bloguer à plusieurs

Le groupe Nous.blogue a été créé il y a 7 ans, le 1er avril. Depuis, quelques 450 billets ont été écrits et diffusés par ce médium par une trentaine de blogueurs (dont le soussigné) et blogueuses. En 2015, la conjoncture n’était pas brillante, côté développement régional et action collective de développement des collectivités : les CRÉ (conseil régional des élus), les CLD (centre local de développement) de même que Solidarité rurale avec son réseau d’agents de développement avaient été soit carrément dissous, fermés ou grandement fragilisés.

À l’époque, il était apparu important d’ouvrir cet espace de discussion-réflexion (Nous.blogue) afin de pallier à la disparition de ces lieux de concertation et d’accompagnement des processus de développement des collectivités.

Depuis sept ans, qu’est-ce que ce blogue collectif a apporté ? Pour ma part, j’ai apprécié lire plusieurs des contributions que je n’aurais peut-être pas « attrapées » sur les fils d’actualité (quotidiens, FaceBook, Twitter). Je pense aux réflexions de Bernard Vachon sur la décentralisation et le développement des régions; à celles de René Lachapelle sur la démocratie et la transition… et d’autres sur les élections, la militance, l’équité… J’ai aussi certainement profité de cette plate-forme pour diffuser un peu plus largement certains billets aussi publiés ici, sur Gilles en vrac… Même, je devrais dire que la participation à ce blogue collectif m’a parfois incité à écrire : des dates de tombée que je ne me serais peut-être pas imposé tout seul !

Aujourd’hui, en 2022, le contexte ayant amené à la création de cet « outil » a-t-il changé ? Existe-t-il d’autres lieux de discussion, d’expression semblables ? Les déficits démocratiques créés par la disparition des CRÉ et autres ont-ils été comblés ? Les mesures d’austérité qui étaient au coeur de ces décisions gouvernementales à l’époque ont-elle été révisées, compensées ?

Les politiques libérales d’austérité ont été remplacées par des politiques caquistes… puis des politiques de temps de pandémie. Les politiques de centralisation en santé et de décentralisation vers les MRC (au détriment du soutien aux régions) ont été maintenues. Certaines régions s’en tirent mieux que d’autres en matière de développement concerté ou intégré : après tout, ce ne sont pas les CRÉ qui avaient créé les régions ! Là où la tradition était bien ancrée, des processus collectifs ont été maintenus ou redéployés, parfois avec l’aide de certaines fondations.

Ce qui a le plus changé, il me semble, depuis sept ans, c’est l’importance croissante accordée au changement climatique et à la nécessaire transition éco-socio-énergétique (voir évolution des catégories et étiquettes). Cette préoccupation traverse de plus en plus les propos émis sur Nous.blogue mais aussi d’autres espaces collectifs, dont certains sont relativement nouveaux : notamment la plateforme Passerelles, un projet maintenant autonome issu du TIESS. Aussi des initiatives comme le Front commun pour la transition énergétique ou encore le groupe FaceBook Solon qui ont été créé depuis 2014 ou ont pris plus d’importance.

En faisant le tour des groupes ou pages FaceBook dont l’orientation est similaire ou convergente à celle de Nous.blogue : préoccupation pour l’équité, la démocratie, le développement des territoires, des collectivités, la transition… j’en ai relevé plusieurs (voir tableaux à la page suivante). La question se pose : pourquoi pas juste un groupe FaceBook à la place de Nous.blogue ? Géré par un comité qui accueillerait et stimulerait les participations. Ce serait moins compliqué qu’un blogue, non ? Pas sûr… c’est pas compliqué un blogue. Et le contrôle exercé par le groupe sur son environnement est beaucoup plus grand : on peut classer, conserver, organiser comme on veut les contenus.

