lectures d’été 2025

Des lectures que je me promet de poursuivre ou reprendre au cours des prochaines semaines… Lectures ou visionnements, car il y a quelques conférences et entrevues que je n’ai pu encore écouter qui sont dans ma liste. Commençons par là.

Dominique Méda, en entrevue avec…

Dominique Méda est une prof de sociologie du travail et de la décroissance que j’ai découvert avec La mystique de la croissance: comment s’en libérer (2013); plus récemment (2016): L’Âge de la transition : en route pour la reconversion écologique avec Bourg er Kaufman; ou en 2020 : Manifeste Travail : démocratiser, démarchandiser, dépolluer .

Le 30 décembre 2014, dans ce billet intitulé la croissance contre l’avenir je trouvais « revigorante » la lecture de La mystique de la croissance.

Sur Sismique.fr (où l’enregistrement est réalisé) :
« Nous parlons ensemble de la genèse du productivisme, de la dégradation des conditions de travail en France, des limites du capitalisme mondialisé, de la place des jeunes et des classes populaires, de l’Europe comme horizon de transformation… et de la manière dont nous pourrions, collectivement, construire une société plus juste, plus soutenable, plus désirable. »

Que retenir de cet entretien (selon Sismique)?
Concepts & diagnostics
  • Le travail est devenu une norme sociale absolue, un lieu d’identité et de reconnaissance… mais aussi de souffrance.
  • Les conditions de travail en France sont parmi les plus dégradées d’Europe, malgré un haut niveau de protection sociale.
  • Le consensus de Washington a remplacé le consensus de Philadelphie, marquant le passage d’un État social à une logique néolibérale dominante.
  • L’économie mondialisée met en concurrence non seulement les entreprises, mais aussi les modèles sociaux : la protection devient un handicap dans un système non régulé.
Controverses & tensions
  • La transition écologique est perçue comme punitive par les classes populaires, en l’absence de politiques d’accompagnement ambitieuses.
  • La France est prise en étau : entre dettes, injonction à la compétitivité et nécessité de sobriété, le système semble sans issue claire.
  • La planification écologique est nécessaire, mais elle se heurte à la peur de l’économie administrée et à l’idéologie du marché tout-puissant.
  • La jeunesse n’a pas perdu le goût du travail, elle réagit à un marché qui l’a longtemps exploitée et dévalorisée.
Perspectives & solutions
  • Recentrer la société sur les besoins essentiels, plutôt que sur la production infinie de biens marchands.
  • Penser l’Europe comme échelle de résistance et de transformation, pour sortir de la guerre économique tous azimuts.
  • Associer les citoyens à la construction d’un futur commun, à travers des collectifs de travail, des indicateurs alternatifs, et une projection désirable du changement.
  • Utiliser le travail comme levier de transformation écologique et sociale, en créant des emplois utiles, soutenables, valorisants.

Méda et Habermas

La même Dominique Méda s’entretenait (6 juin 2025) avec Géraldine Mosna-Savoye, qui anime le podcast Le Souffle de la pensée sur Radio-France. Leur discussion d’une heure tourne autour d’un texte de Habermas : La technique et la science comme ‘idéologie’.

Morozov et Habermas

Evgeny Morozov avait lui aussi pointé dans The New Legislators of Silicon Valley1Une référence du Sentiers.media de Patrick Tanguay, vers un texte récent (2023) de Habermas :

Et si nos élites technologiques multitâches étaient précisément les forces – rusées, puissantes, parfois délirantes – qui conduisent la « transformation structurelle » de la sphère publique diagnostiquée par Jürgen Habermas dans ses premiers écrits ?

Le jeune Habermas – avant que la théorie des systèmes ne gonfle sa prose et que la nuance ne dilue sa fureur – identifiait le coupable avec une clarté implacable : le déclin du débat critique et ouvert était dû à l’influence corruptrice du pouvoir concentré. On n’a jamais dit mieux. Et pourtant… En actualisant son analyse de 1962 dans 2023 (Espace public et démocratie délibérative : un tournant), Habermas, l’universitaire aristocratique, a choisi de s’agiter autour de sujets tels que le « pilotage algorithmique », une préoccupation pittoresque qui s’apparente à ajuster les cadres d’un tableau alors que la maison s’effondre dans un gouffre.

On n’accusera pas Morozov de diluer de sa fureur dans la nuance… mais son tour d’horizon de l’hubris des « maitres du monde » est stimulant même si pas réjouissant. Comparant les actuels oligarques de la Silicon Valley aux apparatchiks soviétiques (plutôt que chinois), il en vient à prédire leur chute, sous le poids de leurs contradictions :

La réalité, cependant, conserve son point de rupture, une leçon que les bureaucrates soviétiques ont apprise lorsque leurs fictions soigneusement construites se sont brisées contre les contraintes matérielles. Le Parti communiste chinois, plus habile dans ses méthodes, a mis en place des systèmes de collecte des griefs à plusieurs niveaux (forums numériques, fonctionnaires locaux, ONG contrôlées) qui fournissent des informations cruciales sur les troubles potentiels.

Les oligarques-intellectuels font preuve d’un instinct diamétralement opposé : ils suivent la voie soviétique. L’appareil DOGE de Musk transforme les employés restants en mannequins acquiesçants, tandis que ses acolytes traquent les dissidents sur les plateformes numériques avec une efficacité algorithmique. En choisissant le déni de la réalité à la soviétique plutôt que la surveillance de la réalité à la chinoise, ils ont créé des chambres d’écho qui finiront par briser leurs grands projets.

L’ironie est cruelle : ces hommes qui voient des communistes partout sont sur le point de commettre le péché capital de la technocratie soviétique, en confondant leurs modèles élégants avec la réalité indisciplinée qu’ils prétendent dompter.

Nous ne devrions pas vraiment être surpris : lorsque des oligarques-intellectuels s’emparent de l’appareil le plus puissant de l’histoire, ils se transforment inévitablement en apparatchiks, cette fois-ci en vacances dans les tentes improvisées de Burning Man plutôt que dans les sanatoriums chic de Crimée. Elon Musk a peut-être commencé comme un Henry Ford, mais il finira comme un Leonid Brejnev.

Extrait de The New Legislators of Silicon Valley, traduit par DeepL. Ma traduction de l’article en entier (pdf)

Un des liens proposé par Morozov me fait connaître le Stanford Encyclopedia of Philosophy, qui, dans son chapitre consacré à Habermas, résume l’évolution de cette pensée qui traverse le siècle. J’avais lu, au moment de sa sortie, à l’été 2023, l’opuscule Espace public et démocratie délibérative : un tournant. Je me disais à l’époque que cette lecture m’aiderait à me faire une tête à propos d’une initiative comme En commun/Praxis. Je crois qu’une relecture de ce petit livre de 119 pages est de mise. Dans mon billet de juillet 2023 (l’espace et le temps) je disais avoir quelques notes écrites sur cet ouvrage… où sont-elles ?!


Le même Morozov, avec son équipe The-Syllabus me suggère (dans le « Best of Technology » de la semaine) le dernier rapport du AI Now Institute : Artificial Power: 2025 Landscape Report. Cet institut produit des choses intéressantes, critiques sans être pédantes, sur les enjeux de l’IA. Je décide de traduire le résumé (executive summary) du rapport : Le pouvoir artificiel.

Parmi les autres lectures que je me propose :


Et ces conférences-vidéos :

La Grande conférence du 7e colloque international du CRISES : Politiques d’innovation à l’ère des crises multiples – Façonner l’avenir de la société grâce à l’innovation sociale, par Jürgen Howaldt, 15 avril 2025 [47:34].

