sabotage et révolution

J’ai commencé d’écrire ce billet il y a. plusieurs semaines… il n’y avait pas encore la guerre de Gaza. La guerre de l’Ukraine et les tensions sino-américaines étaient bien là mais un nouveau front chaud au Moyen-Orient sous lequel l’Iran montre les dents pourrait-il déstabiliser le fragile équilibre international ? Par l’émergence d’une coalition Chine-Russie-Iran ? Ou bien le poids économique des USA pour la Chine (et vice-versa) comme acheteur de ses produits et fournisseur de biens et services saura-t-il freiner les manifestations guerrières ?

La même journée je recevais un poster de Adbusters et l’annonce du dernier numéro de la revue hexagonale Socialter, dont le thème était On se soulève et on casse ? Le premier pointait un doigt accusateur accompagné d’un impératif Fuck You s’adressant aux décideurs : Vous déclarez une urgence climatique globale avant la fin de l’année sans quoi Nous, le peuple du monde, allons nous soulever et paralyserons votre machine infernale ! Le numéro de Socialter quand à lui reprenait la question du sabotage 1et de la désobéissance civile récemment popularisée par Andreas Malm avec son Comment saboter un pipeline mais aussi, surtout, soulevée par la dureté des manifestations contre certains projets de développement (lignes de transport rapide, projet de « méga-bassines » à Sainte-Soline, dans le département français des Deux-Sèvres).

Il faut passer à l’action… les mots et les promesses qui sont proférés par nos dirigeants sont de plus en plus vides de sens et contredits quotidiennement par les gestes, ou encore par la passivité, le non-geste. Ces deux publications venaient, au même instant, donner du poids, du sens à cette impression diffuse mais persistante qu’il faut aller au-delà des mots, MAINTENANT. Il faut taper là où ça fait mal. Mais où ça, taper ? Sur les propriétaires de SUV, en dégonflant les pneus ? En forçant les participants à une conférence pétrolière à passer une barrière symbolique de reproches ?

J’ai été abonné à la revue Adbusters il y a une vingtaine d’années, du temps où cette petite maison d’édition de Vancouver menait des campagnes d’anti-publicité contre les grandes marques comme Nike, ces chaussures de sport haut-de-gamme fabriquées dans des usines insalubres, ou encore Absolut, cette boisson génératrice d’impotence2Voir image Le dernier numéro de la revue prend la forme d’un manifeste : Manitesfo for World Revolution.

Ce Manifeste pour la révolution mondiale se lit un peu comme les mémoires de Kalle Lasn, initiateur de la revue Adbusters qui fut aussi parmi les animateurs du mouvement Occupy Wall Street. Aujourd’hui agé de plus de 80 ans, il nous raconte ses premières années comme enfant lithuanien vivant dans des camps de réfugiés suite à l’invasion de son pays par l’URSS… ses études en Australie puis en Autriche, sa carrière comme jeune professionnel de la publicité à Tokyo, puis comme documentariste à l’ONF au milieu des années ’80. Comment il a été touché, transformé par les mouvements sociaux… de la Beat generation à Mai 68… à la contre-culture de San Francisco.

Les Beats nous ont donné la permission d’être sauvages et insouciants. Les situationnistes nous ont appris à vivre sans temps mort. Les hippies nous ont repoussés dans la nature. Les punks ont réglé notre radar pour détecter l’hypocrisie et notre volonté de résister. Les « fantassins » d’Occupy Wall Street nous ont fait croire que la révolution mondiale est possible – et ont donné le ton de ce qui est à venir.

Manifesto for World Revolution, p. 196. Ma traduction

En plus d’identifier 7 fronts3 sur lesquels je reviendrai dans un autre billet où mener bataille le manifeste raconte les débuts de la lutte de son groupe pour faire passer de courts messages anti-publicitaires sur les chaines télé au Canada et aux États-Unis. Bataille où toutes les grandes chaines ont refusé de diffuser les messages éducatifs de Adbusters. La contestation juridique s’est arrêtée avant d’atteindre les plus hautes cours, vu les moyens disproportionnés des mass media devant le groupe militant.

Autrement dit ça fait longtemps que la parole publique est muselée, limitée, formatée par les intérêts du commerce, de la finance et de la bienséance. D’ailleurs, la parole sur la place publique n’a-t-elle pas toujours été orientée, colorée politiquement ou culturellement ? La création des média professionnels, rendue possible par les revenus publicitaires, allait contribuer à la grande accélération non seulement en diffusant les messages d’incitation à la consommation mais aussi en refusant les messages qui pouvaient contredire, contrecarrer les effets délétères de notre société de consommation.

Un effet pervers du financement publicitaire des médias : il ne reste plus de place pour un discours alternatif, une remise en question de la mode, des us et des croyances; une recherche sérieuse de la vérité.