Si je repasse rapidement le film des comités d’orientation du blogue, dont je suis membre depuis les débuts.((Je pense même être celui qui a suggéré l’idée d’un blogue sur les coupures et mesures d’austérité… pour donner la parole à ces expertises et engagements qui se faisaient cavalièrement remercier.)) Tous ces espaces démocratiques d’interaction entre le politique et la société civile, en lien avec des territoires singuliers, des parcours historiques qui allaient se taire. Il y avait un enthousiasme au début : en témoigne le nombre de billets publiés les premières années :

Nombre de billets publiés par année
sur Nous.blogue depuis sa création

J’ai l’impression qu’on a souvent été, au comité d’orientation, en campagne : trouver de nouveaux blogueurs, rencontrer, s’entretenir avec des « prospects »… stimuler les troupes en suggérant des thèmes pour une période : Élections 2018, ou Nos années 20 ! à l’occasion du 5e anniversaire du blogue en 2020.

Il est intéressant de rappeler les deux commentaires faits au moment du « lancement » de la série Nos années 20!, le 1er avril 2020.

Par Marie-Denise, la première accompagnatrice du blogue, de chez Communagir : « Je dois dire que c’est avec beaucoup de fierté que je vous lis encore! Quelle belle évolution pour nous.blogue. Bravo à toute l’équipe et aux blogueurs toujours plus intéressants et pertinents. »

Et Bernard, ce généreux contributeur au blogue collectif, particulièrement sur les questions de développement régional et rural, de critique du développement trop orienté vers/par les grands centres :

Je crois beaucoup à l’utilité de ce blogue. Il fait mieux connaître nos régions; il emprunte des voies d’analyse inédites parce que souvent fondées sur la connaissance des gens de terrain; il propose un regard et des perspectives tournées vers des réalités porteuses d’espoir; il réunit l’économique, le social et l’environnemental; il explore les « futuribles », c’est-à-dire les futurs possibles; il soumet une critique réfléchie et documentée; il ne craint pas d’ouvrir la porte à l’intuition et à la sagesse de l’expérience.
Longue vie à Nous.blogue!

Bernard Vachon, en commentaire le 3 avril 2020 à 13 h 05 min

Je ne saurais mieux dire. Merci professeur Vachon.

C’était il y a deux ans. La situation a-t-elle changé depuis deux ans ? Mis à part qu’on est dans une situation extraordinaire depuis deux ans ! Oui, la situation a changé : les familles ont connu des stress supplémentaires importants pendant de longues périodes; plus de morbidité, de mortalité que d’habitude, mais moins de contacts sociaux pour amortir, amoindrir les effets de ces pertes. Les gens sont plus susceptibles, plus près de « péter une coche » que jamais… Les divisions ville-campagne, intello-ouvrier, cycliste-VUS, immigrés-natifs sont plus vives, parce que les pôles dominés de ces couples ont été mis en valeur au cours de la dernière période… donnant plus de légitimité à une population habituellement silencieuse.

Ce qui a changé depuis sept ans ? Plus de sources d’information, plus d’initiatives collectives ancrées territorialement, de campagnes de résistance aux projets malvenus ou mal conçus des autorités, d’initiatives locales vers la transition… Chaque grand projet (3e lien, REM, refondation santé…) devrait servir à nous faire avancer vers une société moins gourmande, plus économe, plus créative, plus respectueuse et sociale. Pourtant, trop souvent, ces projets sont fondés sur la perpétuation des modèles dominants, standards.

Je crois aussi qu’il y a encore de la place pour un espace, une voix comme Nous.blogue. Mais il me semble que j’y viendrais plus souvent s’il y avait plus d’informations partagées. En plus des contributions originales auxquelles nous sommes habitués on pourrait ajouter les résultats d’un survol de l’actualité : publications récentes dans certaines collections, de certains éditeurs; colloques et événements à venir; parutions pertinentes dans certains fils Twitter ou pages FB venant de collectifs et d’organisations aux intérêts convergents.

Mais n’y a-t-il pas déjà des bulletins, newsletters, qui rassemblent ces infos ? Je pense particulièrement à Le Quinzo, le bulletin bi-hebdomadaire de Passerelles. Il ne faut pas dédoubler les efforts mais nous avons quand même besoin de faire des liens. Notamment avec ce qui se passe sur FB.

