électoréalisme

Il y a plusieurs façons de « voter stratégique ». Circonscription par circonscription ou encore province par province !

Comme d’autres, j’ai été déçu de voir des députés qui faisaient « une bonne job » être balayés de la carte par des poteaux… Mais la majorité des électeurs ne suivent pas assez la politique de leur localité pour pouvoir dire si oui ou non leur député fait une bonne job. De fait, le type de revirement par vague comme nous venons de connaître au Québec me semble lié au système de représentation non proportionnelle que nous avons. Si nous avions un système proportionnel, où l’électeur peut être assuré que « chaque vote compte », il y aurait certainement un plus grand attachement, un plus grand engagement des électeurs à l’endroit du parti pour lequel il vote. Alors que dans la situation actuelle, où c’est celui qui remporte le plus de vote qui est élu même si cela veut dire neuf fois sur dix que plus de gens ont voté contre lui que pour lui, cela ne peut que nourrir le scepticisme et une forme de cynisme envers la classe politique.  Ainsi devient-il plus facile de voir l’électorat envoyer d’une saute d’humeur, par un déplacement de 30 % des voix (résultats 2011, résultats 2008), tout un parti dans la brousse, et une classe de néophytes au parlement !

Je n’aimerais pas être dans les souliers de Layton. Si son ambition est de gagner un jour une majorité au parlement, il lui faudra s’adresser aux «autres canadiens» sans pour autant s’aliéner la majorité québécoise qu’il vient de gagner. Incidemment, j’ai été frappé par la multiplicité des drapeaux canadiens dans la salle lors du discours de Layton, le soir de l’élection, alors que je n’en ai vu aucun dans la salle des conservateurs… ou s’il y en avait, c’était beaucoup moins visible que dans la salle du NPD. Je me disais : Ça aurait été une bonne occasion de faire flotter les deux drapeaux, canadien et québécois !

des idiots ?

Ils nous prennent pour des idiots. C’est ce qu’on se dit, en entendant Tony Clement, le ministre responsable (enfin, pour autant que quelqu’un d’autre que Harper puis l’être sous ce gouvernement) de la décision d’abandonner le formulaire long du recensement, exhorter les Canadiens à remplir volontairement le sondage qui le remplacera . Il exhorte, mais en même temps, coupe de moitié les frais de promotion prévus ! Idiots, je vous dit !

Cette décision a détruit l’indépendance d’une institution publique canadienne réputée, une indépendance sans laquelle il lui sera difficile de fournir aux différentes composantes de la société une information crédible se situant au dessus des débats partisans. Comment, en effet, après un tel coup de force, ne pas induire que les données produites dorénavant — qui n’auront plus cette base d’interprétation solide que constituait le recensement — seront non seulement biaisées parce que reflétant une portion seulement de la population… mais biaisées aussi parce que la marge d’interprétation, élargie par la disparition de l’étalon de base, aura été colorée par l’emprise affirmée sans vergogne du gouvernemental sur l’institutionnel. Continuer la lecture de « des idiots ? »

revues de littérature et espaces verts

Je terminais avec difficulté la lecture des revues de littérature publiées récemment à propos de l‘efficacité des méthodes, la rétention des clientèles et la valeur des outils de mesure du développement des enfants dans le cadre de programmes tels SIPPE. Avec difficulté car la manière dont on additionne les résultats (deux recherches disent oui, et deux non, ça s’annule…), ça passe mal. Je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce malaise quand celui-ci s’est accru, grandement, à la lecture de ce que j’appellerais « un exercice de géomatique » réalisé à partir d’une autre revue de littérature, celle-ci portant sur les indicateurs géographiques de l’environnement bâti et de l’environnement des services influant sur l’activité physique, l’alimentation et le poids corporel. J’avais lu avec intérêt cette dernière revue, et j’en ai même parlé ici, en avril dernier. Mais je ne m’attendais pas qu’on utilise de cette manière les paramètres de certaines études recensées pour établir que l’accessibilité des parcs était comblée à 99 ou 100% dans les 8 arrondissements de Montréal examinés. L’accessibilité aux parcs et aux installations sportives pour les familles montréalaises arrivait à cette conclusion après avoir mesuré la distance entre les aires de diffusion et les parcs, en utilisant la norme de 800m de distance, tirée de certaines enquêtes recensées dans le document sur les indicateurs. Comme je venais justement de consulter, pour comparer la superficie des parcs dans les quartiers de notre arrondissement, le plan d’aménagement urbain de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, j’avais sous les yeux une carte (page 15) réalisée par la Ville au moment de la rédaction du Plan (2004) où l’on traçait un cercle de rayon de 300 mètres autour de chaque parc, pour conclure que plusieurs endroits dans l’arrondissement n’avaient pas une accessibilité optimale et qu’il faudrait y travailler.