Socialter # 60La tragédie de la propriété : quand l’accaparement ruine la planète

Pourtant je dis cela (il n’y a plus de place pour un discours alternatif) alors que ce billet porte sur des publications « alternatives » diffusées librement sur le Net qui appellent à la révolution ou au soulèvement. Bon, la question du soulèvement est abordée, discutée dans le Socialter #59. Le débat entre Monbiot et Malm y est intéressant. Mais c’est la « lettre de lecteur » d’un chauffeur d’autobus en introduction du numéro qui m’a le plus « bluffé ».

Et les perspectives « révolutionnaires » de Adbusters-Kalle Lasn sont utopiques et radicales mais il y manque le « ventre de l’économie » pour en faire un programme capable d’ouvrir la poigne de fer, ou d’enfer qui enserre l’économie du monde.

Notes

  • 1
    et de la désobéissance civile
  • 2
    Voir image
  • 3
    sur lesquels je reviendrai dans un autre billet

capitalisme algorithmique

l’avidité décomplexée

« On voit ici de façon parfaitement nette l’idéologie souvent inavouée des venture capitalists, et même la formulation théorique la plus aboutie du projet politique au cœur du capitalisme algorithmique. » Ainsi Jonathan Durand Folco concluait sa critique virulente du manifeste techno-optimiste publié récemment (16 octobre 2023) par un bonze de la Silicon Valley, Marc Andreessen. Ce dernier s’est fait connaître et a fait ses premiers millions $ avec Netscape, puis il a su investir. « [M]ost of the successful startups in this arena, from Facebook to Groupon to Instagram, have Andreessen as an investor or board member. »1Entrevue dans Wired, 2012.04

Stephen Downes avait publié un assez court billet sur ce manifeste, dès la journée de sortie (16 octobre) dudit Techno-Optimist Manifesto. Dès ce moment Downes est très critique, même s’il se dit lui-même techno… phile, sinon optimiste.

And here’s where I part ways. Because while I do believe that decentralized governnance is the best governance, I don’t believe this governance is best managed through the single-minded pursuit of wealth and money. And so I see this manifesto as embodying everything that has gone wrong with our society, and making it sound as though techno-optimism entails exploitative capitalism. It does not. This manifesto has nothing to do with technology. (Traduction Google2Et c’est ici que je me sépare. Car même si je crois que la gouvernance décentralisée est la meilleure gouvernance, je ne crois pas que cette gouvernance soit mieux gérée par la poursuite résolue de la richesse et de l’argent. Et donc je vois ce manifeste comme incarnant tout ce qui n’a pas fonctionné dans notre société, et donnant l’impression que le techno-optimisme implique un capitalisme exploiteur. Ce n’est pas le cas. Ce manifeste n’a rien à voir avec la technologie.)

https://www.downes.ca/cgi-bin/page.cgi?post=75685

Ce manifeste n’a rien à voir avec la technologie ! C’est bon ça ! La gouvernance décentralisée à développer ne sera pas orientée vers la « poursuite étroite et simpliste (single-minded) de la richesse et de l’argent ». Dans un deuxième temps, le 18 octobre, Downes réplique en pointant vers un texte intéressant, celui de Dave Karpf :

Why can’t our tech billionaires learn anything new?

This is a response to Marc Andreessen’s « techno-optimist manifesto », covered here previously. It quite correctly points out that the techno-optimists have been in charge over the last 30 years. What do we have to show for it? « What we’ve been left with is the largest wealth gap since the 1920s. It turns out that when we stopped taxing the billionaires’ preferred investment vehicles, we ended up with a lot more billionaires…. Economic inequality does not solve itself. Markets are not perfect, self-correcting mechanisms. » The multiple crises we face today, from inequality to war to environmental degradation, represent the failure of this pro-capitalist manifesto.3Il souligne à juste titre que les techno-optimistes ont été aux commandes au cours des 30 dernières années. Qu’avons-nous à montrer pour cela ? « Ce qui nous reste, c’est le plus grand écart de richesse depuis les années 1920. Il s’avère que lorsque nous avons arrêté de taxer les véhicules d’investissement préférés des milliardaires, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus de milliardaires… Les inégalités économiques ne se résolvent pas d’elles-mêmes. Les marchés ne sont pas des mécanismes parfaits et auto-correcteurs. » Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, des inégalités à la guerre en passant par la dégradation de l’environnement, représentent l’échec de ce manifeste procapitaliste. Interestingly, the article also refers back to the old Wired pro-business techno-optimist turn that I criticized at length here in 1998.

https://www.downes.ca/cgi-bin/page.cgi?post=75692 (traduction Google4Il s’agit d’une réponse au « manifeste techno-optimiste » de Marc Andreessen évoqué ici précédemment. Il souligne à juste titre que les techno-optimistes ont été aux commandes au cours des 30 dernières années. Que devons-nous montrer pour cela ? « Nous nous retrouvons avec le plus grand écart de richesse depuis les années 1920. Il s’avère que lorsque nous avons arrêté de taxer les véhicules d’investissement préférés des milliardaires, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus de milliardaires… Les inégalités économiques ne se résolvent pas d’elles-mêmes. Les marchés ne sont pas des mécanismes parfaits et auto-correcteurs. » Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, des inégalités à la guerre en passant par la dégradation de l’environnement, représentent l’échec de ce manifeste pro-capitaliste.3 Il est intéressant de noter que l’article fait également référence au vieux virage techno-optimiste pro-business de Wired que j’ai longuement critiqué. ici en 1998.)