Climat contre capital

Opposer climat et capital implique de reconnaître qu’il faut collectivement choisir entre perpétuer un modèle complice de la crise climatique ou construire les alternatives qui rompent avec le schéma imposé. Ces alternatives se construisent déjà, dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, les appels à la décroissance, les formes de réappropriation collective des ressources et d’économie circulaire, et dans les mouvements de jeunesse.

Avec Joëlle Zask, Alyssa Battistoni et Élisabeth Germain. Animé par Aurélie Lanctôt.

Notes

  • 1
    Une référence du Sentiers.media de Patrick Tanguay
  • 2
    d’où est tiré l’article précédent

vendredi vrac (10)

Thèmes abordés : Sécurité – Droits sociaux – Santé – Logement-urbanisme – Environnement-climat

Sécurité

Sécurité civile à Terrebonne

La Ville de Terrebonne est heureuse d’annoncer la signature d’un protocole d’entente de collaboration de 5 ans avec l’Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage (AQBRS).

Sécurité urbaine à Québec

14 projets subventionnés en 2024

« Des interventions ont été menées à différents niveaux de prévention (primaire, secondaire et tertiaire) : kiosques d’information et ateliers de sensibilisation en milieu scolaire, travail de proximité auprès des jeunes dans les parcs, ateliers de prévention de la violence chez les jeunes à risque de devenir proxénète, ateliers sur la gestion des conflits offerts aux hommes ayant des antécédents de violence, intervention individuelle auprès de personnes présentant un haut risque de passage à l’acte suicidaire ou homicidaire, intervention en post-hébergement auprès des jeunes à risque ou en situation d’itinérance, etc.

Les projets ont contribué au développement de plusieurs facteurs de protection chez les clientèles desservies : développement d’un groupe de pairs positifs, de compétences en résolution de conflits et en gestion des émotions, engagement dans la collectivité, persévérance dans l’atteinte d’objectifs personnels (retour à l’école, intégration en emploi, maintien en logement), modification de comportements violents envers les autres et envers eux-mêmes, amélioration de l’estime de soi, etc. »

Droits sociaux

Grèves féministes et syndicalisme au Pays Basque

« Les champs professionnel et interprofessionnel ne sont pas isolés l’un de l’autre, mais travaillés ensemble au quotidien : activité permanente vers les petites et moyennes entreprises, élections professionnelles, syndicalisation, tournées des boîtes, luttes locales et négociations, services juridiques, mise en œuvre des orientations stratégiques, alliances avec le mouvement social et associatif (notamment dans le collectif Charte des droits sociaux de Euskal Herria ; mais aussi avec le collectif confédéral d’Action sociale, décliné dans les comarcas, et qui permet aux militant·es de ELA d’allier leur militantisme dans le syndicat et dans le mouvement social), etc. C’est ce que ELA appelle la comarca integral : un outil de mise en œuvre des orientations confédérales, adaptées au niveau du territoire, en concevant le syndicat comme une organisation ouverte sur la société, et non pas enfermée sur le seul lieu de travail. » [PresseGauche]

Québec ami des aînés

Lancement de l’appel de projets pour l’année 2025-2026 – jusqu’au 18 juillet

Pour consulter le guide d’information
(PDF, 545 Ko, 14 pages)
Formulaire – Demande d’aide financière 2025-2026
(PDF, 929 Ko, 17 pages)

Appel de projets 2025-2026 en cours jusqu’au 18 juillet 2025.

Sherbrooke, récipiendaire du Prix pour un Québec sans racisme

Cette reconnaissance souligne la collaboration de toute [la] communauté suscitée par notre toute première campagne de lutte contre le racisme et les discriminations, qui a contribué à poser les fondations d’une collectivité plus inclusive et respectueuse.

St-Jean-sur-Richelieu

Journée d’accueil des nouveaux citoyens issus de l’immigration
Poursuivant ses efforts pour une ville inclusive et attrayante, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a tenu, le 7 juin, sa traditionnelle Journée d’accueil des nouveaux citoyens issus de l’immigration. Organisée en collaboration avec L’ANCRE, l’activité a donné lieu à des rencontres humaines et chaleureuses.

La Mitis – immigration régionale

Pour faciliter l’établissement des personnes qui choisissent de s’installer dans la région, la MRC de La Mitis lance une toute nouvelle série de fiches informatives. Regroupées sous le nom Tout savoir sur La Mitis, ces fiches pratiques abordent des thèmes essentiels à la vie quotidienne : logement, emploi, climat, alimentation, loisirs et découverte du territoire.

Citoyenneté – Beloeil

La Ville de Beloeil est heureuse de dévoiler les deux projets lauréats de son budget participatif 2025, axé sur la thématique « Éducation et citoyenneté ». Les projets des écoles Polybel (Terrain de volleyball de plage : bouger ensemble, en plein air) et Le Tournesol (Classe extérieure : apprendre au grand air pour aérer les esprits) ont été choisis par la population pour bénéficier d’un financement municipal.

Warwick déploie son plan d’action

« On a réuni, dans ce plan d’action qui s’échelonne jusqu’en 2028, notre politique familiale, la démarche Municipalité amie des aînés (MADA) et la reconnaissance Municipalité amie des enfants (MAE). Ensemble, ils forment la base d’un plan d’action cohérent, inclusif et mobilisateur »

Itinérance – Montréal

Montréal cible le secteur MIL Montréal pour y implanter un projet d’habitations modulaires avec accompagnement

Intervention sociale innovante – Quartier des spectacles

Plus de 3,5 M$ pour une cohabitation harmonieuse au coeur d’un Quartier des spectacles vivant et humain

  • La Ville de Montréal investit près de 1,3 million de dollars pour financer une brigade de première ligne en intervention psychosociale dont la mission sera axée sur la prévention et l’établissement de liens de confiance avec les personnes en situation d’itinérance.
  • Les partenaires du pôle Place des Arts du Quartier des spectacles, la Place des Arts, le Complexe Desjardins, l’Université du Québec à Montréal, le Carré Saint-Laurent, la Maison du développement durable et le Palais des congrès investissent 1,2 million de dollars pour soutenir les services, y compris les loyers et l’accès à Internet, en plus de coordonner avec des partenaires privés une brigade mixte combinant intervenants sociaux et agents de sécurité.
  • Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale injecte plus de 1 million de dollars pour déployer une équipe d’intervention de jour, renforçant ainsi la continuité et la qualité des services sur le terrain.
  • Cette initiative vise à assurer la mise en oeuvre de la mesure 3.1.2.2 de Mobiliser. Accompagner. Participer., le plan d’action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale pour 2024-2029.
  • La Société de développement social assurera la mise en oeuvre des actions sur le terrain en collaboration avec les milieux

En lire plus…

OPHQ – À part entière

Neuvième édition du Prix À part entière : l’Office des personnes handicapées du Québec dévoile le nom des finalistes

Montmagny – un plan d’action

La réalisation de ce plan s’effectuera grâce à des consultations citoyennes, à des échanges avec des organismes clés du milieu et au soutien de l’Office des personnes handicapées. Cette démarche permettra d’assurer que les données et informations recueillies soient les plus probantes et adaptées aux réalités du terrain. Le plan d’action permettra d’identifier les barrières existantes, qu’elles soient physiques, communicationnelles ou sociales par exemple, et de mettre en œuvre des mesures spécifiques pour les surmonter.

La Ville de Saint-Lin-Laurentides

Est fière d’annoncer le début des travaux visant à se doter d’une politique MADA-Famille (Municipalité amie des aînés et des familles), une démarche essentielle pour bâtir un milieu de vie inclusif, adapté et tourné vers l’avenir.