J’imagine une évolution, un développement de Nous.blogue grâce à un bassin de contributeurs étendu, dont certains pisteurs et veilleurs relatant certaines sources en plus des auteurs actuels. Ou encore des contributions photographiques témoignant de la dynamique des régions, des quartiers…

Nous sommes des tisserands et tisserandes d’une toile aux multiples fils. Des paroles individuelles engagées, réfléchies, des témoignages personnels; des récits vrais. Mais aussi pourraient s’ajouter des fils d’infos pertinentes, reflétant l’actualité et l’innovation des mouvements sociaux. L’écosystème du développement des collectivités territoriales et urbaines continuera de se développer. Le grand inconnu de la prochaine décennie : comment les villes et MRC relèveront le défi des services de proximité, avec les partenaires traditionnels des réseaux communautaires et de la santé ? Mais surtout, comment ces acteurs, ensemble, contribueront-ils à avancer la Transition, et l’invention d’un nouvel habiter. La conjoncture pourrait être favorable à l’expérimentation : valorisation des services de proximité, du logement locatif, du transport actif et collectif, du développement décentralisé… Je demeure préoccupé de l’éloignement, de la méconnaissance qui oppose trop souvent collectivités urbaines et rurales… secteurs publics et privés… intellos et manuels… On a pourtant besoin de tous.

L’écosystème de Nous.blogue

Les tableaux qui suivent rassemblent les liens vers des groupes ou encore des pages sur FaceBook avec le nombre de membres (ou d’abonnés) en date du 15 mars 2022. Une façon de se situer parmi d’autres groupes ou diffuseurs. J’ai ajouté, par curiosité, certains partis et leaders politiques, pour relativiser l’importance des « communautés intentionnelles ». Voir page suivante.

des communautés saines ou sécuritaires ?

Poursuivant la réflexion-recherche amorcée avec le billet précédent autour de l’orientation d’un système de santé en première ligne…

Le Québec et le Canada ont été à l’avant-garde de la santé publique à l’échelle internationale pendant des décennies : rapport Lalonde conduisant à l’adoption de la Charte d’Ottawa en 1986. Le rapport Poirier, en 2005, 3 ans avant le rapport de la Commission de l’OMS sur les déterminants sociaux : Combler le fossé en une génération


EN PASSANT : Qu’est-ce que le Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé peut apporter ? Un débat – une conférence sur l’équité en santé ? (entendez ici le mot « national » comme canadien)


L’orientation de l’actuel gouvernement : doit-on y voir un virage « sécurité » ? En cherchant sur le site de l’INSPQ les documents publiés récemment sur le thème Développement social et communautaire, je remarque les dernières publications, qui tournent autour du diagnostic sécuritaire des communautés, après une évaluation de l’implantation de la démarche « Prendre soin de notre monde ». Doit-on y voir une évolution ?

De la stratégie « Prendre soin de notre monde » (Appropriation de la démarche Prendre soin de notre monde – mars 2021) aux diagnostics de sécurité (Manuel pour accompagner le processus et déterminer le diagnostic de sécurité : trousse diagnostique de sécurité à l’intention des collectivités locales – 2e édition – Passer d’un diagnostic de sécurité à un plan d’action : un guide à l’intention des collectivités locales – 2e édition) en 2022

Prendre soin de notre monde, un « appel à travailler ensemble » lancé en 2015. « La Démarche Prendre soin de notre monde est une invitation à travailler ensemble, en facilitant les collaborations entre les acteurs municipaux, gouvernementaux et non gouvernementaux pour la création et le maintien d’environnements municipaux favorables à la santé et à la qualité de vie. » 

Rapport d’évaluation, daté de mars 2021, par Marc Lemire (Appropriation de la démarche…).

Extraits du rapport d’évaluation : 

certaines configurations posent davantage d’obstacles ou de limites à la possibilité de réussite de la démarche, du moins en ce qui concerne son appropriation, par exemple lorsque seul un petit nombre d’individus en porte la vision ou lorsque la vision partagée régionalement est limitée à la préoccupation des saines habitudes de vie. 

Les acteurs œuvrant en développement communautaire expérimentent aussi des difficultés à traduire la démarche par rapport à leurs rôles et responsabilités. En outre, l’adhésion de ces derniers à l’idée de travailler en soutien aux acteurs municipaux plutôt qu’en soutien à l’ensemble de la communauté ne va pas de soi. 