Si ce manifeste n’a « rien à voir avec la technologie » c’est plutôt une déclaration de guerre à situer dans le contexte des poursuites contre les abus de position dominantes (ou pratiques monopolistiques) qui s’accumulent et du débat entourant le développement (trop) rapide de l’IA. Mais il y a plus que cela. C’est une conception du monde qui se dit dans cette défense sans vergogne de l’enrichissement individuel, du culte du héros et du rejet de l’action collective et de l’intérêt public. Voir le texte de Durand Folco.

L’article de Dave Karpf promeut un pragmatisme technologique plutôt qu’une position optimiste ou pessimiste. Il ridiculise la position simpliste d’Andreessen qui conçoit la technologie comme un cadran qu’on pourrait à loisir tourner d’un côté pour accélérer, de l’autre pour décélérer…

J’ai emprunté le titre de ce billet au dernier ouvrage publié par Durand Folco — Le capital algorithmique – Accumulation, pouvoir et résistance à l’ère de l’intelligence artificielle par Jonathan Martineau et Jonathan Durand Folco. Publié chez Écosociété.

Notes

  • 1
  • 2
    Et c’est ici que je me sépare. Car même si je crois que la gouvernance décentralisée est la meilleure gouvernance, je ne crois pas que cette gouvernance soit mieux gérée par la poursuite résolue de la richesse et de l’argent. Et donc je vois ce manifeste comme incarnant tout ce qui n’a pas fonctionné dans notre société, et donnant l’impression que le techno-optimisme implique un capitalisme exploiteur. Ce n’est pas le cas. Ce manifeste n’a rien à voir avec la technologie.
  • 3
    Il souligne à juste titre que les techno-optimistes ont été aux commandes au cours des 30 dernières années. Qu’avons-nous à montrer pour cela ? « Ce qui nous reste, c’est le plus grand écart de richesse depuis les années 1920. Il s’avère que lorsque nous avons arrêté de taxer les véhicules d’investissement préférés des milliardaires, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus de milliardaires… Les inégalités économiques ne se résolvent pas d’elles-mêmes. Les marchés ne sont pas des mécanismes parfaits et auto-correcteurs. » Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, des inégalités à la guerre en passant par la dégradation de l’environnement, représentent l’échec de ce manifeste procapitaliste.
  • 4
    Il s’agit d’une réponse au « manifeste techno-optimiste » de Marc Andreessen évoqué ici précédemment. Il souligne à juste titre que les techno-optimistes ont été aux commandes au cours des 30 dernières années. Que devons-nous montrer pour cela ? « Nous nous retrouvons avec le plus grand écart de richesse depuis les années 1920. Il s’avère que lorsque nous avons arrêté de taxer les véhicules d’investissement préférés des milliardaires, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup plus de milliardaires… Les inégalités économiques ne se résolvent pas d’elles-mêmes. Les marchés ne sont pas des mécanismes parfaits et auto-correcteurs. » Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, des inégalités à la guerre en passant par la dégradation de l’environnement, représentent l’échec de ce manifeste pro-capitaliste.3 Il est intéressant de noter que l’article fait également référence au vieux virage techno-optimiste pro-business de Wired que j’ai longuement critiqué. ici en 1998.

RSS et espace public

Un agrégateur de nouvelles, de parutions, de lancements, de paroles, de photos, d’opinions… ? Un espace d’intérêt public, encore à créer dans un moment (mouvement, geste) instituant

Par des acteurs de la société civile engagés dans le projet de construire, défendre cet espace public démocratique où les décisions ne sont pas orientées d’abord vers le profit de quelques uns mais plutôt ancrées dans le tissage et le renforcement des communs qui nous font vivreQui font le lien,  disait le dernier Latour (Mémo sur la nouvelle classe écologique), entre le monde où l’on vit et le monde dont on vit.

Dans sa discussion1Épisode du 21 octobre 2023 avec Fred Savard, sur le balado du même nom, Philippe de Grosbois se posait la question à savoir si les grands médias généraient encore des fils RSS. J’ai commencé à faire le tour des médias en élargissant aux ministères et gouvernements.

Comme on peut le voir, il y a plusieurs sources de nouvelles, mais plusieurs aussi n’en ont pas… Je n’ai pas encore fait le tour des journaux régionaux.

Les ministères sont plus fidèles à promouvoir les liens avec les Facebook, LinkedIn, Instagram ou Twitter que de produire une version publique accessible de leurs contenus sans passer par des réseaux privés fermés.