Services d’urgence

Services préhospitaliers d’urgence : Québec agit sur trois fronts Plus d’ambulances, plus de premiers répondants, plus de défibrillateurs. Voir aussi sur R-C, Québec décaisse 36M$.

Voisinage

La ville de North Kansas City rembourse les dépenses pour que les voisins se rencontrent !

This City Will Pay You to Meet Your Neighbors
A North Kansas City grant program offers up to $400 for residents to throw neighborhood block parties.

Santé

Beauharnois – santé mentale

La Ville encourage le groupe d’entraide Le Dahlia pour un projet novateur en santé mentale.
La Ville de Beauharnois est fière d’annoncer la conclusion d’une entente de partenariat avec le Groupe d’entraide et milieu de vie en santé mentale Le Dahlia afin de soutenir le développement du projet de balado « Jugement sur le divan », une initiative locale visant à sensibiliser la population aux enjeux de santé mentale.

Le paiement à la performance en santé

Le Devoir, 9 juin – Ce modèle exige des bases solides : un climat de confiance, une vision partagée, des indicateurs robustes, un suivi rigoureux et une gouvernance transparente. Or, le Québec d’aujourd’hui n’offre aucun de ces prérequis. Le réseau est désorganisé, les tensions sont vives entre Québec et les fédérations médicales, et la rémunération médicale reste un terrain glissant où politique et gestion se confondent.

Formation en médecine familiale en région

Le gouvernement veut soutenir l’Université du Québec dans la définition d’un nouveau programme de formation axé sur la médecine familiale. En échange du financement, l’établissement devra préciser au gouvernement comment ce programme pourrait être offert en collaboration et en complémentarité avec les facultés existantes dans toutes les régions du Québec, particulièrement celles qui ne sont pas servies par les campus délocalisés.

Aménagement – logement – urbanisme

Les propriétaires au pouvoir (Pivot)

Gabrielle Brassard-Lecours et Isaac Peltz

La recherche d’IRIS critiquant la théorie de l’effet de cascade : Le filtrage comme mirage de solution à la crise du logement : analyse des limites de ses effets. Le Devoir en a tiré un court article : La construction massive n’est pas suffisante pour régler la crise du logement.

Logement – Gatineau

Le Comité-choc en logement de la Ville de Gatineau dresse un bilan fort positif pour la dernière année : le nombre de projets de logement hors marché a augmenté de 320 % entre 2022-2023 et 2024-2025, totalisant plus de 1300 unités livrées, ou en voie de l’être, depuis sa création.

Sherbrooke – logements

Des centaines de logements sur la voie rapide

La Ville de Sherbrooke utilise les pouvoirs que lui accorde la Loi 31 afin d’autoriser deux projets d’habitation totalisant un minimum de 500 nouveaux logements sur son territoire.

Le conseil municipal a donné son accord pour l’implantation d’un projet de trois habitations multifamiliales comprenant un total de 300 logements en bordure de la rue Papineau.
L’implantation d’une habitation multifamiliale d’au moins 200 logements sur la rue Galt Ouest a également été approuvée.

Urbanisme tactique

L’urbanisme tactique modifie notre approche de la construction des villes, prouvant que des changements rapides et peu coûteux dans les espaces publics peuvent avoir un impact durable, sans budget important ni années de planification.

Voir aussi : Quantifying tactical urbanism: Economic impact of short-term pedestrianization on retail establishments

Ou encore Tactical Urbanism: Short-term Action for Long-term Change

Valoriser les espaces publics
Ce programme, Rural Placemaking, basé dans l’Indiana, est conçu pour les décideurs et les responsables locaux chargés de la supervision et de la gestion des espaces publics communautaires, tels que les membres des commissions des parcs et de l’urbanisme, les fonctionnaires et le personnel, ainsi que les membres d’organisations dont les missions sont liées à la fourniture de services, de programmes ou à la gestion d’espaces publics.

Voir aussi : Case Studies of New Ruralism

Transport collectif

Le manque d’accès aux transports en commun, surtout hors des grands centres, renforce les inégalités sociales et nuit aux chances d’une partie de la population d’accéder à un emploi ou à des soins de santé.
Le manque de transport collectif freine les moins nantis, Le Devoir, 5 juin 2025

Approvisionnement responsable

Repenser les façons d’acheter à Laval, la politique prévoit plusieurs actions structurantes :

  • Repenser les besoins avant d’acheter
  • Favoriser les fournisseurs locaux
  • Encourager les entreprises d’économie sociale
  • Privilégier des biens durables, réparables et de qualité.

Drummondville – Portail municipal des fournisseurs

Un outil stratégique pour optimiser nos démarches d’approvisionnement

Mes emplettes à bicyclette – Ste-Julie

Pour encourager l’achat local.
Lancé en 2019, ce programme permet aux commerçants julievillois d’acquérir, à prix réduit, des supports à vélo à installer devant leur commerce. Deux formats sont offerts, au coût de 75 $ (cinq places) ou de 100 $ (sept places).

Ste-Thérèse – Le chalet du parc Ducharme

Un lieu rassembleur modernisé pour la communauté thérésienne.

« Ce projet incarne la volonté du conseil municipal de doter la ville de Sainte-Thérèse d’infrastructures modernes, durables et pleinement ancrées dans la réalité de ses citoyennes et citoyens. Il reflète une vision municipale axée sur l’innovation, la qualité de vie et l’accessibilité, tout en répondant aux besoins concrets des usagers. Il illustre également l’importance que la Ville accorde à une collaboration étroite et continue avec les organismes locaux, dont le rôle est essentiel au dynamisme de la vie sportive, communautaire et sociale thérésienne. »

Environnement – climat

Des plastiques verts ?

« 3,4 M$ à Danone Canada pour soutenir sa transition verte »

3,4 millions de dollars à Danone Canada pour adapter deux de ses chaînes de production à la fabrication de pots de yogourt individuels plus durables. Les pots de polystyrène seront désormais fabriqués en résine de polyéthylène téréphtalate (PET) et intégreront du polyéthylène téréphtalate recyclé (rPET).

Rimouski

Nouveaux projets écoresponsables pour lutter contre les changements climatiques. Projets retenus :

  • Plantations dans le cadre du budget participatif citoyen
  • Optimisation énergétique des bâtiments
  • Soutien à l’implantation d’un projet d’autopartage
  • Restauration de la Pointe-aux-Anglais
  • Distribution de barils de pluie à prix réduit
  • Point de dépôt à l’écocentre pour la récupération des plastiques agricoles

10 000 arbres en 5 ans – RDP-PAT

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) a franchi aujourd’hui une étape symbolique et inspirante de son plan stratégique 2021-2031 en célébrant la plantation de son 10 000e arbre depuis 2021, dépassant ainsi son objectif initial de 7 500 arbres.

Le Val-Saint-François en action pour le climat

La MRC lance un sondage auprès de la population et des acteurs de son territoire

Sommet Québec Capitale Climat

La Ville de Québec, le Port de Québec, l’Université Laval, des entreprises privées et d’autres organisations ont annoncé de nouveaux engagements en matière d’action climatique. La Presse, 3 juin 2025

Agglomération de Québec

Plan climat 2026-2035 Miser sur les cobénéfices sur la santé, la sécurité et l’économie

Parc de la Rivière-des-Mille-Îles

À l’occasion de l’Assemblée générale annuelle d’Éco-Nature, les maires et mairesses de Laval, de Rosemère, de Deux-Montagnes, de Boisbriand, de Terrebonne, de Sainte-Thérèse, de Saint-Eustache, de Lorraine, de Bois-des-Filion, de Mascouche ont réitéré leur engagement commun envers la création d’un grand parc de conservation métropolitain de la Rivière-des-Mille-Îles. À ces 10 voix, s’est ajouté celle de la mairesse de Blainville.

