vivant (Cessons la fuite en avant, Boulimie énergétique écocide, Priorité au vivant, Une décarbonation en harmonie avec le vivant). Le mémoire du professeur Detuncq, Ode à la sobriété énergétique, est celui qui résume le mieux, il me semble, en les quantifiant les besoins d’électrifications des différents secteurs.

Notes

  • 1
    Un accroissement graduel du prix de l’électricité résidentielle permettrait de financer un crédit remboursable pour les ménages à bas revenu en plus de rendre justifiables économiquement les investissements collectifs en énergie propre, et en bi-directionalité pour un réseau plus résilient et productif.

l’espace et le temps

Lectures d’été

Il arrive des moments où je ne sais plus où donner de la tête. Particulièrement durant l’été, où les échéances s’étirent ou s’estompent… où on peut se permettre d’être encore plus dilettante, explorateur que d’habitude. Je me demande si je dois poursuivre ma lecture du deuxième tome de la somme 1deux fois 800 pages! Une histoire de la philosophie, volume sous-titré Liberté rationnelle – Traces des discours sur la foi et le savoir, par Jürgen Habermas. J’en suis à la page 155, juste après le chapitre La séparation de la foi et du savoir : protestantisme et philosophie du sujet et avant d’aborder Au croisement de la pensée postmétaphysique : Hume et Kant. J’en suis à la deuxième de ce que l »auteur appelle ses Considérations intermédiaires. Un coup d’oeil à la table des matières des chapitres qui me restent à lire. Ça s’annonce passionnant :

Chapitre VIII. Au croisement de la pensée postmétaphysique : Hume et Kant

  1. La déconstruction par Hume de l’héritage théologique de la philosophie pratique
  2. L’explication anthropologique des phénomènes du droit et de la morale
  3. La réponse de Kant à Hume : le sens pratique et l’arrière-plan relevant de la philosophie de la religion du tournant transcendantal opéré par la philosophie
  4. La justification postmétaphysique d’un intérêt intrinsèque à la raison

Chapitre IX. L’incarnation de la raison dans le langage : de l’esprit subjectif à l’esprit « objectif »

  1. Les impulsions politiques, économiques, culturelles et scientifiques poussant au changement de paradigme
  2. Les motifs conduisant au tournant linguistique chez Herder, Schleiermacher et Humboldt
  3. L’assimilation de la foi au savoir opérée par Hegel : le renouvellement de la pensée métaphysique après Kant
  4. La raison dans l’histoire : autonomie contre mouvement autonome du concept

Troisième considération intermédiaire. De l’esprit objectif à la socialisation communicationnelle des sujets connaissants et agissants

Chapitre X. La contemporanéité des jeunes hégéliens et les problèmes de la pensée postmétaphysique

  1. Le tournant anthropologique de Ludwig Feuerbach : sur la forme de vie des sujets incarnés organiquement et socialisés sur le mode communicationnel
  2. Karl Marx sur le thème de la liberté située historiquement des sujets productifs et politiques
  3. L’écrivain religieux Sören Kierkegaard sur la liberté éthique et existentielle de la personne individuée du point de vue biographique
  4. Des processus d’interprétation entre rapport à la vérité et rapport à l’action : Peirce, initiateur du pragmatisme
  5. Sur le mode d’incarnation de la raison dans les pratiques de la recherche et de la politique
Une histoire de la philosophie, tome II, J. Habermas, 2023

J’ai pris une pause dans cette lecture pour me plonger dans une plaquette (119 pages) du même auteur : Espace public et démocratie délibérative : un tournant. Ça me semblait un élément pertinent pour une réflexion sur les enjeux liés au développement d’initiatives telle Projet collectif et ses Praxis et En commun… Bon, je n’ai pas encore formulé cette réflexion, j’ai bien quelques notes écrites mais pas encore de billet. J’ai par la suite pris congé des lectures sérieuses en lisant un « policier-techno » : Red Team Blues, de Cory Doctorow. Une histoire de « forensic accountant » (comptable-criminaliste ?), de crypto-monnaies et de rêve californien…

De fait, ça fait un certain temps que j’ai délaissé Une histoire de la philosophie, car j’ai entretemps lu la monographie de Robert Boivin, Histoire de la clinique des citoyen de Saint-Jacques.

La Clinique des citoyens, Bonnie Sherr Klein, offert par l’Office national du film du Canada

Ce qui me donnait matière à contextualiser un autre billet en préparation : sur les années 1970-1973 dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve autour du projet de Centre communautaire de santé. Je me suis replongé dans des documents d’archives rassemblés il y a longtemps, ou dont j’ai hérité récemment (Merci Jean P.-R.). Yves H. me suggérait aussi de lire la biographie de Robert Burns, qui fut élu député de ce quartier en avril 1970. Et effectivement je trouve des traces de la pensée « hyper-démocratique » (c’est le qualificatif qui me vient !) de Burns dans un projet lié à un colloque tenu cet été là au Collège Maisonneuve.