Quels sont les médias « traditionnels » qui publient encore un (des) fil(s) RSS2Définition de Really Simple Syndication

Médias
Ministères et gouvernement du Canada
Ministères et gouvernement du Québec 
  •  Bureau du coroner

  • Ministère de la justice = NIL
  • Ministère de l’économie et de l’innovation = NIL mais on nous invite à les suivre sur Twitter, Facebook, Linkedin, Youtube et Instagram !
  • Ministère des finances = NIL

Notes

casse-tête & médias sociaux

De Twitter à X, en passant par FaceBook, Messenger, et iMessage, Instagram… puis Mastodon, Bluesky, auxquels se sont ajoutés En communPraxis 1version québécoise et militante, ces réseaux sociaux numériques nous permettent de s’informer, de rester en contact, de s’organiser et se souvenir. Mais à quel prix ! Et je n’ai pas parlé des newsletters auxquelles on s’abonne par courriel, ni des agrégateurs de fils RSS pour suivre l’évolution de sites web et de blogues pour lesquels (RSS et newsletters) j’ai commencé à utiliser Readwise. Il y a aussi des groupes de discussion comme celui du RQIIAC que j’administre depuis plus de 20 ans.

Il y a quelques mois je pouvais encore me contenter d’annoncer un billet que je venais d’écrire sur la liste du RQIIAC et puis dans mon compte Twitter (ou FaceBook) et j’avais rejoint la plupart de ceux et celles que je souhaitais rejoindre. L’achat de Twitter par Elon Musk a précipité l’exode des usagers tout en stimulant la croissance d’antennes indépendantes de diffusion. Je suis resté sur X, même si, comme le soulignait un commentateur sur Mastodon (à moins que ce ne soit sur Substack) mes quelques 550 abonnés (followers) sur X ne voient sans doute pas souvent mes publications tellement les algorithmes de la plateforme sont imprévisibles…

Je me suis inscrit sur mastodon.social pour voir ce qu’il en était. Puis sur Bluesky, Instagram et Substack pour les mêmes raisons. Cette dernière plateforme s’est imposée récemment comme manière de gérer des abonnements payants pour les blogueurs qui avaient pour objectif de monétiser leur popularité… En fait, c’est probablement Taras Grescoe qui m’y a conduit lorsqu’il a annoncé qu’il quittait Twitter. J’appréciais ses billets sur les questions de transport et d’urbanisme, tellement que je me suis abonné à sa publication Substack payante 27$ par mois. C’était sans doute autant pour soutenir3 à noter qu’on peut lire certains de ses billets sans avoir à s’abonner un auteur montréalais prolifique que pour avoir accès à quelques pages réservées par mois. C’est d’ailleurs, pour le moment, le seul blogueur sur cette plateforme dont j’achète le fil. Je suis abonné à une dizaine de sources Substack, mais seulement aux versions gratuites de leur production.

interopérabilité : le pouvoir ET la diversité

De multiples tensions, controverses et objectifs traversent l’existence et la concurrence entre ces réseaux et plateformes. Les objectifs et principes des uns peuvent choquer et motiver le développement des autres. Le style et la manière d’Elon Musk ont sans doute beaucoup aidé à la croissance rapide de certaines alternatives. La migration de certains vers Substack pouvait être motivée par le besoin (ou le désir) de monétiser sa notoriété 4Que Twitter (entre autres) avait contribué à développer. Des plateformes dont le l’architecture et l’orientation sont (plus ou moins) entre les mains des usagers répondent à d’autres motivations. Du pouvoir aux usagers selon que les applications utilisées sont « libres » ou encore que les contenus créés ou déposés par les utilisateurs leur appartiennent vraiment : c’est-à-dire qu’ils peuvent être facilement déplacés ailleurs. Ce qu’on appelle l’interopérabilité.

À l’évidence, les grandes plateformes qui font la richesse des Meta, Alphabet et cie, sont basées sur des logiciels propriétaires (non-libres) qui ne favorisent pas l’exportation des données accumulées par les usagers (écrits, opinions, listes de contacts…) vers d’autres services. Dans son dernier bouquin, The Internet Con How to Seize the Means of Computation, Cory Doctorow s’en donne à coeur joie contre la gabegie et la malhonnêteté des GAFAM5Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft, tout en promouvant, prêchant l’interopérabilité comme un levier pour reprendre un peu de contrôle sur nos données et sur les réseaux que nous utilisons pour communiquer. Sans interopérabilité il n’y aurait pas eu de téléphone, de radio, de télévision ni d’internet ! Mais depuis plusieurs décennies les grands propriétaires de contenus et de plateformes ont réussi à bloquer l’interopérabilité par des mesures législatives plutôt que par les développements ingénieux de leurs produits et les soins accordés à leur clientèle. Ça coûte moins cher de payer une flopée d’avocats qu’une armée d’ingénieurs afin d’enfermer sa clientèle et rendre plus coûteuse toute velléité de passage vers d’autres réseaux ou plateformes.