«L’appel de l’Océan», de David Attenborough

Un documentaire stupéfiant dans l’insoutenable légèreté des profondeurs marines

Du haut de son (presque) siècle d’existence, David Attenborough narre sa vision des océans, «l’endroit le plus important sur Terre». Surtout, il s’attache à montrer la destruction méthodique de ces joyaux de biodiversité par la pêche industrielle, avec le soutien juridique et financier de nombreux États.

Réf. Urbanbike

Les mégaprojets ont un coût économique et environnemental majeur.

À l’ère de la décroissance, ils doivent devenir l’exception.
Maude Brunet, HEC Montréal, The Conversation

Étant donné que nous avons déjà des déficits de maintien d’actifs importants, que ce soit pour les aqueducs, les hôpitaux ou le métro de Montréal, nous devrions nous concentrer sur la maintenance des infrastructures actuelles plutôt qu’envisager de nouvelles constructions.

Climat contre capital

VIDÉO : Un panel de conférencières (1h30)

Opposer climat et capital implique de reconnaître qu’il faut collectivement choisir entre perpétuer un modèle complice de la crise climatique ou construire les alternatives qui rompent avec le schéma imposé. Ces alternatives se construisent déjà, dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, les appels à la décroissance, les formes de réappropriation collective des ressources et d’économie circulaire, et dans les mouvements de jeunesse.

Avec Joëlle Zask, Alyssa Battistoni et Élisabeth Germain. Animé par Aurélie Lanctôt.

finance et économies alternatives

Des alternatives financières se pointent avec des principes écologiques, on parle d’économie écologique, de bioéconomie ou même de finance biorégionale. Le « développement durable » ou la « croissance verte » sont des concepts à oublier : il faut planifier la décroissance, dans le sens de réduire les flux de matières et d’énergies qui sont engouffrés dans l’actuel système de production/consommation.

Suite au Sommet sur l’économie sociale qui s’est tenu à Montréal les 14 et 15 mai dernier, un post annonçait la déclaration Vers une économie du bien commun, soutenue par différentes organisations : Multitudes, le Front commun pour la transition énergétique, la coalition Ensemble Pour la Suite du Monde, Virage Collectif, la Caisse d’économie solidaire Desjardins et le Chantier de l’économie sociale.

Je connaissais ces organisations, sauf Virage Collectif. Une organisation qui « aspire à une économie durable, qui répond aux besoins des communautés tout en respectant les limites de nos écosystèmes. » Elle se dit un pôle de solutions pour une finance axée sur le bien commun. Je trouve sur leur site web quelques documents, dont By disaster or design. Une sévère critique de l’état actuel de l’économie mondiale, et un appel à la décroissance, au financement « post-croissance » par l’Arketa Institute for post-growth finance. J’ai fait une traduction (avec DeepL) de ce document PDF (Par désastre ou dessein) mais avec un résultat mitigé, en particulier lors des changements de page1comme si le puissant moteur de traduction ne pouvait reconnaître qu’une phrase se poursuit sur la page suivante ! et certains titres de sections. Je vous conseille de garder la version originale en parallèle…

Cette plongée dans la finance « alternative » ou « post-croissance » m’a amené à poursuivre (ou commencer) la lecture de certains livres que j’avais en stock depuis quelques temps. Take Back the Economy – An Ethical Guide for Transforming Our Communities, publié en 2013 par J.K. Gibson-Graham, Jenny Cameron, et Stephen Healy, offrant des outils pédagogiques pour les formateurs et animatrices qui propose une vision élargie de l’économie (voir l’iceberg – en français – popularisé par le même centre Community Economies). L’économie, le marché, le travail, la propriété, la finance sont abordés dans un langage accessible, avec des exemples tirés d’expériences vécues en différents pays.

Building Tomorrow: Averting Environmental Crisis With a New Economic System, publié en 2023 par Paddy Le Flufy, présente en six chapitres (220 pages), les différentes dimensions d’une économie renouvelée. En commençant par le paradigme du beignet (donut). Pour un bon résumé en français de cette théorie des limites planétaires à respecter voir Bonpote : L’économie du donut – définition et analyse critique. Le Flufy décrit dans son deuxième chapitre l’économie circulaire, puis dans son troisième, les « gardiens du futur », comme nouveau modèle de gouvernance visant à servir l’ensemble des parties prenantes plutôt que seulement les actionnaires, s’appuyant sur les exemples d’entreprises comme Patagonia et Fairphone. Le chapitre quatre présente quatre « organisations régénératives » : Fab Labs, Transition Networks, Bendigo Comunity Banks et Open Source Ecology. Le cinquième chapitre (Sovereign Money) présente le système monétaire actuel qui impose la croissance, et introduit l’alternative de la monnaie souveraine, où les banques centrales auraient le contrôle sur la création de monnaie et pourraient orienter celle-ci vers les fins socialement souhaitables. Le dernier chapitre porte sur les monnaies locales et systèmes locaux d’échange…

Un autre livre issu du Community Economies me semble intéressant : The Handbook of Diverse Economies. Plusieurs chapitres sont disponibles sur cette page.

Je n’ai pas encore acheté le livre : à 100$, je vais m’assurer que j’y trouverai mon compte !

Des articles

J’ai rassemblé sur deux pages thématiques les articles qui me semblent intéressants pour alimenter ma plongée économique : Post-croissance, post-growth, décroissance et Finance et économie communautaires, alternatives, biorégionales.

Quelques-uns de ces documents m’ont semblé assez intéressants pour mériter une traduction : 

Si vous avez des suggestions dans la même veine, n’hésitez pas !
gilles.beauchamp [a] gmail.com


Tout ce travail devrait me permettre d’écrire prochainement quelques billets. En attendant, je reste sceptique quand à la capacité des économies alternatives ou communautaires à faire face aux Blackrock, Vanguard et State Street de ce monde… Sans doute faudra-t-il passer par le politique pour avoir quelque rapport de force, comme disait Daniel Schmachtenberger à la fin de sa conférence à Stockholm et dont je parlais il y a un an.

Faire du lobbying auprès des gouvernements, qui, eux, peuvent forcer les corporations et puissances de l’argent, alors que les seules forces d’opposition n’y arriveraient pas.

Notes

  • 1
    comme si le puissant moteur de traduction ne pouvait reconnaître qu’une phrase se poursuit sur la page suivante !

vendredi vrac (9)

Environnement, biodiversité, santé

Nature en santé = santé humaine

Renouons avec la nature pour notre santé, 22 mai 2025, Le Devoir.
De plus en plus d’études scientifiques le confirment. Notre bien-être est intimement lié à la qualité de nos milieux de vie. Il existe une relation d’interdépendance entre la santé humaine, la santé des écosystèmes et celle des espèces.

Un lieu vivant à aimer personnellement, et à défendre collectivement.

Extrait de L’inexploré, de Baptiste Morizot :

Commencer par un lieu vivant ou une lutte précise, territorialisée, plutôt que par des prises de position abstraites concernant la nature systémique de l’Ennemi (le système capitaliste, l’Homme, la mondialisation …) a des effets importants concernant le sésame de l’action, à savoir le sentiment de la puissance d’agir. Les luttes concrètes présentes, même si chacune apparaît dérisoire, sont très puissantes dans leurs effets : s’indigner sur Internet de l’omniprésence des lobbies ne met pas sur le chemin ; défendre un petit pan du monde qui nous fait vivre donne le sentiment que quelque chose, même modeste, est possible. C’est à mon sens l’effet affectif décisif de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (victoire qui n’a pas changé le monde) : elle nous donne du possible. Qu’on nous donne du possible, une bouffée de possible, et c’est le monde qu’on sent pouvoir changer.

