Prendre le pouvoir pour le partager (286 pages), par Fréquence commune : « Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) qui a pour mission de soutenir les habitant·es et les élu·es qui réinventent la démocratie locale en France pour opérer une transformation sociale et écologique de nos sociétés.:
What Should the CBC Be? (89 pages) Ce rapport présente les conclusions d’une étude menée pendant deux ans qui s’appuie sur les meilleures pratiques en matière de médias de service public au Canada et dans 17 autres pays à travers le monde. Un article du Devoir de ce matin (16 juillet) me fait connaître ce rapport du Centre for Media, Technology and Democracy. Traduction (DeepL) du document : Que devrait être la CBC ? Une publication qui vient documenter localement l’appel à renforcer les médias publics que j’ai remarquai dans quelques articles sur Habermas et l’Espace public, de même que cette publication sur la BBC : Our Mutual Friend: The BBC in the Digital Age
Aussi : Indiweb me semble une initiative pleine de ressources ! Notamment la capacité de POSSE (Publish (on your) Own Site, Syndicate Elsewhere).
Jamais l’accès au savoir n’a paru aussi vaste, jamais la science n’a été aussi performante, et pourtant jamais les faits n’ont paru aussi fragiles, réduits à de simples croyances effeuillées sur les pages d’un missel en silicone — sacré numérique d’un monde sans dieu.
Ma lecture de L’industrie culturelle à l’ère de la démocratie post-vérité fut pénible dans la première partie : j’avais l’impression d’un cours sur la première école de Francfort, avec Adorno qui ferraillait contre l’industrie culturelle avant et après la Shoah, pour y débusquer les formes d’aliénation… mais le parallèle avec les années ’60 puis avec les années Trump…
« les différentes sphères publiques ne sont plus confrontées à une seule et même réalité, mais à la représentation d’une réalité qui a été adaptée dès le départ aux différentes sphères publiques. À cette fin, le groupe Springer a créé Upday, « un nouveau service d’agrégation d’actualités mobiles développé par Axel Springer en partenariat avec Samsung Electronics. Le service (…) utilise une série d’algorithmes pour suivre les habitudes de lecture des utilisateurs et sélectionner un flux personnalisé de contenus provenant de l’ensemble du web » »
« Les nouvelles formes de médias se sont transformées en divertissement, et au lieu d’un discours critique, nous assistons au spectacle d’une classe de commentateurs, de tous bords idéologiques, qui préfère l’indignation à la complexité et rejette l’incertitude dialectique au profit de l’affirmation narcissique d’idéologies cohérentes, chacune étant diffusée sur sa propre chaîne câblée privée. L’expression remplace la critique ». (P. Gordon, The Authoritarian Personality Revisited: Reading Adorno in the Age of Trump)
« comment le discours sur la « crise de la sphère publique » déclenche à son tour une résonance publique et se traduit par des mobilisations sociales. Le diagnostic d’une disruption dystopique des médias ne gagne en pertinence qu’en le reliant à l’utopie de la sphère publique démocratique qui continue d’inspirer le discours critique. Il ne s’agit pas ici de réhabiliter le modèle habermasien de la sphère publique, mais simplement d’indiquer que son modèle normatif reste valable pour l’auto-évaluation critique de la société transnationale et numérique quant à ses propres lacunes et son potentiel. »
Malgré les diagnostics d’éclatement et de dissolution du public, c’est encore en fonction et dans le cadre d’une sphère publique démocratique que le débat se mène.
11 juillet – Je termine la lecture dela préface de l’édition de 1990 (pdf) de L’espace public (17e édition allemande du document de 1962), par Habermas. Il revient sur les limites et errements du document original, reconnaissant (entre autres) qu’il n’avait pas inclu la dimension féministe de la critique du monde bourgeois-capitaliste.