J’ai trouvé ce livre (The Internet Con…) à la fois divertissant et utile. Utile pour donner un peu de perspective aux enjeux soulevés actuellement (et continuellement) par les procès contre certains GAFAM pour abus de position dominante. Divertissant comme sait l’être Doctorow par son bagou, son côté terre-à-terre de celui qui a « mangé sa viande à chien » et qui a connu et suivi sur le terrain des services informatiques en grande entreprise les diverses manoeuvres des grandes marques. Mais je ne suis pas sûr que son bouquin permettra de « dismantle Big Tech’s control over our digital lives and devolve control to the people » (nous libérer du contrôle des Big Tech sur nos existences numériques et redonner ce contrôle au peuple – ma traduction).

Imposer ou permettre à nouveau l’interopérabilité des contenus et informations que les utilisateurs accumulent (volontairement ou non) en utilisant les plateformes redonnerait du contrôle aux usagers tout en favorisant l’émergence de compétiteurs, de fournisseurs de services plus agiles et généreux ou simplement mieux adaptés aux besoins et aux projets de leurs clients.

Par ailleurs l’interopérabilité n’est pas pour autant promue ou considérée importante par les réseaux alternatifs. Beaucoup de communautés qui se construisent sur ces réseaux ont d’abord intérêt à se parler entre eux-elles… on peut comprendre. Mais la partie publique de la production de ces communautés virtuelles se veut accessible à tous, diffusée largement. Sur la place publique.

Comment exiger l’interopérabilité des GAFAM sans la pratiquer soi-même ?

Philippe de Grosbois (L’après-Facebook des médias d’info) dans le dernier À bâbord! (#97) souligne à quel point les grands médias semblent surtout intéressés à trouver leur place dans l’écosystème des GAFAM plutôt que de construire, défendre l’information comme un bien public (voir Saulnier, Les barbares numériques).

L’enjeu ne devrait pas être simplement de partager la cagnotte engrangée par quelques monopoles. Peut-on laisser les FB, Y ou TikTok définir tout l’espace public ? Ces « médias d’info pressés d’optimiser leurs contenus pour les algorithmes des géants en ascension » (PdG) devraient aussi investir, partager l’effort collectif de construire, maintenir un espace public favorisant la délibération, la confrontation d’idées, la recherche et la validation des résultats.

Pendant que se négocient les ententes entre médias et les GAFAM, des alternatives devraient être explorées et expérimentées… de Grosbois rappelle qu’une technologie, un standard existe : le RSS, qui pourrait favoriser le partage en dehors des plate-formes monopolistes. Ce standard, connu et stabilisé depuis deux décennies pourrait aussi être utilisé pour imposer aux GAFAM une certaine interopérabilité. Ce que Doctorow appelait percer les silos (les walled garden) des Big Tech.

L’initiative Praxis-en commun serait-elle le lieu d’une telle contribution à un espace public indépendant des GAFAM ? Un espace qui serve non seulement les réseaux alternatifs mais aussi à construire la délibération nécessaire à une contestation solide des privilèges exorbitants qui ont été accordés aux « Big Tech » depuis 40 ans. Un tel espace public fédéré et coopératif pourrait aussi servir de lieu de dépôt de données publiques sur les services, sur la population et sur l’état de nos milieux de vie, données qui sont trop souvent réservées au commerce et peu accessibles pour la recherche et l’analyse critiques.


P.S. Sur un sujet connexe, à savoir la formidable prétention des milliardaires de Silicon Valley à non seulement nier les risques et conséquences négatives du développement technologique mais encore à en appeler l’accélération, je recommande la lecture des critiques du manifeste « techno-optimiste » publié récemment par Mark Andreessen : par Jonathan Durand Folco, sur FB (en français) et aussi celle de Dave Karpf, Why can’t our tech billionaires learn anything new? (Pourquoi nos milliardaires techno n’apprennent rien de neuf ? – traduction Google)

Notes

  • 1
    version québécoise et militante
  • 2
    7$ par mois
  • 3
    à noter qu’on peut lire certains de ses billets sans avoir à s’abonner
  • 4
    Que Twitter (entre autres) avait contribué à développer
  • 5
    Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft

énergie propre et patrimoine

[Ajout 8 déc.] Un manifeste paru après la rédaction de cet article : 14 revendications d’un regroupement de la société civile pour un avenir énergétique juste et viable au Québec.

Si vous n’avez pas vu passer la consultation menée par le gouvernement du Québec sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec c’est normal : elle se sera tenue du 1er juin au 2 août, sans tambour ni trompette. C’est un article du Devoir, signé Alexis Riopel, qui m’a mis la puce à l’oreille : Ode à la sobriété énergétique. Une entrevue avec Bruno Detuncq, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal, à la retraite depuis 2017.

Riopel parlait du mémoire déposé par le professeur dans le cadre d’une consultation dont je n’avais pas entendu parler… J’ai réussi à trouver le site officiel de la consultation, mais pas les mémoires déposés. M. Riopel m’a bien aimablement dirigé vers le site élaboré par le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec. On peut y trouver le mémoire du professeur Detuncq (Avenir énergétique du Québec – Sobriété et Problèmes énergétiques) de même que 25 autres.

