vendredi vrac (8)

[NOTE: pour que les liens vers les sections fonctionnent il faut que tout le billet soit chargé – cliquer sur le titre…]

Liens vers les sections : 1. Démocratie municipale; 2. Économie sociale, finance communautaire; 3. Santé; 4. Climat, énergie, transport; 5. Culture – éducation – développement social; et à la fin, les derniers articles traduits.


Démocratie municipale

Élections municipales 2025

Vivre en ville propose les 12 travaux de nos collectivités, une plateforme d’engagements concrets destinée aux candidats et candidates municipaux en vue des élections du 2 novembre prochain. Avec sa plateforme Les 12 travaux de nos collectivités, l’organisme propose 12 engagements structurants, adaptables à toute plateforme électorale, pour répondre aux défis pressants de notre époque: crise de l’habitation, étalement urbain, verdissement, mobilité, climat.

Saint-Jérôme – participation

Le ville de Saint-Jérôme adopte sa première Politique de participation publique
« La participation publique est un pilier essentiel d’une démocratie vivante. En adoptant cette politique, nous réaffirmons notre engagement à écouter les voix de la communauté et à travailler ensemble pour coconstruire une ville qui reflète les aspirations des Jérômiens et des Jérômiennes », explique le maire Marc Bourcier.

L’ensemble des politiques de St-Jérôme. La politique de participation publique

Laval

La nouvelle Politique de consultation publique et de participation citoyenne établit les principes et les modalités en matière d’information, de consultation et de participation des Lavalloises et des Lavallois et constitue le fondement de la volonté de la Ville de mettre en place une véritable culture de la participation citoyenne.

Investir dans le pouvoir citoyen

Une première boîte à outils sur le budget participatif

Une feuille de route concrète pour les municipalités québécoises, par le Centre d’écologie urbaine

«Nos villes au front»: plus d’autonomie pour les villes à bout de souffle

Un essai de François William Croteau, ‌ Nos villes au front. Repenser la gouvernance locale pour faire face aux crises, article de Jeanne Corriveau, dans Le Devoir.

Économie sociale, finance communautaire

Le SOMMET 2025

Le Sommet de l’économie sociale s’est tenu les 14 et 15 mai 2025 à La Tohu, à Montréal, et rassemblait des participant·es provenant du mouvement de l’économie sociale, du milieu entrepreneurial traditionnel, de la société civile, des sociétés d’État, du municipal, des gouvernements du Québec et du Canada et des Premières Nations.
Le CRISES et le RRESS ont participé non seulement à un panel dédié à la recherche mais aussi dans le travail de préparation au Sommet.


Une des huit illustrations de projets liés aux thèmes du Sommet.

Rendre à la communauté plutôt qu’aux actionnaires

Grande entrevue — Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale. La Presse, 13 mai 2025
« Il est temps de faire le point sur notre rôle », estime Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale, qui organise cette semaine à Montréal le Sommet de l’économie sociale.

Trois ans après le Sommet sur l’économie et l’emploi, le Chantier de l’économie sociale a été officiellement créé en 1999 et on a souligné les 10 ans de l’idéation de l’organisme en réalisant un premier Sommet de l’économie sociale en 2006.
Près de 20 ans, donc, après leur dernière rencontre au sommet, plus de 1200 acteurs du monde des coopératives et des organismes à but non lucratif (ayant une activité marchande) de partout au Québec vont se réunir cette semaine à Montréal durant le Sommet de l’économie sociale pour y discuter des grands enjeux qui animent cette force économique.

Finance durable et obligations communautaires

Je me demandais, dans un billet récent qui présentait le programme du Sommet sur l’économie sociale : Pourquoi il n’y a pas de thème « finance solidaire »? J’ai appris le lendemain que se tenait en même temps que le Sommet économie sociale, un Sommet sur la finance durable ! Sûr que la « finance durable » ce n’est pas la finance solidaire… de même que le « développement durable » ce n’est pas la transition socio-écologique. Mais ça aurait été bien d’avoir un solide volet financier, avec Fondaction et le Fonds de solidarité, au Sommet sur l’économie sociale. Sans doute que la « finance durable » ne visait pas les même clientèles : à 900$ le billet (pour les 3 jours), ou 1500$ incluant le souper-bénéfice… pas sûr que les groupes d’économie sociale aurait été nombreux…

Par ailleurs j’ai soulevé à quelques reprises dans ce carnet la question des obligations communautaires comme une stratégie de financement de projets d’économie sociale, mais aussi comme stratégie de sensibilisation et d’empowerment des communautés. C’est une formule qui devient plus commune. J’ai vu passer, sur le fil de En commun, deux appels à contribuer à de telles obligations:

Une radio communautaire faisant appel à son public pour construire une Maison de la radio, je comprends. Par ailleurs, je ne connaissais pas l’existence de Brique par brique. Cela semble une organisation assez jeune, et ça m’a fait réfléchir. J’avais toujours imaginé des organisations bien implantées (genre SHAPEM, ou le groupe ACHAT) dans leur secteur comme celles faisant appel à l’épargne sous forme d’obligations communautaires. Comment fait-on pour évaluer la solidité, les chances de réussite d’un projet d’investissement communautaire ? C’est une question pour un prochain billet !