 Enfin, des difficultés se posent également pour les représentants de certaines organisations partenaires au sein des TIR-SHV. En dehors des représentants responsables de la coordination régionale, plusieurs semblent peu informés sur la démarche et ses ancrages régionaux. Dans ce cas, la difficulté d’en percevoir l’utilité est accrue. 

la démarche correspond à une réalité différente selon les organisations et les fonctions occupées, de même qu’en fonction des régions et des paliers d’intervention. 

Dans la mouvance de Québec en forme d’où elles proviennent, les TIR-SHV continuent de prioriser la thématique des saines habitudes. Plusieurs semblent néanmoins avoir cherché à redéfinir ou consolider leurs actions autour d’une vision plus large de la santé et de la qualité de vie 

Enfin, des améliorations sont attendues en ce qui concerne les organisations municipales. Considérant le roulement d’effectifs régulier et malgré les multiples contraintes et sollicitations auxquelles font face les élus et les employés municipaux, il est souhaité qu’ils maintiennent leur ouverture aux efforts de sensibilisation, de mobilisation et de collaboration qui leur sont destinées. 

La finalité de la démarche implique que les acteurs municipaux saisissent le rôle qu’ils peuvent jouer et les leviers dont ils disposent pour agir à leur façon en matière de santé et de qualité de vie. Les acteurs régionaux engagés dans la démarche souhaitent que les acteurs municipaux comprennent la diversité des expertises qu’il leur est accessible en collaborant et qu’ils acceptent de s’engager dans une relation de collaboration plutôt que strictement dans une dynamique de mandant/mandaté. On souligne l’importance que les municipalités favorisent la participation en amont des projets et si possible à différentes étapes de façon à tirer profit des expertises complémentaires qui leur sont offertes. (p. 8, Appropriation de la démarche, Faits saillants et résumé)

[— À voir : les autres acquis et leçons tirées (dans le même rapport) pour les autres partenaires (régionaux, non-gouvernementaux…)  —] 

Ceux qui ont participé à des activités de formation et de sensibilisation manifestent aussi une adhésion et une motivation plus grandes en général. Or, une proportion importante des acteurs engagés dans la démarche occupe nouvellement leur fonction et n’a pas participé à de telles activités dans les dernières années. Ceux qui ont moins d’ancienneté dans leur fonction actuelle ont d’ailleurs moins souvent tendance à bien comprendre la démarche.

Il ressort de cette évaluation trois principales recommandations formulées à l’intention des décideurs :

1- Poursuivre la mobilisation collective visant la création et le maintien d’environnements favorables à la santé et à la qualité de vie en milieu municipal en s’appuyant sur les capacités et les dispositifs en place, tout en les renforçant;

2- S’adapter à l’évolution rapide des réalités du milieu municipal en poursuivant les efforts de rapprochement des instances stratégiques et des regroupements de professionnels détenant des expertises clés en milieu municipal;

3- Engager davantage les organisations et les réseaux partenaires de la démarche à concevoir de façon collaborative le développement d’outils et de connaissances, ainsi qu’à structurer le partage de ces outils et connaissances de façon concertée pour renforcer les capacités des acteurs de soutien en région.

Ces recommandations tiennent compte du fait que le contexte national de pandémie lié à la COVID-19 depuis mars 2020 ne remet pas en question la finalité de la démarche ni ses principes de collaboration. Bien au contraire, l’action intersectorielle en santé publique et la collaboration avec les municipalités demeurent essentielles pour maintenir ou créer des environnements favorables à la santé.

Extraits de Appropriation de la démarche Prendre soin de notre monde – mars 2021

Dernière nouvelle : le gouvernement de la CAQ prévoit transférer 5000 postes de fonctionnaires dans les régions. Une politique saluée par l’UMQ et commentée par son président dans Le Devoir.

« refondation » du système de santé?

Refonder ou rétablir, il y a une nette différence. Par rétablissement, on signifie le retour à l’équilibre (ou à la santé); retour à l’état antérieur. Pour refonder, il faut établir de nouvelles bases, ou encore accueillir de nouveaux partenaires à l’entente entourant ou supportant, fondant l’établissement, l’institution.

Comme le soulignait M. Gerbet, de Radio-Canada, « Publiquement, ce plan est présenté comme une refondation du système de santé, mais en interne, c’est l’appellation plan de rétablissement qui est utilisée. » Ce rétablissement repose sur quatre fondations : les ressources humaines, l’accès aux données, les systèmes informatiques et les infrastructures.