Cette incursion dans le monde de la planification énergétique m’a obligé à me familiariser avec des termes tels le bloc d’électricité patrimonial, accumulateurs de chaleur, tarification dynamique et autres. Mais les enjeux entourant la fourniture d’électricité « propre » pour l’avenir sont très liés à l’atteinte de nos cibles de décarbonation. À l’évidence, il faudra ajouter des capacités de production d’électricité pour remplacer les sources d’énergie fossile dont il nous faut sortir au plus tôt.

De l’énergie à revendre !

Faut-il pour autant continuer de promouvoir le Québec comme terre d’accueil de tous les projets énergivores ? Des batteries pour Hummer, vraiment ? Des parcs de cryptomonnaie ? Plusieurs mémoires présentés lors de cette consultation s’inquiètent de l’orientation productiviste des documents déposés et des questions posées par ce gouvernement.

[L]a lecture des documents fournis en appui à cette consultation et le contenu du questionnaire que vous proposez à la population, auquel nous avons choisi de ne pas répondre, nous font craindre que la cible de décarbonation d’ici 2050 soit un prétexte et non l’objectif réellement visé, qui serait en fait une vigoureuse relance du développement industriel et son cortège de mesures corrosives pour la nature et la société.

Vers la sobriété énergétique, mémoire du RVHQ (je souligne)

Alors que des gouvernements d’autres pays adoptent l’approche sobriété-efficacité-renouvelables, le gouvernement du Québec mise sur la croissance de la production et n’offre qu’un simulacre de consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec. Nous remettons en question l’idée selon laquelle la demande et la production d’énergie au Québec doivent augmenter de façon « naturelle », continue et apparemment sans limite.

Mémoire de Greenpeace (je souligne)

La sobriété, qui devrait être au premier rang d’un plan de développement d’énergie propre (les kWh évités sont les plus propres !), semble la dernière des préoccupations gouvernementales. C’est vrai que ce gouvernement semble plus intéressé à flatter les désirs d’enrichissement à court terme de ses électeurs (étalement urbain et autoroutes plutôt que transport collectif et densification) que de faire face à la « réelle révolution énergétique, écologique, économique et sociale » (mémoire FTQ) qui est devenue nécessaire.

Parler sérieusement de sobriété, ça veut dire (tous les acteurs s’accordent là dessus) adapter le code du bâtiment afin que tous les nouveaux bâtiments soient d’une efficacité énergétique croissante, allant vers la carboneutralité (2040 ?). Pour le stock de logements déjà construits des interventions plus ou moins lourdes et coûteuses devront être faites. Des interventions difficiles à justifier économiquement considérant que le retour sur investissement est minimisé par la tarification actuelle à bas prix du secteur résidentiel bénéficiant d’un interfinancement des secteurs industriel et commercial. 1Un accroissement graduel du prix de l’électricité résidentielle permettrait de financer un crédit remboursable pour les ménages à bas revenu en plus de rendre justifiables économiquement les investissements collectifs en énergie propre, et en bi-directionalité pour un réseau plus résilient et productif.

La sobriété énergétique d’ici 2050, c’est dans 27 ans, et cela devrait se traduire par une diminution du nombre de voitures automobiles sur les routes. Ce n’est pas juste le ministre Fitzgibbon qui le dit… Ce à quoi le chef s’est empressé de rétorquer que son gouvernement n’avait pas l’intention d’empêcher quiconque de s’acheter une deuxième voiture (« notre approche, c’est vraiment de dire qu’il faut aller vers l’auto électrique »). Ce gouvernement se veut celui de la carotte, et non du bâton ! Mais quand il n’y a pas de carotte où il devrait y en avoir, que se passe-t-il ? Le Québec investi trois fois moins par habitant que son voisin ontarien en transport collectif (1548$ VS plus de 4000$ en Ontario, mémoire du RVHQ).

Les pays européens comme la France et l’Allemagne planifient une réduction importante (40%) de leur consommation d’électricité. Ici, on dirait qu’on favorise une augmentation de la consommation : à chacun sa voiture électrique, son bungalow en banlieue et son chalet à la campagne (ou son voyage annuel dans le sud).

En mettant l’accent sur l’accroissement nécessaire de la production électrique plutôt que sur la transition vers un mode de vie plus sobre et propre… on évite les débats difficiles et les arbitrages nécessaires. On reporte à plus tard ? On laisse à d’autres (aux mécanismes du marché ?) le soin de décider ? C’est ce qui se dessine quand on affirme que la libéralisation du marché de la production est nécessaire pour rencontrer les besoins de demain.

Privatiser ou non ?

La première recommandation du mémoire déposé par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal :

Recommandation 1 : Ouvrir rapidement le marché de la fourniture d’électricité aux consommateurs industriels à tous les producteurs.

La grande majorité des autres mémoires déposés s’oppose à une telle libéralisation (privatisation) même si plusieurs promeuvent l’autoproduction et l’engagement des municipalités, coopératives et communautés autochtones dans la production d’électricité.