Continuer la lecture de « vendredi vrac (8) »

économie sociale, philanthropie

Les artistes vivent difficilement [de leur] travail. Ils continuent néanmoins dans leur pratique artistique avec une motivation qui défie souvent les critères de l’acteur rationnel. On gagnerait à écouter les artistes sur le sens qu’ils donnent à la vie. Pas seulement les artistes d’ailleurs, les aidants naturels, les travailleuses de l’éducation et les bénévoles aussi. Il y a partout des gens qui se donnent à fond dans des activités essentielles, mais non productives. 

Pascale Bédard, sociologue de la culture, citée par Stéphane Baillargeon dans Le Devoir

Le Devoir publiait en fin de semaine un cahier spécial Philanthropie (version PDF). Grands philanthropes et justes causes. Recherche universitaire et chaires spécialisées, ça m’a rappelé à quel point les fondations des universités (et celles des hôpitaux) sont importantes, financièrement1J’en parlais ici. Un des articles souligne avec raison qu’il ne faut pas être millionnaire pour faire des dons. Mais dans le contexte ça voulait surtout dire de contribuer à l’une ou l’autre des grandes fondations. Pourquoi pas des dons à des projets, d’économie sociale, de logement communautaire ? Des dons ou des obligations ! Des dons qui soutiennent, encourage l’épargne intelligente, patiente, volontaire, consciente. Des dons qui manifestent, matérialisent des changements de valeurs, des engagements.

Le Sommet sur l’économie sociale 2025

Les 14-15 mai se tiendra à La TOHU un sommet à la veille du 30e anniversaire de la naissance du Chantier de l’économie sociale lors du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996. Les thèmes abordés au Sommet 2025:

Même si vous ne pouvez participer à ce Sommet les différents cahiers thématiques valent certainement d’être lus. Un état de la situation et une description de la place de l’économie sociale dans chaque secteur, avec des exemples concrets. Des propositions et perspectives d’action concluent les cahiers. Des références et ressources « pour aller plus loin » font de ces documents des sommes à conserver et consulter.

Les trois cahiers que j’ai lu jusqu’ici tracent des portraits concrets et engageants. J’y ai même appris que le TIESS avait fait différents travaux sur la situation des aînés, en amont du cahier sur ce thème : Se sentir chez soi, un besoin élémentaire. Constats et faits saillants concernant l’habitation et l’hébergement; Du lieu de vie au milieu de vie. L’économie sociale, porteuse d’une approche intégrée; Coup de sonde sur le terrain. Bons coups et apprentissages de 11 expérimentations québécoises.

En regardant l’ensemble de la thématique, cependant, je me demande pourquoi il n’y a pas de thème « Finance solidaire » ?** Une question réservée aux spécialistes ? Pourtant il me semble que la mobilisation de l’épargne de la fameuse « classe moyenne » serait une manière non seulement d’obtenir des ressources supplémentaires (à celles obtenues de l’État et des fondations philanthropiques) mais surtout de faire de ces citoyens, ceux qui ne sont pas le plus souvent les premiers clients visés par les initiatives solidaires, des alliés et, finalement des acteurs d’un changement qui devra mobiliser toute la société.

En terminant, si vous souhaitez une perspective historique et « transformationnelle » sur ce Sommet, Benoît Lévesque2Professeur émérite en sociologie de l’UQAM et cofondateur du CRISES, publiait, à la demande du conseil scientifique du TIESS : Vers un grand sommet pas comme les autres. Il identifie deux enjeux pour la nouvelle génération de l’économie sociale, celle qui prend la relève après la génération qui se levait au moment du Sommet de 1996 : arrimage avec la société civile organisée et le processus d’institutionnalisation (et d’auto-institutionnalisation). Il dégage aussi des perspectives pour la recherche partenariale qui a accompagné l’émergence et la consolidation d’un écosystème de l’économie sociale.


** Je n’avais pas vu la publicité pour le Sommet sur la finance durable, qui se tiendra en même temps que le Sommet sur l’économie sociale !