Il serait temps que je cesse de lire de nouveaux textes, des mises en contexte, ou l’archéologie des premiers textes… pour me concentrer sur les effets, l’utilité de ces textes-concepts pour orienter, comprendre la situation maintenant.
Je ne suis pas un spécialiste de Habermas… ni ne suis philosophe. À peine un peu sociologue. Je connaissais l’auteur pour avoir lu La technique et la science comme idéologie au baccalauréat puis Théorie de l’agir communicationnel pendant mes études de maîtrise en sociologie. Je n’aurai, finalement, jamais lu1Je viens de l’emprunter à la BAnQ le fameux document de 1962 : L’espace public : Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise.
Mais j’ai lu tellement de commentaires, de critiques, de théories élaborées à partir de ce texte de 1962… Le concept d’Espace public est devenu une évidence, un concept assimilé, incorporé à la culture actuelle.
Le concept d’espace public appliqué à l’internet, aux nouveaux espaces numériques
Ce texte de septembre 20052avant l’arrivée des FaceBook, Twitter et al.; avant l’arrivée des téléphones « intelligents » : Habermas’ heritage: The future of the public sphere in the network society, par Pieter Boeder. Je l’ai traduit ici. Un retour sur Habermas mais aussi sur les théories qui s’étaient développées depuis l’avènement du web, puis du web commercial. Un texte que j’ai lu et commenté en octobre 2005, un mois après la parution de l’article de Boeder sur FirstMonday.
La société en réseaux est le concept à la mode. Et on semble bien optimiste sur l’avenir de ces nouvelles technologies numériques. « [S]on avenir [de la sphère publique] réside dans les médias numériques, qui offrent des possibilités passionnantes à mesure que les réseaux numériques améliorent et modifient les structures sociales. »
Les auteurs cités par Boeder sont assez (ou très) optimistes devant les possibilités de « revitalisation » de l’espace public grâce à une utilisation judicieuse des technologies numériques.
« Si l’utilisation de l’Internet s’étend aux groupes à revenus moyens, aux groupes à faibles revenus et aux femmes, elle pourrait encore offrir une réelle opportunité pour une plus grande participation, une communication démocratique et une véritable revitalisation de la sphère publique. » C’est Alinta Thornton qui dit cela, en 1996.
5 août – J’ai terminé hier la lecture de Marietje Schaake : The Tech Coup: How to Save Democracy from Silicon Valley (2024.11). Un livre téléchargé sur ma tablette depuis quelques mois. Je venais de lire Underground Empire – How America Weaponized the World Economy, par Henry Farrell et Abraham Newman (2023.09) et j’ai bien aimé le côté « pratique » de Schaake : elle a été députée au parlement européen pendant dix ans.
Ces deux ouvrages et d’autres encore (Géopolitique du numérique – L’impérialisme à pas de géants, de Ophélie Coelho; Faut-il se passer du numérique pour sauver la planète ?, de Cédric Durand; How infrastructure works: inside the systems that shape our world, de Deb Chachra; Le rapt d’Internet: Manuel de déconstruction des Big Tech, ou comment récupérer les moyens de production numérique, de Cory Doctorow) donnent une idée de l’impact des « big tech » sur nos vies, nos infrastructures, notre culture.
L’infrastructure, tant que ça fonctionne, on a tendance à l’oublier. Et la technologie numérique, Internet et tout le tralala, les gouvernements ont préféré laisser l’innovation et l’investissement entre les mains des capitaux privés, plutôt que de maintenir la propriété publique sur les réseaux (et protocoles) développés grâce aux investissements publics des années ’60-’70-’80. Avec les années ’90, le nombre de citoyens connectés grandissant, plusieurs souhaitaient que le réseau des réseaux permette le commerce, facilite l’émergence d’entreprises privées qui sauraient répondre aux désirs et besoins des consommateurs connectés.
