les vagues vertes de Copenhague
Imaginez que les feux de circulations soient synchronisés à 20 km heure pour faciliter la circulation des bicyclettes. C’est ce que font Copenhague (The Green Waves) et quelques autres villes.
Mais si les circuits utilisés ne sont pas éloignés des circuits automobiles, la pollution inhalée par les cyclistes est comparable à celle que les automobilistes subissent. C’est ce que démontre l’étude réalisée à Londre, London air pollution: which mode of transport has the highest exposure? – video.
À quelle quantité de pollution atmosphérique sont exposés différentes personnes utilisant des moyens de transport différents (automobile, autobus, bicyclette, à pied) ou des routes alternatives (pour les cyclistes et piétons) pour se rendre du point A au point B. Les usagers des moyens motorisés passent plus de temps dans un milieu plus exposé que les cyclistes. Autrement dit la carcasse de métal ne protège pas des polluants… et n’est pas plus rapide. Naturellement ce sont les parcours à bicyclette et à pied sur des circuits alternatifs et plus tranquilles (côté circulation) que les niveaux d’exposition sont les moins élevés mais les temps plus longs de déplacement. Mais prendre son temps pour se déplacer, ça peut faire du bien. À tout le monde !
Le cycliste (la ligne vert foncé) sur la voie directe a atteint (beaucoup) plus rapidement sa destination que les usagers de l’automobile et de l’autobus, avec un niveau d’exposition comparable au piéton et au cycliste ayant emprunté le circuit plus tranquille.
convergence et bifurcation
J’ai terminé, deux fois plutôt qu’une, la lecture de La grande bifurcation qui porte en sous-titre En finir avec le néolibéralisme. Rien de moins, en 188 petites pages !

Extraits de la présentation par l’éditeur : [U]ne enquête sur la dynamique historique du capitalisme depuis un siècle. (…) [U]ne structure de classes non pas bipolaire mais tripolaire – comprenant capitalistes, cadres et classes populaires -, qui fut tout au long du siècle dernier le terrain de différentes coalitions politiques.
Une analyse de classe qui me ramenait aux années ’70, avec Poulantzas et Althusser. Une description concrète des mouvements et intérêts du capital financier international, dominé par les Finances anglo-saxonnes; des coalitions et compromis politiques et sociaux qui ont marqué l’évolution depuis la guerre, particulièrement en Europe où les nations ont évolué différemment sur l’échiquier continental et international tout en construisant l’espace institutionnel politique et économique européen.
Les auteurs, Gérard Duménil et Dominique Lévy, promeuvent une nouvelle alliance, à gauche, pour remplacer la néo-libérale (propriétaires-financiers et gestionnaires) qui a dominé les dernières décennies. À l’évidence on ne pourra se passer de gestionnaires, pour administrer une société industrielle complexe même si on trouvait moyen de la simplifier, de la ralentir. Pour créer cette alliance de gauche (des gauches faudrait-il parler : la gauche économique et sociale [syndicats, mutuelles], la gauche écologiste et la gauche « transformatrice immédiate » [économie solidaire, finance solidaire, développement local]), il faudra briser la domination des finances sur la gestion. Mettre des freins aux transferts de capitaux, aux ventes forcées d’entreprises encore rentables, à la spéculation et même à la sacro-sainte libre circulation des biens et services… ça risque de faire fuir les capitaux… mais cela rendrait les entreprises ainsi dévaluées plus facile à racheter, par des coalitions nationales et régionales de gauche !
On ne peut pas attendre la création d’un parti, ou de partis nationaux… pas plus qu’il ne semble pour le moment possible de créer une gouvernance démocratique mondiale. Mais les coalitions qu’il s’agit de créer, d’impulser ne sont pas tactiques ou à court terme. Elles devront viser des enjeux et des objets qui dépassent, justement, l’électoralisme de courte vue pour construire… des alliances au delà d’un horizon électoral. Des alliances qui devraient être portées par une mouvance, des mouvements d’éducation, de transformation, de conscience et d’engagement.
Mais comment éviter de créer des partis politiques ? Il ne s’agit pas d’éviter de créer de tels partis, mais bien de ne pas s’imaginer qu’un parti règlera, une fois pour toutes, les questions d’orientation et d’alliances. Créer un nouveau parti ou investir un de ceux qui sont en place et attendre de prendre le pouvoir pour réaliser le programme souhaité ? Ou identifier les réformes et actes législatifs et réglementaires à mettre en oeuvre, à la fois immédiatement et graduellement ? Des réformes et des actes qui devront transgresser les lignes de parti et les frontières nationales pour avoir quelque chance de relever les défis nombreux et profonds qui se posent. Non ?