Notes

vidéos et conférences

Ma lecture de Comment bifurquer m’a amené à fouiller autour de l’économie substantive 1et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus ! , déjà rencontrée chez Laville dont j’ai parlé ici. Retour à Karl Polanyi, comment il permet de rendre compte de phénomènes économiques hors de l’économie de marché, marchande. Voir Approches substantives de l’économie : des outils pour l’étude des organisations d’économie sociale, de Florence Degavre et Andreia Lemaître. Je me demande si les organisations de l’économie sociale d’ici utilisent, ou utiliseraient de tels outils ?

Jean Louis Laville, dont je croyais avoir commenté ici le récent Pour un travail social indiscipliné, mais non, je n’en trouve aucune trace sur mon blog. Un ouvrage qu’il présente ici dans une conférence de 45 minutes donnée lors d’un colloque de travailleurs sociaux.

Un colloque de travailleurs sociaux à Roubaix, 2022, une conférence de Jean Louis Laville [45 minutes + échanges] (auteur de Le travail social indiscipliné)

Les auteurs de Le capital que je ne suis pas s’entretiennent avec Benjamin Rosoor2rédacteur en chef du blog L’or et l’argent. Ce dernier ne semble pas toujours sur la même longueur d’onde que les auteurs…

Gaël Giraud et Anne Alombert, auteurs de Le capital que je ne suis pas, 48 min.

Présentation de La fabrique de l’émancipation, par Jean Louis Laville, 7:18 min.

Entretien de Laville avec Nancy Fraser, « il y a toujours une certaine tension entre le travail intellectuel, la théorie critique et l’activisme. »

Auteur de Composer un monde en commun.

Banques de défaisance (bad banks), pour racheter les actifs fossiles ou que la Banque centrale d’Europe le fasse. Pour que les banques actuelles soient libérées de leurs actifs « sales ».

Institut Rousseau

Notes

  • 1
    et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus !
  • 2
    rédacteur en chef du blog L’or et l’argent

En résonance avec le monde

Annette Benoit - 2018 - photo de Martin Comeau

Sœur Annette Benoît, ou plutôt devrais-je l’appeler Mère Annette puisqu’elle était née en 1923 comme ma défunte mère, est décédée à l’âge vénérable de cent ans le 30 mars dernier

Je la soupçonne d’avoir été en communication « directe » — mystique ? — avec l’univers, un Dieu aux dimensions incommensurables. Par la méditation qu’elle pratiquait depuis longtemps et par l’écoute attentive, empathique, aussi pratiquée longuement. Ce que Hartmut Rosa appelle la résonnance.

Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, en 2017, elle avait 94 ans et était encore assez mobile pour que nos rencontres aient lieu dans un petit salon du rez-de-chaussée de sa résidence, le Carrefour Providence. Je voulais en savoir plus sur la filiation entre les communautés religieuses et les organisations communautaires d’un quartier que nous connaissions bien tous les deux : Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

Elle avait été active, très active, en 1970 au moment où se définissait un projet de CLSC, avant même que l’appellation soit établie (la loi fut votée en décembre 1971). Devait-on privilégier une clinique médicale populaire ou plutôt un centre communautaire à plusieurs dimensions en plus de la santé (habitation, bien-être, éducation-loisirs). Annette témoigne de cette période dans l’autobiographie collective qu’elle a réalisée avec ses consœurs en 2004, lorsqu’elle est arrivée au Carrefour Providence. 

En 1970, Annette était arrivée depuis peu dans le quartier comme responsable d’une dizaine de petites sœurs de l’Assomption (PSA) qui offraient des services à domicile. La collaboration qu’elles avaient déjà avec la clinique de psychiatrie communautaire de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine amena des médecins de l’Université de Montréal, dirigés par le docteur Landry, à les contacter afin de mieux définir ce que pourrait être une clinique communautaire de santé. La commission Castonguay-Nepveu se préparait à réorganiser la livraison des services de santé et de bien-être au Québec. Certains s’inspiraient de l’exemple de cliniques populaires qui existaient déjà depuis quelques années à Montréal (Pointe-St-Charles, St-Jacques). Le projet du docteur Landry était clairement entre les mains de professionnels, mais ils voulaient faire le lien, s’articuler aux besoins du quartier. Les Petites sœurs animaient déjà la Fraternité, qui regroupait les pères, puis les pères et mères des familles auprès desquelles elles intervenaient. Afin de répondre au besoin d’ancrage et d’orientation du docteur Landry, elles réunirent les membres de la Fraternité en plus de représentants des écoles, caisses populaires, paroisses… ce que certains s’empresseront de décrire comme l’élite traditionnelle.