Et, en anglais, le ministre de la santé précise ce qu’il entend par « infrastructure » : plus de lits dans des hôpitaux rénovés. 

Pour les ressources humaines, on veut avoir plus d’emplois à temps plein dans le réseau – « 40% des emplois sont à temps partiel ». 

Ainsi, ce qu’on avait appelé pompeusement une « refondation » revient à une consolidation de l’hospitalocentrisme… Que peut bien signifier dans ce contexte la décentralisation souhaitée ?

La pression vers une privatisation des soins et services se fait sentir : les exemples européens abondent, « les meilleures pratiques au sein des systèmes de santé de la Suède et du Royaume-Uni », sous la plume d’une chercheuse soutenue par l’Institut économique de Montréal. Une comparaison qui se termine par un nouvel appel à faire plus de place au privé. Parmi les 6 ingrédients de la « recette gagnante pour une refonte réussie du système de santé » : laisser le « secteur indépendant » administrer les hôpitaux publics; accueillir plus facilement les médecins formés ailleurs ET faciliter aux médecins québécois la pratique de leur art ailleurs au Canada. 

Ce projet de rétablissement-refondation sera une pièce importante du prochain programme électoral de la CAQ. Si on laisse les financiers, les administrateurs d’hôpitaux et de systèmes s’exprimer seuls… il ne faudra pas se plaindre que la CAQ suivent leurs recommandations. 

Il y a un urgent besoin d’une autre analyse, d’une alternative à cette refondation qui risque fort de ressembler aux « solutions » CAQistes à nos problèmes de transport (REM, 3e lien, autoroutes élargies).

Certains croiront le gouvernement Legault qui « assure toutefois avoir l’intention de changer radicalement d’approche, avec une vision plus humaine et efficace, en décentralisant les décisions » (Thomas Gerbet, Radio-Canada). Mais avec le niveau de centralisation auquel était rendu notre réseau de santé (34 PDG réunis autour du ministre) on peut sans doute décentraliser de quelques crans sans pour autant changer l’approche. 

Une vision « plus humaine et efficace », nous promet-on ! C’est vrai que se faire soigner par une personne plutôt qu’un robot qui garde un œil sur sa tablette et l’autre sur sa montre… ça doit avoir des conséquences mesurables en terme d’efficacité thérapeutique. Malheureusement trop souvent dans le passé l’efficacité dont on parlait, et qu’on mesurait, c’était le nombre de minutes passées à faire la procédure XYZ pour soigner l’épisode de maladie 1278c… (Voir plusieurs présentations faites à l’ACFAS 2021 sur Reddition de compte en intervention de proximité : comment dépasser la mesure et (re)trouver le sens ?, présentations déposées dans le groupe de discussion Santé de la plate-forme Passerelles.) 

Je n’ai pas de solution, d’alternative à proposer ici, maintenant. Certains acteurs du réseau de première ligne des dernières décennies auraient sans doute beaucoup à nous dire et nous apprendre, comme le billet d’Alain Coutu en témoignait récemment sur Nous.blogue. 

Un groupe de travail, dans Passerelles ? Sous-groupe de l’actuelle communauté « Santé » pour discuter de cette autre conception de la refonte nécessaire ?

Pour stimuler la réflexion

Pour contribuer à lancer la discussion, j’ai assemblé sur une page Réflexion sur la refonteles liens vers des documents d’archives (1988-89; 1995…) que je compte relire. Aussi des liens vers des documents plus récents (et décapants !) tel « Le capitalisme c’est mauvais pour la santé« . Bon, ce dernier n’est pas un document d’archive (ni gratuit) mais il s’inscrit dans la foulée, dans le sillon des travaux de l’IRIS, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques – « Votre institut de recherche progressiste ».

