partis fédéraux bolchéviques ?

On croirait entendre les bolchéviques (majoritaires) russes dénoncer les menchéviques (minoritaires) ! Il faut élire une majorité, libérale ou conservatrice, sans quoi, c’est la catastrophe, la fin du monde ! Mais comment font-ils, ces Allemands, Suédois, Irlandais, Britanniques, Néo-Zélandais… qui gouvernent sans majorité ? Ils ont des gouvernements de coalition. La tendance à la différenciation entre groupes sociaux est une tendance profonde des sociétés depuis des décennies. Et cela se reflète sur la difficulté accrue des systèmes parlementaires non proportionnels à obtenir la majorité « normale » dans ces systèmes. Il serait peut-être temps que le nôtre, de système, évolue lui aussi vers une prise en compte plus souple et subtile des tendances de la société.

Et que les canadiens hors Québec arrêtent de démoniser le Bloc Québécois ! Si le Bloc a déjà pu agir, de manière responsable si mon souvenir est bon, en tant qu’opposition officielle du gouvernement de Sa Majesté, pourquoi ne pourrait-il être un membre ou un allié responsable d’un gouvernement de coalition ? Il sera toujours minoritaire, non ? Et le pouvoir qu’il aurait en tant qu’allié ou partie prenante d’un tel gouvernement ne serait, somme toute, pas très différent de celui qu’il a eu durant les gouvernements minoritaires des dernières années : celui de dire Non, et de défaire le gouvernement.

Comment peut-on accuser le Bloc d’être, essentiellement, un parti sécessionniste ? Continuer la lecture de « partis fédéraux bolchéviques ? »

économie solidaire et nouvelle social-démocratie

Un court texte (19 pages) de Jean-Louis Laville, Renouveler la social-démocratie par l’économie sociale et solidaire, compte-rendu de sa conférence au colloque tenu en novembre dernier à Montréal sur le thème du renouvellement de la social-démocratie. [voir le site Chantier pour une social-démocratie renouvelée]

Toujours aussi captivant, ce Laville, réussissant un tour d’horizon historique en quelques pages, mettant en lumière les écueils de l’économie de marché tout comme du compromis social-démocrate (État social et économie de marché). L’émergence et la persistance de l’économie sociale, la spécificité de l’économie solidaire… l’importance de ces espaces publics de proximité où une démocratie délibérative permet une invention réciprocitaire moderne, où de nouvelles solidarités, de nouvelles conduites sociales peuvent voir le jour et fonder de manière durable une démocratie représentative renouvelée.

Comment, en effet, éviter que nos sociétés se polarisent entre des structures de plus en plus lointaines et gigantesques (ces sphères d’action régulées à travers l’argent et le pouvoir administratif — Habermas) et un monde privé moralement aseptisé, isolé… si ne s’ouvrent pas de nouveaux espaces publics générateurs de sens et de liens sociaux.

Une synthèse, ou plutôt des Éléments de synthèse : la social-démocratie et son rapport à l’État (.doc) étaient présentés par Benoît Lévesque.

des idiots ?

Ils nous prennent pour des idiots. C’est ce qu’on se dit, en entendant Tony Clement, le ministre responsable (enfin, pour autant que quelqu’un d’autre que Harper puis l’être sous ce gouvernement) de la décision d’abandonner le formulaire long du recensement, exhorter les Canadiens à remplir volontairement le sondage qui le remplacera . Il exhorte, mais en même temps, coupe de moitié les frais de promotion prévus ! Idiots, je vous dit !

Cette décision a détruit l’indépendance d’une institution publique canadienne réputée, une indépendance sans laquelle il lui sera difficile de fournir aux différentes composantes de la société une information crédible se situant au dessus des débats partisans. Comment, en effet, après un tel coup de force, ne pas induire que les données produites dorénavant — qui n’auront plus cette base d’interprétation solide que constituait le recensement — seront non seulement biaisées parce que reflétant une portion seulement de la population… mais biaisées aussi parce que la marge d’interprétation, élargie par la disparition de l’étalon de base, aura été colorée par l’emprise affirmée sans vergogne du gouvernemental sur l’institutionnel. Continuer la lecture de « des idiots ? »

se retirer temporairement…

Là, ça ferait plus que jaser… On a juste le temps de préparer quelque chose de costaud comme « front uni » et ça pourrait faire un effet boeuf !