On s’oppose pour s’assurer collectivement du contrôle dans un secteur jugé stratégique… et pour maintenir l’accessibilité (les bas prix) de l’énergie, en pensant particulièrement aux populations pauvres et peu fortunées qui pâtiraient grandement d’une « mise à niveau » du prix de l’électricité vers les coûts réels actuels de développement.

[C]es bas prix contribuent grandement à la très forte consommation des Québécois. Pour réussir la transition énergétique, le gouvernement devra revoir son approche à la communication des prix de l’énergie de manière à conditionner les attentes et comportements des consommateurs.

Mémoire Chaire de gestion de l’énergie

Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) est aussi d’avis qu’il faut une tarification reflétant les coûts actuels de développement pour inciter à la sobriété et l’efficacité.

Recommandation 19
Le RNCREQ est d’avis que les tarifs de l’électricité devraient refléter son vrai coût et inciter à la sobriété et l’efficacité énergétiques. Ainsi, le RNCREQ recommande d’étudier et de faire évoluer les tarifications et les autres mesures fiscales en ce sens, tout en développant des mesures de compensation pour ne pas impacter les ménages à faible revenu.

Comme le soulignait la Chaire dans son mémoire, citant une recherche récente : l’annonce d’une augmentation à venir accroit l’impact en terme de changements comportementaux. Adopter un plan annonçant d’avance les changements tarifaires stimulerait d’autant les investissements en sobriété et efficacité que les économies seraient substantielles.

Comment se fait-il que les grands projets de développement immobiliers n’ont pas encore adopté la géothermie (associée à des mesures de stockage local) comme source écologique d’énergie ? Parce que les tarifs résidentiels pratiqués actuellement ne justifient pas de tels investissements. Ni pour Hydro-Québec, ni pour les constructeurs. Pourtant, comme plusieurs le suggèrent, si la production décentralisée (municipalités, coopératives) était favorisée, avec des mesures de stockage et d’échange bi-directionnel permettant de diminuer la pression de pointe sur le système (par exemple en permettant d’utiliser la batterie des autos électriques ou les accumulateurs d’ensembles résidentiels) c’est la productivité de l’ensemble qui y gagnerait.


Il ne faut pas s’attendre à ce que la CAQ se fasse chantre de la sobriété ! Ce gouvernement semble plutôt orienté vers la vente à bon marché des ressources énergétiques et environnementales de ce pays ! Et quand il y aura de l’opposition à transformer chaque vallon et chaque rivière en source d’énergie… on se tournera vers l’énergie atomique ?

En terminant, le mémoire du Front commun pour la transition énergétique est court (8 pages) et se veut surtout un appel au débat et à la prudence. Celui, déjà cité, du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement est le seul, il me semble, à mettre de l’avant le développement des échanges inter-provinciaux. Plusieurs misent sur la sobriété et une approche écologique respectueuse du vivant (Cessons la fuite en avant, Boulimie énergétique écocide, Priorité au vivant, Une décarbonation en harmonie avec le vivant). Le mémoire du professeur Detuncq, Ode à la sobriété énergétique, est celui qui résume le mieux, il me semble, en les quantifiant les besoins d’électrifications des différents secteurs.

Notes

  • 1
    Un accroissement graduel du prix de l’électricité résidentielle permettrait de financer un crédit remboursable pour les ménages à bas revenu en plus de rendre justifiables économiquement les investissements collectifs en énergie propre, et en bi-directionalité pour un réseau plus résilient et productif.

escapade à vélo dans les Cantons

Quelques leçons tirées

Pour une (courte) description du parcours et quelques dizaines de photos et courtes vidéos présentées sur carte interactive, voir la page À vélo dans les Cantons.

Je ne voulais pas simplement reproduire ici la page du voyage, mais plutôt annoncer sa parution pour les abonnés à ce blog (par fil RSS ou par courriel) tout en tirant quelques leçons de mon utilisation des technologies (GPS, photo, e-vélo) durant le voyage.