Voir aussi :
Ajout (septembre 2014) : un manifeste dont je ne connaissais l’existence, en août dernier :
- Manifeste des convivialistes publié en juin 2013
LinkedIn, je débarque !
Je me suis rendu compte récemment que mon compte LinkedIn communiquait avec des amis et connaissances en mon nom pour leur demander de rejoindre mon réseau sur LinkedIn. C’est la goutte de trop.
Déjà qu’au moment de la création de mon compte le processus était tellement obscur et alambiqué que j’ai acquiescé sans m’en rendre compte à une procédure qui a envoyé à TOUS mes contacts Gmail une invitation à répétition… sans que je puisse corriger cette erreur ou arrêter ces messages facilement. Apprendre que cette pratique se perpétue plusieurs années après avoir ouvert mon compte, j’en suis abasourdi !
Je ne tenterai même pas de comprendre ou de demander des explications… je débarque !
Mais je voudrais m’excuser auprès des personnes qui auraient reçu de ces invitations répétitives et insistantes de la part de LinkedIn comme si c’était moi qui les envoyais : je n’étais absolument pas conscient de telles pratiques.
Étant donné que mon « réseau LinkedIn » n’existe plus, de telles communications involontaires ne seront plus possibles.
un avenir « low tech »
Au rythme où les ressources sont dilapidées il ne sera pas possible aux enfants de nos petits enfants de vivre de la même manière insouciante que nous le faisons. Les ressources rares qui sont dilapidées dans des produits de luxe et de loisirs de masse ne seront pas remplacées magiquement par des alternatives vertes. Il ne sera pas possible de conserver l’automobile comme principal moyen de transport, même en remplaçant tous les moteurs à essence par des moteurs électrique…
Philippe Bihouix, dans son petit bouquin L’âge des low tech – Vers une civilisation techniquement soutenable, montre les limites incontournables de notre société « high tech » et les illusions propagées par les vendeurs de « solutions vertes » : les miracles de la technologie participent du problème plutôt que de la solution… Il faudra s’attaquer au mode de vie, aux valeurs et aux aveuglements qui nous ont fait jusqu’ici repousser à plus tard, reporter sur les autres, ailleurs les conséquences d’un fonctionnement où l’innovation à courte vue, les coûts indirects sont mis au service du profit à court terme, du plus bas prix maintenant.
développement local et rural
La passion du rural, tel est le titre des deux volumes. Un texte fourni de 500 pages, le premier tome de cette somme de Bernard Vachon qui a été promoteur et formateur de développement local en milieu rural. Sur cette page on retrouve le premier volume et les 7 premiers chapitres du second volume. Le huitième doit être déposé le 6 août prochain.
Le moment semble bien choisi de faire un retour sur ces dernières décennies de développement local intégré même si ça ne s’appelait pas comme ça encore. Moment choisi en ce qu’on semble prêt à jeter les efforts et programmes de santé publique qui ont repris, en partie, les leçons et visées de ces programmes pionniers qui se sont appelés développement local, développement social, développement territorial intégré, développement social urbain, développement des quartiers… (voir Les soins avant la prévention, La santé publique écope de compressions budgétaires)
Quoi de plus facile en effet que de se départir de programmes qui ne portent fruits qu’à long terme, et à travers des actions partagées, des efforts coordonnés et conjoints… desquels il est difficile de tirer des statistiques probantes et propres à l’action de telle intervention dans telle mesure partie de tel programme. Engager quelques infirmières de plus en lieu et place d’organisateurs et d’agents de développement qui agissaient à la frontière, en relation avec des forces autonomes et indépendantes de l’institution… Certains penseront, même s’ils ne le diront pas souvent, que la partition du communautaire et de l’institutionnel est une bonne chose, clarifiant les enjeux, distinguant enfin le communautaire du réseau public.