Aussi, Baptiste Morizot et Suzanne Husky : Rendre l’eau à la terreAlliances dans les rivières face au chaos climatique, Actes Sud, octobre 2024

Les déterminants commerciaux de la santé, ou la mauvaise influence des entreprises privées

Depuis environ une décennie, des chercheuses et des chercheurs en santé ont mis de l’avant une catégorie particulière de déterminants sociaux de la santé : les déterminants commerciaux. Voir l’article de l’IRIS, 22 mai 2025

RNCREQ

Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) exprime ses vives inquiétudes concernant le projet de loi 97 sur l’aménagement durable du territoire forestier.

Le RNCREQ souligne un manque de cohérence entre ce nouveau projet de loi (PL) et les autres politiques gouvernementales, notamment en matière de protection de la biodiversité. Cette incohérence menace les efforts déployés par le gouvernement, pour préserver nos écosystèmes forestiers et respecter les engagements internationaux du Québec.

Action publique pour la biodiversité

Depuis 2022 des nouvelles pistes d’action des collectivités locales en faveur du vivant et des nouveaux modèles économiques pour financer ces projets (nous venons d’ailleurs de publier cinq vidéos très courtes – moins de 2 m. présentant ces propositions).

« la crise inédite qui affecte l’ensemble du monde vivant exige de renforcer l’action publique pour et avec la biodiversité »
https://biodiversite-administrative.fr

Manger du pneu

Jean-François Nadeau, Le Devoir, 20 mai

Le lien entre la gastronomie et la pétrochimie est plus direct qu’on ne le croit.

Sensibilisation à l’eau

Le COBARIC récompensé pour un projet innovant en sensibilisation à la qualité de l’eau. Le COBARIC, organisme de bassin versant de la rivière Chaudière est fier d’annoncer qu’il a été désigné lauréat de la bourse 2024 de la Fondation ESTEN, dans la catégorie « Projet innovant en sensibilisation et protection de l’eau ».

Cette reconnaissance souligne la pertinence d’un projet développé par Marie-Ève Théroux, géomaticienne et analyste de données au COBARIC : un outil interactif de vulgarisation des données sur la qualité de l’eau. Pensé pour les publics non spécialisés, cet outil rend accessibles des données scientifiques souvent complexes, dans le but de favoriser une meilleure appropriation des enjeux liés à la qualité de l’eau.

Mérite Terre-eau

McMasterville, le 26 mai 2025 – La MRC de La Vallée-du-Richelieu (MRCVR) annonce les premiers lauréats du prix Mérite Terre-Eau, un nouveau prix qui met en lumière des projets agricoles exemplaires ayant un impact réel sur la qualité de l’eau dans la région.

Urbanisme, droits sociaux, itinérance, démocratie

Pour les jeunes en région

Un nouvel investissement pour soutenir notre jeunesse – 21 M$ à l’organisme Place aux jeunes en région

Handicap et emploi

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a dévoilé les résultats d’une étude d’envergure :
Les obstacles à l’embauche, à l’intégration et au maintien en emploi des personnes en situation de handicap

L’État québécois s’était fixé comme cible d’avoir 2 % de personnes handicapées parmi ses effectifs en 1984. 40 ans plus tard, la représentation est seulement de 1,4 %.

Itinérance

Montréal – Plus de 25 M$ d’ici 2028 pour des mesures concrètes en itinérance.

Montréal bonifie le budget du programme Itinérance et milieux inclusifs (PIMI) pour le faire passer à environ 8 M$ par année.

Relations interculturelles à la MRC La Vallée du Richelieu

Extrait de la Déclaration « Dans un contexte de transformation démographique et sociale, nous sommes appelés à repenser nos pratiques afin de favoriser une inclusion réelle et une participation active de l’ensemble des résidantes et des résidants. Cette évolution constitue une richesse culturelle, sociale et économique pour notre MRC, tout en apportant son lot de défis, notamment en matière d’accès équitable aux services et aux opportunités. C’est pourquoi nous affirmons notre engagement à mettre en place des actions concrètes pour assurer une meilleure qualité de vie à toutes et à tous. »

Mobilité active ou collective

Québec – Les données d’achalandage de mobilité active maintenant accessibles au public, Ville de Québec.

Blogue Québec Urbain : Le comité exécutif de la Ville de Québec a entériné hier deux ententes représentant d’importants jalons opérationnels et administratifs pour l’avancement du projet TramCité.

Sécurité des enfants

Du 26 au 30 mai 2025, transformons nos rues pour la sécurité et la santé des enfants. Le Centre d’écologie urbaine invite les municipalités et les communautés scolaires du Québec à transformer leurs rues en espaces sécuritaires et actifs pour les enfants grâce à la toute première Semaine de la rue-école.

Trousse de la Semaine de la rue-école

Place des Montréalaises

Place des Montréalaises: des aménagements qui célèbrent la place des femmes

Située aux abords du métro Champ-de-Mars, la place des Montréalaises vient transformer le paysage urbain en reliant le centre-ville et le Vieux-Montréal. Découvrez cette nouvelle porte d’entrée vers le Vieux-Montréal.

L’IA peut-elle soutenir la démocratie ?


Dans les algorithmes (2025.05.27)

La politologue Erica Chenoweth est la directrice du Non Violent Action Lab à Harvard. Elle a publié de nombreux livres pour montrer que la résistance non violente avait des effets, notamment, en français Pouvoir de la non-violence : pourquoi la résistance civile est efficace (Calmann Levy, 2021)

De initiatives à suivre, selon Hubert Guillaud (Dans les algorithmes) mais sans se faire d’illusion : Le risque est fort de nous faire glisser vers une vie civique automatisée. Ajouter de l’IA ne signifie pas que les décisions demain seront plus justes, plus efficaces ou plus démocratiques. Au contraire. Le risque est fort que cet ajout bénéfice d’abord aux plus nantis au détriment de la diversité. L’enjeu demeure non pas d’ajouter des outils pour eux-mêmes, mais de savoir si ces outils produisent du changement et au profit de qui !

De la méritocratie à l’eugénisme

The meritocracy to eugenics pipeline, Cory Doctorow, 20 mai 2025

(…) Et pourtant, la richesse reste obstinément héréditaire. Nos allocataires de capitaux – qui, pendant l’après-guerre et l’ère post-New Deal, étaient souvent issus de familles ouvrières – sont aujourd’hui de plus en plus, et inexorablement, prédestinés à remplir ce rôle.

Pour les riches, c’est là l’origine du lien entre méritocratie et eugénisme. Si le pouvoir et les privilèges se transmettent par héritage – et c’est de plus en plus le cas –, alors soit nous vivons dans une société extrêmement injuste où les privilégiés et les puissants ont truqué le jeu, soit la main invisible a créé une sous-espèce d’humains pur-sang littéralement nés pour régner.

C’est la thèse des ultra-riches, la justification morale pour truquer le système afin que leurs fils et filles ratés donnent naissance à des petits-enfants et arrière-petits-enfants ratés, dont l’émergence des orifices les plus chanceux de l’histoire leur garantit un mandat à vie pour commander les autres. C’est la justification pour que certaines personnes naissent pour posséder les lieux où nous vivons tous, et que nous leur versions la moitié de nos salaires pour ne pas finir par dormir dans la rue.