Je ne suis pas sûr que l’État aurait pu se montrer aussi prolifique dans l’accompagnement des innovations et expérimentations de ces années. L’effervescence des années ’90 conduisit à la bulle de 2000. Une bulle dont l’éclatement a permis la concentration et la consolidation de quelques gagnants, qui surent racheter à bon prix les produits les plus prometteurs.
L’initiative privée a pu paraître mieux adaptée face à des besoins inconnus devant une technologie nouvelle : il fallait expérimenter, avec des taux d’échec élevés… un taux qui aurait été difficile à accepter de la part d’initiatives collectives (publiques). Si l’initiative privée a permis d’expérimenter et de faire émerger des produits, des services, des marchés, ces marchés se sont peu à peu transformés en monopoles, puisque les pouvoirs publics n’ont opposé que peu de contraintes ou d’orientation devant ces « success story » du savoir faire entrepreneurial états-unien. Le pouvoir du premier arrivé, renforcé par une protection élargie et prolongée des brevets et propriétés intellectuelles. Une protection imposée par le gouvernement américain dans ses négociations commerciales au profit des entreprises américaines dominant le secteur. Voir Le rapt d’Internet: Manuel de déconstruction des Big Tech, ou comment récupérer les moyens de production numérique de Cory Doctorow.
Il faut revenir à une propriété publique, un contrôle collectif des infrastructures nécessaires aux échanges, à la mémoire, à la recherche qui soutiennent l’identité, les projets et l’affirmation des peuples et nations. Une souveraineté numérique à travers la construction de « piles publiques » (public stacks) : Public Stack – pour des espaces publics numériques « open, democratic and sustainable »; PublicSpaces – un réseau d’organisations publiques qui luttent pour un Internet fondé sur des valeurs publiques; Branch – A Just and Sustainable Internet for All.
Un renforcement des médias publics jouant un nouveau rôle devant la multiplication des « vérités », des publics, des collectivités.
Une action qui devra se mener à l’échelle internationale. comme le suggèrent Durand, Rikap et al. dans Reclaiming Digital Sovereignty.
Par ailleurs, comme je le notais en conclusion de ma « chronique habermassienne« , où je rassemblais quelques éléments tirés de cette plongée dans et autour du concept d’Espace public, il y a une illusion de la transparence, de la demande de « publicité » et d’accessibilité aux mécanismes et algorithmes présidant aux décisions… La complexité et l’opacité du réel ne disparaîtront pas avec la numérisation. S’il y a quelque chose, la numérisation ajoute à la complexité !
Et c’est là que réside sans doute la riposte aux pouvoirs de la Big Tech : nos communautés ne sont pas d’abord numériques mais bien réelles, matérielles, vivantes. Le tacite, le non-dit, l’analogique sont plus importants que l’explicite, l’écrit et le numérique. L’utilisation démocratique et viable du numérique doit reposer sur une emprise, une compréhension et une pratique qui ne sont pas numériques mais vivantes, solidaires, vraies.
Notes
1
Je viens de l’emprunter à la BAnQ
2
avant l’arrivée des FaceBook, Twitter et al.; avant l’arrivée des téléphones « intelligents »
A. Des articles qui valaient (IMHO) d’être traduits
Un article traduit en mai dernier, que j’ai revu, retraduit avec DeepL, avec un bien meilleur résultat : Travailler à la frontière des silos
Parce que cet article sur la montée des médias de propagande de droite parallèle à la déconfiture des médias traditionnels m’a semblé de qualité (avec de nombreuses sources liées) et qu’il se conclut sur plusieurs pistes d’action qui me semblent intéressantes : Le problème de la propagande de la droite américaine est peut-être terminal. À noter que j’ai (finalement) inséré dans la traduction les nombreux (plusieurs douzaines) liens hypertextes qui sont offerts dans l’article original.
Je ne suis pas abonné au Financial Times, mais je me suis inscrit temporairement pour atteindre un article et j’ai eu accès pour quelques semaines1Ne pas oublier de me désabonner le 27! aux contenus de la « vénérable » institution. J’ai trouvé ces « prévisions pour 2025 » assez divertissantes : 2 ou 3 court paragraphes pour répondre à une « question de l’heure », écrits par les différents journalistes spécialisés du FT.