Je me suis plongé avec d’autant plus d’intérêt dans ces documents d’archive que j’y trouvais des traces de l’action menée par Annette Benoît, PSA, dans et autour du projet de proto-CLSC, cette Petite soeur de l’Assomption qui a célébré son centenaire récemment. J’ai la chance de m’entretenir avec elle régulièrement depuis quelques années, aussi elle a pu m’éclairer sur la dynamique à l’oeuvre dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de cette époque, il y a 50 ans. C’est un autre billet sur lequel j’accumule des matériaux : le centenaire d’une activiste, d’une entrepreneure sociale. J’ai un peu de difficulté à séparer les contenus de ce billet et du précédent : les années 70-73 dans le quartier. Je devrai sans doute les rédiger en même temps, pour référer de l’un à l’autre…

Il y a aussi ces auteurs découverts récemment : Hartmut Rosa2Remède à l’accélération; Rendre le monde indisponible; Andreas Malm3Comment saboter un pipeline; L’anthropocène contre l’histoire; Chris Otter4Diet for a Large Planet – Industrial Britain, Food Systems, and World Ecology. Pour ce qui est d’Andreas Malm, j’ai pu lire une introduction critique Le kaléidoscope de la catastrophe : lumières et opacités chez Andreas Malm. C’est Hartmut Rosa qui m’intéresse le plus en ce moment.

Notes

  • 1
    deux fois 800 pages!
  • 2
    Remède à l’accélération; Rendre le monde indisponible
  • 3
    Comment saboter un pipeline; L’anthropocène contre l’histoire
  • 4
    Diet for a Large Planet – Industrial Britain, Food Systems, and World Ecology

un optimiste du climat

Lectures récentes (2)

How to be a climate optimist, par Chris Turner

Un auteur canadien vivant à Calgary, Chris Turner collectionne les bons coups, les avancées technologiques et politiques (dont plusieurs canadiennes) qui lui permettent d’être encore « optimiste » face à l’avenir climatique. La qualité de son travail lui a valu de gagner le prix Shaughnessy Cohen 1Pour une œuvre politique, décerné par la Société d’encouragement aux écrivains canadiens, est attribué à l’auteur d’un ouvrage non romanesque qui traite d’un sujet politique et qui éveille l’intérêt des lecteurs canadiens tout en approfondissant leurs connaissances sur ce sujet..

Il n’est pas seul à être optimiste, Jon Palais, dans son livre La bataille du siècle sur lequel je reviendrai bientôt, disait « il faut toujours combattre le défaitisme structurel qui est resté très fort dans le milieu politisé et militant écologiste. Il y a une tendance à l’autoflagellation, aux discours pessimistes, aux récits selon lesquels tout est déjà perdu, qui explique une part significative du niveau encore trop faible de notre rapport de force. Le défaitisme est la première condition pour garantir une défaite. » Et aussi « « Il faut allier le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté », écrivait Antonio Gramsci. Mais il y a aussi un optimisme de la raison. En quoi la transformation de notre société à partir d’alternatives déjà existantes serait-elle moins faisable que d’autres prouesses dont nous avons été capables ces dernières décennies ? Comment s’imaginer incapables d’organiser des villes sans voitures alors qu’on a été capables d’envoyer des hommes marcher sur la Lune ? »  (je souligne).2Mariana Mazzucato, dans son livre Mission Economy est aussi une optimiste qui fait appel à l’esprit du projet Apollo sans que ses arguments soient tout à fait convaincants

Mais revenons à Turner dont la prose engageante nous fait voyager, en tant qu’enfant d’une famille de militaire puis en tant que reporter pour visiter le siège social de Unilever en Allemagne ou encore diverses initiatives autochtones canadiennes en matière d’énergie photovoltaïque. Il me fait découvrir cette compagnie montréalaise dcbel, qui permet de transformer son véhicule électrique en génératrice d’appoint en cas de panne du réseau, ou encore le fait que la Colombie Britannique a adopté un code du bâtiment ( le British Columbia’s pioneering Energy Step Code) visant à faire que chaque (nouvelle ?) maison soit « net zéro » en 2032. Il raconte avec verve les origines et l’impact qu’a eu le projet Energiewende (transition énergétique) en Allemagne. Nous allons visiter une petite île danoise qui expérimente un réseau électrique intelligent…