Et si les contribuables québécois se “retiraient temporairement” du paiement de taxes et d’impôt au Québec, le temps qu’une enquête soit faite sur l’utilisation éthique de cet argent ? [Le blogue de J-F Lisée]

D’ici la période des impôts… et puis il reste même encore assez de temps pour permettre à M. Charest de sauver la face en trouvant une excuse pour la tenir cette &?#!&%* de commission d’enquête ! S’il est sensé pour 5¢ il s’évitera ainsi de devoir quitter dans le pire charivari. Car une grève des impôts… c’est grave. Et si 40% de la population s’y joignent… c’est difficile à arrêter… C’est bien mieux de s’organiser pour que ça ne commence pas.

Est-ce que le moyen est disproportionné ? Peut-être. Mais le mépris du PM est lui aussi de grande pointure !

système américain

Encore une fois en discutant cet après-midi je me suis demandé laquelle des deux chambres (Sénat ou Chambre des représentants) comprenait 100 élus… Il s’agit du Sénat, représentant les États confédérés, à raison de deux sénateurs par État. La Chambre des représentants, quant à elle, avec ses 435 élus, représente les citoyens américains.

Je crois que je vais m’en souvenir maintenant : la Chambre des représentants est la plus nombreuse, la plus représentative…

revenus de riches et leçon d’économie

Dans son article le plus récent, le même Krugman y va d’une leçon sur les fondamentaux de l’économie, comparant l’analyse de la situation économique actuelle entre les économistes « classiques » et les keynésiens (dont il est) : How The Other Half Thinks.

Plusieurs liens dans cet article pointent vers des chapitres d’un écrit de Keynes (The General Theory of Employment, Interest, and Money) disponible en ligne (the classical theory of the interest rate, the “classical theory” of employment). J’ai trouvé le même bouquin, en traduction française, disponible en ligne Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) dans cette mine d’or Les classiques des sciences sociales, animée depuis dix ans par Jean-Marie Tremblay.

dites-le avec des fleurs

Un petit vidéo trouvé sur le site canadien The Mark, où j’allais lire un texte de Paul Saurette, professeur de science politique à l’Université d’Ottawa : When Smart Parties Make Stupid Decisions. À propos du recensement (encore) mais où l’auteur nous montre à quel point la décision, apparemment butée des conservateur, peut être lue comme un geste conséquent, basé sur un « populisme épistémologique » (epistemological populism)  et orientée vers un travail de sape à long terme de la crédibilité des institutions sociales et politiques de ce pays.

Le vidéo, quant à lui, défend avec brio la libéralisation des lois sur la marijuana.

En provenance du même site The Mark, en date de ce matin, une entrevue de Jack Layton, sur la bataille du recensement. Un autre extrait est visible sur cette page.

si les faits vous dérangent… oubliez-les !

C’est un peu – beaucoup – la logique à l’œuvre derrière la décision harperiste (ou serait-ce harperiote) de réduire le prochain recensement à sa portion congrue : les faits sont souvent inutiles et même parfois gênants pour un gouvernement conservateur : il faut expliquer les raisons de ses actions, alors qu’on a seulement des convictions profondes (que plus de prisons réduira le nombre de criminels… qu’une réduction de la TPS sera juste…). Comme le dit bien Jeffrey Simpson dans le Globe and Mail d’aujourd’hui : From consumption tax to foreign policy, from “tough on crime” to social policy, the Conservatives almost delight in ignoring what people experienced in the field have to say. Ce n’est pas tous les jours que j’abonde dans le sens de Simpson… mais il nous donne ici un beau petit papier… qui fait jaser, à en juger par les nombreux et intéressants commentaires.

En fait, je crois que Simpson s’est inspiré, sans le reconnaître – mais c’est là le privilège du journaliste d’opinion, d’un billet récent du blogue The Frontal Cortex : Political Dissonance. Jonah Lehrer y cite plusieurs recherches récentes qui montrent à quel point l’esprit humain a peu de respect pour la logique ou encore qu’il préférera de beaucoup trier les faits qui viennent confirmer une idée préconçue plutôt que de faire la part des choses…

Alors pourquoi faire un recensement quand on n’a que faire des données qu’il nous fournira ! Malheureusement l’étroitesse d’esprit partisane n’est pas une exclusivité des conservateurs… mais ceux-ci ont moins de scrupules à en utiliser sans vergogne les ressorts. Si je me souviens bien, c’est un peu ce que disait George Lakoff, dans son The political mind : a cognitive scientist’s guide to your brain and its politics. Je viens de retrouver ce petit bouquin délaissé pour d’autres lectures… il serait temps que je le finisse, peut-être !