Un article par un prof de psychiatrie de l’U. de T. sur la régression qui nous affecte ou risque de nous affecter collectivement : La grande régression : « Jadis nos dirigeants et nos institutions – pas seulement politiques, mais dans tous les domaines de la vie – étaient des modèles de régulation émotionnelle. Dans une société en régression, nous voyons moins d’exemples sains dans la vie publique«
Vous avez remarqué la plus forte luminosité des phares des automobiles ? C’est un fait assez désagréable, qu’on soit piéton, cycliste ou l’automobiliste d’en face… Cet article plonge dans la bataille que mènent des volontaires qui s’organisent à partir d’un forum de discussion Reddit r/FuckYourHeadlights. Dans la guerre contre la luminosité des phares
C’est le titre de la livraison du 9 janvier de la lettre Substack Vraiment Vraiment : Les institutions manquantes. Je vous invite à glisser sur la désagréable image qui flashe des couleurs vives et contrastées à l’arrivée. Le texte qui suit vaut d’être lu2Vous pouvez « Continuer de lire » et vous abonner plus tard, si vous le souhaitez. Pour son humour un peu décalé, et des réflexions pertinentes. Pourquoi les intentions et programmes liés à l’environnement et aux objectifs climatiques sont-ils si facilement abandonnés par nos politiciens dès que se présente une urgence ?
La stratégie « Zéro sans-abri » de la Finlande : Les leçons d’une réussite
[Rapport de l’OCDE] Le nombre de personnes sans domicile en Finlande n’a cessé de diminuer au cours des trois dernières décennies, passant de plus de 16 000 en 1989 à environ 4 000, soit 0,08 % de la population (Figure 1).
Il s’agit d’un chiffre très bas, surtout si l’on considère que la Finlande utilise une définition relativement large du sans-abrisme, qui inclut notamment les personnes vivant temporairement avec des amis et des parents dans son décompte officiel du sans-abrisme. En 2020, pratiquement personne ne dormait dans la rue une nuit donnée en Finlande. Source : Finland’s Zero Homeless Strategy: Lessons from a Success Story
Un nouveau guide de design des pistes cyclables en milieu urbain, reconnu par le ministère du transport américain (Department of Transport).
“Endorsed by the U.S. Department of Transportation, the Urban Bikeway Design Guide is used by hundreds of municipalities, state DOTs, and regional agencies across the U.S. and Canada to design streets that are safe and accessible for people biking.”
Un agrégateur de nouvelles, de parutions, de lancements, de paroles, de photos, d’opinions… ? Un espace d’intérêt public, encore à créer dans un moment (mouvement, geste) instituant.
Par des acteurs de la société civile engagés dans le projet de construire, défendre cet espace public démocratique où les décisions ne sont pas orientées d’abord vers le profit de quelques uns mais plutôt ancrées dans le tissage et le renforcement des communs qui nous font vivre. Qui font le lien, disait le dernier Latour (Mémo sur la nouvelle classe écologique), entre le monde où l’on vit et le monde dont on vit.
Dans sa discussion1Épisode du 21 octobre 2023 avec Fred Savard, sur le balado du même nom, Philippe de Grosbois se posait la question à savoir si les grands médias généraient encore des fils RSS. J’ai commencé à faire le tour des médias en élargissant aux ministères et gouvernements.
Comme on peut le voir, il y a plusieurs sources de nouvelles, mais plusieurs aussi n’en ont pas… Je n’ai pas encore fait le tour des journaux régionaux.
Les ministères sont plus fidèles à promouvoir les liens avec les Facebook, LinkedIn, Instagram ou Twitter que de produire une version publique accessible de leurs contenus sans passer par des réseaux privés fermés.