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà promené avec deux jeunes enfants, Continuer la lecture de « revues de littérature et espaces verts »

se retirer temporairement…

Là, ça ferait plus que jaser… On a juste le temps de préparer quelque chose de costaud comme « front uni » et ça pourrait faire un effet boeuf !

Et si les contribuables québécois se “retiraient temporairement” du paiement de taxes et d’impôt au Québec, le temps qu’une enquête soit faite sur l’utilisation éthique de cet argent ? [Le blogue de J-F Lisée]

D’ici la période des impôts… et puis il reste même encore assez de temps pour permettre à M. Charest de sauver la face en trouvant une excuse pour la tenir cette &?#!&%* de commission d’enquête ! S’il est sensé pour 5¢ il s’évitera ainsi de devoir quitter dans le pire charivari. Car une grève des impôts… c’est grave. Et si 40% de la population s’y joignent… c’est difficile à arrêter… C’est bien mieux de s’organiser pour que ça ne commence pas.

Est-ce que le moyen est disproportionné ? Peut-être. Mais le mépris du PM est lui aussi de grande pointure !

médecins de famille ? vraiment ?

La campagne que mène actuellement la FMOQ pour dire aux Québécois qu’ils sont deux millions à ne pas avoir de médecin de famille est odieuse. Tout d’abord, si on offrait à tous les Québécois la possibilité d’avoir un médecin, tous ne répondraient pas… car une bonne partie des jeunes, et de moins jeunes, en bonne santé, n’y verraient pas d’intérêt. À tort, vous croyez ? Pas dans l’état actuel de la médecine-maladie. Peut-être un jour, quand les médecins seront entourés d’équipes multidisciplinaires aptes à soutenir des jeunes en phase de croissance… compétentes et équipées pour répondre aux questions que se posent les jeunes dans leur évolution vers la maturité… ou d’autres personnes qui n’ont pas de problèmes aiguës mais pourraient profiter de conseils et d’accompagnements.

De donner ainsi l’impression que tous ont le même besoin, c’est grossir artificiellement les chiffres et c’est passer sous silence ou réduire l’importance et les besoins urgents des personnes avec maladies chroniques ou des femmes enceintes qui pourraient sans doute être mieux servies par une meilleure organisation des services. La valorisation de la médecine familiale est une bonne chose. Mais dans le contexte actuel où les médecins spécialistes gagnent plus de 50% de plus que les médecins de famille (comme on le souligne dans le vidéo) et que ces derniers continuent d’être payés à l’acte (ça, on le passe sous silence), pour l’essentiel, je vois mal comment interpréter la campagne de la FMOQ comme autre chose qu’un exercice démagogique dans un effort de négociation salariale. Continuer la lecture de « médecins de famille ? vraiment ? »

si les faits vous dérangent… oubliez-les !

C’est un peu – beaucoup – la logique à l’œuvre derrière la décision harperiste (ou serait-ce harperiote) de réduire le prochain recensement à sa portion congrue : les faits sont souvent inutiles et même parfois gênants pour un gouvernement conservateur : il faut expliquer les raisons de ses actions, alors qu’on a seulement des convictions profondes (que plus de prisons réduira le nombre de criminels… qu’une réduction de la TPS sera juste…). Comme le dit bien Jeffrey Simpson dans le Globe and Mail d’aujourd’hui : From consumption tax to foreign policy, from “tough on crime” to social policy, the Conservatives almost delight in ignoring what people experienced in the field have to say. Ce n’est pas tous les jours que j’abonde dans le sens de Simpson… mais il nous donne ici un beau petit papier… qui fait jaser, à en juger par les nombreux et intéressants commentaires.