Logement

Les grandes corporations font monter les prix des logements

Les recherches menées par l’Université de Waterloo montrent que les propriétaires immobiliers, notamment les sociétés de capital-investissement, les sociétés d’investissement immobilier cotées (REIT) et d’autres gestionnaires d’actifs, ont facturé des loyers 44 % plus élevés pour les logements multifamiliaux que le prix moyen pratiqué par les autres propriétaires pour le même type de logement entre 2022 et 2024. Voir suite de ma traduction de l’article du G&M,

Vous voulez des logements abordables ? Taxez les investisseurs immobiliers

« Il faut abattre le marteau de l’impôt sur les investisseurs immobiliers« 

Traduction de Want affordable housing? Drop the tax hammer on real estate investors, ROB CARRICK, The Globe and Mail, 27 mai 2025

le vieux débat CLSC-GMF

En relisant les billets déjà publiés suggérés par la « machine » au bas du dernier billet (médecin de famille & hypertension), je me rend compte qu’un des auteurs du rapport sur les services de première ligne que j’y cite, Mme Breton, a déjà publié sur la question : L’implantation du modèle des groupes de médecine de famille au Québec : potentiel et limites, en 2012 (cité en mars 2012 dans mon court billet les GMF +). Les conclusions de l’étude de 2012 sont assez semblables au rapport de 2025 ! Qu’est-ce qui peut nous faire croire que les suites seront différentes aujourd’hui ?

En 2018, dans mon billet la santé ou la médecine à l’acte ? je référais à un article de La Presse : La santé, un problème d’organisation ou de financement ? qui opposait les analyses de deux « thinktanks ». Le lendemain, Lagacé s’entretenait (anonymement) avec un urgentologue :

« Je suis d’accord avec la population. C’est indécent. On se fait lancer des tomates et on les mérite. Je gagne entre 3500 $ et 5000 $ par nuit de travail de sept heures. La majorité de mes collègues spécialistes font au-delà de 500 000 $ et moi aussi. On n’a vraiment pas besoin de plus d’argent. C’est pas le salaire, le problème. On veut travailler dans un climat sain, où on peut donner des soins qui sont accessibles et de qualité…

—  Donc, selon vous, vous gagnez… trop ?

— Je viens de la classe très moyenne. J’ai choisi la médecine par passion. La médecine d’urgence, même chose. Quand j’ai commencé, il y a une dizaine d’années, je n’en croyais pas mes yeux : 300 000 $ ! Puis, d’année en année, ça n’a pas cessé d’augmenter… »

« Au salaire qu’on te paie », La Presse 2018.02.17

Ce qui m’avait frappé dans l’article de Lagacé c’est que l’urgentologue référait aux patients dans les corridors: « Ils ont une moyenne de 80 ans. » Je me demandais quel type de « médecin de famille » ces personnes pouvaient avoir, alors que plusieurs d’entre elles habitaient dans des CHSLD ou des RPA, et étaient venues à l’urgence en ambulance (après que les pompiers soient venus comme « premiers répondants »). J’avais vu si souvent ce scénario se répéter à la résidence où ma mère a habité… Jean-Robert Sansfaçon, quelques jours plus tard dans un éditorial du Devoir Le tout-à-l’hôpital, soulignait à quel point les promesses de soutenir les services à domicile faites à répétition par les gouvernements avaient été détournées, vidées. Incidemment, CHSLD et RPA, ce sont les domiciles des personnes âgées qui y habitent.

On préfère mobiliser l’artillerie lourde d’un (immense) camion de pompiers « premiers répondants », puis d’une équipe d’ambulanciers pour emmener une personne âgée malade, frêle, venir passer des heures, des jours dans un corridor d’hôpital, afin de soigner une bronchite ou stabiliser sa médication (à moins qu’on ajoute simplement à celle-ci)… plutôt que d’assurer un service décent dans la résidence (collective) du malade.

La RPA est une entreprise privée dont les services de santé relèvent du CSSS (CIUSSS maintenant) mais pas les médecins, qui eux relèvent d’un GMF qui doivent minuter leurs interventions… alors c’est à l’hôpital qu’on envoie le patient: c’est un autre budget. Et puis, avec les plateaux d’examen, la chaîne de production bien huilée1et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps, c’est sans doute un environnement de pratique plus sécurisant pour le professionnel que de se retrouver seul (ou presque) dans une résidence de 150 personnes âgées et très âgées.

Le centre hospitalier pratique une médecine industrielle où le médecin généraliste peut compter sur la présente en continu d’une palette de spécialistes « de garde », alors que s’il devait intervenir dans le milieu de vie… son client serait peut-être le premier à lui suggérer de l’envoyer à l’hôpital ! Pourtant, si on renversait la perspective on pourrait faire de ces milieux de vie collectifs des points de livraison bien équipés pour les services de première ligne. Et, dans la mesure où ils sont mieux répartis sur le territoire que les hôpitaux, ils pourraient servir de « base » pour les services à rendre dans les domiciles plus individuels. Non ?

Quand je parle de « bien équipé », je ne parle pas d’avoir des scanners à chaque coin de rue, mais plutôt des équipes de première ligne qui connaissent leurs populations, ont accès à distance aux dossiers des clientèles, aux conseils des spécialistes de garde, et à des médecins qui peuvent se déplacer, ces derniers étant confiants que l’équipe ne les fera pas venir pour un rhume.

Un renversement de perspective qui ne passera pas par la simple mesure de la productivité médicale. C’est une équipe d’infirmières, de travailleurs sociaux, d’auxiliaires familiales stable et dédiée à une population connue qui est à la base de la productivité médicale. Tenter de gérer les deux séparément, c’est faire fausse route. Mais si la médecine à l’acte, avec ses milliers de page de codification, doit être abandonnée, comment l’approche populationnelle aurait aussi un effet sur l’orientation de pratique des autres professionnels ? Comment favoriser la collaboration entre auxiliaires-TS-infirmières, puis entre celles-ci et les médecins ?

Sans remettre en question les acquis et conditions des conventions collectives, les équipes de première ligne responsables de population devraient être, elles aussi, récompensées pour l’atteinte des objectifs. Pourquoi faut-il en rajouter ? Les conventions collectives devraient suffire, me dit mon oreille gauche. Pourquoi faut-il en rajouter pour les médecins ? Là il semble qu’on en a ajouter à tel point qu’on menace d’en enlever maintenant… C’est à ça que nous conduit la gestion à l’acte…

Dans les conditions actuelles, il s’agit moins de récompenser la performance que de susciter, encourager l’initiative et l’innovation.

Notes

  • 1
    et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps

vendredi vrac (8)

[NOTE: pour que les liens vers les sections fonctionnent il faut que tout le billet soit chargé – cliquer sur le titre…]

Liens vers les sections : 1. Démocratie municipale; 2. Économie sociale, finance communautaire; 3. Santé; 4. Climat, énergie, transport; 5. Culture – éducation – développement social; et à la fin, les derniers articles traduits.


Démocratie municipale

Élections municipales 2025

Vivre en ville propose les 12 travaux de nos collectivités, une plateforme d’engagements concrets destinée aux candidats et candidates municipaux en vue des élections du 2 novembre prochain. Avec sa plateforme Les 12 travaux de nos collectivités, l’organisme propose 12 engagements structurants, adaptables à toute plateforme électorale, pour répondre aux défis pressants de notre époque: crise de l’habitation, étalement urbain, verdissement, mobilité, climat.

Saint-Jérôme – participation

Le ville de Saint-Jérôme adopte sa première Politique de participation publique
« La participation publique est un pilier essentiel d’une démocratie vivante. En adoptant cette politique, nous réaffirmons notre engagement à écouter les voix de la communauté et à travailler ensemble pour coconstruire une ville qui reflète les aspirations des Jérômiens et des Jérômiennes », explique le maire Marc Bourcier.