Et pourtant, il faudra toujours des passeurs entre les systèmes et réseaux (voir, même si c’est un document de 1991, Entre l’institution et la communauté, des transactions aux frontières – pdf) . Et s’il n’y en a pas ou plus dans le réseau public, c’est qu’ils seront dans le réseau communautaire. Moins d’influence directe à l’intérieur du réseau public, cela promet des négociations plus dures et des contrats plus instrumentaux. Moins de respect pour l’approche et la mission « globale » des organisations communautaires et plus de comptabilité de clientèles et d’actes.
productivité, progrès et regrès…
Les discours politiques des grands partis se ressemblent en ce qu’ils affirment tous viser plus de développement, plus d’emplois, plus de productivité pour le Québec. Ce ne sont pas des discours de visionnaires mais ceux d’administrateurs qui n’ont aucune intention de « changer le système » mais bien plutôt de s’y conformer le mieux possible. Comme si on ne pouvait que s’agenouiller devant le dieu Marché. [Même l’OECD prédit l’effondrement du capitalisme] Pourtant il faudra bien se résoudre à se lever debout. Ne serait-ce que pour y voir un peu plus loin. Et il faudra bien se résoudre à harnacher enfin ce marché qui nous pousse inexorablement vers le cataclysme…
[C]ollective refusals of world-destroying patterns of growth and accumulation. [24/7: Late Capitalism and the Ends of Sleep]
Cet article récent (14.06.25) « Progrès technoscientifique et regrès social et humain » de ces bricoleurs de l’esprit critique du site Pièces et Main d’oeuvre se termine sur appel dramatique « C’est ce techno-totalitarisme, ce « fascisme » de notre temps que nous combattons, nous, luddites et animaux politiques, et nous vous appelons à l’aide. – Brisons la machine. »
Nous soutenons que les idées sont décisives. Les idées ont des ailes et des conséquences. Une idée qui vole de cervelle en cervelle devient une force d’action irrésistible et transforme le rapport des forces. C’est d’abord une bataille d’idées que nous, sans-pouvoir, livrons au pouvoir, aussi devons-nous être d’abord des producteurs d’idées.
Plus loin dans même cette rubrique « Pièces et Main d’Oeuvre n’est pas l’enseigne d’un collectif, mais d’individus politiques. Nous refusons la bien-pensance grégaire, qui n’accorde de valeur qu’à une parole réputée « collective », pour mieux la réduire au conformisme, à la paresse et à l’incapacité, dans l’anonymat du groupe. Nous ne souhaitons pas de gens « qui fassent partie », mais – au contraire – nous allier chaque fois que possible et nécessaire avec d’autres « qui fassent » par eux-mêmes. » Cet appel à l’engagement personnel, individuel, au-delà de l’engagement collectif associé à une « bien-pensance grégaire » ne refuse pas l’action collective, la mobilisation du grand nombre mais reconnait que celle-ci ne sera possible que par une action à contre-courant, à rebrousse-poil contre ce qui est encore perçu comme l’inévitable, l’indépassable technologie. Oui c’est un discours luddite mais comment faire autrement ? Comme le disait Philippe Bihouix dans une entrevue récente : La high-tech nous envoie dans le mur. Toutes ces « facilités » et machines individuelles [cette petite merveille d’ordinateur sur lequel j’écris ce texte] qui font aujourd’hui notre confort quotidien, sans même qu’on prête attention aux extrêmes pressions économiques, écologiques qu’elles impliquent, ne pourront être maintenues à long terme. De manière un peu différente mais convergente, les auteurs du Dark Mountain Manifesto mettent de l’avant une Uncivilisation, un appel aux artistes, ces transgresseurs de tabous, pour qu’ils dépassent, déconstruisent ce dernier tabou qu’est celui du Progrès et de la Civilisation.
The last taboo is the myth of civilisation. It is built upon the stories we have constructed about our genius, our indestructibility, our manifest destiny as a chosen species. It is where our vision and our self-belief intertwine with our reckless refusal to face the reality of our position on this Earth. It has led the human race to achieve what it has achieved; and has led the planet into the age of ecocide.
Pour éviter l’écocide, si c’est encore possible, il faudra des artistes, des intellectuels, des inventeurs, des passeurs et des facilitateurs. Il faut des individus engagés pour faire des communautés solidaires, aimantes, protectrices et prospectives. Tout comme il faut des communautés inclusives, éducatives, responsables et autonomes, confiantes pour que naissent des individus créateurs.
Il s’agit plus que de reconnaître la légitimité et les droits de minorités et dissidences, il s’agit de miser sur et d’articuler les libertés individuelles et les conditions d’existence et de perpétuation des collectivités – naturelles et intentionnelles. Les manières traditionnelles de gérer ce dilemme conduisent aux défenses un peu caricaturales de l’une ou l’autre alternative : primauté à la liberté (principalement individuelle) de posséder, d’accumuler, de vendre, d’entreprendre… OU primauté aux droits collectifs et sociaux, à la responsabilité publique et à la protection du patrimoine, à la gestion des communs.