En fait, je crois que Simpson s’est inspiré, sans le reconnaître – mais c’est là le privilège du journaliste d’opinion, d’un billet récent du blogue The Frontal Cortex : Political Dissonance. Jonah Lehrer y cite plusieurs recherches récentes qui montrent à quel point l’esprit humain a peu de respect pour la logique ou encore qu’il préférera de beaucoup trier les faits qui viennent confirmer une idée préconçue plutôt que de faire la part des choses…

Alors pourquoi faire un recensement quand on n’a que faire des données qu’il nous fournira ! Malheureusement l’étroitesse d’esprit partisane n’est pas une exclusivité des conservateurs… mais ceux-ci ont moins de scrupules à en utiliser sans vergogne les ressorts. Si je me souviens bien, c’est un peu ce que disait George Lakoff, dans son The political mind : a cognitive scientist’s guide to your brain and its politics. Je viens de retrouver ce petit bouquin délaissé pour d’autres lectures… il serait temps que je le finisse, peut-être !

plus d’arbitraire

Moins d’information publique = plus de décisions arbitraires, ou encore basées sur des données non publiées. C’est à cela que conduira la décision de rendre volontaire le questionnaire détaillé du prochain recensement.

Les questions relatives au revenu des ménages, à l’éducation, au logement… feront dorénavant partie de l’Enquête nationale auprès des ménages. Une enquête que Statistique Canada fera, certainement, avec tout le sérieux et le professionnalisme qu’on lui connait… mais sans l’incitatif de l’obligation de répondre que comportait le questionnaire détaillé du recensement. Quelles seront les populations sous-représentées ? Les populations pauvres et ayant des difficultés à lire… et, sur les questions de revenus, les populations à revenus plus élevés.

Et d’ailleurs, à quoi sert d’accumuler des données, si on ne compte pas s’en servir pour agir… si on a une vision minimaliste de la responsabilité publique !

petites nuisances persistantes

On les oublie le plus souvent, on réussit parfois à en faire le tour, à trouver des voies de contournement… mais il est des jours, comme aujourd’hui, où l’on se demande « Pourquoi donc %#$!!@@*&%$& ? »

  • Pourquoi un fournisseur de services Internet de premier plan tel Vidéotron n’arrive pas à me montrer ma facture correctement dans l’interface Web ? Pourquoi ne me permet-il pas d’exporter simplement en PDF que je puisse imprimer et voir finalement une facture qui, outre cela, est tellement compliquée dans son langage et sa présentation, que j’ai, plus d’une fois, payé d’avance les services !!
  • Pourquoi est-ce si compliqué de comprendre ce que je dois à Hydro-Québec, à partir de ma facture en ligne ? Parce que l’incompréhension amène les clients à payer d’avance, ou deux fois la même facture ??
  • Pourquoi un site de gestion de fils RSS tel Feedly, qui se targue (avec raison) de proposer une interface conviviale de lecture et de navigation entre des sources nombreuses, pourquoi ce logiciel qui me permet facilement, d’un clic, d’envoyer par Twitter, par courriel, par Facebook et par une demi-douzaine d’autres moyens ce que je viens de trouver sur un site ne me permet-il pas de – – simplement – – copier l’adresse URL de cette source ? il me faut, pour avoir l’adresse de cette page que je veux citer, sortir complètement de Feedly !!
  • Pourquoi une source d’information aussi éminente que le New-York Times ne donne-t-elle aucune source externe à son propre site ! Tous les liens qu’on trouve dans cet article portant sur les résultats d’une recherche réalisée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) sont des liens renvoyant vers des pages écrites par le New-York Times sur un terme ou un autre (PBS, NASA,…). À aucun moment on ne se permet de renvoyer vers la source utilisée : le rapport de recherche ou encore le site de l’équipe universitaire. Quelle piètre utilisation des possibilités d’Internet !!

une information «privilégière»

Hé oui, j’ai entendu cette expression (une information privilégière)  à deux reprises dans une conversation récemment ! La première fois, j’ai été tellement surpris que je n’étais pas sûr d’avoir bien entendu. Un peu plus tard dans la conversation la personne a répété l’expression, mais rendu là je désespérais tellement de tout ce que j’avais entendu de syntaxe et de grammaire charcutées, dans la bouche d’une professionnelle (!), que je n’ai pas osé la reprendre. Ce qui est d’autant malheureux que la « relative » position de pouvoir occupée par la dite personne lui donnait parfois une assurance dans l’interaction qui jurait, pour dire le moins, avec sa piètre connaissance de la langue.

Faut croire que le pouvoir n’a pas grand chose à voir avec les connaissances linguistiques… dans certains milieux. Je me fais vieux, je crois. De tels accrocs à notre langue commune me font mal à la peau !