L’ensemble des politiques de St-Jérôme. La politique de participation publique

Laval

La nouvelle Politique de consultation publique et de participation citoyenne établit les principes et les modalités en matière d’information, de consultation et de participation des Lavalloises et des Lavallois et constitue le fondement de la volonté de la Ville de mettre en place une véritable culture de la participation citoyenne.

Investir dans le pouvoir citoyen

Une première boîte à outils sur le budget participatif

Une feuille de route concrète pour les municipalités québécoises, par le Centre d’écologie urbaine

«Nos villes au front»: plus d’autonomie pour les villes à bout de souffle

Un essai de François William Croteau, ‌ Nos villes au front. Repenser la gouvernance locale pour faire face aux crises, article de Jeanne Corriveau, dans Le Devoir.

Économie sociale, finance communautaire

Le SOMMET 2025

Le Sommet de l’économie sociale s’est tenu les 14 et 15 mai 2025 à La Tohu, à Montréal, et rassemblait des participant·es provenant du mouvement de l’économie sociale, du milieu entrepreneurial traditionnel, de la société civile, des sociétés d’État, du municipal, des gouvernements du Québec et du Canada et des Premières Nations.
Le CRISES et le RRESS ont participé non seulement à un panel dédié à la recherche mais aussi dans le travail de préparation au Sommet.


Une des huit illustrations de projets liés aux thèmes du Sommet.

Rendre à la communauté plutôt qu’aux actionnaires

Grande entrevue — Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale. La Presse, 13 mai 2025
« Il est temps de faire le point sur notre rôle », estime Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale, qui organise cette semaine à Montréal le Sommet de l’économie sociale.

Trois ans après le Sommet sur l’économie et l’emploi, le Chantier de l’économie sociale a été officiellement créé en 1999 et on a souligné les 10 ans de l’idéation de l’organisme en réalisant un premier Sommet de l’économie sociale en 2006.
Près de 20 ans, donc, après leur dernière rencontre au sommet, plus de 1200 acteurs du monde des coopératives et des organismes à but non lucratif (ayant une activité marchande) de partout au Québec vont se réunir cette semaine à Montréal durant le Sommet de l’économie sociale pour y discuter des grands enjeux qui animent cette force économique.

Finance durable et obligations communautaires

Je me demandais, dans un billet récent qui présentait le programme du Sommet sur l’économie sociale : Pourquoi il n’y a pas de thème « finance solidaire »? J’ai appris le lendemain que se tenait en même temps que le Sommet économie sociale, un Sommet sur la finance durable ! Sûr que la « finance durable » ce n’est pas la finance solidaire… de même que le « développement durable » ce n’est pas la transition socio-écologique. Mais ça aurait été bien d’avoir un solide volet financier, avec Fondaction et le Fonds de solidarité, au Sommet sur l’économie sociale. Sans doute que la « finance durable » ne visait pas les même clientèles : à 900$ le billet (pour les 3 jours), ou 1500$ incluant le souper-bénéfice… pas sûr que les groupes d’économie sociale aurait été nombreux…

Par ailleurs j’ai soulevé à quelques reprises dans ce carnet la question des obligations communautaires comme une stratégie de financement de projets d’économie sociale, mais aussi comme stratégie de sensibilisation et d’empowerment des communautés. C’est une formule qui devient plus commune. J’ai vu passer, sur le fil de En commun, deux appels à contribuer à de telles obligations:

Une radio communautaire faisant appel à son public pour construire une Maison de la radio, je comprends. Par ailleurs, je ne connaissais pas l’existence de Brique par brique. Cela semble une organisation assez jeune, et ça m’a fait réfléchir. J’avais toujours imaginé des organisations bien implantées (genre SHAPEM, ou le groupe ACHAT) dans leur secteur comme celles faisant appel à l’épargne sous forme d’obligations communautaires. Comment fait-on pour évaluer la solidité, les chances de réussite d’un projet d’investissement communautaire ? C’est une question pour un prochain billet !

Continuer la lecture de « vendredi vrac (8) »

médecin de famille & hypertension

J’ai enfin été enregistré auprès d’un médecin de famille dans un GMF qui, incidemment, a ses locaux dans mon ancien CLSC, là où j’ai travaillé pendant 36 ans. À 73 ans je n’ai pas de maladie débilitante, sauf une tension artérielle sous surveillance (avec médication depuis… environ 5 ans). J’ai tout de même l’impression ces temps-ci d’être toujours chez un pro de la santé : denturologiste pour changer une prothèse trop vieille; ophtalmologiste pour opérer des cataractes; rendez-vous pour une prise de sang (partie de l’ouverture de mon dossier au GMF). Maintenant j’ai un médecin de famille qui m’a reçu deux fois en un mois, et une troisième fois la semaine prochaine, six semaines après notre première rencontre.

Bon, je ne me plaindrai pas tout de suite. Bien que… Non, pas tout de suite. Toujours est-il que j’ai reçu, sans même l’avoir demandé, les résultats de mon analyse sanguine, qui me sont accessibles en ligne. Enfin ! J’espère que tous les autres documents et analyses me seront aussi accessibles — ceux de l’ophtalmo, par exemple ?

  • Constats de cette analyse :
    • la Créatinine élevée : 120 alors qu’elle devrait se situer dans l’intervalle 52-110 µmol/L
    • le DFGe est bas à 51 – il devrait se situer >= (plus grand ou égal à) 60. Qu’est-ce que le DGFe ? Le débit de filtration glomérulaire estimé (lié au fonctionnement des reins),
    • Sodium, potassium, chlorure dans les normes
    • Le cholestérol à 6,55 est élevé. La norme se situant dans l’intervalle 3,20-5,20
    • Les triglycérides à 5,95 sont quand à eux très élevés ! La norme se situant entre 0,60 et 1,70

Il semble que je sois candidat pour un traitement de « dyslipidémie« .

Une dyslipidémie se définit par une élévation du cholestérol plasmatique, des triglycérides (TG) ou par un taux de cholestérol HDL (high-density lipoprotein [HDL-C]) bas, anomalies contribuant à l’apparition de l’athérosclérose

Extrait de la page Dyslipidémie du Manuel MSD

Suivant le tableau du risque cardiovasculaire, un cholestérol total de plus de 6,2 et un taux de HDL-C de moins de 1,0 (le mien est à 0,96) correspondent à un niveau de risque plus élevé. Il y a trois niveaux : risque moindre, à risque, et risque plus élevé.

Le prochain rendez-vous avec mon médecin devrait me permettre de statuer sur la stratégie à prendre pour réduire ce risque : médication ? programme d’exercices ? les deux ? Mais je veux d’abord voir si une nouvelle routine de 30-40 minutes de vélo par jour peut faire baisser ces indices. Je peux déjà constater un impact sur la tension artérielle. Est-ce que ça se traduira aussi sur les taux de triglycérides et de cholestérol ? Il me faudra persister jusqu’à un prochain prélèvement sanguin. Et persister par la suite, si cela suffit à ramener mes taux dans la norme. C’est plus exigeant que de prendre une pilule… mais depuis une semaine, c’est assez plaisant ! On verra les jours de pluie et l’hiver prochain 😉

J’ai fait deux tours du Parc Maisonneuve ce matin, ajoutant quelque 2-3 kilomètres au circuit de 11,8 km que je faisais depuis quelques jours.

L’évolution de ma tension artérielle depuis que je fais du vélo chaque jour (ou presque) est notable.

services de première ligne : un retour vers les CLSC ?