Nous ne pouvons plus nous permettre de faire alterner ces points de vue comme s’ils se repoussaient l’un l’autre. Il nous faudra les articuler, les intégrer pour gérer une société où les taux de croissance ne seront plus ce qu’ils ont été au cours des dernières décennies.
quelques pas dans les Laurentides
Je pense à deux ou trois journées de marche… [après la bibliothèque, avant les portes & fenêtres]
De St-Jérôme à Prévost (après m’y être rendu en métro-bus). 13 km pour se dégourdir.
De Prévost à Val-David, 25 km en 5h et demi. Aller voir les Jardins du précambrien.
Et pour le retour, 34 km en passant par Morin-Heights : 4,9 km/h pendant 7 heures. Les arrêts ne seront pas très longs et le pas soutenu.
malades de la croissance
En réplique au message de Michael Lenczner sur la liste CivicAccess, oui à l’effort de standardisation dans l’utilisation et la collection des données ouvertes. Et merci de me faire connaître des initiatives telles Nord Ouvert (riche source d’outils et d’expérience de mobilisation citoyenne autour d’exercices budgétaires ou de planification). Mais pour standardiser les données, il faut en avoir… Parfois l’effort doit porter sur la cueillette des données (comme cette mobilisation de 150 citoyens de la ville de Détroit pour faire la carte des espaces vacants de la ville) ou encore sur le droit d’y accéder.
Incidemment, je lisais Nafeez Ahmed sur son blogue Earth Insight au Guardian, qui résume les travaux d’un ex-agent de la CIA qui s’est fait promoteur d’une révolution par l’Open-source utilisé comme levier pour conquérir le 1 % (The open source revolution is coming and it will conquer the 1% – ex CIA spy). Cet ancien agent du Central Intelligence Agency s’est fait le promoteur d’une intelligence ouverte, (Earth Intelligence Network, Public Intelligence). avec un agenda plutôt radical de reprendre le pouvoir aux 1%.
Peut-être faudrait-il, effectivement, penser en termes stratégiques de prise de pouvoir, d’extraction de savoir en tout cas, pour faire face aux enjeux de plus en plus critiques qui confrontent nos collectivités. Dans cet autre billet récent (4 juin), Ahmed (Scientists vindicate ‘Limits to Growth’ – urge investment in ‘circular economy’) commente la parution du 33e rapport du Club de Rome. Extracted, c’est le nom du rapport qui fait le point sur les limites bientôt atteintes de l’extraction traditionnelle des minéraux et la poursuite excessive et linéaire de la croissance économique. Une chose semble certaine : il faut apprendre à partager un monde fini (Environment: Sharing a finite world) sans quoi…
« Resource constraints will, at best, steadily increase energy and commodity prices over the next century and, at worst, could represent financial disaster, with the assets of pension schemes effectively wiped out and pensions reduced to negligible levels. »
Oui, des données ouvertes pour partager la patinoire du coin, ou encore pour faire le portrait des espaces laissés vacants ou en friche dans nos villes… pour établir des priorités dans les budgets locaux… mais aussi pour suivre et comprendre l’évolution des « communs » et richesses non renouvelables de notre petite planète. Pour suivre et mesurer la propriété de ces ressources limitées et imputer à qui de droit les responsabilités et charges que les changements et transformations qui sont nécessaires imposeront.
Mais le suivi des richesses ne sera pas suffisant… il faudra changer nos méthodes comptables, pour inclure les « externalités », pour mettre un prix, une valeur sur ce qui était gratuit ou pris pour acquis : eau, air, intrants non renouvelables ou produits, extrants polluants ou non recyclables…
Le leitmotiv de la croissance du PIB comme seule voie envisagée pour contrer le chômage, la pauvreté, et même pour lutter contre le réchauffement climatique ou la pollution… doit être revu et corrigé.
Since World War II, the overarching goal of U.S. policy under both parties has been to keep the economy growing as fast as possible. Growth is seen as the base cure for every social ill, from poverty and unemployment to a shrinking middle class. It is seen even by some as the path to a cleaner environment, generating the means for pollution cleanup.[Critics question desirability of relentless economic growth]
Les limites à la croissance ou même la croissance négative pourraient conduire à une société moins inégale, un mode de vie plus sain…
Limits to economic growth, or even « degrowth », the report says, do not need to imply an end to prosperity, but rather require a conscious decision by societies to lower their environmental impacts, reduce wasteful consumption, and increase efficiency – changes which could in fact increase quality of life while lowering inequality. [Earth Insight]
Autres ressources :
- Vers une économie circulaire, trois rapports de la fondation Ellen Mac Arthur. Économie circulaire (Wikipédia)
- How accounting forced transparency on the aristocracy and changed the world (Boing Boing)
- Growth Bias Busted