Gilles en vrac… depuis 2002

médecins de famille ? vraiment ?

La campagne que mène actuellement la FMOQ pour dire aux Québécois qu’ils sont deux millions à ne pas avoir de médecin de famille est odieuse. Tout d’abord, si on offrait à tous les Québécois la possibilité d’avoir un médecin, tous ne répondraient pas… car une bonne partie des jeunes, et de moins jeunes, en bonne santé, n’y verraient pas d’intérêt. À tort, vous croyez ? Pas dans l’état actuel de la médecine-maladie. Peut-être un jour, quand les médecins seront entourés d’équipes multidisciplinaires aptes à soutenir des jeunes en phase de croissance… compétentes et équipées pour répondre aux questions que se posent les jeunes dans leur évolution vers la maturité… ou d’autres personnes qui n’ont pas de problèmes aiguës mais pourraient profiter de conseils et d’accompagnements.

De donner ainsi l’impression que tous ont le même besoin, c’est grossir artificiellement les chiffres et c’est passer sous silence ou réduire l’importance et les besoins urgents des personnes avec maladies chroniques ou des femmes enceintes qui pourraient sans doute être mieux servies par une meilleure organisation des services. La valorisation de la médecine familiale est une bonne chose. Mais dans le contexte actuel où les médecins spécialistes gagnent plus de 50% de plus que les médecins de famille (comme on le souligne dans le vidéo) et que ces derniers continuent d’être payés à l’acte (ça, on le passe sous silence), pour l’essentiel, je vois mal comment interpréter la campagne de la FMOQ comme autre chose qu’un exercice démagogique dans un effort de négociation salariale.

Comment se fait-il que les 3 CLSC du CSSS où je travaille ont peine à recruter des médecins ? C’est juste une question salariale ? Sans doute cette question est-elle un enjeu important et qu’il apparaît plus intéressant aux médecins de s’installer en totale indépendance dans une clinique plutôt que de prendre une place en relation avec des équipes de services à domicile, de santé mentale… Malheureusement dans la situation actuelle de rapports de force entre médecins (omnipraticiens et spécialistes) et le reste du réseau, je ne vois pas le jour où nous pourrons rétablir un sain équilibre pour faire face aux besoins d’une population vieillissante et de familles de plus en plus habiles à se situer en relation intelligente avec des soignants. J’ai l’impression qu’il serait préférable de soutenir la formation intensive d’infirmières cliniciennes praticiennes qui pourraient jouer un rôle important dans le suivi gérontologique ou de santé mentale de populations fragilisées. Seule l’existence d’une telle alternative à la toute puissance du médecin-entrepreneur pourra faire pencher la balance pour un rééquilibrage des forces, et favoriser l’émergence d’une médecine qui ne compte pas ses succès en nombre de maladies mais plutôt en termes de citoyens et familles en santé.

Carte des GMF sur l’île de Montréal – Les GMF sur l’île de Montréal sont loin d’être répartis également… Cliquez sur le lien et choisissez la vue pour la région 06. Presque tous sont concentrés au centre… Et selon le Rapport d’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux 2010 du Commissaire à la santé et au bien-être du Québec (page 113) 9 % de la population montréalaise est inscrite à un groupe de médecine familiale seulement, alors que ce pourcentage est de 41% à Québec, 33 % en Estrie… Est-ce uniquement le manque d’omnipraticiens qui peut expliquer cela ?

Ajout : Il y a 1700 infirmières praticiennes diplômées en Ontario et 66 seulement au Québec. Pourquoi un tel retard dans l’implantation de ces « super-infirmières » alors que le Québec vit une pénurie de médecins de famille ? Une émission à venir (le 18 novembre) à l’émission Enquête de Radio-Canada.


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Commentaires

Une réponse à “médecins de famille ? vraiment ?”

  1. Jean Trudeau

    Entièrement d’accord avec tes deux premiers paragraphes : ça sent le marketting corporatif à plein écran, cette gigantesque publicité. Avec le reste aussi de ton billet, probablement; mais pour bien comprendre ton argumentaire, il me faudrait être dans l’enclos du système de santé…,

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