  1. Les parcours proposés par Strava, que j’ai utilisé pour planifier les deux premiers jours n’était pas toujours adapté au style de randonnée à vélo que je voulais : les propositions privilégiant les voies pavées aux pistes de terre, pour les cyclistes préférant la vitesse (exemple du canal de Chambly);
  2. Par contre l’enregistrement de mon retour vers Montréal s’est fait sans faute, les périodes de pause, d’arrêt et de redémarrage de l’enregistrement se faisant automatiquement sans que j’aie à intervenir (contrairement à d’autres logiciels). J’ai pu facilement exporter les données au format GPX, pour ensuite les importer dans mymaps.google.com que j’ai utilisé pour y inscrire photos et vidéos. J’ai pu exporter le plan de voyage des deux premiers jours au même format, mais comme je me suis écarté assez souvent du plan, j’aurais dû enregistrer aussi mon parcours. Est-ce possible, je ne sais, d’enregistrer un parcours en même temps que de suivre (ou ne pas suivre) les indications d’un plan enregistré par le même logiciel ? Je devrais tester.
  3. Je n’avais pas enregistré mon parcours Bromont-Lac Brome avec Strava, aussi, pour me souvenir du chemin parcouru j’ai dû recourir à l’enregistrement « automatique » de Google Maps, qui assure un suivi plus approximatif de mes déplacements. (Voir Vers La Brome, dans la page À vélo…) Le caractère approximatif est particulièrement évident lorsqu’on s’éloigne des circuits automobiles (vers les pistes cyclables dédiées), comme je m’en suis rendu compte au cours des randonnées des dernières années.
  4. C’est un voyage que nous avions pensé faire l’an dernier, mais à la dernière minute… nous avons choisi l’automobile. Choix judicieux considérant que nous souhaitions aller jusqu’à Magog et Compton… ce que je considère aujourd’hui comme audacieux pour un premier voyage de cette ampleur. Mais ce qui nous avait surtout retenu, c’est l’hypothèse d’un bris mécanique : que faire dans ce cas ? Aussi je me suis abonné à CAA-Qc avant de partir. Un service de dépannage est disponible pour les membres en excursion à vélo… à condition de n’être pas trop loin des circuits automobile afin que le dépanneur puisse s’y rendre. Cela a suffit à nous, me rassurer avant de partir. En fin de compte le problème que j’appréhendais (une crevaison) s’est présenté pendant que nous séjournions chez nos amis (dégonflement durant la nuit) et qu’il y avait pas loin un réparateur disponible. Nous n’avons pas eu besoin du dépannage CAA. Il reste que je trouve ça un peu gonflé de demander le même tarif aux propriétaires de véhicule automobile qu’aux propriétaires de vélo seulement comme moi !
  5. J’ai eu un peu de mal à situer géographiquement certaines photos prises avec mon appareil Sony, qui n’a pas de capteur GPS, contrairement à mon iPhone qui enregistre ces données de géolocalisation en même temps que la photo ou le vidéo. Je devrais donc, systématiquement, prendre une photo-témoin avec le téléphone à toutes les fois que j’utilise le Sony. Ce qui pose inévitablement la question de l’utilité de l’appareil photo : oui, il y adeux fois plus de pixels dans une photo Sony (4000X6000px VS 3024X4032px) mais pour une utilisation-publication en ligne… les différences sont… imperceptibles ?
  6. L’utilisation de mymaps.google.com s’est avérée assez simple et conviviale pour placer les photos sur la carte de notre parcours. À retenir : pour y inscrire des vidéos, j’ai dû d’abord les déposer sur Youtube et y référer dans la carte.
  7. Petit détail : j’avais non seulement épuisé ma batterie de vélo en arrivant à Longueuil le jour du retour, mais aussi la batterie de mon téléphone. La batterie externe pour ce dernier aurait été utile. Je l’avais laissée à la maison pour ne pas m’embarrasser de l’équivalent d’un deuxième téléphone.

ESS, régulation, écologie solidaire

Un résumé critique du livre de Robert Boyer (L’Économie sociale et solidaire Une utopie réaliste pour le XXIe siècle) par Benoît Lévesque dans la Revue de la régulation : L’avenir de l’économie sociale et solidaire : l’éclairage de la théorie de la régulation. À propos du livre de Robert Boyer. Pour ceux et celles qui s’intéressent à l’économie sociale et solidaire, Benoît Lévesque donne le goût de lire le petit livre de Boyer, tout en soulevant quelques bonnes questions.

J’ai bien l’intention de lire le livre de Robert Boyer mais une petite phrase à la fin de l’article de Lévesque a attiré mon attention : « Bernard Billaudot (2022), dans un riche ouvrage, montre que toutes les sociétés sont fondées à la fois sur une vision du monde (une cosmologie) et sur des modalités de justification de leurs activités et de leurs relations. »

Dans un riche ouvrage, ça m’a intrigué. J’ai trouvé cet ouvrage : Société, économie et civilisation. Vers une seconde modernité écologique et solidaire, qui, malgré son fort volume (quelques 3000 pages !) est disponible gratuitement en format epub, pdf ou en ligne.

Si vous n’aviez pas encore de lecture pour la fin de l’été…

Les « Santiago Boys », par E. Morozov

Les « Santiago Boys »… La technologie comme elle aurait pu devenir !
Une histoire folle sur la façon dont les ingénieurs d’Allende et un consultant en gestion britannique (Stafford Beer) ont osé défier les entreprises et les agences d’espionnage – et ont presque gagné.

The Santiago Boys : une série de 9 épisodes d’une heure, par Evgeny Morozov. Résultat de plus de deux ans de recherche, des centaines d’entrevues, cette série met en lumière une vision de la technologie qui se voulait au service de la révolution d’Allende. Un rappel à la veille du cinquantième anniversaire du coup d’État contre Salvator Allende fomenté par ITT et la CIA.

À noter : il vous faudra quelque temps pour vous faire l’oreille à un anglais aux accents biélorusses (ou encore latinos)… mais ça en vaut la peine, je crois. Une saga internationale digne d’un James Bond ! 

Le site web (the-santiago-boys.com) accompagnant les podcasts qui est un modèle de documentation.