En terminant, je suis bien conscient qu’un retour sur les origines des CLSC (ou les transformations du système de première ligne depuis 50 ans) ne peut inclure, comprendre tout ce qui s’est développé depuis. S’il est question de refonder un système apte à prendre soin de sa communauté, l’approche préventive et d’empowerment communautaire portée par le projet CLSC original a été reprise, transformée, développée par les CLD, CDC, et autres ADR (et Tables de quartier) et un mouvement communautaire qui s’est structuré, spécialisé, subdivisé. Mais qui a su se faire reconnaître, en expertise, en savoir-faire, en gestion de ressources. Autrement dit le nombre de partenaires dans la communauté intéressés par une stratégie de développement/services/santé dans la communauté s’est multiplié depuis la création des CLSC. Et la position des médecins dans le réseau s’est érigée en un réseau parallèle (grâce à de lourdes subventions publiques) très peu lié aux communautés. 

Billet aussi publié sur Nous.blogue

[Ajout 2022.02.25] Voir aussi : des communautés en sant ou sécuritaires ?

un anniversaire

Le 9 février marque le 20e anniversaire de ce carnet web. J’ai pensé que ça méritait d’être souligné. J’avais tenté d’en extraire les meilleurs billets en vue du 15e, en 2017 ! Un pensum abandonné en cours de route parce que j’avais, me semblait-il, mieux à faire que de ressasser une matière pas toujours mémorable !  J’ai finalement complété le travail, cinq ans plus tard, avec plus de plaisir qu’escompté. À la retraite depuis bientôt dix ans, j’ai apprécié retourner, en mémoire, à cette époque fébrile, pour ne pas dire frétillante où je pouvais écrire 50 billets par mois (!). Bon, je vous rappelle que le blogue remplaçait Twitter en ces années pionnières et les billets se résumaient souvent à pointer vers une ressource, un document public en discussion ou simplement le billet d’un autre blogueur. 

J’ai rassemblé en quelques pages, cinq pour le moment, les étapes, ou contextes qui ont jalonné l’écriture de quelques 2 500 billets écrits au cours des ans. Plus de 500 la première année ! Mais en 2002, un billet c’était souvent l’équivalent d’un « gazouillis » aujourd’hui. Bon, je n’ai pas terminé il me semble de noter les réflexions que cet exercice m’inspire. J’ai au moins une ou deux autres pages à écrire où je veux rassembler sous quelques thèmes mes « meilleurs billets », ou encore une liste annualisée des 1 à 5 meilleurs par an… Je compléterai au cours des prochains jours.

Bonne lecture ! Suite sur la page Vingt ans.

balados, webinaire, & cetera

Demain, le 26 janvier. Webinaire gratuit.

J’avais oublié ce webinaire, qu’on me rappelle ce matin. Organisé par l’Université de Moncton, il sera diffusé demain, 26 janvier (inscription gratuite) avec des données tirées du terrain (Bas-du-fleuve), pour l’intervention de M. Simard et une synthèse plus théorique, ce me semble, de la part de Mme Bouchard, mais une théorie ancrée dans une connaissance fine et profonde du terrain de l’économie sociale.

J’apprend par ailleurs l’existence de ce balado, Esprit de quartier, lancé en décembre dernier par la Coalition montréalaise des Tables de quartier. Comment se fait-il que je n’aie pas remarqué ? Bon… la boulimie d’information ? Mais je remarque, avec surprise, que je ne suis pas abonné au fil Twitter de la Coalition (@LaCMTQ) ! Je croyais l’avoir fait, mais c’est au fil de son coordonnateur (@YBellavance) que j’étais abonné. Voilà, c’est corrigé. Déjà 4 épisodes de balado de 30 minutes sont disponibles : Une ville (vraiment) abordable; Vivre le quartier ensemble; Sortir du désert alimentaire; Des quartiers verts et solidaires. Aussi 4 petits vidéos de 3-4 minutes, en provenance de St-Henri, Lachine, Pointe-St-Charles et Centre-Sud. Bravo !