Les petites sœurs d’Annette étaient bien conscientes de la critique… elles entretenaient des relations avec certains « marxistes »… Pour la suite, d’autres textes et voir les commentaires ou en laisser un

ESS, régulation, écologie solidaire

Un résumé critique du livre de Robert Boyer (L’Économie sociale et solidaire Une utopie réaliste pour le XXIe siècle) par Benoît Lévesque dans la Revue de la régulation : L’avenir de l’économie sociale et solidaire : l’éclairage de la théorie de la régulation. À propos du livre de Robert Boyer. Pour ceux et celles qui s’intéressent à l’économie sociale et solidaire, Benoît Lévesque donne le goût de lire le petit livre de Boyer, tout en soulevant quelques bonnes questions.

J’ai bien l’intention de lire le livre de Robert Boyer mais une petite phrase à la fin de l’article de Lévesque a attiré mon attention : « Bernard Billaudot (2022), dans un riche ouvrage, montre que toutes les sociétés sont fondées à la fois sur une vision du monde (une cosmologie) et sur des modalités de justification de leurs activités et de leurs relations. »

Dans un riche ouvrage, ça m’a intrigué. J’ai trouvé cet ouvrage : Société, économie et civilisation. Vers une seconde modernité écologique et solidaire, qui, malgré son fort volume (quelques 3000 pages !) est disponible gratuitement en format epub, pdf ou en ligne.

Si vous n’aviez pas encore de lecture pour la fin de l’été…

archives du LAREPPS

Le Laboratoire de recherche sur les pratiques et politiques sociales (LAREPPS) de l’UQAM a mené des recherches pendant plus de 15 ans, sous la direction de Yves Vaillancourt, d’abord, puis de Lucie Dumais et Christian Jetté.

Le site web du laboratoire devait être refait pour rester compatible avec les normes du service informatique de l’Université. Il a fallu transférer les quelques 180 rapports de recherche accumulés au fil des ans dans un nouvel environnement. Le résultat n’est pas remarquable par sa facture graphique (!) mais plutôt par la richesse des contenus auxquels il donne accès, suivant les thèmes ou axes de recherche (Insertion, Logement social et hébergement, Services de proximité,Transversal) ou encore par mot-clé (étiquettes) ou encore par ordre chronologique. La documentation relatant l’histoire du laboratoire a aussi été préservée. On peut rechercher dans l’ensemble des résumés de recherche en utilisant le module au bas de la page d’accueil.

Alors que j’étais organisateur communautaire en CLSC (et CSSS) j’ai eu la chance de participer à plusieurs des rencontres annuelles entre praticiens et chercheurs qui nous permettaient de réfléchir aux enjeux soulevés par les innovations et les politiques en insertion sociale, économie sociale ou développement social dont nous étions parties prenantes.

Si j’ai réalisé bénévolement le travail de transfert des contenus dans leur nouvel environnement, c’est qu’il me semble important de conserver un accès public 1plus facilement accessible que le seul dépôt-papier aux archives nationales à ces rapports de recherche qui portent sur des questions qui sont toujours à l’ordre du jour : les relations entre services publics et communautaires; la place de l’économie sociale dans les services de proximité et d’hébergement… Des dizaines de monographies relatant l’action et l’histoire de coopératives, d’OBNL ou de HML, des portraits régionaux des réseaux de services ou encore plusieurs monographies sur la transformation des CLSC en CSSS ont été réalisés de 1998 à 2014. Je suis persuadé que ces matériaux mériteraient de faire l’objet de méta-analyses qui seraient utiles à l’orientation future tant des services publics que privés ou communautaires.

Articles similaires

Notes

  • 1
    plus facilement accessible que le seul dépôt-papier aux archives nationales

balados, webinaire, & cetera

Demain, le 26 janvier. Webinaire gratuit.

J’avais oublié ce webinaire, qu’on me rappelle ce matin. Organisé par l’Université de Moncton, il sera diffusé demain, 26 janvier (inscription gratuite) avec des données tirées du terrain (Bas-du-fleuve), pour l’intervention de M. Simard et une synthèse plus théorique, ce me semble, de la part de Mme Bouchard, mais une théorie ancrée dans une connaissance fine et profonde du terrain de l’économie sociale.