Dans le rapport (82 pages) d’un comité mandaté par le ministère visant Soutenir l’élaboration d’une politique de soins et services de première ligne (SSPL), la troisième des six recommandations se lit comme suit (version courte. 1 page) :

Mettre en place une gouvernance de proximité des SSPL alignée avec la responsabilité populationnelle et articulée de façon cohérente avec tous les échelons du système de santé et de services sociaux, afin d’assurer aux SSPL les leviers d’action nécessaires pour organiser et adapter les services en fonction des besoins de la population et des orientations provinciales
– Décentralisation au niveau des RLS ou des CLSC.
– Coordination territoriale avec les partenaires intersectoriels et les services spécialisés.
– Participation des usager(-ère)s à la gouvernance.

On peut rêver !


P.S. Ne vous inquiétez pas, je ne vous ferai pas connaître le détail des maux et prothèses qu’impose le vieillissement ! Je crois utile, cependant, d’ouvrir avec ce billet une porte sur la perception, l’expérience personnelle d’accès au réseau de première ligne. La haute tension artérielle (hypertension) étant un problème se santé chronique fréquent158% des Québécois de 65 ans et plus; 70% des canadiens de 80 ans et plus chez la population vieillissante, il m’a semblé pertinent de souligner (ou questionner) l’impact mesurable d’une habitude accessible comme la pratique du vélo… À quand l’abonnement gratuit à « bixi » comme prescription médicale ?

Notes

économie sociale, philanthropie

Les artistes vivent difficilement [de leur] travail. Ils continuent néanmoins dans leur pratique artistique avec une motivation qui défie souvent les critères de l’acteur rationnel. On gagnerait à écouter les artistes sur le sens qu’ils donnent à la vie. Pas seulement les artistes d’ailleurs, les aidants naturels, les travailleuses de l’éducation et les bénévoles aussi. Il y a partout des gens qui se donnent à fond dans des activités essentielles, mais non productives. 

Pascale Bédard, sociologue de la culture, citée par Stéphane Baillargeon dans Le Devoir

Le Devoir publiait en fin de semaine un cahier spécial Philanthropie (version PDF). Grands philanthropes et justes causes. Recherche universitaire et chaires spécialisées, ça m’a rappelé à quel point les fondations des universités (et celles des hôpitaux) sont importantes, financièrement1J’en parlais ici. Un des articles souligne avec raison qu’il ne faut pas être millionnaire pour faire des dons. Mais dans le contexte ça voulait surtout dire de contribuer à l’une ou l’autre des grandes fondations. Pourquoi pas des dons à des projets, d’économie sociale, de logement communautaire ? Des dons ou des obligations ! Des dons qui soutiennent, encourage l’épargne intelligente, patiente, volontaire, consciente. Des dons qui manifestent, matérialisent des changements de valeurs, des engagements.

Le Sommet sur l’économie sociale 2025

Les 14-15 mai se tiendra à La TOHU un sommet à la veille du 30e anniversaire de la naissance du Chantier de l’économie sociale lors du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996. Les thèmes abordés au Sommet 2025:

Même si vous ne pouvez participer à ce Sommet les différents cahiers thématiques valent certainement d’être lus. Un état de la situation et une description de la place de l’économie sociale dans chaque secteur, avec des exemples concrets. Des propositions et perspectives d’action concluent les cahiers. Des références et ressources « pour aller plus loin » font de ces documents des sommes à conserver et consulter.

Les trois cahiers que j’ai lu jusqu’ici tracent des portraits concrets et engageants. J’y ai même appris que le TIESS avait fait différents travaux sur la situation des aînés, en amont du cahier sur ce thème : Se sentir chez soi, un besoin élémentaire. Constats et faits saillants concernant l’habitation et l’hébergement; Du lieu de vie au milieu de vie. L’économie sociale, porteuse d’une approche intégrée; Coup de sonde sur le terrain. Bons coups et apprentissages de 11 expérimentations québécoises.

En regardant l’ensemble de la thématique, cependant, je me demande pourquoi il n’y a pas de thème « Finance solidaire » ?** Une question réservée aux spécialistes ? Pourtant il me semble que la mobilisation de l’épargne de la fameuse « classe moyenne » serait une manière non seulement d’obtenir des ressources supplémentaires (à celles obtenues de l’État et des fondations philanthropiques) mais surtout de faire de ces citoyens, ceux qui ne sont pas le plus souvent les premiers clients visés par les initiatives solidaires, des alliés et, finalement des acteurs d’un changement qui devra mobiliser toute la société.

En terminant, si vous souhaitez une perspective historique et « transformationnelle » sur ce Sommet, Benoît Lévesque2Professeur émérite en sociologie de l’UQAM et cofondateur du CRISES, publiait, à la demande du conseil scientifique du TIESS : Vers un grand sommet pas comme les autres. Il identifie deux enjeux pour la nouvelle génération de l’économie sociale, celle qui prend la relève après la génération qui se levait au moment du Sommet de 1996 : arrimage avec la société civile organisée et le processus d’institutionnalisation (et d’auto-institutionnalisation). Il dégage aussi des perspectives pour la recherche partenariale qui a accompagné l’émergence et la consolidation d’un écosystème de l’économie sociale.


** Je n’avais pas vu la publicité pour le Sommet sur la finance durable, qui se tiendra en même temps que le Sommet sur l’économie sociale !

Notes

Jancovici chez Hagens

Nate Hagens anime depuis plusieurs années The great simplification, où il invite des penseurs, activistes à réfléchir avec lui sur les grands enjeux. Jean-Marc Jancovici est un ingénieur français qui mène un combat pour préparer le monde au changement. Il est à l’origine et président du projet The Shift Project (« Le think tank de la décarbonation de l’économie »). Cet épisode diffusé sur Youtube a été visionné 19 000 fois depuis sa diffusion, il y a 5 jours !

Traduction des premières trente secondes de l’entrevue :

« Je distingue trois catégories d’économies d’énergie. La première est l’efficacité énergétique, que tout le monde apprécie car elle permet d’obtenir le même service ou le même produit avec une consommation d’énergie inférieure. La deuxième est ce que j’appelle la sobriété, qui consiste à renoncer délibérément à un service ou à un produit afin d’économiser de l’énergie. Vous êtes heureux parce que vous l’avez choisi. La pauvreté, c’est exactement la même chose. Seulement, vous ne l’avez pas choisie. Vous n’aimez pas la pauvreté, bien sûr, parce que vous pensez que quelque chose vous a été imposé. Donc, ce que nous ne parvenons pas à réaliser avec la sobriété, nous le réaliserons avec la pauvreté, et la pauvreté va déclencher des troubles politiques. »

NOTE : Dans YouTube en cliquant sur l’icône d’engrenage au bas de l’image vous pouvez faire apparaître la transcription de la conversation en traduction simultanée.

Un passage important : à partir de la minute 39:00.

Je ne sais pas si les premières conséquences du changement climatique seront suffisantes pour nous décourager d’utiliser les combustibles fossiles. Je ne crois pas que cela suffira. Malheureusement l’une des raisons du paradoxe est que l’énergie abondante est l’un des moyens de faire face aux premières conséquences du changement climatique. Avec une énergie abondante, vous pouvez transporter la nourriture de l’endroit où elle pousse encore vers des endroits où elle ne pousse plus. Vous pouvez reconstruire des infrastructures détruites par les évènements… apporter l’eau là où vous en avez besoin… Vous pouvez faire beaucoup de choses avec de l’énergie abondante. (…) Le paradoxe est qu’il sera tentant d’utiliser plus d’énergie fossile pour faire face aux premières conséquences d’une trop grande utilisation de cette énergie.