La « newsletter » de la FLAC me rappelle que la plateforme collaborative Passerelle hébergera les archives de Bill Ninacs, ce grand militant et pédagogue du développement communautaire et de l’empowerment, décédé en décembre dernier. On peut aussi visionner une série de vidéos sur Billninacs.ca

Et la lettre mensuelle de l’association la Coop des Communs me fait connaitre cette émission de France Culture portant sur Elinor Ostrom, qui recevait en 2009 le prix Nobel d’économie « pour son analyse de la gouvernance économique, en particulier des biens communs ». Rosa Luxemburg, économiste révolutionnaire fait aussi l’objet d’une émission d’une heure.

regarder devant, hier en tête

Deux mois que je n’ai rien écrit sur ce carnet. J’ai bien dû commencer 2 ou 3 billets dont un particulièrement développé sur ce que j’ai retenu du dernier livre de David Graeber (The Dawn of Everything – Au commencement était), mais comme je n’ai pas encore fini de lire la version française (après avoir lu l’original en anglais), je dois remettre à plus tard mon commentaire sur ce livre important en anthropologie et préhistoire.

Je voudrais remercier certains auteurs qui m’ont stimulé ou questionné au cours de l’année et dont j’ai pu, ou pas, vous parler ici dans l’un ou l’autre des 18 billets publiés en 2021 sur Gilles en vrac…

Il faut parfois du courage pour écrire un livre. Un livre inscrit dans la conjoncture comme le fut celui de Daniel Sanger (Sauver la ville) qui portait sur l’histoire du parti Projet Montréal, et le déroulement de son premier mandat dont il pouvait témoigner en tant qu’employé de l’appareil politique de Projet Montréal depuis l’élection de Luc Ferrandez à la mairie du Plateau Mont-Royal. À la sortie de son livre, au début de la campagne électorale, alors que les sondages donnaient le candidat Coderre en avance sur la mairesse Plante, la franchise et la transparence de Sanger n’ont pas dû plaire à tout le monde ! Maintenant que madame Plante a été réélue, on peut penser que son pari n’a pas été vain et qu’il a pu contribuer à construire l’image d’un parti sain et ouvert. Reste à voir si un autre Sanger saura faire la chronique interne de ce deuxième mandat !

A l’aventure autour du monde avec Taras Grescoe, dont j’avais commencé l’avant-dernier livre, paru en traduction française en 2019 (Shanghai, la magnifique) qui fait la chronique des années 30 dans la ville de Shanghai à travers les yeux d’une écrivaine journaliste qui y a réellement vécu (Emily Hahn). Un style « docu-fiction » qu’il a repris dans son dernier livre, Possess the Air, où il retrace les années 20 et 30 d’une Rome sous Mussolini. À travers les témoignages de divers artistes, écrivains ou citoyens qu’il rassemble en une trame narrative bien vivante. Je n’avais pas terminé la lecture de Shanghai, la magnifiqueque je plongeais dans un autre de ses livres : Straphanger, une suite de reportages dans une quinzaine de villes à l’échelle internationale sur les enjeux du transport en commun. Ce document paru en 2012 aurait bien mérité une traduction française ! Mais après dix ans, cela devient improbable sans une mise à jour… qui pourrait être minimale car les leçons à tirer de l’histoire resteront les mêmes !

Quand je regarde le parcours de la dernière année, il me semble qu’une tendance, une impression se dégage : l’écoute de la « nature », la reconnaissance de sa diversité, de son intelligence. Suzanne Simard et sa démonstration du rôle des arbres-mères dans les forêts canadiennes. Anna L. Tsing, avec Friction, nous fait pénétrer la culture des Dayacs, sur l’île de Bornéo, et la relation de symbiose et de bénéfices mutuels que ces aborigènes ont développée avec les êtres des forêts. En même temps que je lisais Simard et Tsing, je me suis passionné pour l’identification des espèces qui fleurissent chaque année derrière chez moi dans une riche petite fiche. Avec quelques voisins on s’est même pris à rêver que certaines espèces et spécimens pourraient être protégés, encouragés afin de maximiser la captation de carbone et les abris d’oiseaux… mais les proprios ont tout rasé, comme à leur habitude, au mois d’août. Malgré une offre de collaboration faite aux propriétaires du terrain. Il est possible que la règlementation municipale concernant de tels terrains explique un tel comportement… Mais il est aussi possible que ce soit la manière la moins onéreuse, la plus expéditive de ne pas construire un terrain. 

L’ignorance de la nature, son exploitation, sa réduction à l’état de ressource, d’espace à occuper, à consommer… marquent notre prétention comme espèce à dominer la planète avec autant d’intelligence qu’un troupeau de cerfs sur une île aux thuyas. 

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