J’apprend par ailleurs l’existence de ce balado, Esprit de quartier, lancé en décembre dernier par la Coalition montréalaise des Tables de quartier. Comment se fait-il que je n’aie pas remarqué ? Bon… la boulimie d’information ? Mais je remarque, avec surprise, que je ne suis pas abonné au fil Twitter de la Coalition (@LaCMTQ) ! Je croyais l’avoir fait, mais c’est au fil de son coordonnateur (@YBellavance) que j’étais abonné. Voilà, c’est corrigé. Déjà 4 épisodes de balado de 30 minutes sont disponibles : Une ville (vraiment) abordable; Vivre le quartier ensemble; Sortir du désert alimentaire; Des quartiers verts et solidaires. Aussi 4 petits vidéos de 3-4 minutes, en provenance de St-Henri, Lachine, Pointe-St-Charles et Centre-Sud. Bravo !

La « newsletter » de la FLAC me rappelle que la plateforme collaborative Passerelle hébergera les archives de Bill Ninacs, ce grand militant et pédagogue du développement communautaire et de l’empowerment, décédé en décembre dernier. On peut aussi visionner une série de vidéos sur Billninacs.ca

Et la lettre mensuelle de l’association la Coop des Communs me fait connaitre cette émission de France Culture portant sur Elinor Ostrom, qui recevait en 2009 le prix Nobel d’économie « pour son analyse de la gouvernance économique, en particulier des biens communs ». Rosa Luxemburg, économiste révolutionnaire fait aussi l’objet d’une émission d’une heure.

le tiers secteur québécois, un aperçu

Un billet écrit pour publication sur le blogue de l’ISTR, International Society for Third-Sector Research, qui tiendra son colloque à Montréal du 7 au 10 juillet prochain.

Comment présenter à un visiteur étranger le tiers secteur d’ici ? Grosse commande pour un petit billet ! Sans prétendre vider la question dans les quelques paragraphes qui suivent , trois secteurs me semblent incontournables : l’action communautaire autonome, la philanthropie et l’économie sociale. Je dirai aussi quelques mots sur le réseau montréalais des Tables de quartier. Je terminerai en soulignant les limites de ce billet.

Commençons par ce qu’il est convenu d’appeler ici, au Québec, l’action communautaire autonome. Comptant plus de 4000 organisations**, 60 000 travailleurs et 425 000 bénévoles, regroupés au sein du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, c’est sans aucun doute la partie la plus diversifiée et dynamique du tiers secteur québécois. Ces organisations sont impliquées principalement dans la défense et la promotion non partisane de droits, l’engagement citoyens et le développement de services alternatifs. Après des années de mobilisation le mouvement communautaire obtenait l’adoption d’une Politique de reconnaissance de l’action communautaire en 2001. Le soutien financier accordé par le gouvernement québécois à l’action communautaire (autonome ou non) à travers divers programmes et ministères s’élevait, en 2017-2018, à plus de 1,1G$. Ceci n’incluait pas le soutien en provenance des autres paliers de gouvernement (fédéral, municipal) ni les dons en provenance des fondations. 

En ce qui concerne la philanthropie, le Philab (Réseau canadien de recherche partenariale sur la philanthropie) traçait en 2018 un portrait de l’écosystème philanthropique québécois avec un examen particulier de 3 villes (Montréal, Québec et Gaspé). Plus récemment, le Philab publiait le premier numéro de sa revue bilingue L’année philanthropique. L’Institut Mallet est aussi une source d’information sur l’évolution de la culture philanthropique, grâce à ses Sommets et Forums réguliers. J’ai donné un compte-rendu du Sommet tenu à Montréal en 2017 qui me semble encore pertinent sur mon blogue : Sommets, PIC et dons.

L’économie sociale, cet autre élément dynamique du tiers secteur, aura vu les « coopératives d’épargne » associées aux paroisses catholiques au début du XXe siècle devenir le premier groupe financier coopératif du Canada et l’institution financière la plus présente au Québec (Les Caisses Desjardins) alors que les coopératives agricoles et laitières continuent d’être des acteurs de premier plan de l’industrie. Dans le domaine de l’habitation, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation, le Réseau québécois des OSBL d’habitation, le Regroupement des offices d’habitation du Québec témoignent de la vitalité et la diversité du secteur. Le Chantier de l’économie sociale, créé il y a 25 ans à l’occasion d’un Sommet sur l’économie et l’emploi, aura contribué au développement de la nouvelle économie sociale par la mise en place d’instruments de financement, de transfert de connaissance et de concertation. Le TIESS, Territoires innovants en économie sociale et solidaire, créé à l’initiative du Chantier et du CRISES, se veut un outil de liaison et de transfert entre praticiens et chercheurs afin de soutenir l’innovation et la démocratisation des savoirs. 

