Gilles en vrac… depuis 2002

la prévention contre l'équité ?

Un article très provocateur tiré du très réputé British Medical Journal, écrit par une omnipraticienne anglaise, Iona Heath : In defense of a National Sickness System. J’avais conservé sur mon bureau ce court article d’une page, dont je vous cite donne ici un assez long extrait :

A National Health Service committed to prioritising the prevention of sickness above its treatment would accelerate the pursuit of biometric risk factors for this or that disease and the development of statistically effective treatments for each one in turn. This process legitimises investment in the wholesale drug treatment of healthy people and the increasing costs of this begin to pose a very real threat to the provision of universal healthcare systems that are available and accessible to all. No universal healthcare system, funded through taxation, can possibly pay for the pharmaceutical treatment of all risks to health. An excessive and unrealistic commitment to prevention of sickness could destroy our capacity to care for those who are already sick; everyone, in time, must become sick and die. One of the ambitions of preventive health care is that it will reduce the gap between rich and poor, but health inequalities reflect wider societal inequalities and cannot be solved by a health service operating within a persistently unequal society. As Peter Skrabanek asked many years ago, why does poverty matter only when it creates illness and disease? Why are we not appalled by poverty because it is “cruel, demeaning and unjust” long before it manifests itself as ill health? Through recent advances in psychoneuroimmunology, we begin to understand how the chronic psychosocial stress of finding oneself at the bottom of society’s pile leads to compromised immunity, disordered metabolism, and premature disease. The primary solution should not be medication but a genuine commitment to fairness and justice in a humane society. [BMJ]

Je ne suis pas certain que l’article soit accessible aux non abonnés au site (de là la longue citation). C’est un discours plutôt iconoclaste que de défendre un « système de maladies ». Sûr que la prévention n’est pas suffisamment développées dans nos systèmes encore très médico-pharmaco-hospitalocentrés. Mais il n’est pas inintéressant de se rappeler que le développement de méthodes massives de dépistage et de traitements précoces peuvent amener non seulement une médicalisation (préventive) de la société entière – le pouvoir des ayatollahs de la santé publique – mais aussi une certaine dimminution de l’équité dans l’accès aux soins pour les malades, en contexte de ressources limitées. N’est-il pas évident que plus il y aura de systèmes élaborés de prévention et de pressions sociales pour des comportements sanitaires… plus il y aura en corollaire une certaine stigmatisation des malades ? Et sa note sur la connaissance (psychoneuroimmunologique) de plus en plus fine que nous avons des processus qui conduisent ceux qui sont au bas de l’échelle sociale à devenir plus malade plus tôt nous rappelle que l’équité en matière de santé passe plus par la justice sociale et économique que par la prévention.


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Commentaires

2 réponses à “la prévention contre l'équité ?”

  1. Très intéressant mon cher Gilles!
    Mais ne crois-tu pas que le partage de la richesse pour arriver à l’éradication de la pauvreté nécessite une révolution? Les riches ne céderont jamais leur place sans combattre. Pour la grande majorité d’entre eux en tout cas.
    J’ai aussi l’impression que la révolution est à faire aussi dans les cerveaux des pauvres!
    Vieux débats? Pas si sûr!
    Salut 😉

  2. Gilles

    Je vois que la retraite ne t’a pas rendu trop « mou » !
    Mais je ne partage pas nécessairement ton avis : les « riches » ne me semblent pas plus prêts à se battre pour défendre leur statut que les pauvres pour le gagner ! En fait je parle des « moyennement riches », ceux qui comptent pour l’impôt et le financement des programmes sociaux. Les grandes richesses… J’ai été très surpris d’entendre Bill Gates et Warren Buffet, les deux hommes les plus riches du monde, dire de concert devant un auditoire d’étudiants en finance et affaires que le taux de taxation aux USA n’était pas assez élevé pour les riches !!

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