Turner se fait le chantre d’un optimisme quasi euphorique (« What I mean is dammit this transition has to be optimistic. It has to have some excitement to it, at least a little exuberance, the promise of euphoria » p. 255). C’est probablement plus attrayant en tant que conférencier. Je suis même d’accord avec lui quand il affirme « The global energy transition has to be not a flight from danger but a march, even a race, toward a better world (…) People, masses of them, don’t build something much better in panic and terror. » (pp. 252, 255). Il est tellement optimiste que, d’après lui le scénario d’augmentation de la température à 2,50C est le pire qui puisse arriver ! (the 2.5°C scenarios now strike me as verging on the worst case.) Cet optimisme de principe vise à amadouer le quidam qui, on le sait, a plus peur de perdre maintenant qu’envie de gagner plus tard. Comme dit si bien l’adage : « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Mais le parti pris technophile de Turner est un peu trop insistant et facile. Très peu de remise en question du tout pour l’auto, même si sa couverture positive des villes plus denses et complètes (quartiers de 15 minutes) et ses références incidentes à la bicyclette pourraient ouvrir à une telle critique. Restons positifs, tel semble être le motif, la stratégie principale : pour compenser les discours trop défaitistes, sans solution. C’est d’ailleurs la principale critique qu’il adresse à Wallace-Wells et son The Uninhabitable Earth, qui disent qu’il faut changer de paradigme, freiner la consommation, réduire la dépense énergétique : on ne répond pas au Comment ! Comment faire pour changer de paradigme. Les discours s’arrêtent le plus souvent au constat, à la liste des catastrophes actuelles ou attendues, avec souvent comme sous-texte qu’il est (presque) trop tard. Autrement dit on est toujours positif sauf quand il s’agit des environnementalistes à qui il réserve ses pires critiques.

L’auteur raconte avec enthousiasme la construction d’une nouvelle usine d’aluminium au Lac St-Jean3et avec autant d’enthousiasme l’arrivée des F150 électriques qui auront besoin de beaucoup de cet aluminium avec un nouveau procédé plus propre en oubliant d’inclure dans le portrait les dégâts que causent l’extraction de l’alumine (alumina)en provenance de l’Amazonie ! (De quelle couleur est votre aluminium ? En anglais)

On ne peut pas dire que la dimension humaine ou politique soit absente de son essai, c’est même une des parties les plus intéressantes : quand il parle des initiatives autochtones en matière d’énergie photovoltaïque… Mais la solution ne viendra pas de l’ONU, dit-il en tête de chapitre. Il faudra encore des Walmart et des Siemens dans le monde de demain. Pour répondre aux besoins quotidiens des gens autant que pour les déplacer dans les trains du futur…

L’égoïsme, les comportements inadmissibles des minorités riches et des corporations aveugles ? On ne les rencontre pas dans cette hagiographie4Des histoires de saints des innovateurs, des technologies prometteuses, des projets expérimentaux et des miracles nécessaires…

C’est vrai, on ne construit pas un monde meilleur dans la précipitation, encore moins dans un état de panique. Et qu’on n’attire pas les abeilles avec du vinaigre. Mais je ne peux m’empêcher, en terminant ce livre primé comme le « meilleur essai politique canadien », d’avoir un arrière goût d’aluminium dans la bouche. Oui le chemin parcouru au cours des dix ou vingt dernières années est fantastique, surtout quand on se centre, pour les besoins de la démonstration, sur certains aspects de la réalité : les avancées technologiques, les changements rapides d’attitudes…

Mais la rapidité avec laquelle les changements climatiques additionnent les catastrophes, les précédents, les points de bascule potentiels devrait nous inviter à la prudence dans notre optimisme. L’optimisme euphorique dans ce contexte confine à l’inconscience et au déni confortable du repu.

Turner propose une longue citation d’une scientifique (Katharine Hayhoe), où elle souligne que l’information qui a eu le plus d’impact dans ses communications sur le climat est d’avoir dévoilé qu’elle est Chrétienne. La science n’est pas suffisante, c’est l’identification avec le porteur de nouvelles qui pèse, comme on a pu s’en apercevoir pendant la pandémie. L’argument scientifique, la logique et la raison n’ont que peu de poids devant l’habitude, l’intérêt personnel immédiat et le conformisme.

La politique est un rapport de force, c’est ce que n’oublie jamais Jon Palais, dans La bataille du siècle, qui sera l’objet de mon prochain billet.

Notes

  • 1
    Pour une œuvre politique, décerné par la Société d’encouragement aux écrivains canadiens, est attribué à l’auteur d’un ouvrage non romanesque qui traite d’un sujet politique et qui éveille l’intérêt des lecteurs canadiens tout en approfondissant leurs connaissances sur ce sujet.
  • 2
    Mariana Mazzucato, dans son livre Mission Economy est aussi une optimiste qui fait appel à l’esprit du projet Apollo sans que ses arguments soient tout à fait convaincants
  • 3
    et avec autant d’enthousiasme l’arrivée des F150 électriques qui auront besoin de beaucoup de cet aluminium
  • 4
    Des histoires de saints