Si les agents du tiers secteurs se regroupent et se fédèrent spontanément à partir de leur structure juridique (OBNL, coopérative…) ou en fonction des causes ou clientèles mobilisées (jeunes, femmes, habitation…) les regroupements intersectoriels sur des bases régionales ou locales (quartiers dans les villes) permettent des synergies et une expression de l’attachement territorial à une échelle souvent plus humaine que la « nation » ou la grande ville. La dynamique dans les régions a été chambardée récemment. Les « conseils régionaux des élus » (CRÉ) qu’on retrouvait dans chacune des 18 régions administratives du Québec a été abolie par le gouvernement provincial au profit d’une mise en valeur du rôle des élus municipaux et des 95 municipalités régionales de comté (MRC). Les CRÉ avaient développé une interface et une culture d’échange et de concertation entre les élus et les agents du tiers secteur de leur région, notamment pour l’implantation de certains programmes de développement social. La disparition des CRÉ n’a pas fait disparaitre les régions mais a certainement forcé une recomposition des réseaux régionaux de même qu’un questionnement sur la capacité des MRC à reprendre la dimension « développement social » des CRÉ. La Chaire de recherche du Canada sur l’organisation communautaire a réalisé plusieurs recherches qui témoignent de ces transformations, jusqu’en 2017, une exploration que le Centre de recherche et de consultation en organisation communautaire a continué depuis lors. 

Cette concertation de proximité géographique des agents du tiers secteur a pris la forme, dans une ville comme Montréal, des « tables de quartier ». Une structure qui n’a pas subi le revers des CRÉ mais a plutôt connu une croissance du soutien accordé par les instances institutionnelles (municipalité, santé publique, philanthropies).  L’île de Montréal, qui s’étire sur 50 kilomètres dans le fleuve Saint-Laurent et fait 15 kilomètre de large en son centre, rassemble une trentaine de quartiers (parfois d’anciennes municipalités indépendantes) dont les histoires sont souvent centenaires. Les Tables de quartier correspondant à ces territoires sociologiques et historiques sont regroupées en une Coalition montréalaise des Tables de quartier

En vous rendant sur le site de la Coalition montréalaise, vous pourrez cliquer sur la carte et atteindre les sites web de chacune des Tables. 

Ce tour d’horizon rapide et nécessairement incomplet ne peut se conclure sans souligner l’apport de groupes de recherche, centres, chaires qui ont soutenu l’innovation, la réflexion et la croissance d’un tiers secteur en évolution rapide au cours des dernières décennies. Je pense au CRISES, le déjà nommé Centre de recherche sur les innovations sociales de l’UQAM, mais aussi la CACIS (Approches communautaires et inégalités de santé) de l’Université de Montréal, le Karl Polanyi Institute of Political Economy de l’Université Concordia, entre autres. Des programmes temporaires ont aussi grandement contribué à la recherche partenariale : notamment le LAREPPS, Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales, la CRCOC, Chaire de recherche du Canada sur l’organisation communautaire, et aussi, naturellement, ARIMA, un partenariat de recherche sur l’action et les services sociaux en RÉSEAU. 

Et maintenant, si vous n’êtes pas du Canada, vous vous demandez sans doute « et le tiers secteur ailleurs qu’au Québec ? » Les principaux champs d’intervention du tiers secteur étant de juridiction provinciale, celui-ci s’est organisé historiquement à l’échelle provinciale. Mais surtout, la différence de langue commune entre le Québec et le reste du Canada explique les liens ténus entre organisations de la société civile des deux nations. D’autres membres de l’ISTR plus au fait de la situation au Canada anglais pourraient sans doute, mieux que moi, vous introduire à cette réalité. 

Gilles Beauchamp, organisateur communautaire, 
membre du comité directeur d’ARIMA et 
blogueur depuis 2002 sur Gilles en vrac…

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** Quelques-unes des organisations membres du Réseau québécois de l’action communautaire autonome

et maintenant le plan d’action

Un développement global

L’impression que donnait le reportage de Radio-Canada diffusé au moment de la sortie officielle de la Politique de développement social Montréal de tous les possibles ! le 7 juin dernier :

« La politique présentée mercredi définit de grandes orientations visant à inclure, à protéger et à rendre plus accessibles les services municipaux aux personnes et aux communautés vulnérables. »

Comme si le développement social ne concernait que les communautés vulnérables…

La place du développement social (DS) a fait l’objet d’un avis de la part du Regroupement québécois de développement social, en avril 2015. Le DS y est décrit comme s’adressant « aux individus et aux collectivités dans leur globalité de façon intégrée ».  Le DS est un des trois piliers définissant le développement durable (avec les dimensions environnementale et économique des activités de développement).

