Gilles en vrac… depuis 2002

raison, biais de confirmation et délibération

Hugo Mercier fait parler de lui (ici, ou ) et de sa thèse sur la raison argumentative, à la suite de la parution d’un article dans la revue Behavioral and Brain Sciences. Un chercheur que j’ai eu l’occasion d’entendre à Montréal, dans une conférence organisée par l’Institut es sciences cognitives de Montréal en 2009.

Si l’article de la revue BBS n’est pas disponible, on peut retrouver sur le Social Science Research Network (SSRN) deux articles reprenant l’essentiel de l’argumentation (!) sans avoir l’étendue de la thèse de 376 page de M. Mercier :

Jonah Lehrer résume assez bien l’intérêt de ces textes, dans son billet The reason we reason, alors que Chris Mooney, qui publiait récemment un texte sur un sujet similaire dans la revue Mother Jones, The science of why we don’t believe science, s’entretient avec Mercier dans un billet sur Discover Magazine.

La raison n’est plus ce qu’elle était ! Depuis quelque temps déjà on remet en question l’opposition entre la raison et l’émotion… (Descartes’ Error: Emotion, Reason, and the Human Brain) soutenant la thèse d’une cognition située ou incarnée (embodied cognition). La conception argumentative de la raison amène cette incarnation à s’inscrire dans des échanges collectifs, où le biais de confirmation, qui semble une tendance naturelle, peut être « mis à contribution », pour peu que les conditions de délibération soient favorables.

As a matter of fact, the confirmation bias can then even be considered a form of division of cognitive labor: instead of all group members having to laboriously go through the pros and cons of each option, if each member is biased towards one option, she will find the pros of that options, and the cons of the others—which is much easier—and the others will do their own bit. (Mercier, cité par Mooney)

Je ne peux m’empêcher de penser aux conditions de délibération qui sont celles du parlementarisme d’aujourd’hui, où les propos et discussions sont non seulement biaisés mais ancrés dans une structure d’oppositions partisanes. Est-il possible, dans ces conditions, de faire jouer les limites ou caractères de la raison argumentative en faveur de l’intérêt collectif, de la vérité ? La situation d’un parti majoritaire rendant celui-ci encore plus imperméable aux arguments opposés, c’est à l’écho extraparlementaire des débats (entendu par une majorité de citoyens n’ayant pas voté pour la dite majorité) qu’il reviendra de faire entendre raison…


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