Pourquoi faut-il prendre le développement social par « le gros bout » plutôt que le petit ? Parce que les transformations de l’économie conséquentes aux nécessaires politiques de la Transition écologique déplaceront tant de monde, bousculeront tant d’habitudes que tous devront « mettre l’épaule à la roue ». Il ne peut y avoir de « liberté individuelle » de nier l’obligation de la Transition. Refuser de contribuer à l’effort collectif de transformation ou, pire encore, accroitre sa consommation et ses rejets dans la nature de gaz et produits toxiques, sont des positions répréhensibles qui devraient être punies si elles se manifestaient par des comportements délétères.

Le développement social doit aussi se faire en critiquant les comportements nocifs, les pratiques asociales, discriminatoires ou éco-destructrices. Punir ou réprimer les exagérations et pratiques ostentatoires relevait de la bienséance dans les sociétés traditionnelles. Mais nos sociétés ont tellement bien libéré les individus des pressions morales exercées par les communautés qu’il faut maintenant exercer ces pressions de manière législative et règlementaire. Mais attention de ne pas nuire au développement des capacités d’autocontrôle des collectivités ! (Collective Action and the Evolution of Social Norms (pdf), E. Ostrom, 2000)

De nouveaux pouvoirs

Alors que l’automne devrait amener les acteurs de la région à contribuer au futur Plan d’action qui mettra en œuvre la nouvelle politique, il est utile de garder en tête les nouveaux pouvoirs qui seront prochainement dévolus par le gouvernement provincial. Quelques-uns de ces nouveaux pouvoirs attribués à la Métropole, par la Loi 121  dont l’étude détaillée par la Commission de l’aménagement du territoire du Québec débute en aout :

  1. Le droit de préemption sur l’acquisition d’immeubles mis en vente sur son territoire ;
  2. Le droit d’acquérir, de gré à gré ou par expropriation, tout immeuble à l’égard duquel un avis de détérioration a été inscrit au registre foncier depuis au moins 60 jours et sur lequel les travaux exigés dans cet avis n’ont pas été effectués (Pouvoir de forcer l’entretien des immeubles détériorés par résolution) ;
  3. Pouvoir de rendre obligatoire l’inclusion de logements abordables ou familiaux dans les projets de développement résidentiel ;
  4. Pouvoir de créer des organismes sans but lucratif dont l’activité consiste à fournir tous les services, les avis, les matières, les matériaux et les équipements relevant des compétences de la Ville ;
  5. Pouvoir de mettre sur pied les instances consultatives nécessaires pour assurer le bon fonctionnement et la bonne gouvernance de la Ville.
  6. Pouvoir accru d’accorder des crédits de taxes;
  7. Pouvoir de céder ou de louer des immeubles à une valeur autre que la valeur marchande ;
  8. Pouvoir de subventions par le comité exécutif jusqu’à 150 000 $ pour les acquisitions et les aliénations d’immeubles.
  9. Une offre de services d’accompagnement des nouveaux arrivants sur son territoire grâce au BINAM (Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal)

Ces pouvoirs devraient permettre à la Métropole d’exercer un leadeurship plus ferme et ne plus être à la remorque ou sans ressource devant les projets et actions des développeurs privés. Cela pourrait aussi favoriser la résolution de nombreux besoins d’espaces (commerciaux et de services) pour les organisations communautaires qui souhaitent desservir les communautés locales.

Il faudra demander au prochain maire de Montréal ce qu’il entend faire de cette capacité nouvelle (ou accrue) de créer suivant son bon vouloir des « OBNL de sous-traitance ». Est-ce à dire, par exemple, que dans l’exercice de sa plus grande autonomie en matière d’habitation, la Métropole pourra créer des OBNL qui agiront en lieu et place ou en concurrence avec les OBNL en habitation qui ont développé depuis des décennies une connaissance fine des territoires et des besoins et démontré des capacités éprouvées d’intervention ? Ou encore de nouveaux OBNL qui viendraient accompagner les nouveaux immigrants… Et les OBNL qui interviennent déjà, avec peu ou pas assez de reconnaissance et de soutien jusqu’ici, seront-elles seulement consultées ou si elles seront partenaires, coproducteurs dans ce nouveau champ de compétence métropolitain ?

Il y a de bonnes discussions à avoir à ce sujet et la manière dont ces discussions seront menées, les espaces où elles se tiendront ne sont pas innocents ou neutres. Il faut reconnaître les espaces démocratiques qui existent déjà, et continuer de les soutenir : Forum régional de développement social ; Tables de quartier.

Autres éléments de la conjoncture des prochains mois : la campagne électorale municipale de l’automne ; l’intention ferme du gouvernement fédéral de réinvestir dans le logement et de développer les « infrastructures sociales » ; la campagne électorale provinciale à l’horizon 2018.

Le développement ordinaire n’est plus possible…

S’il faut faire du développement social un plan commun à l’ensemble des « parties prenantes »; un objectif sociétal, un projet de société multisectoriel sachant tirer le meilleur de chacun…

Si on veut que les projets soient ancrés dans les territoires, soutenus par les communautés, permettant les impacts les plus durablement positifs;

Il faut gérer localement – autour de leadeurships ou de projets particuliers. Ce qui doit être géré régionalement, par la métropole, ce sont les règles, notamment fiscales et financières qui devront être négociées avec les niveaux supérieurs de gouvernement. Des outils pour faciliter l’agir et l’impact des initiatives locales.

Le premier plan d’action en développement social qui fera suite à l’adoption récente de la politique du même nom, ce sera un premier plan, à court-moyen terme. Mais le développement social, qu’on l’inscrive dans la Transition écologique ou pas, c’est un processus à long terme. C’est comme changer les habitudes alimentaires ou de déplacement d’une population. Il faut travailler sur les déterminants matériels et environnementaux qui conditionnent les habitudes sociales, préalablement et en même temps que de promouvoir de nouveaux comportements, de nouvelles valeurs. Ce premier plan d’action de 3 à 5 ans devrait s’inscrire dans un plan de 25 ans : Vers le 400e de Montréal !

Les opportunités à saisir et à inscrire dans ce prochain plan d’action :
  • Les nombreux édifices institutionnels ou commerciaux qui devront changer de vocation (déplacement de communautés religieuses, fermeture d’hôpitaux, de CHSLD, d’usines et de centres d’achat désaffectés) sont une occasion de répondre au besoin en locaux exprimé par plusieurs OBNL offrant des services de proximité.
  • Les espaces en friche à inscrire au plan de préemption de la Métropole; les projets de développement à discuter avec les partenaires.
  • La mise à niveau du stock de logements locatifs en regard des nouveaux pouvoirs de saisie pour cause d’insalubrité.
    • Des reprises de possession qui devraient être données à gérer aux OBNL aptes et consentantes des quartiers ;
    • La demande accrue, dans ce contexte, de services de rénovation-entretien-réparation devrait permettre de soutenir la structuration d’une offre de service de qualité. Un secteur (rénovation-entretien) qui évolue souvent au noir, au détriment de l’intérêt collectif (pas d’impôt payé) et de l’intérêt du client (pas de protection ni contrôle de qualité). Raisons suffisantes pour soutenir publiquement (grâce aux programmes provinciaux actuels de réinsertion et de formation professionnelle en plus d’un soutien à l’innovation et aux infrastructures sociales fédéral) l’émergence d’entreprises d’économie sociales dans le domaine. (Voir autre article).
  • La création d’un dépôt d’informations stratégiques (fonds de cartes, données fiscales, immobilières, de recensement, de sondage, administratives) pour le développement social et urbain des quartiers montréalais. Comme le disait le comité exécutif dans sa réponse à la recommandation 26 du rapport Vers une Politique de développement social de la Commission sur le développement social et la diversité montréalaise :

« Le comité exécutif est favorable au développement de plateformes de diffusion d’analyses, de cartes, de données et de toutes formes d’informations brutes ou traitées permettant à ses partenaires en développement social de mieux comprendre les enjeux et de les utiliser à des fins d’amélioration des conditions de vie de la population montréalaise. »

  • La reconnaissance du Forum comme espace de discussion et de suivi du Plan.

Au delà du développement social, il faudrait mettre en place un groupe de travail sur la Transition afin d’articuler les dimensions sociale, écologique et économique de notre développement à plus long terme.

La campagne électorale municipale de l’automne permettra-t-elle de clarifier les enjeux qui traversent le champ du développement social montréalais ? Comment la prochaine administration municipale usera-t-elle de ses nouveaux pouvoirs ?  La manière dont le document Montréal de tous les possibles ! fut lancé, une semaine seulement avant la tenue du Forum qui devait en discuter, n’est pas pour rassurer les partenaires… Le Plan d’action qui devra mettre en oeuvre cette nouvelle politique devrait être celui de tous les montréalais.

La Métropole qui se dessine à l’horizon pourrait être l’occasion d’un renforcement de la vitalité des quartiers et de la vie démocratique municipale. Reprenons le titre de Jonathan Durand Folco, dans son Traité de municipalisme : À nous la ville !